Le martèlement de la pluie sur la toiture de l’appartement était cruellement en train d’intensifier le sentiment d’abandon, qui venait d’envahir la poitrine du jeune américain. Alors qu’il c’était hâté à prendre son courrier dans sa boite, il constata que l’une des lettres portaient l’insigne du cabinet de son avocat. Rapidement, il l’avait ouverte, se pensant confiné dans les paperasseries habituelles. Malheureusement, la nouvelle qu’il venait de recevoir était à l’opposée de la tranquillité dans laquelle il se pensait sauf. En effet, son avocat venait de changer de cabinet, et son dossier venait d’être rapatrié chez un nouvel avocat. Formidable ! Il écumait deux procès, l’un d’eux le discréditait totalement, puisqu’il avait déjà purgé sa peine durant trois mois ferme, et 4 avec sursis, (d’ailleurs, il lui restait un peu moins de deux mois avec sursis), l’autre l’accablait d’accusation pour « excès de vitesse volontaire ». Bon, avouons-le, Xavier n’avait jamais freiné sa conduite, que cela soit avant, pendant, ou après son accident. Néanmoins, cette accumulation était en train de le pousser dans quelques complications supplémentaires, puisqu’il n’avait bientôt plus de point sur son permis. C’était pour cette principale raison qu’il venait de recevoir une convocation, afin de rencontrer son nouvel avocat. Xavier n’avait pas peur d’être représenté, cependant il craignait de ne pas tomber sur le meilleur. Le nom qui s’alignait sur la lettre lui parut familier, mais cela ne l’interpella pas plus que ça, sur le coup.

Vendredi vint, l’accablant déjà de reproche, alors qu’il c’était mis sur son 31, afin d’apparaitre sérieux devant son nouvel avocat. Une femme, apparemment. Sa moto luisait sous le retour du soleil, qui sans doute ne tarderait pas à disparaitre après quelques apparitions volatiles. Lorsqu’il ce gara devant l’établissement, une pointe de stress commençait déjà à lui chatouiller les entrailles. Et si son représentant juridique était un con ? Il fallait qu’il fasse bonne figure, et c’était pour cette principale raison qu’il c’était habillé de manière plus sobre, et plus chic. La secrétaire ne l’avait d’ailleurs pas reconnu, l’accueillant plus poliment que d’habitude, lorsqu’il était apparut dans sa veste en cuir noire, indisposé par ses grosses lunettes de soleil, et ses bottines. L’attente fut déstabilisante dans la salle prévue à cet effet, simplement parce qu’il ne se pensait pas en très bonne posture, pas avec quelqu’un qui ne le connaissait pas. Mais alors que dix minutes le séparait de son entrée, la porte s’ouvrit enfin, le laissant découvrir avec stupeur la réelle identité de sa nouvelle avocate ; Jules ? Voilà ou il l’avait vu… lors de son premier procès. Son ventre se serra, comme s’il venait de dégringoler de dix étages, le poussant à apparaitre hébété par la surprise.  Elle avait représenté le coté adverse, et aujourd’hui, c’était bel et bien cette jeune femme qui risquait de récupérer toute sa luxure routière. Fantastique ! « Euh, bonjour ! ». Conclut-il, en se levant. Il  éprouvait quelques difficulté à dissimuler sa gêne quand à la situation. Il était certain que cette parade ne ferait que le faire replonger. Ces deux mois de sursis risquait de se prolonger, surtout si son avocate ne le prenait pas pour innocent. Certes, Xavier avait abusé de son engin, néanmoins il avait fait dégringoler le compteur de pas mal de km, surtout sur les routes fréquentées. Bon, elle n’était pas là pour le voir, alors lui révéler ce fait serait inutile. Ce rendez-vous serait surtout une sorte d’entretien, puisque si Jules refusait son dossier, alors il serait, encore une fois, rapatrié chez le voisin. Xavier devait donc être présentable, et à l’opposé de ce qu’elle pensait de lui. Parce qu’il est certain que lorsque vous représenté le coté adverse lors d’un procès, vous ne faites pas confiance en l’ennemi, n’est-ce pas ? La situation était ambiguë, par tout point de vu, et pour chacun d’eux.