Il observe les yeux perdus dans le vide la flamme de la bougie qui vacille. L'après-midi a été longue même si il s'est accordé une pause de deux heures pour se reposer un peu et ne pas avoir l'air d'un zombie pour cette soirée un peu spéciale. Il travaillait d'arrache-pied à la rénovation de leur appartement depuis maintenant 2 semaines et enfin, leur logement commençait à prendre en forme. Ne restait plus qu'à monter les meubles de la cuisine et à finir la peinture de la future chambre du bébé. L'équivalent de deux journées de travail et leur appartement était déjà habitable. Même si la peinture était finie depuis plusieurs jours et qu'ils avaient tous élus domicile chez la Mama le temps de transférer les meubles d'un immeuble à l'autre, Noah avait insisté pour que l'installation définitive ne se fasse pas tout de suite, préférant aérer au maximum pour faire disparaître l'odeur de peinture même si elle restait là, discrète mais bien présente.

Les canapés du salon étaient encore recouverts d'une bâche en plastique, d'ailleurs maintenant qu'il était assis là, tout seul, il se demandait pourquoi il n'avait pas pris le temps de les retirer. Un oubli dû à sa fatigue sans aucun doute. Mais même avec ce détail, l'appartement restait agréable maintenant qu'il l'avait métamorphosé le temps d'une nuit. Carrie avait évoqué l'envie de passer un peu de temps privilégié avec lui, rien qu'eux deux en tête à tête ce qui avait été très compliqué dans la maison familiale, sans compter qu'il fallait s'occuper d'Elsa et que le job de nuit de Noah n'aidait pas à maintenir une vie sociale ordinaire. Mais après avoir négocié sa soirée de ce soir, il était bien décidé à offrir à la femme qui partageait sa vie la soirée dont elle avait tant besoin. Cela pouvait sembler stupide et un peu niais mais rien ne lui faisait plus plaisir que de la voir heureuse.

Il avait fallu plus d'une heure pour mettre tout en place avant de passer récupérer les plats chez le traiteur italien qui se trouvait un peu plus haut, en direction de Manhattan. Les bougies avaient été ce qui sans aucun doute lui avaient pris le plus de temps. Les déposer une à une dans des petits pots de verre pour ne pas risquer de tâcher le parquet de l'appartement ou les surfaces de la cuisine, si bien que maintenant les flammes vacillantes éclairaient toute la pièce, traçant un chemin le long du mur de l'entrée jusqu'à la table dressée sommairement. Une chaise de chaque côté du bar, le côté le moins confortable pour lui évidemment mais il tenait à ce dîner aux chandelles, en tête à tête. Et sur le siège destiné à Carrie, une rose rouge. Peut-être qu'il en faisait trop. Sûrement. Mais Noah avait toujours été quelqu'un d'entier et quand il choisissait de faire quelque chose, ce n'était jamais à moitié et cette soirée ne ferait pas exception à la règle.

Il prend son mal en patience, refaisant une dernière fois le tour des préparatifs, vérifiant que les bougies étaient toujours allumées jusque dans leur chambre à coucher où il avait pris soin d'allonger le matelas puisqu'il n'avait pas eu le temps de récupérer le lit -un vrai lit cette fois- au magasin de meubles, préférant tout transporter dans la camionnette que lui prêtait gracieusement Alfredo, son ancien patron, une fois que toute la commande de Carrie serait arrivée. Sur le matelas sorti de son emballage, une des parures de lit neuves que la jeune femme avait déjà ramené à l'appartement et une montagne de coussin. Aux quatre coins de la pièce, sur des pots de peintures vides et rincés ou à même le sol, dans leurs bougeoirs improvisés, une multitude de petites bougies. Un vrai lit de princesse et une première nuit de rêve dans leur nouvel appartement. Si l'ambiance était romantique à souhait, l'idée de faire l'amour à Carrie ce soir ne lui traversait même pas l'esprit. Enfin si, elle ne faisait que le torturer, jour après jour, le rendant nerveux parfois, mais dans son esprit encore inculte, il était bien persuadé que maintenant qu'elle était enceinte, ils ne pourraient plus avoir le moindre rapport avant la naissance de l'enfant. Et puis, peut-être n'en avait-elle tout simplement pas envie ?

Une clé tourne dans la serrure et il retourne se poster dans l'entrée, la rose dans son dos et un sourire sur son visage fraîchement rasé, chose qu'il n'a pas fait depuis une éternité, une chemise noir et simple et un pantalon assorti qu'il utilise généralement pour ses ensembles de travail. A peine a-t-elle franchi l'entrée que son sourire s'étire un peu plus alors qu'il se penche sur elle pour lui prendre un baiser tendre et lui offrir la fleur qu'il gardait cacher dans son dos.
« Bienvenue chez nous. »

Au Coin du Feu de tes Yeux, Je me Pose.

NOAH & CARRIE.

Noah était décidément bien mystérieux aujourd'hui...

Après un échange de textos singuliers dans lesquels il lui demandait de venir à leur nouvel appart bientôt terminé ce soir pour réceptionner une livraison, Carrie avait accepté, mais avait trouvé très étrange qu'il ne précise pas le genre de la livraison. Elle avait beau lui demander, il avait éludé ses questions avec un art consommé. Ça sentait la surprise à plein nez et la jeune femme se demandait ce qu'il avait pu lui prendre d'aussi spécial qui méritait qu'elle aille le recevoir en mains propres.

La journée avait été bien remplie. Entre le boulot où elle devait encore gérer quelques crises, la grossesse qui la fatiguait un peu mais sans plus maintenant grâce à ses vitamines, le fait aussi de s'occuper de son appartement qui avait trouvé preneur, les meubles qu'elle avait fait transférer dans un garde-meuble en attendant de les vendre une fois que le déménagement serait terminé, Carrie n'avait pas eu une minute à elle et avait tout juste eu le temps de se poser chez Mariella et de s'occuper d'Elsa avant de repartir.

Mariella lui avait paru aussi un peu trop malicieuse pour être honnête. Quand la jeune femme avait remis ses vêtements chauds pour ressortir, Mama Thompson lui avait fait un grand sourire et l'avait même limite poussée dehors en lui disant de se presser, qu'elle devait vite se rendre à l'appartement. Pas même eu le temps de lui poser ne serait-ce qu'une question que la porte était déjà fermée derrière elle.

Ce fut donc d'un pas tranquille que Carrie se rendait à deux pâtés de maison plus loin. Hormis son blouson bordeaux épais, son bonnet et son écharpe en laine blanche, la jeune femme portait un pull en laine noire sur un chemisier blanc moulant, son éternel jean bleu marine taille-basse qu'elle affectionnait qui laisse voir le très léger renflement qui commençait à se former, et sa paire de boots en cuir marron. Elle avait lâché ses cheveux qui étaient maintenant lisses et soyeux, et s'était légèrement maquillé le matin.

Le petit vent de la fraîcheur du soir faisait virevolter ses mèches alors que le soleil partait déjà se coucher. N'ayant pris que ses clés et son portable dans l'intention de ne pas s'éterniser peu importait la surprise, Carrie était loin de se douter de ce qui l'attendait au moment où elle déverrouilla la porte de l'appartement...

Outre l'ambiance tamisée par les dizaines et les dizaines de bougies qui diffusaient leurs lueurs un peu partout, la jeune femme marqua un temps d'arrêt devant un Noah tout sourire, très beau dans sa chemise noire et son pantalon à pince, rasé de frais (ce qui lui allait diablement bien), et qui tenait une rose dans sa main.

Entrant et fermant la porte, Carrie ne put empêcher un immense sourire surpris de lui manger le visage, avant de lui rendre le doux baiser qu'il lui donnait en même temps qu'il lui fourrait la rose dans la main. Se mettant la main devant la bouche pour contenir son émotion, ses yeux brillaient devant toute la mise en scène apparemment savamment préparée.

- Noah, c'est...

L'émotion lui assécha la gorge alors que son regard commençait à se noyer de larmes de bonheur qu'elle retenait durement. Enlevant bonnet et écharpe, elle éteignit également rapidement son portable pour ne pas déranger cette soirée qui s'annonçait d'un romantisme à l'état pur. Noah l'aida à enlever son blouson et suspendit le tout au porte-manteau qui se trouvait à présent dans l'entrée avant de lui prendre la main pour l'emmener dans le salon.

- Petit cachottier ! Elle est vraiment très belle ta livraison !

Avec un rire malicieux, la jeune femme se blottit dans ses bras et lui donna un baiser un peu moins chaste que celui de l'entrée, sans se soucier du fait que son corps réclamait bien plus que ce contact pourtant déjà bien passionné. Puis Carrie se recula lentement avec un regard embrumé de désir qui lui faisait bien comprendre : "ce soir, tu ne pourras pas t'esquiver".

- Alors beau brun, qu'avez-vous prévu de me faire livrer ce soir ?

Le sourire coquin qu'elle lui offrit en penchant la tête sur le côté lui annonçait la couleur sur le déroulement de la soirée. Noah allait rester maître de cérémonie, après tout, il était l'initiateur de cette surprise... Mais il n'était pas dit que Carrie allait se contenter de le regarder sagement. Ce soir, il allait comprendre deux trois trucs sur les envies des femmes enceintes, et ça risquait d'être vraiment divertissant...

Il lui sourit, en réponse à son compliment qui lui va droit au cœur. Même si ils se fréquentent depuis un certain temps, ce qui aide à savoir ce qui fera plaisir à l'autre sans trop de difficulté, voir un travail d'une telle ampleur apprécié ne pouvait que lui réchauffer le cœur. Il faut dire qu'il y a passé une bonne après-midi et qu'il s'attendait à une réaction à la hauteur de son travail, à savoir exactement comme celle de Carrie. Il prend son manteau en vrai gentleman et l'accroche dans l'entrée avant de la mener dans la pièce principale, vers l'endroit où la table est mise, sur le comptoir de leur cuisine américaine, puisqu'ils n'ont pas encore de table de salle à manger. Si le premier baiser lui a semblé naturel, le second est bien plus enflammé et porteur de sous-entendus. Et connaissant Carrie, elle ne fait pas ça sans raison, affirmant une fois de plus que l'abstinence qu'il leur imposait à tous les deux commençait à se ressentir dans leur comportement. Mais au lieu de le remplir d'excitation ou de le faire fondre, le contact de ses lèvres chaudes ne fait que le stresser un peu plus, sentant une zone dure se créer sous sa ceinture à vitesse grand V. Un peu gêné, il se détourne d'elle et ouvre le frigo pour en sortir le champagne et éventuellement se calmer, ce qui ne lui ferait pas de mal. Il reste un temps anormalement long devant le frigo, à laisser le froid l'atteindre et calmer ses ardeurs avant d'enfin, prendre deux flûtes et de faire sauter le bouchon.
« Champagne sans alcool. J'ai trouvé ça au supermarché. »
Un nouveau sourire. Et non, il n'a pas oublié ce qui pousse dans son bidon. Il lui tend une flûte avant de prendre la sienne, la bouteille au centre de la table.
« A notre premier repas ici. »
A leur première nuit aussi même si sans son esprit, elle sera chaste et uniquement guidée par un sommeil réparateur. Mais déjà, le plat au four titille ses narines. Il fait le tour du comptoir pour tirer la chaise de Carrie, bien décidée à jouer le gentleman jusqu'au bout de la soirée. Prenant un chiffon en guise de manique, il sort du four tout neuf un plat fumant. Escalopes à la milanaise et spaghettis frais. De quoi ravir leurs papilles pour la soirée. Avec un nouveau sourire, il pose le plat, comme si il avait passé des heures à cuisiner alors qu'il n'a rien fait d'autres que de sortir les escalopes et pâtes de leur emballage en aluminium et de les mettre dans un contenant qui fassent un peu plus « cuisine artisanale ». Il sert une portion généreuse à la jeune femme avant d'en faire de même pour lui et de s'asseoir face à elle.
« Alors, Elsa a passé une bonne après-midi ? »
Il n'avait pas vu la petite depuis la veille, en partant au travail, puisqu'en finissant son service au club, il était directement venu ici pour dormir un peu, faire quelques travaux et préparer la surprise de Carrie. Seule sa mère était au courant et ne lui avait pas tenu rigueur de son absence prolongée -pour une fois-.

Le repas se passe dans la joie et la bonne humeur, la discussion n'ayant aucun mal à passer entre eux comme d'habitude. Les sujets vont de leur travail respectif aux enfants et leurs espoirs pour cette vie commune. Cependant, les inquiétudes ne sont pas évoquées, sûrement parce qu'à l'aube de cette nouvelle page à écrire ensemble, on préfère évoquer les futurs moments de joie que ceux d'angoisse. Le repas est excellent, à la hauteur du prix qu'il lui a coûté même si il n'en dira pas un mot. Carrie est belle comme tout et il ne peut s'empêcher de se perdre régulièrement dans ses yeux bleus, sur sa peau éclairée par les flammes vacillantes des bougies, en oubliant parfois de répondre à ses questions ou de réagir à ce qu'elle venait de dire. En dessert, il a prévu de la glace à la vanille avec des fruits rouges, dessert que lui a recommandé l'italien quand le jeune homme lui avait expliqué sa situation, à savoir vouloir faire plaisir à une femme enceinte. Il se relève pour débarrasser les assiettes mais avant d'aller au réfrigérateur, il s'arrête, comme pris d'une illumination.
« Tu veux que je te fasse couler un bain ? Tu dois être fatiguée, ça te fera du bien. Enfin … si tu veux. Tu pourras toujours manger le dessert en même temps, ça te va ? »
C'est vrai qu'il aurait pu y penser plus tôt, mais bon, que voulez-vous, il n'est pas parfait.

La soirée s'annonce parfaite et bien détendue, avec un soupçon de sensualité toutefois en arrière plan. Noah était la prévenance incarnée, il se pliait à ses moindres désirs immédiats, faisait attention à sa santé, la dévorait des yeux sans même en avoir conscience... Elle avait senti tout à l'heure que le second baiser qu'ils avaient échangé avait été porteur d'un désir puissant et réciproque, alors qu'il s'était esquivé quand Carrie s'était reculée.

Tout le sens de ses réactions lui était enfin parvenu, ce qui entraîna un sourire immense et un peu malicieux. Il ne savait plus comment s'y prendre avec elle parce qu'elle était enceinte, tout simplement. Et la jeune femme allait se faire un plaisir de lui montrer que ce n'était pas parce qu'elle était enceinte qu'elle n'était plus femme. Elle avait des besoins et des désirs, amplifiés par ses hormones en ébullition. Et vu que ça faisait déjà deux semaines qu'il ne l'avait pas touchée, il était évident que Noah devait vraiment être à cran aussi.

Donc, c'était ce soir ou jamais.

Le repas se passa comme d'un rêve. Ils se souriaient, discutaient sans se stresser, profitant du silence entre deux sujets pour se regarder dans les yeux, étaient absorbés l'un par l'autre. Cette envie que Carrie avait de Noah allait en s'accroissant au fur et à mesure que le temps s'écoulait paisiblement. Pourquoi fallait-il que le comptoir les séparait-il de la sorte ?

Puis ils arrivèrent au dessert. Noah débarrassait la table et lui proposait un bain pour l'aider à se détendre. Une idée se forma dans son esprit, la faisant sourire.

- Hmmm... Oui, avec plaisir...

Puis s'approchant de lui lentement, Carrie entoura le torse de Noah de ses bras et se colla à lui, lui embrassant le cou avec douceur et passion. Elle sentait son corps se raidir à son contact mais ne lui permit pas de le rompre pour autant. C'était tout simplement impossible. Deux semaines sans autre contact qu'un câlin sage de temps en temps, c'était limite du masochisme sans le vouloir.

- Uniquement si tu viens avec moi...

L'un des avantages de cet appartement résidait dans sa salle de bain avec une immense baignoire. Reculant légèrement la tête, Carrie se mordilla la lèvre inférieure et pencha la tête sur le côté en lui lançant un long regard amoureux. En souriant, elle lui vola un tendre baiser avant de se reculer et de rire légèrement en le tirant derrière elle jusqu'à la pièce suscitée. Entrant à l'intérieur, tout était presque prêt pour prendre un long bain relaxant.

Les serviettes en éponge étaient étendues sur les porte-serviettes, des bougies à profusion faisait oublier le manque de lumière par leur lueur tamisée et très romantique, il y avait même du bain moussant sur le rebord de la baignoire... Manquait juste l'eau chaude pour pouvoir s'y plonger. Se penchant en avant pour ouvrir le robinet d'eau chaude et déversant le liquide qui laissait déjà échapper de la mousse, Carrie tourna juste la tête vers Noah et lui lança un autre regard bien moins calme que les précédents. Ses yeux lui lançaient un appel impérieux, tout comme son corps cambré sensuellement au-dessus du bac était un appel au désir.

Se redressant lentement, la jeune femme rompit le contact de leur regard avec un sourire malicieux qu'il ne pouvait voir car elle lui tournait le dos. Ôtant lentement son pull noir, elle le jeta dans un coin avant de s'attaquer à sa chemise qu'elle fit descendre lentement dans son dos. Elle espérait vivement que Noah soit trop obnubilé par son petit effeuillage improvisé pour ne pas qu'il proteste, ce qui apparemment était le cas. De toute façon, s'il osait ne serait-ce que faire un pas en dehors de cette pièce, elle irait le chercher de force... Enfin là, elle aurait moins de chance que l'autre fois mais elle essaierait quand même.

Délaissant sa chemise sur le sol, elle vira rapidement ses boots du bout des pieds. Et toujours sans se retourner, la jeune femme lui montra juste son visage, les lèvres doucement entrouvertes, lui peignant une expression doucement passionnée qui ne nécessitait aucun mot pouvant pousser Noah à la rejoindre pour terminer ce qu'elle venait à peine de commencer...

Il tente un instant d'échapper à l'étreinte qu'il sent arriver, se tassant dans l'angle des meubles de cuisine, ce qui n'était pas une si bonne idée puisqu'il était à présent complètement acculé dans son coin, impossible de reculer plus ou de faire un pas sur le côté. Bien décidé à s'en tenir à sa ligne de conduite depuis l'annonce de sa grossesse, il pose une main de chaque côté sur le plan de travail mais son corps a une réaction qui parle d'elle-même, s'accentuant bien plus qu'il ne l'aurait souhaité au simple contact des hanches de la jeune femme contre son bassin. L'envie de lui saisir les cuisses, de l'allonger sur la surface froide qu'il avait installé quelques jours auparavant et de lui arracher ses vêtements le démangeait sérieusement et les lèvres de Carrie contre son cou ne l'aidait pas à réfreiner ses idées. On aurait presque dit qu'elle y prenait un plaisir malsain, tentant de le pousser dans les plus profonds retranchements de sa propre retenue. Mais il ne pourrait pas tenir longtemps un tel rythme si elle continuait à le provoquer aussi explicitement.

Il hoche de la tête quand elle lui demande de venir avec elle dans la salle de bain même si l'idée de la rejoindre dans l'eau chaude lui effleure l'esprit quelques secondes. Non, ce ne serait que provoquer l'inévitable, déjà qu'il est à la limite de lui sauter dessus. Il la précède dans l'appartement, augmentant le chauffage de la pièce alors que l'eau chaude fume déjà dans le grand bac de bain. Une dizaine de bougies transférée du salon à la pièce d'eau et l'ambiance romantique est immédiatement réinstallée. Cependant, il reste là, immobile, une serviette éponge pliée en main, la bouche entrouverte, à observer les courbes de la jeune femme alors qu'elle ne se penche sur la baignoire pour y verser le bain moussant. Complètement esclave de cette vision de rêve, il ne la lâche toujours pas du regard quand elle se retourne pour commencer à se déshabiller, ne se rendant même pas compte que son regard était totalement impudique. Mais la peau qui se dénude petit à petit, la dentelle noire qu'il adore tellement, tout ça lui fait oublier que dans d'autres situations, son comportement aurait été hors de propos et extrêmement dérangeant. Mais loin de la gêner, la situation semble tout simplement amusée la jeune femme qui lui lance un regard ravageur qui étrangement, lui rappelle qu'elle peut aussi le voir et ne rien louper de son air d'hypnotique voyeur. Il détourne soudainement le regard, incapable de cacher à présent la bosse qui s'est formé sous sa ceinture même si le noir de son pantalon amenuise l'importance de son érection.
« Je vais chercher le dessert. »
Fermant la porte derrière lui, il ne trouve pas d'autres moyens pour lui interdire de le suivre sans quoi il ne tiendrait plus et allait la plaquer contre le mur du couloir sans plus de cérémonie. Ses appréhensions sur le fait de lui faire l'amour alors qu'elle était ensemble semblait avoir disparu pour faire place à un désir intense et enflammé, alimenté par deux semaines d'abstinence totale qui se ressentait vivement dans son pantalon. Arrivé au salon, il s'appuie sur le comptoir, oubliant même ce qu'il faisait là. Si elle s'amusait autant avec lui, il pouvait très bien en faire de même et lui faire payer ses nombreuses provocations, assumer le fait qu'il était un homme et que oui, il continuait à avoir envie d'elle même si elle portait un enfant en elle. De toute façon, pour l'instant, sa grossesse était invisible. Pour l'instant, il n'imagine pas aller jusqu'au bout de l'acte mais bien la rendre aussi chèvre qu'elle le rend fou.

D'un pas un peu agité et rapide, il retourne dans la salle de bain, ouvrant la porte avec précipitation pour la refermer derrière lui. Le dessert est oublié, d'autant plus que la vision qu'il vient d'avoir en poussant le battant achève de le convaincre que son désir est en grande partie du au fait que la jeune femme met tout en œuvre pour le provoquer. En ensemble de lingerie noire, face à l'eau moussante et aux bougies, elle semble tout droit sortie d'une vision érotique. Son souffle dans sa nuque, il passe enfin ses mains dans son dos et sans faire plus de cérémonie, dégrafe son soutien-gorge avant de remplacer immédiatement ses balconnets par ses mains chaudes. Ses lèvres effleurent son cou, remonte à son oreille.
« Tu n'as pas le droit de jouer comme ça avec moi. »
Sa voix est grave, entrecoupé par une respiration chaotique, témoin presque malgré lui du désir qu'il contient pour elle depuis trop longtemps. Lentement, il délaisse sa poitrine pour faire glisser ses mains le long de son ventre, jusqu'à ses hanches et passe ses doigts sous le tissu fin et délicat, s'arrêtant à nouveau, une main de chaque côté de son intimité sans pour autant y toucher, ses lèvres cherchant à nouveau à déclencher des frissons le long de sa nuque sans pour autant lui rendre ses baisers provocateurs de tout à l'heure. D'un geste un peu précipité, il abaisse le dernier vêtement de la jeune femme, la laissant entièrement nue, habillée par les multiples flammes de bougie qui dansent sur ses courbes. Il prend une seconde pour retirer ses chaussures et chaussettes et les envoyer paître à l'autre bout de la pièce avant d'attraper à nouveau les hanches de Carrie, la retournant face à lui avant de la forcer à reculer contre le carrelage froid de la salle de bain. Une main de chaque côté de son visage de porcelaine, il prend appui, ses yeux clairs dans les siens. Pas un seul sourire sur ses lèvres, rien d'autre qu'une flamme bien plus vibrante que celle des bougies qui éclaire la pièce au fond du regard. Ses lèvres s'approchent mais il n'est pas décidé à lui offrir un baiser salvateur tout de suite, la provocant presque du regard, attendant avec une patience mêlée au désir qu'elle les mette à égalité et qu'il puisse continuer son entreprise pour la rendre folle à son tour.

Voyant Noah sortir précipitamment de la pièce en fermant la porte, Carrie ne put empêcher un petit rire de fuser entre ses lèvres. Elle avait bien vu à quel point il était troublé, à quel point il avait envie d'elle et à quel point il luttait contre ses instincts. Ce n'était plus qu'une question de minutes avant qu'il ne cède complètement à son désir, et plus il allait lutter, plus passionnée allait être leur étreinte.

Sans perdre son sourire, la jeune femme enleva son jean et ses chaussettes dans la foulée, tranquillement sans se presser, comptant presque mentalement les secondes qui la séparait de son homme. Ramassant ses vêtements, elle prit le temps de les plier et de les poser dans un coin avant de revenir devant la baignoire afin d'arrêter l'eau qui remplissait le bac entièrement avec beaucoup de mousse.

Noah revint à cet instant-là en ouvrant la porte aussi brusquement qu'il l'avait fermée tout à l'heure, et qu'il la fermait maintenant. L'observant sans dire un mot avec une petite moue moqueuse, Carrie inspirait vivement quand il s'approcha et se plaça derrière elle, lui ôtant son soutien-gorge et le remplaçant sensuellement par ses mains, alors que sa bouche courait lentement le long de son cou. Le désir explosa dans ses veines, la faisant gémir d'envie. Son commentaire marquant son trouble la fit rire doucement.

- Et tu n'as encore rien vu...

Il trouvait qu'elle jouait avec lui ? Mais ce n'était seulement qu'un début timide. Allez passer deux semaines chastes quand le désir pulsait en permanence dans vos veines, et on en reparlera ! Les mains de Noah glissaient sur son corps, occasionnant de longs frissons sur sa chair exacerbée, jusqu'à ce qu'il lui enlève le dernier morceau de tissu qui se trouvait encore sur elle. Il se recula pour ôter lui-même chaussures et chaussettes avant de l'empoigner doucement par les hanches et la plaqua contre le carrelage frais de la salle de bain.

Le contraste entre la chaleur bouillonnante de ses membres en feu et le frais du mur la fit soupirer de plaisir anticipé, alors que les réactions de son corps montraient bien explicitement combien l'attitude de Noah lui plaisait. Il venait de placer ses mains de part et d'autre de sa tête, effleurant son nez du sien sans pour autant lui donner le baiser dont elle rêvait depuis maintenant deux longues semaines.

Et cette fois-ci, c'était à Carrie d'être faible. Ne pouvant retenir plus longtemps son désir féroce, elle prit ses lèvres dans un long contact embrasé et passionné. Mêlant leurs langues dans un ballet sensuel, ses mains ne restèrent pas inactives. Elles montèrent le long du torse de son compagnon en une longue caresse avant de déboutonner progressivement les pans. Et toujours sans lâcher sa bouche, elle lui fit glisser le vêtement en passant ses mains dessous, profitant de toucher sa peau musclée mais douce. Une fois la chemise à terre, la petite brune se colla à lui, frissonnant une fois de plus en sentant le corps dur de Noah contre le sien.

Puis elle leur fit échanger de place toujours sans interrompre leur baiser. Il y avait trop longtemps qu'ils ne s'étaient pas embrassés avec autant d'avidité. Se collant contre lui, Carrie laissa ses mains se balader sur le corps masculin sans aucune retenue, effleurant sa peau nue, passant sur le tissu de son pantalon déformé par cette partie de lui qu'elle voulait enfouie profondément en elle depuis ce qu'elle ressentait comme une éternité. Défaisant la ceinture de son pantalon, la jeune femme le déboutonna et glissa juste les doigts dessous, se reculant finalement lentement de ses lèvres pour pouvoir respirer.

Son cœur battait comme un fou, et ses lèvres gonflées de plaisir offraient un sourire sensuel à Noah qui la dévorait des yeux.

- Tu sais, j'ai posé plein de questions à mon médecin...

Et pendant que Carrie abordait ce sujet sérieux, ses mains continuaient leur manège troublant. Elles faisaient descendre progressivement le pantalon sur les hanches de Noah qui retenait légèrement sa respiration.

- Je lui ai demandé si je pouvais avoir des relations sexuelles pendant ma grossesse...

Le pantalon était encore bloqué en bas des hanches de son compagnon, laissant toute latitude à Carrie de les caresser lentement, alors qu'elle s'approchait de son oreille pour lui chuchoter doucement...

- Il m'a répondu que oui...

En riant doucement, elle posa sa bouche contre son cou, alors que ses bras entouraient de nouveau Noah avec beaucoup moins de barrières que précédemment...

Cela devait faire depuis l'annonce de sa grossesse qu'il n'avait pas échangé un vrai baiser. C'est-à-dire autre chose que ses embrassades chastes et retenues qu'il s'autorisait en revenant du boulot et qu'elle était encore dans les bras de Morphée, les yeux à peine entrouverts. Mais maintenant qu'il les tenait, son corps tout entier lui criait de ne plus jamais les lâcher, chose qu'il s'appliquait à faire, la laissant patiemment dénuder son torse, gardant les mains appuyées contre le carrelage de la salle de bain qui lui semblait d'autant plus froid que son être tout entier bouillonnait. Il aurait bien voulu l'attraper mais il avait peur. Peur de sa brutalité par moment, de sa maladresse aussi. Et si il lui faisait mal ? Il ne se le pardonnerait jamais et surtout, cela mettrait fin pour toujours à ses tentatives de restaurer le contact intime entre eux.

Mais pour l'instant, absorber par ce baiser qui sonne déjà comme une libération pour lui, il plaque son corps contre celui de la jeune femme, cherchant ses mains pour les serrer dans les siennes. L'effleurement de ses seins nues contre son torse ne fait qu'accentuer cette envie dévorante qui déforme son souffle et emballe son rythme cardiaque. L'envie de se sentir plus proche d'elle encore, en elle, littéralement, ne formant plus qu'un se fait de plus en plus pressante. Les mots qu'elle lui chuchote à l'oreille alors qu'il se retrouve à son tour plaqué contre le carrelage le font sourire. Mais un sourire qui n'a rien de ceux qu'il lui envoie d'habitude. Celui-ci est carnassier, celui d'un prédateur près à fondre sur sa proie nue et sans défense.
« Fallait le dire avant. »
Une touche d'humour sur son incapacité à faire la part des choses ne pouvait faire de mal alors qu'à nouveau il la plaque contre le carrelage, enlaçant ses doigts dans les siens au-dessus de sa tignasse brune alors que son autre main agrippe fermement sa cuisse, la relevant au niveau de son propre bassin. Le contact de son organe tendu contre cette chair humide et tendre le parcourt d'une vague de plaisir alors que sa langue franchit une nouvelle fois la barrière des lèvres de Carrie.

Il s'éloigne soudainement d'elle, ne la quittant pas de son regard où vibre clairement une flamme animale à présent pour se retrouver au centre de la salle de bain, à proximité de la baignoire. Un sourire étire le coin de ses lèvres alors qu'il se retourne pour lui faire dos, passant ses doigts sous l'élastique de son caleçon. Avec une lenteur calculé, il dévoile son fessier remarquablement musclé avant d'envoyer son caleçon valsé dans la pièce. Il ne lui avait pas échappé que Carrie ne s'était aucunement gêné pour détailler cette partie de son anatomie quand il se promenait nu dans l'appartement du Queens ou chez elle après des ébats passionnés. Son sexe fièrement dressé, ne cherchant même pas à le cacher, toute pudeur l'ayant abandonné au moment précis où il avait à nouveau franchi la porte en ayant laissé sur le palier ses appréhensions et ses frustrations. Il s'approche à nouveau d'elle, attrapant son menton dans sa large paume, la forçant à une proximité qui ne fait qu'accroître son envie d'elle, leurs lèvres si proches qu'il aurait suffi d'un mouvement de tête pour lui prendre un baiser.
« Alors, on le prend ce bain ? »
Un nouveau sourire creuse ses joues alors qu'il s'éloigne d'elle, l'air définitivement taquin. Il a une envie folle de lui faire l'amour, ça ne fait aucun doute, mais pas question de brusquer les choses, préférant prendre son temps. Il entre lentement dans l'eau avant de s'y installer, un bras de chaque côté du rebord, les vapeurs d'eau chaude n'aidant pas à calmer ses pulsions. Son regard se pose à nouveau sur la jeune femme, comme un appel provocateur à une longue nuit de plaisir qui leur a manqué à tous les deux à en croire l'entrain qu'elle a mis à leur baiser de tout à l'heure.

Alors que Noah lui répondait enfin quelque chose qui lui assurait qu'il n'avait aucune envie d'interrompre leur joute amoureuse déjà bien entamée, Carrie sourit de joie avant de pousser un petit cri surpris mais ravi alors qu'il inversait de nouveau leurs positions, la plaquant passionnément contre le mur. Alors qu'il reprenait ses lèvres avec une ardeur proche de la folie, il attrapa ses mains pour les poser juste au dessus de sa tête, la poussant naturellement à se cambrer contre son corps brûlant, alors que l'autre main de son compagnon saisissait sa cuisse pour la poser sur sa hanche et ainsi, accentuer le contact entre eux.

Un long gémissement de plaisir naissait entre ses lèvres alors que la jeune femme pensait bien qu'il allait la pénétrer de son membre dur et long qui se frottait contre son intimité humide de désir. Et au moment même où elle allait libérer sa bouche pour le presser de l'exaucer, Noah s'éloigna d'elle, la plongeant dans une frustration immense qui se transforma en concentration pour ne pas ouvrir la bouche pour dire des choses extrêmement crues.

Surtout quand son compagnon utilisa la même arme dont elle n'avait pas hésité à se servir plus tôt : à savoir un strip-tease de dos. Les yeux rivés sur lui, Carrie ne perdit pas une miette de ce spectacle enivrant, se mordillant la lèvre inférieure, la tête penchée sur le côté. Tout son corps n'était à présent qu'un gigantesque brasier qui n'attendait que la venue de celui de Noah en elle. Inspirant vivement quand il se tourna vers elle, lui montrant toute l'étendue de son désir, la petite brune se retint vivement de devenir brutale tant l'envie la rongeait de lui sauter littéralement dessus.

Alors qu'elle pensait vraiment qu'il allait répondre à ses prières muettes quand il la prit par le menton pour la regarder dans les yeux, la stupéfaction la prit quand Noah repartit tranquillement vers la baignoire, s'installant dans l'eau chaude avec un soupir qui souleva encore une nouvelle vague de désir à distance.

- Euh...

Levant un index surpris, Carrie finit par rire. La bataille était loin d'être finie mais pour l'instant, Noah menait la partie d'une main de maître. Mais il n'était pas dit encore qu'il allait l'emporter, la jeune femme n'allait pas s'avouer vaincue aussi facilement.

Se détachant du mur lentement, la petite brune inspira de nouveau profondément pour retrouver un semblant de calme. L'envie était toujours là, dévorante, incendiaire, la poussant à oser des gestes qui mettraient sans aucun doute fin à leurs petits jeux. Mais c'était encore trop tôt, ils avaient encore beaucoup de chemins à explorer ce soir avant de s'abandonner aux feux de la passion. Elle finit par rejoindre Noah dans le bain, s'allongeant en face de lui, posant ses jambes sur les siennes avec un sourire malicieux.

- Hmmm... Cette idée de bain est vraiment extra...

Jouant avec la mousse de ses mains, Carrie ferma les yeux et renversa légèrement la tête pour la poser sur le rebord du bac. Après quelques minutes à effleurer la mousse, elle plongea lentement les mains sous l'eau et glissa sur les mollets de Noah du bout des doigts en de longues caresses douces. Sans même ouvrir les yeux, la jeune femme ne put que garder ce sourire malicieux qui ne la quittait plus.

- Tu sais que j'ai très envie de toi, là, tout de suite ? Que j'ai tellement envie de te sentir en moi que mon corps en tremble tout entier ?

Avec un petit rire moqueur, la petite brune continuait doucement son manège sur la peau de Noah sans pour autant ouvrir les yeux. L'atmosphère continuait à s'échauffer entre eux, ce qui n'était pas pour lui déplaire du tout. Cela faisait trop longtemps qu'ils n'avaient pas été dans cette situation, et elle allait en savourer chaque seconde...

Dans la chaleur moite qui à présent s'est joint à celle torride de leur première joute amoureuse, il s'appuie contre le rebord de la baignoire, la tête légèrement renversée en arrière. Pourquoi est-ce qu'il n'avait jamais fait ça auparavant ? Ah oui, peut-être parce que c'était la première fois qu'il se retrouvait dans un logement qui possédait une baignoire et donc qu'il avait la possibilité de prendre un bain. Pour sûr, si il avait été seul, il se serait rapidement endormi dans de telles conditions et pendant le court instant de silence qui suit l'arrivée de Carrie dans la baignoire, il craint de sombrer un peu dans les brumes d'un demi sommeil. Heureusement la voix de la jeune femme le tire un peu de sa léthargie. Il se contente de sourire avant de fermer à nouveau les yeux, la tête toujours appuyé contre le rebord et les bras plongés dans l'eau pour profiter de la chaleur du liquide. Le contact des mains de la jeune femme ne le surprend pas mais lui arrache un nouveau sourire, plein de béatitude alors qu'il s'installe un peu plus confortablement dans la baignoire.

C'est avec un peu de surprise qu'il entrouvre les yeux pour croiser le sourire malicieux de Carrie. Il était vrai que seulement quelques minutes auparavant, ils étaient à la limite de faire l'amour contre le mur de la salle de bain et que maintenant, ils se prélassaient dans un bain. L'envie était loin d'être descendue même si elle était plus raisonnée, moins empressée ce qui aurait forcément amené à un arrêt prématuré de leur acte, chose qu'il n'aurait souhaité pour rien au monde. Il avait sa fierté quand même, et comme beaucoup d'hommes, il n'était pas prêt d'y renoncer. Alors mieux valait attendre, faire durer les choses, pour ensuite lui offrir une nuit d'amour qu'elle méritait et qui leur manquait terriblement à tous les deux, comme un appel magnétique de leurs deux corps. Avec douceur, il saisit le pied menu de la jeune femme, l'attirant contre son torse avant de la masser tendrement. Sur ses lèvres, un sourire tout aussi malicieux que celui de Carrie. Il faut dire qu'elle ne lui avait jamais parlé d'une façon aussi crue sur ce dont elle avait envie même si il n'avait pas vraiment besoin de mot pour comprendre l'appel passionné qu'elle lui lançait depuis tout à l'heure. Mais l'entendre formuler les choses d'une voix à moitié perdue dans les vapeurs de bien-être du bain n'avait pour effet que de maintenir à niveau son excitation qui semble être bien partie pour être inépuisable pour l'instant. Un léger rire mêlé au bien-être et à l'excitation avant de réinstaller sa tête, le pied de Carrie toujours entre ses mains alors qu'il esquisse des cercles contre la plante. Ses doigts glissent lentement le long de sa cheville, ne cessant pourtant pas le massage légèrement appuyé.
« Ah bon, je ne te sens pas trembler pourtant. »
Pure provocation et plaisir de la taquiner alors que son sourire s'étire un peu. Il se redresse légèrement, continuant la douce pression de ses doigts sur sa cuisse, glissant lentement vers ses hanches à mesure qu'il se relève de sa position affalée et se rapproche d'elle par la même occasion. Assis entre ses jambes, il passe ses doigts le long de ses côtes, prenant appui sur le fond de ses jambes alors que leurs deux corps plongés dans l'eau s'effleurent. Il se penche à son oreille, ne pouvant s'empêcher de frémir légèrement à ce rapprochement voulu et contrôlé.
« Et tu sais que j'ai terriblement envie de te voir venir là, juste devant moi ? Et tellement envie de te toucher. »
Les lèvres de plus en plus proches des siennes, sa main se pose délicatement dans sa gorge, juste entre ses seins dans une caresse subtile.
« Et tellement envie de t'embrasser. »
Leurs lèvres sont tellement proches qu'il est obligé de murmurer ces mots contre sa bouche, caressant de la sienne par la même occasion cet objet de désir dont il ne pourrait jamais se rassasier.

Alors que Noah venait de lui saisir le pied dans un doux massage, Carrie soupirait d'un plaisir alangui. C'était tellement bon, tellement aphrodisiaque, elle se sentait dériver sur un nuage de bien-être et de désir qui semblaient infinis. Les mains de sa moitié étaient efficaces, lui procurant des sensations toujours plus vives au fur et à mesure qu'elles remontaient le long de sa jambe.

Elle répondit à ses assertions par de faibles gémissements et à ses caresses par de profonds soupirs, mourant d'envie de se jeter sur lui mais gardant les yeux fermés pour ne pas être encore plus tentée. Mais elle sentait également son souffle alors qu'il se penchait sur elle, lui disant tout de ses propres envies qui rejoignaient les siennes ô combien.

Sentant les lèvres de Noah frôler les siennes alors que son corps s'imprimait doucement dans le sien, Carrie ne put s'empêcher d'entrouvrir les yeux pour tomber dans le lagon de son regard clair. Elle s'y perdit, s'y noya avec grâce, alors que de sa bouche s’exhalait son souffle court, et que son corps, qui venait tout juste de retrouver un semblant de calme, se réveillait brutalement et frissonnait longuement au contact du sien.

L'obsession de vouloir l'agripper pour l'étreindre passionnément se disputait âprement à l'envie profonde de faire durer l'instant. La jeune femme se mordit la lèvre, le cœur battant à se rompre, alors que dans son ventre se créait un vide à combler de toute urgence. Mais son corps était un traître qui ne manquait pas de la faire capituler à la moindre occasion que lui donnait Noah, comme en ce moment alors qu'il jouait habilement de ses lèvres pour la pousser à perdre le contrôle.

Mais la tentation était trop forte, l'appel trop ardent. Carrie redressa juste un peu la tête pour coller sa bouche contre la sienne dans un autre baiser époustouflant. Mais elle ne bougeait pas d'un pouce, se contentant de savourer ce contact incendiaire qui déclenchait des impulsions depuis le creux de ses reins jusqu'à la base de son cou dans un frémissement pré-orgasmique. Ces sensations-là étaient tout simplement divines, d'un plaisir incommensurable, alors qu'ils ne faisaient que s'embrasser.

Puis se reculant doucement, la petite brune tenta de reprendre son souffle, en même temps qu'elle tentait de calmer ses ardeurs encore une fois. Le jeu était loin d'être terminé mais elle avait l'impression que quelque soit l'arme qu'elle utilisait, Noah la retournait contre elle avec brio, la faisant se plier à ses désirs d'homme. Oh, elle voulait se plier à sa volonté, sans aucun doute ! Mais il allait devoir bosser encore un tout petit peu. Avec un sourire moqueur, Carrie lui passa la main sur la joue dans une longue caresse, avant de subitement la lui tapoter avec un rire malicieux et de s'écarter de lui en sortant du bain. S'entourant d'une serviette en éponge, elle se dirigea vers la porte et lui lança une œillade enflammée et taquine.

- J'ai envie de dessert...

Ouvrant la porte de la salle de bain sans laisser à Noah le temps de réagir, la jeune femme rit de nouveau et s'enfuit vers la chambre. Une fois dans la pièce éclairée elle aussi par un monceau de bougies, Carrie resta quelques secondes sans voix devant leur lit. Elle savait que le sommier allait être bientôt livré, mais là, son compagnon avait quand même fait fort. Même si le matelas était posé à même le sol, il avait pris soin de le rendre carrément irrésistible et la petite brune n'avait qu'une envie, s'y étendre à l'instant tellement il avait l'air confortable. D'ailleurs, elle ne se fit pas prier longtemps.

Se séchant rapidement, elle s'allongea de tout son corps sur la couche, la tête dans les oreillers bien moelleux, avec un soupir apaisé. Se tournant juste sur le côté, face à la porte dans une position qui suggérait plus qu'elle ne dévoilait : un bras en travers de sa poitrine, la jambe opposée à celle qui servait d'appui repliée pour dissimuler sa féminité, elle attendit patiemment que son bien-aimé la rejoigne en se mordillant la lèvre inférieure, patientant tranquillement...

Ce serait à qui perdrait les pédales en premier depuis le début, et ça continuait, chacun remportant une manche sans jamais vraiment donner de vainqueur... Pour l'instant...

La tension était à son maximum et sans les vapeurs du bain qui l'avaient un peu calmé, il serait sans doute déjà au paroxysme de son plaisir. Mais pour l'instant, il se contente de profiter du contact doux des lèvres de Carrie, frôlant sa langue, les mêlant avant de mordre sa lèvre inférieure et de repartir à l'assaut de sa bouche. Sa main passe derrière sa nuque, s'enfonçant dans la masse de ses boucles brunes, la forçant presque à un contact terriblement proche de leurs deux visages. Son corps s'était instinctivement rapproché de la jeune femme même si il fallait veiller à ne pas perdre l'équilibre et à tomber la tête la première dans l'eau mousseuse. Cependant, il n'a aucune envie que ne se rompe ce baiser même si l'envie de faire durer un peu plus les supplices de Carrie qui décidément lui cède bien facilement ce soir. Autant profiter de la situation pour ne rendre la soirée inoubliable, en tant qu'elle représente leur premier repas, leur première nuit et aussi leur première passion partagée, sachant qu'une fois qu'ils habiteraient ici avec Elsa et l'enfant en route, leurs ébats seraient bien obligés d'être plus réservés, pas moins passionnés mais ils ne pourraient sûrement pas se permettre d'occuper la salle de bain de la sorte.

Mais le recul de Carrie est une surprise. Si pendant une fraction de seconde, il espère bien qu'elle le supplie de cesser les supplices qu'il lui prodigue car peu importe ce qu'il en dise, ces tortures en sont tout autant pour lui, le revirement de situation lui arrache un nouveau sourire. Puisqu'elle veut jouer, laissons la jouer, elle ne fera que s'en mordre les doigts plus tard. Ou pas d'ailleurs puisque ce jeu de séduction était loin d'être réellement désagréable bien au contraire. Ragaillardi par cette provocation, il se relève lentement, laissant Carrie filer vers la chambre à coucher, souriant déjà en imaginant sa réaction à la découverte de la chambre à coucher déjà préparée. Les bougies, les oreilles, il savait pertinemment que le cadre lui plairait, comme elle avait apprécié celui du début du repas. Mais avant de la rejoindre, il avait à faire, suffisamment pour la rendre impatiente et d'autant plus réceptrice au dessert qu'il lui prépare. Sortant à son tour de l'eau, il enroule une serviette autour de ses hanches avant de tirer le bouchon de la baignoire. Pendant que l'eau s'écoule lentement, il entrouvre la fenêtre avant de souffler une à une les bougies de sorte que la fumée ne stagne pas dans la pièce encore embuée. Refermant derrière lui pour que les courants d'air ne viennent pas gâcher le reste de la soirée, il se dirige d'un pas lent volontaire vers la cuisine. Les bougies brillent toujours et il prendra soin de les éteindre une à une pour ne pas déclencher un incendie qui ne serait pas le bienvenue. Enfin, ce type d'incendie en tout cas. Parce que celui qu'il s'apprêtait à déclencher dans la chambre à coucher était tout à fait voulu.

Toujours avec cette lenteur assurée, il rejoint leur chambre, le pot de glace vanille dans une main avec deux cuillères et dans l'autre, une grande barquette de framboise et une autre de groseilles et mûres. Les fruits rouges ont toujours été un péché mignon et il lui semblait avoir lu quelque part que les femmes enceintes en raffolaient. Son sourire s'étire un peu plus quand il constate la position de Carrie, apparemment prête à en découdre. Elle pensait à un autre type de dessert ? Loupé. Il ferme la porte derrière lui avec un air malicieux qui laisse largement présager qu'il n'en a pas fini avec elle. Posant la nourriture à même le sol, à côté du matelas à même le sol, il retire sa propre serviette. Rien ne sert de cacher sa nudité dans le projet qu'il cultive. D'ailleurs, il lui suffit d'un mouvement pour en faire de même avec Carrie, les remettant à égalité. Il se retient presque d'échapper un rire quand il l'invite à s'allonger sur le dos avant d'ouvrir la boîte contenant les framboises. Avec une rigueur presque mathématique, il les dispose en ligne droite partant de la naissance de son sexe jusqu'au haut de son sternum, n'oubliant pas d'en garder deux pour décorer les pointes de ses seins. Sans quitter son sourire malicieux, il se penche au-dessus d'elle.
« Si tu permets que je déguste mon dessert. »
Et sans attendre la permission, il gobe la première framboise, celle se trouvant au plus haut sur son torse avant de descendre, suivant avec application la ligne droite tracée par les fruits et veillant à ne laisser aucune trace du jus sucré et rose des baies. Quand vient le tour de ceux cachant le haut de sa poitrine, il s'attarde un moment, prêtant une attention redoublée à ne laisser rien d'autre que les traces de ses baisers répétés et la rougeur de la peau sous le coup de sa langue avide. Puis la lente descente du plaisir continue, jusqu'à l'arrivée à la dernière framboise, celle qui ouvre la porte à une gourmandise bien différente à laquelle il ne touchera cependant pas. Complètement remotivé par cette escapade sur le corps de sa belle, il s'allonge à ses côtes, la laissant en proie à sa faim.

Patientant tranquillement dans la chambre, Carrie se redressa un peu quand elle entendit du bruit dans la cuisine. Avec une petite moue interrogative, elle se demandait vraiment ce que Noah était en train de faire alors qu'il finit par se pointer à son tour dans ce qui serait véritablement leur chambre une fois celle-ci aménagée comme il le fallait. Il tenait un pot de glace, deux grandes cuillères et des barquettes de fruits frais qui donnèrent envie à la jeune femme.

À dire vrai, elle ne savait plus de quoi elle avait envie en premier à l'instant, entre l'homme et le sucré... Mais là encore, elle n'eut pas le temps de dire quoique ce soit que Noah la poussait sur le dos, et déposait des framboises le long de son corps tendu de désir. Au premier contact de sa bouche contre sa peau, les mains de Carrie se crispaient sur les draps, ses yeux se fermaient instinctivement, tout comme son corps se cambrait contre lui en gémissant sourdement. Elle s'efforçait de ne pas bouger trop pour ne pas faire tomber les fruits mais c'était difficile.

- Noah...

Son prénom sonnait comme une supplique alors que la bouche masculine dérivait de plus en plus bas, s'arrêtant un long moment sur les pointes de ses seins qui devinrent aussi dures que des perles sous sa langue avide, déclenchant des vagues de chaleur dans tout son être. Contractant ses membres pour ne pas céder à l'idée très attirante de le repousser sur le dos à son tour pour le chevaucher. Ce qui d'ailleurs lui sembla une bonne idée une fois que Noah eut terminé son périple. Haletante et débordante de désir et de plaisir mêlés, Carrie inversa les rôles avec un large sourire.

- Moi aussi, je veux du dessert...

Prenant la barquette de mûres et le pot de glace avec une cuillère, elle rit doucement en s'installant sur les hanches nues de son amant, sentant sa verge tendue et dure se plaquer contre sa féminité en éveil. Avec un long frisson, la jeune femme se retint de le prendre en elle pour mettre fin à cette torture mais là, elle avait faim. Prenant une mûre entre ses lèvres, elle se pencha en avant, plaquant son corps tressaillant contre celui de Noah, lui présentant le fruit en échangeant un long baiser sucré.

Puis elle se redressa en souriant, attrapant d'autres mûres.

- Elles sont vraiment délicieuses...

Reprenant le même jeu que lui, Carrie en disposa un peu partout sur son torse et se pencha pour user de sa bouche de la même façon. Le pot de glace demeurait toujours fermé sur le côté mais elle comptait bien s'en servir... Dans quelques minutes. Pour le moment, elle souhaitait ôter les quelques gouttes qui restaient présentes après le passage de ses lèvres gourmandes. Puis la jeune femme finit par se redresser et se déhancha brièvement sur Noah pour lui faire sentir son désir puissant avant de s'écarter de son corps si attirant.

Avec un sourire coquin, Carrie s'agenouillait à côté de lui et prit le pot de glace, l'ouvrant d'un geste, s'empara de la cuillère, prit un petit bloc de vanille glacée et l'enfourna dans la bouche, le laissant fondre quelques secondes, avant de brusquement se pencher sur le sexe tendu de Noah et de le prendre à son tour entre ses lèvres avides. L'alliance du froid de la glace avec la chaleur de feu de sa bouche devrait sans aucun doute lui faire un drôle d'effet...

A son tour en position de soumis, il sourit, se laissant faire, aussi malléable que de la pâte à modeler même si il ne comptait pas rester aussi mou tout le temps. Le contact de la féminité de Carrie contre son sexe ravivé par son petit jeu alimentaire le fait frissonner alors qu'une première vague de plaisir le gagne. Il serait tellement facile de rendre leur étreinte plus passionnelle par un simple mouvement de bassin mais acceptant de jouer le jeu, il reste étendu, la laissant à son tour profiter de la situation. Enfin, pour l'instant en tout cas. A nouveau, leur zone d'intimité devient plus tendue quand elle se penche sur lui, un fruit entre les lèvres alors qu'il n'aurait en aucun cas levé un petit doigt pour l'aider dans sa quête. Après tout, le jeu ne consistait pas à rendre la vie de l'autre plus simple et voir Carrie à ce point en éveille l'amusait tout autant que cela l'excitait. Le baiser est tendre avant de virer au passionné une fois que les derniers morceaux de fruits ont été avalés. Leurs langues échangent encore les dernières saveurs sucrées du fruit rouge quand enfin, la jeune femme se redresse, déclenchant par la même occasion une nouvelle vague de plaisir dans son bas-ventre. Il ne retient même pas le large sourire qui a depuis un moment gagné ses lèvres, symbole explicite de sa joie, de son plaisir mais aussi de tout le sadisme dont il pourrait être capable pour la suite de leur joute amoureuse.

De la même façon dont il avait procédé un peu plus tôt, il la laisse disposer le contenu de son dessert sur son corps, plaçant ses bras derrière sa tête histoire d'être plus confortable, ne perdant pas une miette du corps nu de la jeune femme en plein mouvement. Et tout ce petit manège l'amuse vraiment même si il commence progressivement à perdre patience. Pour l'instant il n'en montre rien mais les mouvements de hanche de Carrie, laissant entrevoir leur passion à venir, avaient avancé son échelle de patience bien plus loin qu'il ne l'aurait espéré si bien qu'il luttait tant bien que mal pour faire bonne figure alors qu'elle s'éloignait de lui pour manger un fruit après l'autre, lui infligeant un supplice semblable à celui qu'il lui avait prodigué, accentué par le doux balancement de son bassin contre le sien qui aurait vite fait de lui faire perdre la boule si elle n'en restait pas là. Heureusement -ou pas-, elle se retire pour s'attaquer à la glace. Toujours à sa contemplation, il reste allongé de tout son long. Si elle ne le connaissait pas mieux, il passerait facilement pour le macho qui attend qu'on lui apporte bien gentiment ses moindres désirs sur un plateau d'argent mais bien sûr, tout cela ne faisait que partie intégrante du jeu.

Mais quand la bouche de Carrie accompagnée du froid vibrant de la glace rentre en contact avec son membre en érection, il ne peut s'empêcher de se redresser sur les avant-bras, d'abord surpris avant de céder la place au plaisir intense de sentir les lèvres de la jeune femme contre sa virilité. Finalement, il se laisse retomber sur le lit, profitant silencieusement de cette nouvelle caresse qui entre dans leur jeu à présent. Mais hors de question qu'elle vienne à bout de lui aussi facilement. Toujours aussi amusé et définitivement excité, il la saisit par les épaules, la plaquant contre le matelas. « Si c'est à ça qu'on joue, tu l'auras voulu. » Sans lâcher sa prise, il applique sa main contre le pot glacé, suffisamment longtemps pour que ses doigts le picotent, au prise avec le froid. Quand enfin, il juge le moment opportun et sans quitter des yeux Carrie, il franchit la barrière de son entrejambe et pose deux doigts glacés contre son intimité qui lui donne franchement l'effet de brûler au contact d'une température opposée. Ses yeux s'arrêtent sur les reflets sucrés qui persistent sur les lèvres de la jeune femme alors qu'il capture sa bouche contre la sienne. Ses doigts ont vite fait de décongeler mais pour autant, il ne cesse pas sa caresse, accentuant le mouvement. A présent, ses intentions ne font plus aucun doute, Il est temps d'entrer dans des préliminaires d'une toute autre intensité et de se rapprocher de ce moment fatidique qu'ils attendent tous les deux avec impatience.

Le sentir se tendre sous ses lèvres était une victoire de plus pour Carrie qui en souriait mentalement. Le plaisir de Noah, son désir aussi qui augmentaient tous deux sous le coup des caresses appuyées de sa bouche et de sa langue lui procurait également un sentiment de satisfaction intense, ainsi qu'une envie toujours plus grande de le sentir au plus profond de son corps, là où était sa véritable place.

La jeune femme ne s'arrêtait pas, les yeux fermés, concentrée qu'elle était à lui donner un maximum de plaisir, alors que dans un mouvement rapide, le beau brun la détacha de son corps pour la pousser sur le matelas, lui promettant des représailles à la hauteur de sa torture. Il avait pris le pot de glace pour le poser au sol mais ne le lâchait pas, et Carrie comprit tout de suite ce qu'il comptait faire. Il profitait du froid et de la condensation du pot pour rafraîchir ses doigts avant de les poser sur elle, sur cette partie de son corps qui brûlait à outrance de le vouloir si fort.

- Noah, att...

Le reste de sa phrase se perdit dans un petit cri de jouissance au moment où les doigts glacés de son compagnon touchait sa féminité en feu. Le contact était si indescriptible, savant mélange entre incendie et froid polaire, un choc de température qui provoqua direct un séisme ravageur dans son corps. Mais Noah ne s'arrêtait pas là. Il continuait de la caresser avec passion alors qu'il prenait ses lèvres une fois de plus, jouant habilement de sa langue en rythme avec ses doigts. Carrie ne savait plus à quelle sensation se vouer, gémissant maintenant sans retenue alors que ses hanches accompagnaient instinctivement ses mouvements, que ses mains se perdaient dans les cheveux de son bien-aimé, que ses jambes se débattaient pour entourer les hanches masculines avec force.

Se détachant subitement de sa bouche pour tenter de respirer alors que le rythme s'intensifiait, la jeune femme murmurait à présent des mots sans suite tout doucement, alors que les doigts de son amant la rendaient tout simplement folle.

- Je... Je veux... Ha...

Sentant l'orgasme arriver à grands pas, Carrie finit par retenir son souffle pour le laisser enfler le plus longtemps possible, et quand il explosa au creux de ses reins, elle se cambra au maximum dans une longue plainte, sentant le plaisir envahir chacune des cellules de son corps et les brûler jusqu'à ce qu'elle n'en puisse plus et que tout son être retombe comme un pantin sur les draps. Essoufflée après une jouissance aussi intense, la jeune femme gardait les yeux fermés un instant, errant sur un nuage de bien-être.

Mais c'était sans compter sur la présence de Noah qui se rappelait à son bon souvenir. Dans un long mouvement lent et profond, il la pénétra enfin de toute la puissance de son désir encore exacerbé par le spectacle de son abandon. Le corps de Carrie ne put réellement profiter d'un calme apaisant, se tendant de nouveau à l'extrême, prêt à endurer encore la montée limite insupportable de ce plaisir si intense.

Ouvrant péniblement les yeux encore embués de bonheur, le désir revint vite hanter son regard bleu pour se poser dans celui de Noah qui lui renvoyait le même. La jeune femme lui sourit avec chaleur avant d'entourer son cou de ses bras pour se coller de toute sa personne à lui, et ainsi lui voler un énième baiser mais cette fois-ci plus lent et calme que les précédents. S'il voulait augmenter la cadence, ce serait à lui de le faire.

Le bonheur de le sentir enfin au plus profond d'elle était si puissant que des larmes d'émotion coulaient sur ses joues. Détachant une fois de plus ses lèvres, Carrie les fit courir le long de sa joue jusqu'à la jointure entre le cou et l'oreille, appliquant un baiser passionné à cet endroit avant de mordiller le lobe de son oreille et de lui chuchoter des mots sensuels.

- Prends-moi, mon amour... J'ai tellement envie de toi... Tellement...

En soupirant d'extase, son souffle effleurait sa peau qui se couvrait de chair de poule, alors que la jeune femme repartait à l'assaut de son cou pour le mordiller, le lécher et l'embrasser toujours aussi lentement...

L'effet de ses doigts sur le corps de Carrie le rend fou tout autant qu'elle même. Il faut dire qu'il a toujours trouvé fasciné de voir à quel point elle pouvait s'abandonner à ce moment-là, perdre la raison. La tête basculée en arrière, le corps cambré et brûlant, elle était belle comme jamais dans son plaisir. Il a du mal à défaire ses yeux de cette vision de rêve, bien que ces mouvements restent tendres et doux. Mais à chaque nouveau cambrage de ses reins, il va plus loin dans ses caresses, cherchant encore et toujours à la voir monter plus haut dans les tourbillons que prodiguent le va et vient répété de ses doigts contre ce bout de chaire tendu, à vif. L'envie de la rejoindre dans cette folie le rend dingue et pourtant il résiste avec détermination, bien décidé à ce que cette nuit soit aussi synonyme de tous les plaisirs, de tous les orgasmes. Hors de question de se montrer décevant ou de finir sur une note un peu pâlichonne. Non, tout était parfait jusqu'à présent et cela devait continuer ainsi. Enfin, le corps de la jeune femme se cambre une nouvelle fois, plus fort alors qu'il l'attire contre son buste, les lèvres perdues dans son cou. Entre ses lèvres, un léger soupir de plaisir accompagne la plainte de Carrie, son orgasme était tout autant une source de jouissance que n'importe laquelle des caresses. Si il avait voulu jouer le sadisme jusqu'au bout, il n'aurait pas arrêté un seul moment ses caresses, immobilisant ses cuisses, l'entraînant jusqu'aux limites mais aussi fort qu'il voulait paraître, il n'en pouvait tout simplement plus.

L'envie d'être en elle, de la posséder toute entière, faisait battre le sang dans ses tempes. Lentement, il se redresse, se plaçant au-dessus d'elle, son bassin entre ses hanches offertes, jouant de sa virilité contre l'entrée de cette féminité qu'il ne comptait pas laisser au repos lentement. Malgré tout ce qui vient de se passer et leurs nombreux préliminaires, l'appréhension reste de mise. Lui fera-t-il mal ? Avec une lenteur et toute la délicatesse dont il est capable, il la pénètre enfin, n'osant que des mouvements restreints et contrôlés. Il jette régulièrement des regards à son visage, s'assurant de ne jamais y rencontrer une grimace de douleur ou de gêne. Mais c'est avec un sourire rassuré qu'il croise son regard brûlant, ravivé par le premier pic de plaisir. Son souffle est saccadé alors que ses lèvres effleurent à nouveau celles de Carrie. Ce n'est pas la première fois qu'ils font l'amour sans préservatif mais c'est tout comme pour lui, en profitant pleinement à présent. Et à dire vrai, d'une façon symbolique, il n'y a plus de barrière entre eux, plus de non-dits et plus d'incertitude. Un soupir de satisfaction lui échappe alors qu'il entre plus profondément, soulevant l'une des jambes de la jeune femme pour venir la maintenir au-dessus de ses fesses toujours en mouvement. Les mots ne font que l'encourager à aller plus loin, accélérant légèrement la cadence. Leur acte n'a rien à voir avec cette folie passionnelle qui les avait pris tous les deux quand ils étaient rentrés du cinéma et s'étaient littéralement jetés l'un sur l'autre. Peut-être que cette fois-ci était plus modérée, plus posée, mais elle n'en perdait en rien son charme incroyable. Il glisse ses mains dans le dos de la jeune femme, couvert d'une fine pellicule de sueur, la serrant aussi fort que possible contre lui, enfouissant son visage dans ses mèches brunes. Une odeur qu'il ne saurait identifier mais qui lui rappelle le gel douche qu'elle utilise tous les jours, mêlé à cette odeur naturelle qui la rend si spéciale à ses yeux. Chacun de ses mouvements est une déclaration d'amour, une façon de lui prouver qu'à cet instant, lui aussi a des envies d'amour éternel, de lui dire qu'il sera toujours là et qu'il aimera pour le restant de ses jours. Mais son langage est différent, ses mains remontant le long de sa colonne vertébrale pour se saisir de ses épaules, de sa nuque, de l'arrière de son crâne. Elles ne trouvent pas le repos et ne cessent de parcourir cette peau qui éveille chacun de ses sens. Il pose sa joue contre la sienne alors que le plaisir commence à envahir ses reins et à bouillir dans son bas-ventre.
« Je t'aime. »
Plus un murmure, les mots lui échappent dans un soupir de plaisir, comme si il n'avait pas contrôlé une seule seconde ce qu'il venait de dire, que ses lèvres avaient transcris pour lui ses pensées les plus profondes. Car à ce moment précis, son amour pour Carrie ressemble à s'y méprendre à un puits sans fond duquel il n'a aucune envie de sortir.

Leur étreinte est tout simplement parfaite...

Le corps de Noah, brûlant et couvert de sueur, pesait sur celui de Carrie qui ne pouvait imaginer l'expression la plus ardente pour leur amour commun. Il la prenait avec tendresse et passion, la chavirait de sensations toutes plus puissantes les unes que les autres, entre amour, paix, désir, plaisir et d'autres qualificatifs tous aussi brûlants. Comme une étoile qui brillait tellement dans le ciel qu'on ne pouvait que la suivre, éclipsant toutes les autres.

Ses jambes entourant solidement les hanches du corps de son amant qui n'arrêtaient pas de se mouvoir chaque fois un peu plus vite, la jeune femme se sentait perdre le souffle un peu plus à chacun de ses gestes, comme s'il appuyait sur des boutons qui déclenchaient de longs frissons dans tout son être. Soupirant à fendre l'âme, elle s'agrippa un peu plus à ses épaules alors que son corps se cambrait à chaque fois plus fort à la venue de Noah en elle.

Si elle n'avait pas déjà été assurée de l'amour de Noah à son égard, ce corps-à-corps parlait tout simplement de lui-même. Ils n'avaient même plus conscience de rien d'autre qu'eux deux, comme s'ils étaient enfermé dans une bulle sans aucun trouble venant de l'extérieur. Carrie ne voyait plus rien d'autre que son bien-aimé, n'entendait plus rien d'autre que le son extasié de son souffle aussi heurté que le sien propre, ne ressentait plus rien d'autre que lui, partout, autour d'elle, sur elle, en elle... Et c'était si beau, comme une musique cristalline qui donnait envie de pleurer.

Mais une telle perfection se devait de trouver une fin à la hauteur. Les mouvements s'accélérèrent subitement alors que Noah lui murmurait son amour à l'oreille. Carrie ne put s'empêcher de sourire de joie avant de gémir de plus en plus fort, de se serrer de plus en plus contre lui, tandis que l'apothéose de leur étreinte les frappait comme la foudre. Son orgasme précédent n'était rien comparé à celui qui naissait maintenant dans son ventre et qui se propageait dans toute sa chair à une vitesse hallucinante. Se plaquant contre lui, la jeune femme se figea en un long cri muet, sentant la chaleur de la semence de Noah en elle.

Pendant quelques minutes, les deux amants comblés au-delà de toute attente reprenaient contenance. Noah finit par s'écarter pour ne pas trop peser sur elle, ce dont elle lui était reconnaissante, et s'allongea à son côté pour qu'elle puisse se poser comme elle en avait l'habitude : sa tête sur son épaule, bras en travers de son torse, et la jambe entre les siennes. Il les recouvrit de la couette bien épaisse et ils finirent par s'endormir, heureux d'être ensemble et repus.

*****************

Quelques heures plus tard, la jeune femme s'éveilla. Il faisait encore nuit. Prenant quelques minutes tranquillement pour se rappeler où elle se trouvait, elle ouvrit lentement les yeux en papillonnant des cils. Il ne restait que trois-quatre bougies d'allumées, tamisant un peu plus la lumière qu'au moment où elle était entrée plus tôt. Noah la serrait toujours contre lui, encore plongé dans un profond sommeil. Son souffle était si apaisant pour la future maman qu'elle faillait bien se laisser aller à se rendormir, si ce n'était qu'elle venait de se rappeler soudainement une chose. Attrapant doucement le bras de son compagnon, Carrie regardait sa montre lui indiquant trois heures du matin.

Avec un immense sourire, elle s'écarta doucement de lui pour aller dans le salon, embarquant le pot de glace et les fruits pour les mettre au frais dans la foulée dans la cuisine, passa par l'entrée pour fouiller dans l'intérieur de son manteau afin d'y trouver l'enveloppe qu'elle gardait précieusement depuis deux semaines sur elle pour ne pas qu'il tombe dessus accidentellement. Cette surprise, elle l'avait réservée à l'avance depuis bien trois semaines maintenant et ne l'avait reçue qu'il y avait peu.

Retournant dans la chambre, la petite brune déposa l'enveloppe blanche assez conséquente de forme carrée qui portait juste le prénom de Noah dessus. C'était son anniversaire. Puis s'allongeant de nouveau, elle se blottit contre lui pour repartir de plus belle dans le sommeil.

*****************

En s'éveillant de nouveau cette fois, Carrie vit le soleil s'élever timidement dans le ciel. Il était encore un peu tôt mais cette fois, elle ne pouvait plus attendre. Déposant un tendre baiser sur la jour de Noah, elle lui caressa le même endroit du bout de son nez, comme elle aimait faire pour le réveiller doucement.

- Bonjour...

Avec un grand sourire, la jeune femme lui déposa de tous petits bisous un peu partout sur le visage avant lui prendre les lèvres avec une tendresse toute particulière.

- Joyeux anniversaire, mon amour...

Sa jouissance n'est pas d'une très longue endurance, essoufflée déjà par leurs nombreux jeux et autres plaisirs moins directs que celui-ci. Son corps à lui se colle à celui de Carrie, l'écrasant sûrement un peu mais il n'y pense pas pour l'instant, cherchant de ses mains le réconfort de ses reins, pressant son bassin contre le sien dans un dernier mouvement qui sonne l'achèvement de leur plaisir commun. Le souffle court, légèrement haletant, il reste ainsi suspendu au-dessus d'elle, un sourire sur les lèvres sans pour autant se retirer de son écrin chaud. Le baiser qu'il lui donne est doux, léger et représente à lui seul plus de mots qu'il n'aurait su trouver pour qualifier ce moment magique. Si l'abstinence avait été compliquée à gérer, cela valait le coup de se montrer patient si ils avaient le droit à une telle récompense en fin de compte.

Il finit par rouler sur le côté en soupirant de bien-être avant d'ouvrir les bras pour réceptionner Carrie, habitude qu'ils avaient fini par prendre à la fin de leurs ébats amoureux, ou même pour dormir, tout simplement. La position lui importait peu en vérité mais il avait remarqué que son sommeil était plus paisible et réparateur quand la jeune femme était logée au creux de ses bras, qu'il pouvait sentir sa présence à ses côtés à n'importe quelle heure de la nuit. C'est donc avec un sourire non dissimulé qu'il l'accueille contre son épaule, un bras protecteur caressant ses côtés, de temps en temps une mèche de cheveux. Il aimait cette présence simple et réconfortante qu'elle lui procurait même si faire une liste des choses qu'il aimait dans cette relation à la fois nouvelle et intense risquait de prendre plusieurs heures. Il finit par s'endormir, une main sur celle de Carrie, l'autre serrant affectueusement sa taille encore fine, comme si il avait eu peur qu'elle ne disparaisse pendant son sommeil.

Ce n'est que dans un demi-sommeil qu'il entrouvre les yeux, ne comprenant pas trop ce qui se passe. Il les referme aussitôt en apercevant la nuit noire par la fenêtre. Il ne va certainement pas se réveiller maintenant, pas en sachant qu'il est toujours en congé demain et qu'il peut enfin profiter d'une grasse matinée en compagnie de sa moitié. Mais contre lui, il sent la jeune femme s'agiter, avant de se redresser légèrement, laissant un froid sur sa poitrine à l'endroit où se trouvait sa tête. Par réflexe, il tente de la garde près de lui, renforçant sa prise sur sa taille mais la fatigue n'aidant pas, il finit par laisser tomber, s'enveloppant dans la couverture avant de se tourner sur le côté. Il se souvient seulement vaguement avoir été réveillé plus ou moins encore une fois, alors que la brunette s'allongeait à nouveau entre les draps, ouvrant par pur réflexe ses bras pour l'accueillir bien au chaud contre son torse nu.

Quelque chose lui chatouillait le nez. Mais l'envie de continuer à dormir le démangeait plus que tout. Les yeux toujours clos, il fronce les sourcils avant de grogner pour signifier son mécontentement à la personne qui tentait de le tirer du sommeil. En entendant Carrie lui souhaiter son anniversaire, il laisse transparaître un sourire qui trahit le fait qu'il est déjà tiré du sommeil mais simplement trop paresseux pour ouvrir les yeux. S'étirant les bras, il finit par les refermer autour de la jeune femme, l'attirant tout contre lui sans possibilité de s'échapper. Après quelques minutes de cette douce séquestration, il relâche son étreinte pour entrouvrir les yeux et lui sourire.
« Salut ma belle. »
Mais vu le regard malicieux de Carrie, elle prépare quelque chose. Et c'est finalement ses coups d'oeil répétitifs vers quelque chose derrière lui qui le force à changer de position, s'accoudant sur les avant-bras pour découvrir une enveloppe posée sur le sol, à côté de son oreille.
« C'est pour moi ? »
Il se rallonge dans le lit, un oreiller sous la tête, ouvrant l'enveloppe … avant de la refermer aussi, tournant la tête vers Carrie, les yeux ronds.
« T'as pas …. »
Il recommence son manège plusieurs fois avant de garder l'enveloppe ouverte et d'en extraire les places avec une attention presque religieuse. Les matchs des Knicks s'arrachaient des semaines à l'avance et des places VIP comme celles-ci coûtaient une vraie petite fortune. Il se redresse d'un coup dans le lit, tentant de réaliser ce qu'il voyait pourtant de ses propres yeux.
« Mais comment t'as eu ces places ? Ca a dû te coûter une fortune …. »
Il culpabilisait déjà de peut-être ne jamais être en mesure de lui faire un cadeau de ce genre. Se reprenant un peu malgré son excitation qu'il tente de contenir, il ouvre la carte accompagnant les billets, y découvrant un mot de chacune des femmes de sa vie, même Manelli avait signé, ce qui était plutôt un exploit. Il sourit plus encore en voyant l'espèce de gribouillage reconnaissable entre mille comme la signature maladroite de sa fille.
« Merci c'est …. parfait. »
Les mots lui manquent alors qu'un rire léger lui échappe. Il n'aurait pas rêvé mieux pour son entrée dans sa vingt-sixième année.

Il n'y avait pas à dire... Le bonheur de l'être aimé était le plus fabuleux des cadeaux que la vie pouvait offrir. Voir Noah aussi heureux et ému que si elle lui avait décroché la lune émouvait Carrie au plus haut point. Alors qu'il s'était assis brusquement sur leur lit comme un diable surgissant hors de sa boîte, la jeune femme fit de même mais avec des gestes plus mesurés. Il regardait encore les billets avec une expression ahurie, avant de baisser les yeux sur la carte de vœux qu'elle avait pris soin de demander aux femmes Thompson de remplir, chacune y allant de son petit mot gentil et attentionné, même Manelli avait fait l'effort de signer seulement, preuve qu'elle n'était pas si indifférente que ça à son frère.

Noah avait l'air d'un petit garçon à la veille de Noël. Il était tellement attendrissant que la jeune femme ne put s'empêcher de s'approcher de lui, la couette sur sa poitrine, déposant son menton sur son épaule en souriant.

- Tu sais, c'est quand même une bonne place que j'ai à B&B, parce qu'on a des contacts dans un peu tous les milieux célèbres. Et un des proches de l'équipe me devait une faveur parce que je l'ai présenté à sa femme.

Avec un rire joyeux, Carrie embrassa tendrement l'épaule de son cher et tendre avant de se rallonger tranquillement. Il était encore trop tôt pour faire quoique ce soit et la jeune femme souhaitait profiter encore un peu de leur tendre moment intime, où ils n'étaient que tous les deux, chose qui devenait rare ces temps-ci. Mais nul doute qu'une fois l'appartement terminé et l'emménagement fini, le rythme de Noah allait également pouvoir ralentir et ils pourraient profiter au mieux d'instants plus longs.

- Mais ça, ce n'est qu'une partie de ta surprise, mon cher ! Ta journée ne fait que commencer...

Car la petite brune avait encore une autre surprise pour Noah. Dans un premier temps, ils allaient déjà retourner à la maison-mère pour le repas d'anniversaire où Mariella avait prévu son plat et son dessert préférés. Puis ils iraient tous danser à la communauté espagnole comme ils en avaient pris l'habitude, sauf quand Noah devait bosser. Et en fin de journée, Mariella devait garder une fois de plus la petite pour permettre à la future maman d'emmener le père à un endroit qui, elle l'espérait, deviendrait le lieu où ils iraient une fois par an, comme une sorte de tradition dans leur couple. C'était peut-être bête à dire comme ça, mais la petite brune était très romantique et elle voulait que Noah soit heureux et aussi qu'il ait quelques repères auxquels s'accrocher.

Donc, ce soir-là, elle en avait profité la veille d'être chez Mama pour préparer un panier pique-nique spécial, qui comportait beaucoup de petites choses que son compagnon aimait, et surtout les pâtisseries dont il raffolait. Et ce panier sous le bras, ils se dirigeraient vers Jamaïca Bay dans le Queens, qui était un véritable écrin de verdure, un espace protégé de la ville pour les amoureux de la nature, et les amoureux tout court. Ils profiteraient du soleil couchant en dégustant des mets savoureux, avec une bonne bière bien fraîche. Enfin, elle ne pourrait pas en boire et devra se contenter d'un simple jus de fruit.

Rien que de penser à cette nouvelle petite escapade, Carrie souriait. Surtout que Noah ne manquerait pas de lui demander la suite de ce qu'elle avait prévu mais ça, c'est une surprise. Il allait s'en souvenir de son vingt-sixième anniversaire, ça, elle allait tout faire pour. Mais en attendant, la jeune femme passa ses mains sous sa tête dans une attitude nonchalante, observant son bien-aimé d'un regard langoureux accompagné d'un autre sourire plus coquin.

- Là, si tu veux, tu peux déjà prendre ton deuxième cadeau...

À savoir elle-même. Parce que maintenant que Noah savait qu'elle ne craignait rien par rapport à leurs ébats, elle comptait bien en profiter avant de d'être métamorphosée en cachalot géant, tant que son corps fin et délicat serait encore attirant à ses yeux.

Les yeux toujours pétillants de cette surprise plus que bonnes, il reste assis en tailleur comme si il se retrouvait soudain lui-même une vingtaine d'années en arrière le matin de Noël en train de déballer ses cadeaux. Enfin, vu leurs conditions précaires à cette époque, les cadeaux fantastiques se résumaient à ceux que fournissaient à sa mère les associations caritatives de la ville mais le moindre petit camion en plastique devenait source d'émerveillement. Ce cadeau-ci était d'une toute autre ampleur, bien au-dessus de ses rêves d'enfant qui voyait le grandiose dans un train en bois. Son culte pour les Knicks avait commencé durant l'adolescence, au même moment où il avait débuté le basket. Maintenant qu'il y repensait, si il avait été moins idiot, il aurait sûrement pu obtenir une bourse au lycée pour rentrer à l'université dans une section sportive et peut-être devenir joueur professionnel. Mais malgré tout, sa vie lui convenait telle qu'elle était. Simple, faite d'erreurs, d'occasions manqués même si au final, il était parvenu au bonheur le plus total, celui d'aimer et d'être aimé en retour. La vision était peut-être simpliste mais elle n'en était pas moins sincère. Avait-il des raisons de se plaindre ? Non aucune, au contraire. Il ne pouvait remercier le destin, l'univers, Dieu peut-être, peu importe ce que c'était, d'avoir mis toutes ces choses sur sa route pour enfin lui faire comprendre où se trouvait l'essentiel. Pour enfin lui permettre de construire une famille solide même si ils n'étaient qu'au début de leur vie commune et qu'il faudrait encore s'adapter l'un à l'autre pour pouvoir vivre en tout sérénité.

Il se retourne vers elle avec précipitation, le sourire malicieux d'un enfant qui attend avec impatience qu'on lui montre la suite de ses cadeaux sur les lèvres. Il faut dire qu'il n'a pas l'habitude qu'on prenne soin de lui, encore moins qu'on lui fasse des cadeaux. Si sa mère et ses sœurs -surtout sa mère en fait- n'oubliaient jamais la date de son anniversaire, les cadeaux restaient basiques. Souvent ils s'étaient résumés à un bisou sur la joue, ou simplement à un mot froid lancé depuis le fond de la cuisine, comme pour se donner bonne conscience durant la période où il avait mené la ville vraiment dure à sa mère, la remplissant d'inquiétude et disparaissant parfois des semaines entières dans des trafics obscurs desquels il revenait couvert de bleus et d'écorchures à vif. Ses vingt-cinq ans avaient été la première année dont il se souvienne où sa mère avait insisté pour organiser un repas en son honneur, avec un gâteau et des bougies. Il avait même reçu une cravate. Mais il n'était pas tellement naïf, c'était en grande partie grâce à Elsa qui avait réussi du haut de ses un an à l'époque à servir de trait d'union entre une mère et un fils qui avaient oublié qu'ils pouvaient faire autre chose que de se prendre la tête. Mais il faudra être patient car il ne doute pas qu'elle ne lui dévoilera rien de la journée qu'elle lui réserve. Et à vrai dire, cela lui convient très bien. Si les mauvaises surprises ont souvent été dominantes au cours de son existence, si c'est Carrie qui a concocté le programme, il n'a aucun doute sur le fait que la journée sera excellente.

Mais en attendant, son sourire devient plus coquin alors qu'elle lui annonce d'une voix nonchalante que son deuxième cadeau est déjà livré, tout prêt à être dégusté. Il se dépêche de reposer l'enveloppe à côté du lit en prenant des précautions malgré tout, avant de soulever la couette qui couvrait le corps nu de Carrie. Il suffira de sentir ce contact pour qu'un frisson de désir le parcourt tout entier. Le jeune homme rabat la couette au-dessus d'eux-deux. Peu importe ce qu'elle avait prévu, il allait falloir que ça attende une heure ou deux …


« On va où déjà ? »
Oui, il essaye de grapiller des informations mais c'est plus fort que lui. Finalement, il a renfilé sa tenue de la veille, n'ayant pas prévu de devoir changer de lieu entre ici et la maison de sa mère. Arrivant dans le dos de sa partenaire, il l'enlace tendrement avant de déposer un baiser dans son cou.
« Je t'ai déjà que t'étais magnifique ? »
Il lui sourit à nouveau avant de coiffer ses cheveux derrière ses oreilles et de déposer sur ses lèvres un baiser tendre.

Après un long moment de plaisir et de bonheur mêlés, ils décidèrent enfin de se lever d'un commun accord pour ne pas être en retard, bien que Mariella avait insisté pour qu'ils en aient un peu quand même. Selon elle, un couple est un vrai couple quand il arrive en retard quelque part, cela voulait dire qu'ils étaient tellement amoureux qu'ils avaient du mal à se sortir du lit, c'était même une prérogative à ses yeux. Enfin, ça valait ce que ça valait, mais elle n'avait pas totalement tort sur le coup. Noah et Carrie n'étaient pas en avance.

Point de douche en commun, sinon ce serait encore une perte de temps et là, ils pourraient tout simplement annuler le déjeuner, ce qui était absolument hors de question. Ils passèrent dans la salle de bain chacun leur tour et s'habillèrent rapidement. Heureusement aussi qu'ils n'habitaient plus très loin de la Mama Thompson, ça leur évitait le métro à l'heure de pointe. Noah l'enlaça un instant par derrière et tenta de soudoyer Carrie en l'embrassant dans le cou longuement pour qu'elle lui en dise plus sur la journée particulière qu'elle lui a réservé aujourd'hui. En riant doucement, la jeune femme ferma les yeux. Cela avait beau faire des semaines maintenant qu'ils étaient ensemble, le contact de sa bouche sur sa peau était toujours aussi électrisant.

- Hmmmm... Tu sais que c'est déloyal ce que tu fais ? Rien que pour ça, je ne dirai absolument rien !

Avec un immense sourire, elle se retourna pour lui faire face, alors que le sourire de son bien-aimé l'éblouissait. Il avait l'air tellement heureux, bien loin de ce Noah taciturne qu'il était encore avant même qu'ils ne soient aussi proches. Et rien ne pouvait rendre Carrie plus heureuse que de le rendre heureux. C'était comme qui dirait un juste retour des choses après tout. Pour tout ce qu'il avait souffert dans le passé, aujourd'hui, la jeune femme se faisait un devoir de lui apporter la même chose mais en bonheur, à un tel point qu'il ne pourrait plus douter de quoique ce soit, encore moins de lui-même.

- Mais bon, si tu veux vraiment le savoir... On va...

Prenant un air moqueur, la jeune femme riait déjà.

- Chez ta mère ! Tout le monde nous y attend ! Au fait, quand tu te changeras là-bas, pense à mettre un jean, ok ?

Riant de plus belle, elle se calma pourtant, moment dont Noah profita pour lui faire le compliment, celui qu'il lui faisait tout le temps et qui la fit rougir une fois de plus. Se rapprochant de lui, elle le laissa l'embrasser tendrement et attendit qu'il se fut redressé pour lui répondre.

- Oui, mais ne te gêne pas pour me le rappeler. D'ailleurs, je tiens à te dire que tu n'es pas mal non plus.

Avec un autre grand sourire, elle attrapa son cou pour un autre baiser, bien plus intense et langoureux. Le désir, ce désir qui n'avait besoin de rien d'autre qu'un contact entre eux pour s'embraser, fusa encore une fois, mais il n'était plus temps de s'attarder, malgré le fait que Noah la plaquait doucement contre le mur pour la soulever contre lui. Et ce fut d'une voix essoufflée et plaintive que la jeune femme murmurait, tandis qu'il perdait ses lèvres dans son cou.

- On va être en retard si on y va pas maintenant...

Là, Carrie reconnaissait humblement que c'était de sa faute. Elle n'aurait pas dû l'embrasser aussi passionnément, mais elle n'y pouvait rien, c'était plus fort qu'elle. Ils n'arrivaient pas à se détacher l'un de l'autre mais y furent pourtant obligés malgré l'intense frustration qui en découla. Cependant, ils se sourirent quand même avec joie et quittèrent l'appartement après s'être bien couverts.

Arrivés chez Mariella, Elsa n'attendit même pas qu'il entre dans le salon comme d'habitude pour arriver en trombe dans l'entrée et sauter sur son père avant qu'il ait eu le temps d'enlever son manteau. Elle tenait un gros paquet un peu mou dans ses mains.

- Zoyeux Zanniversaire Papa !

Avec un énorme sourire, elle déposa un bisou sur la joue de Noah et lui tendit le cadeau qu'elle avait choisi avec Carrie. C'était un gros pull noir en laine.

- Pour pas que t'aies froid !

Ôtant ses vêtements chauds, Carrie souriait en voyant le père et la fille, puis elle décida de les laisser vivre ce moment en allant directement dans la chambre que Mariella leur prêtait en attendant qu'ils puissent s'installer correctement dans leur nouvel appartement. Se changeant rapidement, Carrie opta pour une tenue simple : un jean gris taille-basse, un t-shirt à manches longues bleu roi avec une veste en laine maillée épaisse bleu marine. Avec ça, elle ne risquait pas d'attraper froid pour la suite des évènements. Se recoiffant, elle en profita pour se faire deux nattes, et rejoignit Mariella dans la cuisine qui terminait de préparer des lasagnes.

Les deux femmes se dirent bonjour et discutaient déjà à voix basse de la suite de la journée quand Noah et sa fille entrèrent dans la cuisine. Lui aussi s'était changé et avait mis le pull que sa fille lui avait offert, ainsi qu'un jean bleu marine comme elle le lui avait demandé plus tôt.

Le repas d'anniversaire se passa mieux que bien. Même Manelli, bien que ne quittant pas son air ronchon, avait consenti à laisser ses écouteurs dans sa chambre pour la première fois depuis le tout début que Carrie la connaissait, ce qui représentait un exploit considérable. Les trois femmes de la famille Thompson avaient tenu à marquer le coup en offrant à Noah une nouvelle montre pour remplacer celle qui restait collée à son poignet et qui était déjà bien usée par le temps. Mama et Carrie avaient bien discuté les soirs où le jeune homme était à son boulot et il en était sorti de ces discussions que la mère de Noah n'avait jamais été aussi fière de son fils en le voyant se démener comme un beau diable pour assurer le bien-être de sa famille. Et Anna pensait la même chose de son frère, et lui avait assuré que Manelli n'en pensait pas moins, même si elle était beaucoup plus réservée et qu'il lui faudrait sans doute beaucoup plus de temps pour le laisser transparaître.

Le repas fut une immense réussite. Tout le monde y allait de sa bonne humeur, et il lui avait semblé voir aussi un presque sourire sur les lèvres de la cadette Thompson en voyant son grand frère aussi heureux. Pour la première fois depuis très longtemps, les Thompson et Carrie passèrent quasiment toute l'après-midi dans la cuisine, à discuter et rire ensemble dans une atmosphère chaleureuse. Mama avait décidé que l'anniversaire de son fils méritait bien pour une fois de manquer le rituel de la communauté espagnole du dimanche après-midi.

Puis il était bientôt l'heure de se préparer à ressortir. Mama prit le panier en osier que Carrie avait fini de préparer en arrivant dans la cuisine quelques heures plus tôt, et les poussa vers l'entrée pour qu'ils puissent s'habiller chaudement pour affronter le temps un peu plus froid de ce mois de Novembre. Noah ne pipait pas un mot mais devait sûrement se demander ce qu'ils allaient faire dehors, même s'il faisait encore un temps splendide. Le soleil amorçait lentement sa descente, parant le ciel de couleurs pastelles. Carrie l'entraîna avec elle, le laissant porter le panier qui était un peu lourd, et l'amena au parc de Jamaïca Bay.

Une fois arrivés, la jeune femme leur trouva un coin tranquille à l'abri des regards indiscrets et demanda à Noah de poser le panier à même le sol. Sortant la grande nappe dont elle s'était déjà servie au cinéma, elle l'étendit au sol et invita son bien-aimé à s'installer dessus pendant qu'elle-même sortait quelques pâtisseries qu'elle avait pris soin de faire la veille.

- J'espère que la journée t'a plu jusque là.

Avec un grand sourire, Carrie lui présenta un mini-éclair au chocolat dont elle savait qu'il ne pouvait pas résister. Le chocolat avait toujours été le pêché mignon de son compagnon et la jeune femme savait comment l'appâter. Surtout avec la proposition qu'elle avait à lui faire ce soir, d'où la mise en scène romantique. Elle espérait vivement qu'il accepterait, c'était un projet qu'elle avait mûrement réfléchi et qui convenait parfaitement à Noah, c'était une occasion qu'ils ne pouvaient pas laisser passer tant qu'ils avaient le moyen de la réaliser...

« Hmmmm... Tu sais que c'est déloyal ce que tu fais ? Rien que pour ça, je ne dirai absolument rien ! »
Aussitôt, il prend sa moue boudeuse, bien vite balayé quand Carrie se retourne pour lui faire face. Ce genre de choses ressemble fort à une invitation implicite à la faire craquer, et maintenant que leur vie sexuelle est rétablie, mieux vaudrait ne pas le provoquer sur le sujet. Parce que sur ce domaine, Noah avait parfois des airs d'obsédé insatiable. Si il avait su contenir la bête qui sommeille en lui pendant deux longues semaines, il semblait que la moindre provocation pouvait faire exploser le volcan endormi. Et le baiser de la jeune femme, long et langoureux, ne l'aide absolument pas à se contenir et à se raisonner. Il plonge ses doigts dans sa chevelure brune, plaquant son visage avec force contre le sien, comme pour l'empêcher de s'échapper à son désir. Peu importe ce qu'elle a prévu de faire pour la suite de la journée, il faudra à nouveau attendre deux trois heures pour s'y mettre. Avec douceur mais sans rien cacher de ses intentions, il vient coller le dos de la jeune femme contre le mur, passant une main avide sous l'étoffe de son pull pour déjà chercher le contact de sa taille fine. Il l'attire un peu plus contre son bassin, se laissant porter par le ballet silencieux de leur bouche qui n'ont de cesse de se trouver et de s'étreindre. Avec une lenteur contrôlée, il fait glisser sa main le long de ses courbes, jusqu'à atteindre ses fesses qu'il attrape pour la soulever d'un coup, accrochant ses jambes autour de ses hanches et s'appuyant à nouveau contre son bassin. Alors qu'elle pense lui échapper en se défaisant de ses lèvres affamées, il vient les coller contre sa gorge, descendant aussi vas que le lui permettait le décolleté de son pull. Mais la demande de Carrie d'en rester là est difficile à accepter. Il fixe son regard dans le sien, cherchant à savoir si elle était sérieuse ou si c'était encore une ruse pour le faire marcher et le rendre un peu plus dingue qu'il ne l'était déjà mais vu la lueur de frustration qui dansait dans les yeux de la jeune femme, il fallait croire qu'elle avait pris des engagements auxquels elle ne pouvait pas échapper pour refuser ainsi à ce qui semblait clairement annoncer une nouvelle folie de leur part.

Bon gré mal gré, il la lâche, s'éloignant de quelques pas avant de filer chercher leurs manteaux et écharpe. Il ne tarde pas à reconnaître le chemin qu'ils empruntent à savoir celui de sa mère. Et en fait, ça ne l'étonne que très peu. Même si ce n'est que la deuxième fois qu'ils fêteraient tous vraiment son anniversaire, il lui semblait assez logique que sa mère ait mis son grain de sel dans l'organisation de cette journée. A croire qu'elle ne pouvait s'empêcher de faire profiter tout le monde de sa nourriture délicieuse dès que l'occasion se présentait et à vrai dire, il n'allait pas s'en plaindre. Mais se dire qu'ils ont dû interrompre leur échange passionnel pour ça, il ne peut retenir un petit soupir de frustration. Il faudrait vraiment qu'il mette les bouchées doubles pour rendre définitivement leur appartement habitable et enfin, leur permettre d'avoir un minimum d'intimité qu'ils avaient complètement perdu depuis qu'ils vivaient chez la mama. Mais un large sourire étire ses lèves dès qu'il franchit la porte, attrapant au passage sa petite puce encore incertaine sur ses pattes.
« Zoyeux Zanniversaire Papa ! Pour pas que t'aies froid ! »
Il la cale solidement contre sa hanche avant de prendre le paquet qu'elle lui tend avec impatience. Il secoue le paquet comme si il s'agissait de quelque chose qu'il ne pourrait jamais découvrir autrement. Prenant un air faussement intrigué destiné à amuser la petite fille, il fait mine de ne pas comprendre.
« Est-ce que ce serait … un livre ? »
Elle hoche négativement de la tête avec conviction, son large sourire lui donnant des petites pommettes roses de poupée de porcelaine. Il recommence son jeu plusieurs fois, cherchant des objets plus alambiqués les uns que les autres et qui ne correspondent même pas à l'apparence molle du paquet et relativement rectangulaire. Mais le jeu n'amuse pas autant l'enfant que lui puisqu'elle finit par croiser les bras sur sa poitrine avec une moue boudeuse.
« Mais papa ! Arrête de faire bête ! Ouvre-le ! »
Il ne peut retenir un rire attendri et ne voulant pas vexer plus encore sa fille qui doit sans doute être très fière de son cadeau, il déchire le papier brillant pour y découvrir un beau pull noir, moelleux et parfait pour les temps froids à venir. Il l'attrape par la taille et lui plante un baiser bruyant sur la joue.
« Merci ma princesse ! C'est toi qui l'a choisi ? »
Elle hoche de la tête, positivement cette fois-ci, son sourire retrouvé.
« Oui ! Avec Carrie on l'a acheté quand t'étais pas là comme ça, ça t'a fait une surprise ! »
Il lui sourit à nouveau, plus attendri que jamais par cette attention qui lui allait droit au cœur. Il faut dire que les cadeaux, ce n'était pas quelque chose à laquelle il était habitué alors en recevoir deux dans la même journée restait assez exceptionnelle. Mais si il avait su qu'au cours du repas, il allait en recevoir encore un autre, il n'en aurait pas cru un mot. Pour l'instant, il file en riant avec Elsa dans la chambre du haut pour se changer sous le regard attentif de la fillette, faisant bien attention à ce que son papa soit le plus beau -comme toujours-.

Ils redescendent ensemble pour rejoindre la cuisine où toute la maisonnée semble bien décider à passer un bon moment. Même Manelli qui a arrêté momentanément sa colère continue pour radoucir l'atmosphère. Cela lui semblait que des années et des années s'étaient écoulées depuis la dernière fois où il l'avait vu sourire ainsi, lui arrachant à nouveau une expression de contentement. Resté ainsi, simplement, lui aurait suffi pour rendre cette journée inoubliable. La montre achève de le laisser sans voix. Lui tellement habitué au cadran qui tenait encore miraculeusement autour de son poignet par le bracelet en cuir usé n'eut aucun mal à l'abandonner pour enfiler la montre chique mais simple. Bon ,maintenant, il faudrait arrêter avec les surprises, sinon il n'allait pas s'en remettre, tout simplement ! La suite se déroule sans heurt, dans la joie et la bonne humeur communicative de l'ensemble de la tablée. Son ventre rempli, un peu comateux comme quand on a bien mangé et qu'on profite des effets apaisants d'une digestion de bien-heureux, il se laisse un peu glisser dans sa chaise, les mains appuyé contre son ventre, observant tour à tour les femmes qui structurent sa vie à présent. Même sa mère a l'air bien plus heureuse qu'avant, comme si depuis qu'il avait décidé à réellement se reprendre en main, elle aussi s'autorisait à vivre, puisqu'elle n'avait plus à se soucier de l'avenir de son fils, en tout cas pour le moment. Le voir s'installer avec une femme qui n'était pas une folle furieuse, dans un foyer stable, et en plus être une seconde fois grand-mère suffisait à faire son bonheur.

A la fin du repas, ils reprennent la route pour prendre le métro, direction le Queens. Il ne pose même plus de questions, se contentant de profiter du moment présent, enlaçant tendrement la taille de Carrie alors que ses yeux se perdent dans le défilé constant des immeubles new-yorkais. Il n'aurait pas pu espérer mieux comme transition vers ses vingt-six ans même si l'avenir continuait à être un gouffre rempli de surprises. Il la suit à nouveau dans le parc de Jamaica Bay, s'asseyant sur la nappe colorée et attendant patiemment que Carrie s'y installe à son tour. Il lui caresse délicatement les cheveux, contemplant le coucher de soleil avant de s'empifrer d'un éclair au chocolat qu'il adore.
« Oui c'est parfait. Est-ce que j'ai le droit à un autre cadeau maintenant ? »
Il se penche sur elle avant de l'embrasser d'abord avec douceur mais cédant bien vite à la tentation de la passion. Sans attendre plus, il finit par l'allonger sur la nappe se collant à nouveau contre elle. La frustration de tout à l'heure n'est toujours pas digérée elle. Et puis, peu importe que n'importe qui pourrait débarquer. Il est heureux, il est amoureux. Plus rien n'existe autour de ça.

La journée n'aurait pas pu mieux se passer ! On pouvait même dire que c'était une complète réussite jusqu'à maintenant. Le repas avait été simple mais fabuleux, Noah ne se séparait plus de son sourire qui lui semblait collé au visage, avec l'émotion puissante mais paisible d'un homme heureux entouré de sa famille. Carrie était on ne pouvait plus ravie, c'était bien comme ça qu'elle imaginait les futures journées du clan Thompson, dans cette joie permanente. Bien sûr, il y aurait encore des hauts et des bas, mais c'était les petites disputes qui leur faisaient apprécier les moments comme celui qu'ils étaient tous en train de vivre.

Puis la fin de l'après-midi sonna. La jeune femme avait entraîné Noah à Jamaïca Bay pour un petit pique-nique en amoureux dans ce parc protégé par la ville et toujours très bien entretenu. Ils s'étaient installés dans un coin bien caché des regards indiscrets, à bon escient d'ailleurs, puisque sitôt la nappe posée et les pâtisseries sorties, le beau brun venait déjà de renverser la future maman pour l'embrasser avec cette passion interrompue avant le déjeuner de fête.

Se rappelant de cette étreinte avortée, Carrie émit un gémissement sourd en sentant le désir renaître brutalement au contact de son bien-aimé qui n'hésitait plus à lui faire part de ses envies maintenant qu'il avait vaincu ses peurs. Mais il ne fallait pas oublier qu'ils étaient dans un lieu public, chose qui était extrêmement difficile étant donné qu'elle commençait déjà à tout oublier sous sa bouche fougueuse et ses mains caressantes.

Surtout quand elle se rappelait également pourquoi elle l'avait fait venir ici. Elle avait un dernier cadeau à lui offrir, sans aucun doute le plus gros, une opportunité de saisir son avenir à bras le corps. Car bien qu'il soit amplement satisfait de son nouveau boulot, Carrie sentait que Noah avait besoin de plus, qu'il avait besoin d'un challenge plus gros. Et ce qu'elle s'apprêtait à lui proposer était une occasion en or pour lui de se lancer dans un projet plus grand.

- Noah, je... Hmmm...

Il venait de détacher ses lèvres un instant afin d'écarter son écharpe pour prendre possession de son cou avec ardeur, baladant ses lèvres sur la peau sensible de la jeune femme qui n'avait jamais été aussi réceptive à ses attentions. Son corps vibrait tout entier de cette passion communicative entre eux. Pourtant, il ne fallait pas oublier son dernier objectif pour cette journée. Après, ils allaient rentrer à leur appartement, commander quelque chose à manger et passer leur soirée au lit, histoire de boucler la boucle.

- Noah, mais attends un peu !

En riant, Carrie se cambrait tout de même contre lui, le laissant faire parce qu'elle aussi en mourait d'envie. Il avait beau avoir des airs d'obsédé insatiable, elle n'avait jamais soupçonné sa propre nature aussi avide de ces instants-là, mais il n'y avait qu'avec Noah qu'elle connaissait cette fringale de sexe. Il n'y avait que lui qui l'attirait ainsi comme un aimant, à tel point qu'elle oubliait même où elle se trouvait pour se laisser aller avec lui dans la luxure. Oh et puis tant pis ! Lui défaisant rapidement son écharpe, elle en profita qu'il se soit reculé un peu pour à son tour poser ses lèvres dans son cou. Savourant longuement le grain de sa peau, son odeur et son goût, la jeune femme soupirait d'aise. Il était à elle, ni plus, ni moins.

Remontant lentement ses lèvres le long de son cou puis de son menton, la petite brune captura une fois de plus ses lèvres tout en ouvrant le blouson de Noah pour caresser son torse couvert du pull noir. Elle pouvait sentir sa chaleur à travers, ce qui ne l'aidait pas à reprendre pied. Mais elle finit par éloigner sa bouche de la sienne avec un soupir alangui.

- J'ai un dernier cadeau à t'offrir pour aujourd'hui...

Avec un grand sourire, Carrie prit un air mystérieux qui ne manquerait pas d'éveiller son intérêt, elle en était certaine.

- J'ai très longuement réfléchi, j'ai pesé le pour et le contre, j'ai demandé pas mal de conseils autour de moi, surtout à mon frère en fait. Et ça m'a menée à une conclusion.

Caressant le si beau visage de son amant avec une joie non dissimulée, la jeune femme faillit en oublier ce qu'elle voulait dire.

- Alors voilà. J'aimerai te proposer un défi. Un gros, tu vois, le genre de défi que tu ne peux pas réussir autrement qu'en ayant vraiment la rage de vaincre. Je voudrais t'offrir l'opportunité d'ouvrir ta propre entreprise de sécurité. Je sais que tu aimes beaucoup ton boulot chez 40/40 Club, mais je sais aussi que tu as des aspirations plus grandes, même si tu ne veux pas le dire.

Carrie lui montrait par là qu'elle commençait à vraiment bien le connaître. Lui caressant le front puis la tempe, elle le dévorait des yeux.

- J'ai les moyens de t'aider à démarrer, et mon frère Ben est spécialisé là-dedans, il possède déjà trois boîtes dans ce style. Il est prêt à te donner des conseils et des directions à prendre pour t'aider à te développer. Je ne te dis pas d'accepter tout de suite, hein ! Juste de prendre le temps de réfléchir à cette occasion d'être le seul maître à bord dans ton domaine professionnel. Je sais que ce n'est pas une petite décision à prendre, aussi prends autant de temps que tu le souhaites pour bien peser le pour et le contre.

Même si elle mourait d'envie qu'il accepte de suite, Carrie savait que ce n'était pas quelque chose qu'on décidait à la légère. Elle saurait prendre son mal en patience et se tiendrait prête si jamais Noah décidait de se lancer dans cette aventure. Lui prenant la main, elle entrouvrit son propre blouson afin de la passer sous sa veste en laine et son t-shirt épais pour la poser sur son ventre en la recouvrant de la sienne propre.

- Et aussi, je change de sujet : dans un mois, je dois passer l'échographie. J'aimerai que tu viennes avec moi, on saura peut-être si c'est une fille ou un garçon.

La jeune femme n'arrêtait plus de sourire mais avait quand même une petite appréhension sur la réaction de son bien-aimé. Après tout, il pouvait très bien réagir de manière complètement différente à ce qu'elle imaginait.

Ils étaient dans un lieu public et n'importe qui aurait pu les surprendre ? Il s'en fichait comme de sa première gomme. Bon peut-être que la comparaison n'était pas très glorieuse mais il n'en était pas moins que c'était le cas. Il n'avait que envie de serrer Carrie contre lui et pour ça, il trouvait que la barrière que formait les buissons et les arbres dans ce coin reculé du parc était largement suffisant, peu importe la résistance qu'il sentait encore chez la jeune femme. Son désir était excessif mais Noah n'avait pas pour habitude d'agir à moitié. Il était quelqu'un d'entier, de sincère et n'allait pas remettre ce genre de choses de côté pour un politiquement correct qui lui importait très peu. Il avait envie de la jeune femme là, maintenant, tout de suite, et il n'était pas question d'écouter sa raison pour se contrôler.

A la première tentative d'arrêter sa fougue, il ne répond qu'en dégageant les mains de Carrie, les plaquant contre la nappe avec douceur mais autorité. Ses mains à lui ont vite fait de retrouver une occupation plus palpitante, défaisant avec précipitation l'écharpe qui barrait l'accès aux zones érogènes de la jeune femme. Sans attendre qu'on ne lui donne d'autorisation, il plonge à l'assaut de la peau mise à nue, embrassant avec tendresse le creux formé juste derrière l'angle de l'os de la machoire, remontant jusqu'au lobe de l'oreille avant d'à nouveau prendre ses lèvres. Il ne cache en rien son excitation alors qu'il glisse son bassin entre les jambes de Carrie, l'amenant à passer ses jambes autour de sa taille et appuyant un peu plus contre elle alors qu'elle se cambre, accompagnant malgré elle un mouvement qui se veut plus que subjectif. Mais elle a beau tenté de l'arrêter, il sait très bien que de son côté, l'envie est tout aussi forte et qu'elle ne proteste que pour la forme, pour ne pas céder en plein milieu de la nature aussi peut-être. Il frissonne quand elle pose ses lèvres dans son cou, les mains déjà occupés à ouvrir son manteau, avides de caresser ce corps dont il n'a jamais de cesse de vouloir le posséder. Et puis elle en fait de même et il pense bien perdre définitivement pied. Sa langue se fait plus pressante, leur baiser passant de langoureux à enflammé.
« J'ai un dernier cadeau à t'offrir pour aujourd'hui... »
Un sourire coquin se dessine sur les lèvres du jeune homme alors qu'il revient déposer des baisers le long de la machoire de la jeune femme.
« Ouais, et j'étais justement en train de le déballer. »
Ses mains brûlantes glissent sous le pull de la jeune femme, effleurant sa poitrine avant de redescendre autour de sa taille encore fine mais le fait qu'elle soit enceinte semble lui avoir complètement disparu de l'esprit, zappé par le désir à n'en plus finir qu'il ressent à ce moment précis.
« J'ai très longuement réfléchi, j'ai pesé le pour et le contre, j'ai demandé pas mal de conseils autour de moi, surtout à mon frère en fait. Et ça m'a menée à une conclusion. »
Il s'arrête brutalement, se redressant un peu, les sourcils froncés. Oula, de quoi est-ce qu'elle parle là ? Parce que si ils parlent bien du même cadeau, qu'elle a demandé conseil à son frère ? Tout ça lui semble vraiment très très louche. Elle n'aurait quand même parlé de leur vie intime trop importante avant la grossesse, quasi inexistante depuis qu'il l'avait apprise à quelqu'un d'extérieur ? Et puis pas à son frère ! Qu'est-ce qu'il allait faire quand il allait le rencontrer ? Hors de question qu'il passe pour un pervers en liberté ou pour un incapable sexuel. Pas devant un autre homme ! Ni devant une femme d'ailleurs ! Et toutes ces considérations ont fini par calmer un peu la chaleur qui l'a pris tout à l'heure, même si un peu essoufflé, il reste toujours suspendu au dessus de la jeune femme.

Des aspirations plus grandes ? Qu'est-ce qu'elle raconte ? Il est très bien dans sa vie, là où il est. Avec elle, leur famille en devenir, son petit train train quotidien … Il n'aurait rien changé, même pour tout l'or du monde. Mais il écoute cependant, sans se défaire de ce froncement de sourcils. Finalement il se redresse, songeur et un peu perturbé.
« Carrie, j'ai pas les moyens de lancer une entreprise. Et il est hors de question que tu investisses de l'argent là dedans. Il est à toi, tu n'as pas à faire ça pour moi. »
Peut-être parce qu'il avait du mal à accepter le fait que quelqu'un était persuadé qu'il valait plus que ce qu'il voulait bien s'avouer, qu'il pouvait réaliser de grandes choses. Non, il n'y croyait pas un seul instant et si il devait un jour créer une entreprise, il le ferait de lui-même, pas en empruntant de l'argent, et surtout pas à Carrie. Elle avait travaillé dur pour obtenir tout ce qu'elle avait aujourd'hui et il n'allait pas le lui prendre pour la simple et bonne raison de …. de quoi au fait ? Elle parlait d'ambition mais il doutait d'en avoir jamais eu. Mais pas le temps d'en rajouter une couche que déjà elle change de sujets, posant une main sur son ventre encore plat. Et la nouvelle lui arrache même un sourire. Bien sûr qu'il est heureux de devenir à nouveau papa, si bien qu'il s'allonge à côté d'elle sans retirer sa main.
« C'est d'accord. On verra bientôt ta zigounette mon p'tit gars. »
Bon ok, c'est pas vraiment une façon de parler à un bébé qui vous entend pas, mais ça a le mérite de le faire rire.
« Ben quoi ? J'suis sur que c'est un p'tit mec ! »

En soupirant, Carrie secoua la tête en souriant en coin. Il n'y avait eu que deux façons pour Noah de réagir et accepter gentiment sa proposition était bien sûr hors de propos, la jeune femme savait qu'elle devrait lutter un peu pour lui faire admettre qu'il pouvait aller beaucoup plus loin que ce qu'il faisait déjà maintenant. Et l'orgueil masculin était un ennemi puissant qu'elle se devait de combattre avec ruse pour ne pas qu'il se braque.

- Je ne t'ai pas dit d'accepter tout de suite ! Et puis tu n'as même pas entendu mes arguments !

Avec un petit rire, la future maman glissa une main discrète et baladeuse sous le pull de son bien-aimé, caressant doucement la peau musclée et ferme de son ventre, tout en déposant plein de petits baisers sur son visage et son cou. Il allait voir combien elle pouvait être redoutable quand elle voulait exposer son point de vue. Jusque là, Carrie n'avait jamais eu à user de ce qu'elle avait appris mais c'était enfin le moment. Elle allait bien voir si son pouvoir de persuasion serait efficace ou non.

- Je ne le fais pas que pour toi. Ça a beau être mon argent, si je ne peux pas en faire ce que je veux, ça servirait à quoi ? Et je pensais que tu voulais sécuriser l'avenir de ta famille toi-même.

Carrie appuyait là où ça faisait mal mais c'était nécessaire. Il fallait que Noah dépasse ses préjugés et lui fasse un peu confiance, tout comme il devait aussi se faire confiance, mais il ne le pourrait pas tant que quelqu'un ne lui montrait pas qu'il en était digne.

- Et puis si ça te gène vraiment, disons que ce sera un prêt que je te fais. Tu me rembourseras une fois que tu seras vraiment bien lancé. Et je sais que tu peux le faire. Tu possèdes la détermination et l'instinct qu'il faut pour ce métier, Noah. Je ne te fais pas cette proposition pour te faire plaisir mais parce que j'y vois pour nous un moyen d'assurer plus efficacement l'avenir de nos enfants. Le monde devient de plus en plus cruel alors si on peut faire quelque chose pour qu'Elsa et le bébé ne partent pas du mauvais pied dans la vie, on doit foncer.

Sa diatribe passionnée ne pouvait pas rester dans l'oreille d'un sourd. Pour sa fille, pour leur enfant à naître, Noah ne devait pas rester insensible à ce plaidoyer dans lequel Carrie venait de mettre tout son cœur en espérant qu'il le prenne en compte. Puis continuant subrepticement ses caresses sous son pull, la jeune femme finit par sourire en coin.

- Enfin... Comme je l'ai dit, tu n'es pas obligé d'accepter ou de refuser maintenant. Mon offre n'est pas limitée dans le temps mais n'attends pas qu'Elsa ait vingt ans pour répondre quand même.

Avec un grand sourire, Carrie fut heureuse quand son amant accepta de se rendre avec elle à la future échographie le mois prochain. En riant, elle fut secrètement ravie qu'il soit du même avis qu'elle, à savoir qu'ils voulaient tous deux un garçon. Un si beau petit garçon qui aurait le même visage séducteur que son père et les mêmes yeux qu'eux deux. Bon sang ! Il lui tardait d'être déjà à la fin de sa grossesse pour prendre le bébé dans ses bras et lui offrir tout l'amour du monde qu'elle donnait déjà à Noah et Elsa.

Mais avant cela... Carrie entoura le cou de son bien-aimé avec un sourire plus séducteur.

- En fait, je viens d'avoir une idée, là tout de suite...

Déposant de nouveau de petits baisers légers sur sa joue et descendant vers son cou en passant par la commissure de ses lèvres, la jeune femme traça un sentier brûlant sur sa peau dans l'espoir que Noah revienne à de meilleurs sentiments.

- Toi et moi, avec tout un festin de nourriture chinoise ou autre, dans notre lit, nus... Est-ce que ça te tente, beau brun ?

À voix basse et sensuelle, cette proposition ne pouvait qu'enflammer son amant dont Carrie couvrait maintenant la gorge de ses lèvres avides. La température de son corps augmentait de nouveau et ses mains le saisirent pour le pousser à revenir s'allonger sur elle... À condition qu'il veuille bien sûr...

Bien que l'annonce éventuelle d'un futur nouveau job à haute responsabilité l'avait perturbé aux plus hauts points, il ne résiste pas aux frissons que lui procurent la main baladeuse de Carrie. Et si, il avait bien tout écouter mais son orgueil et surtout le fait qu'il restait persuader que ce n'était pas la peine de lui apporter tant de considération le poussait encore et encore à refuser toutes ses attentions qu'elle avait eu à son égard depuis qu'ils se connaissaient. C'était sûrement stupide et un peu immature de camper ainsi sur ses positions mais il ne pouvait pas s'en empêcher. La vie lui avait offert suffisamment de cadeaux alors qu'il lui avait créé tellement d'ennuis par le passé. Et il savait aussi qu'être à la tête d'une entreprise de sécurité quand on était un ex-taulard, n'avait pas que de bons côtés. Certes, mieux que quiconque, il connaissait les magouilles et les trucs tordus que seraient prêts à entreprendre les gangs et surtout, il savait reconnaître une personne avec de mauvaises intentions ou armées en un clin d'oeil. Mais cela allait surtout l'obliger à faire face à son passé, cette partie de lui qu'il a tant cherché à enfouir le plus loin possible. Cela ne faisait aucun doute, quand le bruit aurait couru qu'il était à la tête de la sécurité de quelques établissements en ville, on chercherait à reprendre contact avec lui et à se servir de ses agents pour des actions qui étaient loin de convenir à sa nouvelle ligne de conduite. Et pouvait-il sincèrement prendre le risque de mettre en danger sa famille ? Il en doutait et il fallait penser à tout cela avant de se lancer dans ce projet un peu fou.

Et bien sûr, il faut qu'elle joue toutes ses cartes contre lui ! Ce à quoi il se contente de répondre par une imitation peu réussite de la jeune femme avant de rire.
« Je vais y réfléchir. Mais pas ce soir ... »
Non pas ce soir, parce qu'il avait de tout autre plan en tête et des plans qui feraient bien d'alarmer les systèmes de sécurité de Carrie parce qu'il n'entendait pas être un gentil garçon ce soir. Son corps lui avait trop manqué pour qu'il soit si facilement rassasié. Avec délicatesse, il passe à son tour une main chaude sous le tee-shirt de la jeune femme, attirant un peu plus sa taille contre lui. Si la proposition le tentait ? En tout cas, elle était bien plus réalisable dans l'immédiat que celle qu'elle lui avait soumise tout à l'heure. Mais un sourire malicieux s'est déjà emparé de ses lèvres alors qu'il remonte lentement ses mains le long de son dos jusqu'à toucher la dentelle de son soutien-gorge. Il se penche alors à sa bouche, effleurant ses lèvres sans pour autant l'embrasser.
« Et qu'est-ce qui se passe si j'ai absolument pas la force d'attendre jusque là ? »
Quoi ? Il lui proposait de faire l'amour là, en plein milieu d'un parc ? Bon soyons d'accord, ce n'était que pure et simple provocation et même si elle s'était jetée sur lui, il l'aurait porté de force pour les faire rentrer chez eux avant quoique ce soit de plus sérieux. l'exhibitionnisme, c'était pas son truc. Encore moins quand il entendait des bruissements de feuilles juste à côté d'eux …. Aussitôt, il ouvre les yeux avant de reculer ses lèvres de celles de Carrie. Non, il n'est pas en train de rêver ! Un type en cagoule noire vient de partir en courant des fourrées proches. Et ça, il est hors de question pour Noah de le laisser passer. En deux mouvements, il est sur ses pieds et déjà parti en sprint pour retrouver ce sale voyeur qui va regretter de s'être rincé les yeux.
« Tu bouges pas de là, je reviens ! »
Quelques mots criés à Carrie avant de reprendre une course effrénée dans les bois. Si une chose est claire et nette et que la jeune femme va devoir comprendre, c'est qu'il ne tolérera jamais que quelqu'un lui manque de respect à elle ou se permette ce genre de comportements. Et c'est précisément cette colère-là, cette surprotection, qui le fait courir aussi vite que possible jusqu'à rattraper le type vêtu de noir et d'attraper sa capuche. Rien d'autre qu'un gamin, un latino et vu son air de sale gosse apeuré, aucun doute sur le fait qu'il vient du Bronx. Assez effrayant de voir à quel point il a l'impression de reconnaître son propre reflet au même âge même si il n'est jamais allé zieuter dans les buissons de Jamaica Bay.
« T'es qui toi ? »
Sa voix trahit son énervement et son impatience. Mais le gosse se débat déjà, fronçant à son tour les sourcils. Un gamin de la rue, élevé aux sons des sirènes des voitures de police. Rien de plus qu'un autre paumé comme il l'était à cette époque.
« Vas-y lâche-moi ! J'en ai rien à foutre de toi et ta pute ! »
Oula, mauvais vocabulaire jeune homme. Ni une ni deux, le jeune homme le choppe par le col de son sweat avant de le coller contre le tronc d'un arbre.
« Faudrait t'apprendre à reconnaître une fille bien d'une pute gamin. T'as rien d'autre à faire que de mater dans les buissons d'un parc ? C'est comme ça que tu veux passer le restant de tes jours ? »
« Putain mais lâche-moi ! C'est dégueulasse, moi jveux pas regarder des pervers dans ton genre là ! C'est Tim qui …. »
Tim … ce sale type pour qui il avait bossé fut un temps mais avec qui il avait coupé tout contact à sa sortie de prison. Aucun doute que si il avait une personne qu'il n'aurait jamais souhaité recroiser au cours de son existence, c'était bien lui. Sa prise se radoucit un peu. Quand on est un jeune de la banlieue et qu'on a rien, travailler pour des mecs comme Tim peut sembler être la porte ouverte à bien des promesses.
« Tu travailles pour lui ? »
Le gamin a l'air hésitant mais il s'est très bien comment les choses se passent. Soit il parle et tout peut bien se finir, soit il ne dit rien et les coups vont pleuvoir jusqu'à ce qu'il crache le morceau. Et connaissant les problèmes que peuvent apporter ce genre de groupe, Noah n'hésitera pas une seule seconde lui.
« Ouais … il m'a dit de te suivre … Pour voir ce que tu fais. Il a besoin de toi pour un taf. »
Il n'en fallait pas plus pour finir de décontenancer notre armoire à glace. On lui avait fichu la paix pendant une année entière alors qu'est-ce qu'il pouvait bien espérer obtenir de lui aujourd'hui ? Le faire chanter parce qu'il avait une famille ? Espérer qu'il retourne tabasser tous les paumés qui n'avaient pas payé leur part du marché ? Et Carrie qui était toujours toute seule au fond du parc. Et si c'était une ruse pour … Il ne lui en faut pas plus pour lâcher le gosse et repartir en sprint à travers les arbres, déboulant à toute allure dans la petite clairière où ils ont posé leurs affaire pour trouver … Carrie, toujours dans la même position. Un large soupir lui échappe alors qu'il lui attrape déjà le bras pour la relever, ne pouvant s'empêcher de lancer des regards à droite et à gauche pendant qu'il range les affaires du pic-nic avorté.
« On y va. Maintenant. »
Sa voix est autoritaire, tout autant que la manière un peu sèche dont il entoure ses épaules, restant dans son dos, au cas où. Au cas où il y aurait encore quelqu'un, au cas où on les attaquerait par derrière. Il ne lui en fallait pas plus pour démarrer une paranoïa qu'il pensait avoir réussi à calmer.