Rp écrit sur un forum rpg nordique

Dans quelques heures... Le printemps serait là.

Le jour finirait par se lever et la nature se réveillerait et commencerait à sortir du lourd et pénible hiver. Tout irait mieux, on pourrait commencer à cueillir des fleurs, l'air serait plus doux et même le coeur des hommes finirait par devenir plus léger et même les dieux se laisseraient aller à la légèreté. Mais pour l'heure, il restait encore cette nuit, cette douce et agréable nuit dont personne ne se souviendrait probablement pas. Pour Sol, toutes les nuits avaient leur importance et toutes les nuits étaient précieuses. Car qui savait vraiment si elle pourrait voir le jour dans quelques heures, comment savoir si elle allait reprendre sa place sur son char pour prendre les rennes de Arvak et Alsvid et les guider? Il n'y avait aucun moyen de savoir, chaque nuit pouvait être la dernière, chaque nuit pouvait être fatale, chaque nuit pouvait être létale. Et tandis que le souffle de la déesse se faisait de plus en plus court, elle jeta un regard dans le ciel là où son frère, jumeau à jamais perdu, faisait lui aussi son office. Oh mais l'éclat de la Lune était sans pareil ce soir et pas de doute que Mani veillait sur elle et pas de doute que Mani l'observait. Mais à ce miroir que la nature lui avait donné, Sol avait envie de lui ordonner de tourner les yeux, de détourner le regard et de ne pas la voir ainsi, pas ainsi, pas faible. Car cette nuit, Sköll avait fini par la rattraper.

Il était trop proche, beaucoup trop proche et tandis que la déesse se déplaçait entre les arbres, courant en foulées légères et amples, elle pouvait entendre les grognements de la bête et sentir la terre trembler sous les pates de l'animal. Allait-elle mourir ce soir? Est-ce que le soleil allait s'éteindre là, dans la forêt, non loin du palais d'or où les dieux étaient probablement endormis. Qui pour entendre ses cris et surtout qui pour venir à son secours? Si Odin voyait tout il devait savoir dans quelle impasse se trouvait la déesse, il devait savoir qu'elle était sur le point de succomber... Le souffle court, elle finit par se retourner, ses mèches blondes lui masquant la vue, elle les écarta de son visage et l'aperçut enfin. Il n'y avait que quelques mètres qui les séparait et Sol sentit la peur lui soulever le ventre face à son bourreau. Il y avait des bêtes, il y avait les chiens et autres loups qu'aimait les hommes... Et il y avait Sköll, probablement le roi de ses congénères, grand et à la fourrure d'une couleur changeante, il pouvait se fondre dans la nuit et disparaître dans le jour et cette mâchoire puissante, se refermerait-elle sur elle cette nuit là? Peut être. Mais il était rapide, elle l'était deux fois plus. Elle devait l'être pour ne pas mourir, elle devait l'être pour servir les autres dieux. Voilà l'ironie du sort, elle était condamnée, condamnée à trouver une propre valeur à sa vie tous les soirs et c'était un combat qu'elle commençait à perdre.

Un autre grognement et le loup ne perdit pas de temps, se jetant, bondissant sur la femme. Pour la première fois depuis des siècles, il fut plus rapide qu'elle et en une seule seconde, Sol se retrouva plaquée à terre la bête au dessus d'elle. Grognement, hurlement, odeur de mort et cris désespérés de femme, qui pour entendre. Elle fit l'erreur de se protéger avec un de ses bras, les crocs du loup trouvèrent la chair qui céda facilement. Nouveau hurlement tandis que la déesse voyait rouge, ses yeux virant de couleur tandis qu'une colère sans nom s'emparait d'elle. Sköll tira sur ce bras qu'il possédait déjà, peut être pour l'arracher et elle hurla une nouvelle fois, son autre bras s'embrasant soudain, un feu sans nom et des flammes vive léchant la peau. Sol hurla, hurla avec toutes sa force et le bras de feu s'abattit sur Sköll qui lui aussi poussa un gémissement pathétique et recula. Silence, silence dans la clairière, silence tandis que le sang de la déesse roulait sur le sol et que le loup grognait, l'odeur de la chair brûlée envahissant l'air. Elle se redressa, le toisant soudainement, ils étaient tous les deux blessés et contrairement à lui, elle était prête à mourir au combat. Il l'observa pendant un bref instant avant de reculer, s'éloignant dans la nuit et parmi les arbres.

Sol lâcha enfin le souffle qu'elle retenait avant se s'effondrer dans l'herbe, son regard posé sur la Lune. Son bras droit était toujours secoué par les flammes, seul garant de sa survie à présent et son bras gauche... Elle ne préférait pas penser à ce que Sköll avait pris, ni même à la douleur, ni même au sang qu'elle perdait. Pour cette nuit encore, elle était vivante, cette forêt lui appartenait encore pour quelques heures.