« La grande différence entre l'amour et l'amitié, c'est qu'il ne peut y avoir d'amitié sans réciprocité. »
« LIBERTANAH »

Deux mois. Deux mois que la maison de Prince's Bay ressemblait d'avantage à une maison familiale qu'as un repère de jeune éploré. De l'extérieur, la maison ressemblait toujours à une bâtisse du siècle précédent, ayant un perron en pierre et un jardinet faisant plus décoration qu'autre chose. De prés, la maison faisait pensé au manoir qu'avait acquis la production de la série Charmes pour y faire vivre leurs héroïnes. Le voisinage était paisible, l'ambiance était plutôt cosy car la plupart des résidents étaient des familles nombreuses, hormis quelques personnes âgées ayant élus domicile un demi-siècle plus tôt, lorsque la valeur était encore abordable pour la plupart des salariés de cette ville. Le garage n'avait pas bougé, laissant voir une golf gris métallisé avec une écorchure à l'avant et tout prêt d'elle, un 4x4 familiale noir en plutôt bon état. Même si d'extérieur rien ne semblait avoir changé, la vie n'était plus vraiment la même depuis quelques temps. Les jardinières présentes sur les deux façades avaient fanés, laissant l'impression d'une maitresse de maison délaissant sa demeure. Les volets à l'étage étaient fermés en permanence, comme si une pestiférée y avait élue domicile. Seule la terrasse semblait vivre de temps en temps, alimenté par une maitresse de maison jetant mégots de cigarette par delà le cendrier.

Liberty s'éveilla enfin, réveillé par les cris alarmants de son fils. Depuis que Savannah avait emménagé à la maison, Liberty avait installé les affaires de Mathéo dans sa chambre, laissant plus de place à Savannah et ses deux enfants. Jetant un regard sur le réveil, Liberty constata qu'il était 4h00 du matin. Soupirant, elle balança sa couette sur le côté et s'approche du berceau du petit. Il avait les poing serrés et la mâchoire crispée, signe qu'il faisait un cauchemar, encore une fois. Doucement, Liberty le prit contre elle et partit s'asseoir dans le fauteuil près de la fenêtre. Presque immédiatement, Mathéo se détendit et s'endormit tout de suite aussitôt dans les bras de sa mère qui ne tarda pas à faire pareil. C'est le petit jour qui sortit Liberty de son second sommeil. C'est alors que la journée commença. Elle descendit son fils à la cuisine, faisant attention à ne pas réveiller les autres occupants de la maison. Pendant qu'elle lui donnait son biberon du matin, le seul de la journée pour lui, elle vérifia qu'elle n'avait pas de messages. En parallèle, elle monta réveiller sa fille, vérifiant que Luca dormait tranquillement. La maison disposant de 3 chambres, Savannah avait occupé l'ancienne d'Elena, qu'elle partageait avec l'un de ses enfants. L'ancienne chambre de Jeff était à présent occupé par Elena et l'autre enfant, suivant les jours. Elena joua à la grande et ne broncha, sortant à pas de loup de sa chambre afin de ne pas réveiller son petit cousin. La journée fut rythmée entre l'école, la crèche et le travail. L’emménagement de Savannah était encore récent, ainsi il n'était pas rare de voir trainer quelques affaires par çi par là, souvent ayant appartenu à Jeff. Par manque de courage certainement, Savie préférait ne pas s'en occuper. Liberty l'aurait bien fait, mais elle avait encore du mal à gérer ce genre de chose, la peine étant encore trop présente pour l'une comme pour l'autre. Au moins, les rires des enfants compensaient l'atmosphère morose de leurs mères. Liberty déposa donc sa fille à l'école puis son fils à la crèche. A la fin de la journée, Liberty prit l'initiative de faire des courses. Savannah n'ayant pas vraiment la forme, il n'était pas rare qu'elle et Liberty zappe le repas du soir, voir même le petit-déjeuner. Seuls les enfants semblaient apprécier l'heure du repas. Liberty faisait alors manger Elena, puis préparait le pot de son fils. Quand il avait fini, elle prenait Luca ou Aloysia et donnait le biberon, soulageant Savannah d'un biberon et c'était ainsi à chaque fois que c'était possible.

Une fois au super-marché, Liberty prit le temps de souffler. A cette heure là, elle se retrouvait seule et c'était appréciable. Cependant, ce genre de moment était parfois délicat, car il remontait à la surface des souvenirs douloureux, comme la première fois qu'elle était venu faire les courses avec Jeff. Lorsqu'il était son colocataire, il tenait à faire les courses et à choisir des nouveaux repas, des trucs complétement loufoque, juste pour goûter comme il disait si bien. La sonnerie de son portable vint troubler les pensées de Liberty et elle se hâta de décrocher. C'est alors qu'elle eut une idée. Soudain pleine d'entrain, elle fonça comme une gosse au beau milieu d'une fête foraine et attrapa à la volée tout ce dont elle avait besoin pour faire le plat cuisiné préférée de sa meilleure amie. Heureusement pour elle, Liberty était une très bonne cuisinière et Savannah avait souvent était cobaye favoris. Une fois le tout chargé dans le coffre, elle passa récupérer ses enfants. En rentrant, elle fut rassuré de voir que Savannah avait tenu parole et qu'elle ne serait pas présente avant une bonne heure, ayant prit les petits avec elle. Il était temps pour elle de s'activer !

« Tata ! », c'était le signal. Elena venait de dévaler les escalier, courant à la rencontre de sa marraine. Depuis que Savie avait emménagé, Elena était aux anges. Elle aimait jouer à la maman en s'occupant tour à tour d'Aloysia et de Luca. Elle avait l'impression de jouer un rôle important en soulageant à la fois sa marraine et sa mère. « Maman elle a une surprise pour toi ! », ne put s’empêcher d'ajouter la petite en prenant le sac que lui tendis sa tante.

Les jours passaient, et rien ne changeait réellement. Tant au niveau de son humeur, de son courage ou de la vie de tous les jours. Les seuls changements que Savannah pouvait constater se trouvait être ses adorables jumeaux, ainsi que Mattheo. C'était effrayant comme de jours en jours ils semblaient différents et l'idée de les voir grandir si vite ne lui plaisait pas tant que ça. Les biberons la nuit et tout le reste l'épuisait, mais elle rêvait de les garder bébés encore quelques années. Elena changeait elle aussi, mais plus grande, ça se remarquait bien moins vite, elle gagnait surtout en maturité de jour en jour. Ça aussi c'était effrayant, Savy ne voulait pas qu'elle endosse plus de responsabilités qu'une enfant de son âge était censée le faire : jouer à la maman c'était amusant, mais cela devait rester un jeu.

Quand les cris d'Aloysia résonnait dans la chambre, elle se déplaçait pour constater que la maison était déjà vide. Depuis la naissance des petits, elle avait décidé d’arrêter de travailler pour s'y consacrer et ce n'était surement pas maintenant qu'elle allait reprendre sa place. Ils avaient besoin d'elle, elle refusait de les voir élevés par une nourrice quelconques et définitivement mal choisie, puisqu'il n'y avait rien de mieux qu'une maman. Soit, la fatigue accumulée de ces nuits blanches et de tout ce poids qu'elle trainait sur les épaules faisaient que le matin, elle trainait un peu plus au lit, n'ouvrant les yeux que lorsqu'elle en était forcée, autrement dit quand les monstres criaient famine. Même en étant dans des chambres séparées, les petits étaient comme reliés, il devait y avoir une sorte de signal wifi entre eux, afin de pleurer au même moment. Les deux dans les bras, elle descendait prudemment les escaliers pour les déposer chacun dans un maxi-cosy en attendant la préparation des biberons. Comme chaque jour, l'un hurlait pendant que l'autre mangeait en silence, mais elle n'était pas superwoman et avait perdu son bras droit. Chaque biberon la renvoyait à lui, qui ne serait plus jamais là. Pour les biberons, les premiers mots, pour apaiser Aloysia la nuit alors qu'il en était le seul à détenir ce secret. Serrant les dents, elle respirait profondément en portant toute son attention sur Loysia, s'interdisant de craquer, même si personne n'était là pour le voir. Elle ne voulait pas se sentir mal et vidée pour le reste de la journée.

Lavés, habillés, les petits étaient à présent dans leur balancelle respective, un petit air de Coldplay en fond, pour changer des musiques d'enfants qui berçaient ses journées et qui la rendait dingue par moment. Savannah avait parfois l'impression d'être un poids pour Liby qui prenait presque tout en charge. Sa meilleure amie n'avait cesser de travailler, refusait que Savannah s'occupe de Mattheo en plus des jumeaux et la plupart du temps, c'était quand même qui s'occupait de garder cette maison en vie et même de l'aider avec les jumeaux. Pour l'instant, Savy ne s'imaginait pas vivre seule, mais un jour, elle devrait se décider à partir, laisser son amie gérer à nouveau sa vie comme avant. Ce n'était pas pour tout de suite.... et pour se faire pardonner, elle commençait par le ménage des chambres et de la salle de bain, histoire que le haut soit parfait pour ce soir. Elle en profitait aussi pour faire tourner le linge dans la machine à laver, trois bébés c'était plus que salissant niveau vêtements, on avait parfois l'impression qu'ils vivaient à dix sous ce toit. Le tout en ordre, elle partait avec les jumeaux à la rencontre de Gabin, son cousin et parrain de son petit prince.

Les sorties étaient rares et ne concernait souvent que les petits, pour eux prendre l'air ou voir de la famille. Savy refusait de les enfermer dans la même bulle qu'elle, puisqu'ils étaient trop petits pour ressentir cette lourde peine. L'après midi filait à une vitesse éclair et déjà, Savannah était sur le chemin du retour. Prendre la voiture en compagnie des enfants étaient toujours difficile, elle avait l'impression de mettre leurs vies en danger, mais il était impossible de traverser sans cesse New York à pieds, elle devait s'y faire. De retour à la maison, Elena accourait vers elle et Savy en profitait pour lui donner les vêtements pour poupées qu'elle lui avait pris en route. « Ah oui? Quel genre de surprise? » Savy s’efforçait de prendre un air enjoué pour joindre son sourire à celui de sa filleule. « Maman fait à manger et tu vas ADORER! » Nouveau sourire, Savy libérait les jumeaux de leurs gros manteaux avant de les placer au calme pour rejoindre Liberty à la cuisine. « Qu'est ce que tu nous fait de bon? » Liby se donnait beaucoup trop de mal, ajoutant une dose de culpabilité à Savannah qui n'avait pratiquement rien fait de sa journée. « Je me répète, mais tu peux me laisser Mathéo la journée... je m'en sors avec deux monstres, je pense que ça devrait aller avec trois. »

La maison n'avait plus rien à voir avec celle d'autrefois. Quand Liberty prenait le temps d'observer ce que la vie avait fait d'elle, elle prenait soudainement conscience qu'elle avait grandis à une vitesse effrayante. Il y avait peu de temps, elle était encore une adolescente junkie qui n'avait d'autre préoccupations que de prendre sa dose quotidienne et de s'avachir sur un canapé défoncé. Aujourd'hui, elle était maman de deux enfant et faisait partie de ce cercle très ouvert des jeunes divorcées. Quelque fois, elle regrettait le temps où sa seule occupation était d'aller au lycée, de se laisser aller à écouter ses professeurs parler et aller au cinéma bécoter un beau garçon. Oui, la vie était radicalement différente, elle n'était pas vraiment ce qu'elle avait imaginé, mais c'était sa vie. Après avoir vécue dans cette maison avec Amy, au départ, et Elena, il y avait eut Jeff, Mathéo, Lorenzo et aujourd'hui, Savannah venait compléter le tableau avec ses merveilleux enfants. Dans le fond, le fait que sa meilleure amie est emménagée soulagé quelque peu Liberty. Même si le silence était devenu un luxe hors de prix avec 4 enfants en bas âge, la solitude ne pesait plus une fois les enfants au lit. Souvent, lorsque les petits c'étaient enfin endormis, Savannah et Liberty se retrouvaient au salon et partageaient une tasse de thé. Elles ne parlaient pas à chaque fois car la simple présence de l'autre leur rappelaient qu'elles n'étaient pas seules.

Alors que Liberty était aux fourneaux, une main dans le four et une autre à sortir les assiettes, elle entendit le bruit familier de la clé dans la serrure. Heureusement pour elle, Elena avait déjà bondit en direction de l'entrée, toujours prête à rendre service. Depuis qu'elle avait été opéré, Liberty était constamment inquiète. Elle avait toujours peur qu'Elena ne replonge, que son cœur rejette à tout moment la greffe que lui avait donné David. Quand elle se mettait à courir, Liberty retenait son souffle, quand jouait avec des objets dangereux, Liberty se jetait sur elle comme un démon et retenait une larme de rage de n'avoir pas vu ça plus tôt. La petite, elle, semblait profiter à fond de ces nouveaux moments où elle pouvait passer une journée entière sans être fatigué ou demander à prendre ses médicaments. Une bénédiction que Liberty avait encore du mal à accepter comme réelle et définitive. « Maman fait à manger et tu vas ADORER! », clama Elena. Liberty souria et sortit le gratin du four, tout en enlevant le gant de cuisine. Au vu de son état, elle prit conscience qu'elle avait largement négligé la cuisine ces derniers mois. « Qu'est ce que tu nous fait de bon? », demanda Savannah en la rejoignant dans la cuisine. Contente d'elle même, Liberty se retourna, soufflant sur le gratin qui avait exactement l'allure qu'elle voulait. « Baciami sulla bocca », répondit Savannah se son accent italien parfait. Étant native de Rome, Liberty cuisinait principalement des plats italiens dont sa nourrice avait le secret. « Traduction : Aubergines farcies de pâtes au four. Je crois me rappeler que quand c'est moi qui les faient, tu adore », dit-elle fièrement en saupoudrant le tout d'une pincée de sel.

« Je me répète, mais tu peux me laisser Mathéo la journée... je m'en sors avec deux monstres, je pense que ça devrait aller avec trois », Liberty la regarda. Depuis le temps qu'elle connaissait Savannah, avait n'avait jamais eut autant de respecter pour elle depuis la mort de Jeff. Savie s'obstinait à garder la tête haute, se refusant de craquer malgré les circonstances. Mais Liberty n'était pas dupe. Souvent, lorsque Savannah pensait que toute la maison dormait, elle se laissait aller et Liberty l'entendait pleurer. C'était plus que déchirant de se sentir impuissante, de ne rien pouvoir faire d'autre que d'aider sa meilleure amie en lui promettant qu'un jour, ça irait mieux. Liberty était dépassée et le fait de voir sa meilleure amie souffrir était certainement le plus dur. Alors pour elle, elle était prête à tout, juste pour revoir un de ces fameux sourires. « Et je vais aussi me répéter, mais non. On en a déjà parlé Savie, Mathéo est inscrit à la crèche. Tu a besoin de calme et Mathéo est très souvent grognon », ajouta t'elle dans l'espoir que Savie ne le prenne pas mal. Liberty cherché simplement à la protéger, rien de plus. Comme pour changer de sujet, elle passa devant Savie en passant une main tendre sur sa joue avant de se pencher au dessus des couffins poser à terre. « Bonjour vous deux. Tata vas vous demander d'être sage ce soir, ok ? Maman et tata ont besoin de discuter, alors vous serez des amour, hein ? ». Finalement, elle se releva et se tourna vers Savannah. « Alors, on fais manger les tiens, ensuite je donne le biberon à Mathéo et une fois qu'ils sont en pleine digestion, on passe à table. Ah et j'oubliais.... », le sourire aux lèvres, Liberty s'approcha du frigo et tira un palt devant les yeux curieux de Savannah. « Tiramisu maison, ça ne se refuse pas ». En hommage à tous ces kilos de sucreries qu'elles c'étaient enfilés au fur et mesure des années et des chagrins en tout genre.

Même s'il n'était que dix-neuf heures, Savannah se sentait déjà vidée et prête à rejoindre les bras de Morphée. Le tout dans ses rêves, bien évidemment, puisque les jumeaux mangeaient encore toutes les 4 heures, ce qui lui faisait encore deux "tournées" avant de pouvoir rejoindre son lit. De toute façon, elle n'avait pas l'intention de lâcher sa meilleure amie si tôt, elle n'était pas vraiment en droit de se montrer exténuée après une journée à se balader alors que Liberty, elle, avait travaillé. La culpabilité aidant sans doute un peu, Savy affichait un faible sourire et s'obligeait à paraître motivée à l'idée de passer une bonne soirée en compagnie de Liberty. C'était le moins qu'elle puisse faire devant tant d'effort. « Baciami sulla bocca » Arquant un sourcils, elle se donnait un air très intéressée, sourire sincère aux lèvres, puisqu'elle n'avait aucune idée de ce que cela pouvait être. Liberty comprenait d'ailleurs rapidement et lui donnait la traduction, qui semblait tout de suite bien plus appétissante : c'était bête mais elle détestait manger quelque chose si elle ne comprenait pas le nom du plat en question, ce qui faisait qu'au restaurant, elle se retrouvait avec des plats basiques. « Hum... très intéressant! Et oui j'adore... en même temps je ne peux pas comparer, t'es la seule à m'en faire tu sais! » Elle la taquinait, juste histoire de montrer sa bonne volonté pour le reste de la soirée. Faux. Jeff lui en avait fait une fois, tentant de reproduire la recette que Liberty lui avait passé, et ils avaient fini par commander une pizza histoire d'avoir quelque chose de comestible dans l'estomac.

« Et je vais aussi me répéter, mais non. On en a déjà parlé Savie, Mathéo est inscrit à la crèche. Tu a besoin de calme et Mathéo est très souvent grognon » Savy poussait un léger soupire, haussant les épaules. Après tout, c'était son choix et elle ne pouvait pas la forcer à lui laisser Matteo, à moins de le kidnapper à la crèche, ce qui ne serait pas bien difficile puisque la puéricultrice savait parfaitement que Savy était l'unique personne qui pouvait se charger de le reprendre, en dehors de Liberty. « Comme tu veux... mais si un jour tu as besoin, n'hésite pas! Ça me ferait plaisir de passer du temps avec lui. » C'était aussi du boulot en plus, mais c'était pour la bonne cause et puis au plus elle s'occupait l'esprit, au moins elle n'avait de temps pour laisser passer ses idées noires. « Bien chef! » Nouveau sourire, elle se dirigeait vers l'armoire pour en sortir le lait en poudre alors que Liby lui montrait le tiramisu. Luca poussait un cri, riant seul au même moment. Elle ne savait pas vraiment ce qui l'amusait, peut-être juste l'impatience en la voyant préparer le biberon, des deux il était sas aucun doute le plus gourmand. « Désolée mon loulou, mais ça c'est pour nous, il va falloir se contenter du biberon! » Elle raffolait du tiramisu et n'allait pas s'en priver. De toute façon, elle pouvait manger ce qu'elle voulait sans prendre un gramme, ce qu'elle n'avait jamais vraiment compris. Elle n'avait personne à qui plaire, aussi, alors autant en profiter. Terminant la préparation des biberon elle détachait Luca pour le prendre dans ses bras. « Je commence par Winnie! » Winnie c'était toujours plus joli que l'ogre ou je ne sais quel nom : si elle suivait ses caprices, Luca mangerait toutes les trentes minutes! Aloysia était beaucoup plus calme et l’inquiétait même parfois mais le pédiatre lui avait assuré que c'était normal et qu'il ne fallait surtout pas la forcer. S'installant dans le fauteuil, elle commençait à lui donner son biberon tout en s'adressant à Liberty. « Demain je m'occupe du repas et tu ne t'occupes de rien en rentrant du boulot! Tu me fais sérieusement culpabiliser tu sais... »

Faire la cuisine était une façon comme une autre de renouer des liens. Même si Savannah avait investit le demeure Parker avec ses enfants, l'amitié qu'elles partageaient c'était peu à peu effilé au fil des années. Liberty ne rejetait pas la faute sur Savie, comme elle ne se savait pas responsable non plus. Il n'était pas toujours évident de conserver une amitié toujours aussi solide avec l'usure du temps, surtout quand la rencontre daté du collège et qu'elles étaient aujourd'hui des femmes adultes. A l'époque, l’insouciance était leur plus beau cadeau. Elles n'avaient à se soucier que de savoir quel bus prendre pour aller voir un film au cinéma et débourser une petite somme pour s'offrir un crème glacée à la sortie. Rien de plus n'importé que de profiter de l'instant présent et de savourer chaque secondes. Pourtant, comme toutes les jeunes filles de leurs âge, elles c'étaient prise à rêver à leur avenir. Qui allait se marier en première ? Combien d'enfant auraient elles ? Vivraient elles dans une maison digne des grandes vedettes people ? Oui, à l'époque, elles rêvaient d'une vie de femme adulte, aimant se dire que leur avenir serait plus radieux que leurs parents. Mais maintenant qu'elles étaient adultes et responsable, l'insouciance était devenu un luxe. Il n'était plus question de rêver à une autre vie puisque les dés étaient jetés. Leur avenir était tout tracé désormais.

« Comme tu veux... mais si un jour tu as besoin, n'hésite pas! Ça me ferait plaisir de passer du temps avec lui. », dit-elle alors en dernier recours. Liberty savait à quel point Savie était attaché à tout ce petit monde. Bien souvent, Liberty aimait à dire qu'elle avait quatre enfants, parce qu'Aloysia et Luca faisaient partit de sa famille. Ils étaient les enfants de Jeff & Savie après tout. Les petites étaient devenus le centre d’intérêt de leurs mères. Cela faisait une éternité qu'elles n'avaient pas passées une journée entre fille, comme avant. Le shopping était devenu un privilège rare mais ni l'une ni l'autre se semblait vraiment en avoir envie. Au moins, en ayant sa meilleure amie sous son toit, Liberty avait l'impression de profiter de Savannah, même entre deux biberons. Leurs conversations avaient changé, comme leurs centres d’intérêts, mais elles comptaient toujours l'une sur l'autre, au moins pour se consoler et avancer. Célibataires toutes les deux, elles avaient ce besoin de se voir, même quelques minutes et se dire qu'elles n'étaient pas seules. « Demain je m'occupe du repas et tu ne t'occupes de rien en rentrant du boulot! Tu me fais sérieusement culpabiliser tu sais... », dit Savannah tout en donnant à manger à son fils. Liberty esquissa un sourire. Au moins, le côté têtue de Savannah n'avait pas disparu. « J'vois pas pourquoi. J'aime cuisiner et puis j'avais du temps aujourd'hui, tu n'est pas obligé de faire tout ça, ça ne me dérange pas », termina t'elle pour clore le sujet. Liberty se tourna alors vers la petite et la prit contre elle, le biberon préparé en main. De la même façon, elle s'assit en face de Savie et donna à manger à Aloysia.

Moment de calme. Le seul bruit provenait des sucions qu'exercé les deux petits sur leurs tétines. A chaque fois que cette action se répétait, Liberty ne pouvait s’empêcher de penser à Jeff. Normalement, c'était lui qui serait entrain de nourrir sa fille. C'était lui qui serait entrain de sourire à sa chérie en la rassurant, lui promettant que tout irait bien. Il ne pourrait pas voir grandir ses enfants mais Liberty, elle, le verrait pour lui. S'occuper des ses jumeaux était ce qu'elle pouvait faire de mieux pour permettre à Savannah de se remettre de sa mort si soudaine. Finalement, quand ils eurent fini, Liberty reposa sagemment la petite dans son cosy et s'empressa de préparer le petit-pot de son fils. Mathéo ne semblait pas si débousoller que ça de voir ses cousins empiéter sur son lieu de vie. Du moment qu'il mangeait à l'heure, il était plutôt content. Gourmand, il mangeait en toute hâte son repas, n'oubliant pas d'en mettre un peu partout sur son bavoir. « Tu sais, je me disais... », commença Liberty avant de s'intérompre devant l'excitation de son fils. « On pourrait peut être les emmener au Zoo à l'occasion. Je sais que les teints sont encore un peu petits, mais comme ça on profiterait tous du beau temps. On pourrait demander à Serena et Gabin de nous accompagner ... ». Liberty avait en effet comme plan de faire sortir Savannah. Le faite de voir du monde et surtout les parrains de ses enfants, ne pourrait être qu'un plus pour la sortir de sa torpeur.