Une après-midi entière passée à CitiShoes, le rêve ! Un Eldorado pour Zoey. Rien ne valait pour elle quelques pairs de chaussures, même pas une délicieuse glace à l'italienne. Il y avait pourtant pas mal de monde ce jour là dans le magazin. La jeune femme y était seule, en ce jour de novembre, le septième du mois. Le temps était très frais dehors, et quelques flocons se déposaient sur les toits et sur le bitume qui recouvrai la route. Le ciel tout couvert, pas l'ombre d'un rayon de soleil. L'hiver s'était bien installé, depuis voilà, une semaine environ. Enfin, le 31 octobre, il faisait encore bon, des températures d'automne. Le soir d'Halloween, Zoey avait assisté à une soirée organisée par un ami de longue date, qui revenait tout droit d'Ecosse. Il était né le jour même, et avait décidé de faire une soirée déguisée pour l'occasion. Horreur et glamour mélangé, cela donnait un très bon cocktail, conclut Zoey. Tout le monde avait joué le jeu, c'était génial. Sauf qu'il y avait quelques clampins qui tentaient d'effrayer, mais sévèrement, les jeunes pimbêches trouillardes comme pas deux. Evidemment, on a voulu lui faire le coup, et en guise de remerciement, Zoey les avait gentiment claqué, en souriant. Mais pas trop fort non plus, c'est pas une brute ! L'ami de Zoey ne pouvait rêver mieux comme anniversaire, car la soirée avait dépassé les horaires maximums prévus. Certains étaient encore là, aux alentours de cinq du matin, quand New York se réveillait.

C'est en parcourant les étagères d'exposition que l'étudiante se remémorait cette soirée incroyable. Certaines conneries, en y repensant, la faisait sourire, alors qu'elle scrutait le moindre détail de chaque chaussure. Et là, une illumination ! Une magnifique paire de bottes à talons brune ciré ! Les yeux de Zoey s'illuminèrent, parsemés d'étoiles. Un véritable coup de coeur. Son ex disait toujours que ls bottes faisaient très rebelles, et il n'aimait pas trop ça. Vous pouvez vite conclure que leur relation n'avait pas duré des lustres, et je répondrai que vous auviez vu juste. Trois semaines et cinq jours. Presque un mois, quoi ! Zoey se demandait aujourd'hui comment elle avait pu aimé un crétin pareil. Il ne faisait que grignoter des Smarties toute la journée, et prétendait être bien élevé. Il parlait la bouche pleine. Aujourd'hui, son air arrogant la dégoutait de plus belle, et Zoey préférait plutôt fantasmer sur cette paire de bottes unique en son genre. Une vendeuse apparut aussitôt, et suggera à la jeune femme de l'essayer. Comment refuser ? Elle s'installa sur une des ces chaises bien confortables, et admira son pied désormais rechaussé. Que de satisfaction !

"Ca, c'est l'héritage familiale ! Les chaussures !"

Zoey connaissait bien cette voix, et se mit aussitôt à sourire en levant la tête.
"Tante Louisa !"

Elle se leva, et lui fit poliment la bise.

"Ta mère m'avait dit que je ne pouvais que te trouver là."

"Mais que fais-tu ici ?"

"Je continue mon voyage autour du monde avec Spencer ! Une crème cet homme ! Je pense que mon quatrième mariage tiendra jusqu'à la fin de mes jours" C'est ce qu'elle disait toujours, pensait Zoey. "On fait une escale à New York, et je voulais à tout prix voir ce qu'était devenue mon adorable nièce ! Ton père m'a dit que tu allais sûrement reprendre son hôtel, c'est génial ! Et.... Oh ! Très jolie botte ! Je te l'offre !"

L'étudiante n'eut le temps de répliquer quoi que ce soit. Elle avait grandi, et voulait acheter ses chaussures de son plein gré. La tante Louisa demanda le prix à la vendeuse précédente, et montait à plusieurs centaines de dollars, rien que ça. Par politesse, Zoey la remercia chaleureusement, et elles sortirent ensemble du magasin. Zoey tenait fermement le sachet cartonné, en écoutant les aventures de sa tante. Si elle avait bien suivi, Louisa avait déjà ét en Egypte, en Somalie, en France, en Grèce, en Chine, en Russie, en Lituanie, et au Mexique. Et leur prochaine destination serait le Canada. Elle parlait tellement vite, cette tantiche ! Personne n'arrivait jamais à s'incruster de tous les détails. On tentait déjà, tout d'abord, de savoir de quoi elle parlait dans un sens général.
C'est alors qu'elle aborda un sujet tabou. Louisa disait avoir aperçu sa soeur, il y a quelques semaines de cela, et qu'elle se portait. Zoey s'en fichait, c'était tant mieux pour elle, point barre. Louisa avait bien conscience de cette rivalité, et espérait que ça s'était calmé depuis le temps. Apparemment non. Enfin, son père, Johnattan, n'appréciait, du moins, il prétendait ne plus apprécier, la fille aînée. Zoey était pourtant persuadée qui si elle se trouvait en face de lui, il la serrerait fort contre lui. C'était la vie, se disait Zoey. Mais elle se contreficherait de sa soeur pour toujours, elle avait désormais sa vie, sa famille, ses amis, et son avenir.