Deux semaines s’étaient écoulées depuis l’épisode « hopital ». Drew supportait assez mal son traitement, à cause des effets secondaires. De plus, il n’arrêtait toujours pas de se piquer, ce qui n’arrangeait absolument rien. Le jeune homme n’était pas très régulier dans les prises de ses médicaments. Si Heaven ne lui faisait pas penser ; il l’oubliait. Volontairement ou pas…
Aujourd’hui Drew avait rendez-vous avec sa petite-amie à la bibliothèque de l’université pour réviser. Enfin, c’était plutôt Heaven qui réviserait, car Drew n’avait pas du tout l’intention de réviser.

Il prendrait juste quelques bouquins histoire de faire comme si il était super intéressé par les études point barre. Il était neuf heures et demie, et le jeune homme avait rendez-vous à dix heures à l’université. Bien évidement vu comment c’était parti, il serait en retard. Comme à son habitude, mais pour le plus grand désespoir de sa petite-amie.

Pour une fois dans sa vie, Drew avait fait des courses. Oui c’était un exploit qu’il accomplissait que très rarement. Pepsie était aussi crevard que son maître c’était à peine croyable. Cette boule de poils passait sa vie à manger et à dormir – comme son maitre – sans s’arrêter. Comme si il n’était déjà pas assez en retard comme cela, le jeune tatoué, pris bien son temps pour déjeuner devant son dessin animé préféré : Bob l’éponge. Enfin, ce n’était pas très grave. Depuis tout ce temps, Heaven devait bien se douter que Drew serait en retard, et elle irait donc l’attendre sagement dans la grande bibliothèque.

Après un repas copieux, Drew alla chercher son sachet d’héroïne et s’injecta sa substance dans le sang. A croire qu’il n’avait pas encore compris les causes de sa maladie qui le tuait à petit feu. Mais il s’en foutait. Le brun n’avait pas la moindre intention de s’arrêter de consommer ses drogues, pour une simple et bonne raison : il était totalement accro. Une fois son injection faite, le jeune homme pris ses lunettes de soleil, un bouquin d’anglais dans lequel il coinça des livres sur la grossesse et tout le bordel qui va avec. Oui c’était sa nouvelle passion à ce cher Williams d’étudier la grossesse dans ses moindres détails.

Il faisait une chaleur du tonner dehors. Il devait faire au moins vingt-huit degrés, c’est pourquoi Drew avait simplement enfilé un marcel noir et un panta-court en jean, accompagné de ses baskets. Le jeune homme arriva bien vingt minutes plus tard à l’université. Bon si il avait pris les transports en commun, il aurait été bien plus vite, mais sentir la transpiration des gens c’était hors de question. En tout cas, il fut content de voir qu’Heaven était rentrée dans l’université, car elle aurait finit par fondre si elle l’avait attendue sous se soleil et cette chaleur.

Quand il pénétra dans l’établissement, il fut agréablement surpris par la fraîcheur. Bon ca faisait quand même un sacré choque thermique ! Passer de vingt-huit degré à quinze…Bref, il se dirigea d’un pas rapide vers la bibliothèque avec ses bras balans et ses livres. Premièrement, Drew fit un arrivée fracassante puisqu’il claqua tout bonnement la porte, alors qu’il y avait un silence pas croyable. Le tatoué s’avança petit à petit dans la pièce, cherchant la brunette du regard. Quand il l’aperçut de loin, elle avait la tête dans ses bouquins et était à fond dans ses révisions. Drew s’avança alors rapidement vers elle puis s’arrêta net, en laissant tomber ses livres sur le sol avant de s’exclamer à voix haute :

-PUTAIN T’AS FAIS QUOI A TES CHEVEUX ??!!!

A vrai dire, il s’en foutait que toute la bibliothèque le regarde méchamment, il leva les yeux au ciel et se contenta de passer son indexe sur sa bouche en faisant « chuuuuut ». Il ramassa ses livres et pris alors place aux côté de sa petite-amie et l’embrassa tendrement avant de passer une main sur le ventre de la jeune femme qui commençait à se voir maintenant. Drew approcha son visage du ventre de la demoiselle et commença à parler à celui-ci.

-Comment va mon bébé ? T’embêtes pas trop maman hein ?

Drew releva la tête et passa une main dans les cheveux de cette dernière.

-J’aime. Ca te va bien.

Heaven était face à son reflet dans sa salle de bain, alors qu’elle se brossait les dents avec ardeur. Elle regardait avec un air méfiant son double, les sourcils froncé, persuadée que quelque chose n’allait pas dans ce qu’elle avait fait la veille. Puis, une nouvelle fois, toucha ses cheveux tout teints, d’un châtain moyen. Elle n’était plus brune. Non, ce temps là était révolu, elle avait voulu changer, passer à autre chose. C’était ses cheveux qui avait fait les frais de son coup de tête, hier soir, quand elle se baladait dans un supermarché et qu’elle avait atterrit dans le rayon soin pour les tignasses. Elle avait commencé à balayer du regard les flacons de teinture, et avait finit par acheter le moins cher et le plus résistant. Elle avait passé sa soirée à être la tête pleine de crème colorante, et avait préféré ne rien regardé avant d’aller se coucher. Elle avait eu peur de faire une immense erreur, une fois qu’elle avait réfléchit à ses actes – surtout qu’elle n’avait rien dit à personne – et avait donc utilisé la solution de secours : l’ignorance.

Quoi que, il faut se l’avouer, on ne peut pas fuir toute sa vie un miroir.

Le matin même, la demoiselle avait complètement oublié son épisode de coup de tête, et avait innocemment levé la tête vers l’armoire de la salle de bain, où elle se retrouva face à face avec son image de châtain. Elle avait poussé un cri de stupeur, avait observé sous tous les détails son reflet, et avait tenté de se préparer sans passer son temps à se regarder sous toutes les coutures. Ses cheveux avaient un nouvel aspect. Ce n’était pas moche, mais ce n’était pas magnifique non plus. Elle allait avoir franchement du mal à s’y habituer, elle, puisqu’elle avait quand même été brune toute sa vie., et que, par principe, elle n’aimait pas les blondes/châtains.

Heaven finit de se laver les dents, passa sa brosse dans ses cheveux tout lisse, et sortit de la salle de bain en coup de vent. Elle avait 20 minutes pour rejoindre la bibliothèque de Fordham – donc, elle avait largement le temps de faire ses affaires, voir même trainer dans sa chambre. Elle ne savait pas où était ses colocataires – certainement quelque part dans les Etats-Unis, allez savoir, - et elle avait l’appartement à elle toute seule. Enfin, elle et son bébé en préparation. Parcourant le long couloir pour atteindre le salon où elle avait posé son sac de cours, elle posa la main sur son ventre rebondi, et soupira. Ca passait tellement vite… Enceinte depuis 7 semaines, jour pour jour. Drew, malade depuis trois semaines, et deux semaines de traitement irrégulier – oui, Heaven l’engueulait, mais rien à faire, cette tête de mule continuait à ne pas toujours prendre ses médicaments. Voilà 5 semaines qu’elle savait qu’elle avait deux demies sœurs ( voir plus ) et un père coréen. Bref. Maintenant, sa vie reprenait un côté calme et serein, bien qu’elle subisse encore tous les effets secondaires des semaines passées.

Mais contrairement à ce qu’on pouvait croire, la demoiselle n’avait pas encore compris que dans neuf mois elle aurait un bébé dans les bras. Non, pour elle, c’était encore dans le domaine de l’irréel. Ce n’était pas possible. Cela ne pouvait pas ce passer… Pensant à son bébé, elle prit son sac de cours, elle le passa sur son épaule, et partit en claquant la porte de l’appartement. Elle avait prévu de prendre le métro pour rejoindre l’université, bien qu’elle soit sûre à 99 pour cent qu’il allait faire une chaleur étouffante. Ce n’était pas de sa faute, elle avait mal aux pieds. Elle avait la flemme de marcher. Elle était enceinte quand même !

Ouais, la bonne excuse.

Elle pénétra dans la station en bas de chez elle, et sauta dans le premier métro qui passa. Elle ne chercha même pas à s’asseoir, puisqu’elle savait pertinemment que même si elle était enceinte, aucun New Yorkais ne lui donnerait sa place. Elle resta donc debout, accrocher à un poteau, à lire ses notes sur un livre qu’elle n’avait pas aimé en Littérature. MacBeth de Shakespeare. Eurk. C’était bien la seule œuvre qu’elle n’arrivait pas à sentir. Pourtant, il fallait bien qu’elle connaisse sur le bout des doigts son analyse, son contexte, ses finalités, tout ça. Ce que cela pouvait être barbant.

Elle descendit au troisième arrêt, et se retrouva devant Fordham. Elle fonça la tête baissée dans l’enceinte de l’université, cherchant à éviter tous les regards sur ses cheveux, sa tête en général, son ventre aussi. Elle poussa la porte de la bibliothèque avec un certain soulagement, et s’enfonça dans un endroit tranquille, seule, entre les étagères de littérature étrangère et de psychologie. Elle sortit ses affaires, et se plongea dans des lectures intensives. Elle devait réussir ses examens. Ce serait au moins une chose de faite.

Le temps passa. Drew était en retard, mais ça ne l’étonnait pas, ou plus. Elle avait peur de sa réaction quand à ses cheveux, et avait son cœur qui battait de plus en plus vite. Quand elle entendit la porte de la bibliothèque claquer, elle baissa la tête. Elle savait très bien qui avait fait tout ce bruit, et maintenant, ce n’était plus qu’une question de seconde avant que son petit ami fasse un arrêt cardiaque devant sa tignasse.

« PUTAIN T’AS FAIS QUOI A TES CHEVEUX ??!!! »

Heaven affaissa les épaules. Aïe, ça voulait tout dire. Elle baissa les yeux, ne chercha même pas à défier son regard, et le laissa l’embrasser et parler à son ventre. Elle s’attendait au pire. Qu’est ce que Drew allait pouvoir lui dire ?

« Ca va, bébé est gentil. » chuchota-t-elle avait que Drew relève la tête pour la regarder. Elle se sentit rougir et se justifia tout de suite. « C’est un coup de tête. Je sais, c’est pas super beau. »

Puis elle s’arrêta. Il venait de lui dire un compliment ?

« T’es sérieux là ? » dit-elle, étonnée. Franchement, elle ne s’était pas du tout attendu à ce genre de réflexion. Oui, elle avait mis en scène dans sa tête une dispute, ou bien un froncement de sourcil, ou bien quelque chose qui lui aurait fait clairement comprendre que c’était horrible.

« Ca me soulage que t’aime. J’avais envie de changer, et hier, j’ai agit sans réflêchir… Je suis pas très contente du résultat. Mais je vais bien finir par m’y habituer. »

Elle soupira.

« T’as bien pris tes médicaments ? » La question qui tue.

Ce changement de couleur plutôt radical de sa petite-amie lui a quand même fait un sacré choque visuel. Lui qui s’attendait à voir la petite brunette habituelle, et bien non, voilà que mademoiselle Tennessee avait eut une pulsion et avait subitement décidée de changer de couleur capillaire. Mais bon, au final c’était plutôt réussit et Drew aimait beaucoup ce changement de tête. Drew était là, entrain de jouer avec quelques mèches de cheveux d’Heaven à inspecter dans les moindres détails la nouvelle couleur.

-C’est les hormones qui t’ont poussé à faire ca ? Non j’déconne. Moi j’aime bien, ca te change.

Pourquoi avait-elle l’air super étonné face aux compliments de Drew sur sa nouvelle couleur ? Elle était si peu habituée à ce qu’il lui face de compliments pour qu’elle soit autant surprise ? Drew leva un sourcil perplexe.

-Bah oui j’suis sérieux. Pourquoi je ne le serai pas ? Tu m’connais, si je n’aimais pas, je te l’aurai dit. Mais ce n’est pas le cas. Et puis je sais pas…j’trouve que t’es encore plus jolie comme ca. Ouais, ca fait ressortir tes yeux. De toute façon, si y’en a qui n’aime pas, t’en à rien à foutre.

C’était vrai. Du moment que Heaven se plaisait comme ca c’était le principal. Pourquoi ce préoccuper sans cesse du regard des autres ? D’autant plus que Drew aimait vraiment les nouveaux cheveux de sa petite-amie. Il lâcha subitement la mèche de cheveux avec laquelle il était entrain de faire mumuse, lorsque Heaven lui demanda si il avait bien pris ses médicaments. Ce n’était franchement pas l’envie qui lui manquer, que de lui affirmer que oui il les avaient bien pris, et qu’il se sentait d’une pêche incroyable. Sauf qu’en réalité, il avait complètement zappé de les prendre. Ce n’était pas le fait qu’il ne veuille pas, c’est juste qu’il à oublié, nuance.

-Eh merde. J’ai carrément zappé. C’est pas grave je les prendrai ce soir en rentrant. Ou ce midi, j’verrais bien à qu’elle heure je rentre. Sinon sa va, t’arrive encore à rentrer dans tes vêtements ? Non parce que Kinder commence à se voir là.

Dit-il avec un sourire. Oui bon c’était en même temps le bon plan pour changer de conversation. Drew n’avait franchement pas envie de parler toute la matinée des médicaments qu’il a oublié de prendre. Evidement il s’attendait à ce que Heaven pete un câble, qu’elle lui foute un dictionnaire, voire même tout un rayon de livres sur la gueule pour le faire réagir.

-Ouais je sais j’suis irresponsable, mais s’il te plait, ne m’enlève pas la garde de notre futur enfant.

Répliqua le jeune homme d’un air suppliant mais dégageant à la fois beaucoup d’humour. Le jeune homme sortit de ses livres de cours, des bouquins de grossesse en tout genre. Il avait même pris le soin d’entourer des tas d’objets pour bébé. Entre lits, table à langer, hochet, peluches etc…Heaven avait du choix.

-J’ai trouvé plein de trucs. Je ne sais pas si tu y as déjà réfléchit. Bon par contre pour les fringues j’te laisse faire hein. Parce que moi les tailles…J’ai juste eu du pot de ne pas me planter avec le pyjama que je lui ai acheté. J’ai juste repéré une boutique de fringues trop trop cool pour les bébés.

Drew se stoppa net.

-Quoi ? Pourquoi tu me fixes comme ca ? Ouais je sais j’parle trop.

Le jeune homme referma ses livres sur les bébés et regarda un peu partout dans la bibliothèque. Il devait bien y avoir un truc intéressant à faire ici quand même ! Outre le fais d’y avoir des montagnes et des montagnes de bouquins.

-Y’a pas des ordinateurs dans le coin ? Arf. De toute façon c’est tellement pourri ici, ils ne doivent pas connaitre le mot « technologie ».

Le jeune homme passa une nouvelle fois la main sur le ventre de sa petite-amie. Ca lui faisait bizarre de voir le ventre de celle-ci devenir de plus en plus rond au fur et à mesure que les jours passaient. Pourtant il se souvient de la conception du Kinder comme si c’était hier.

-Au fait, désolé d’être arrivé en retard hein. Heureusement que tu ne m’as pas attendu, sinon t’aurais fondue sous le soleil. Sinon, après tes révisions, ca te dis qu’on aillent faire un tour quelque part ?

Bon. Drew aimait bien sa couleur, c’était officiel, et Heaven – soit l’ex brune devenu presque blonde sur un coup de tête dû principalement à ses hormones et son non-sens des responsabilités - pouvait donc arrêter de se faire un sang d’encre comme à son habitude, et avoir le courage de regarder son petit ami dans les yeux. Elle était donc présentable, ce qui était en soi une nette et une belle progression dans son cerveau, elle n’avait par conséquent pas l’air de la dernière des abrutis, et avait presque une tête aussi normale que d’habitude. Enfin, cette deuxième hypothèse était encore à vérifier. Peut être s’emballait-elle trop vite. A la ouanegaine.

« Ouais, mais pour me foutre qu’ils aiment pas, il faudrait déjà que j’aime… » dit-elle avaec un petit sourire.

C’est vrai quoi, ça serait déjà pas mal qu’elle s’accepte en se regardant dans le miroir.

Elle haussa les sourcils quand il lui dit qu’il avait oublié ses médicaments. Elle soupira, l’écouta à peine quand il lui dit qu’il le ferait dès qu’il pourrait, et lui jeta un regard plein de dédain. Comme si elle allait le croire… Il ne les prendrait pas aujourd’hui, c’était une évidence. Elle posa sa main sur son genou, ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais la referma. Quoi qu’elle dise, il ne ferait rien. Il allait juste la rassurer, lui dire que ce n’était pas la peine de s’inquiéter, mais à côté, il continuerait d’être irresponsable, de faire n’importe quoi, et de ne pas l’écouter. A force, elle finissait par le savoir, et elle avait vite compris qu’il valait mieux qu’elle ne se voile pas la face. Sinon elle allait être encore une fois déçue, exaspérée et… Touchée. Parce qu’à chaque fois qu’il faisait quelque chose comme ça, qu’il ne l’écoutait pas, qu’il faisait n’importe quoi ou qu’il mettait sa vie en danger, elle prenait cela comme un coup de couteau dans sa poitrine. Littéralement, c’était ça.

« Drew… » commença-t-elle avant que son petit ami poursuive ( ou plutôt la coupe ) sur autre chose : ses vêtements. L’ex brune baissa son regard vers son ventre rebondi, et sourit. Elle se laissa entrainer sur un autre sujet, consciente qu’une dispute n’était pas loin s’ils continuaient à parler de ses médicaments. Elle rendit les armes, en quelque sorte, comme d’habitude.

« Ouais il commence à se voir. Regarde, quand on touche, c’est tout bizarre ! » dit-elle en prenant la main de Drew, et en la faisant passer sous son t-shirt. Bizarre, ce n’était pas le mot, mais sur le moment, elle n’avait pas pensé à dire autre chose. C’est juste que sa peau était tendue au niveau de son bas ventre, et semblait sur le point de se craquer, bien qu’elle en soit encore qu’au début. « C’est normal qu’il grandisse, ça passe le temps. Bientôt je vais devoir acheter des trucs supers larges et moches. Immonde ! » elle fit une grimace, etbposa sa tête sur l’épaule de son petit ami, ignorant les personnes dans la bibliothèque.

Elle n’avait pas encore fait les boutiques de mamans – pas pour les enfants, non, les boutiques où ils vendent des vêtements pour les femmes enceintes – mais elle savait qu’elle allait finir par y faire un tour dans pas très longtemps. D’’ailleurs, Drew sortit tout de suite après de la documentation sur les bébés et la grossesse, et tout en ouvrant les pages fièrement sur les rond au feutre qu’il avait fait autour de certains articles, la supplia de ne pas lui retirer la garde de leur enfant. « Tu crois que tu seras assez responsable pour un môme plus petit que toi mentalement ? » lança-t-elle en souriant avant de se pencher un peu plus sur les magazines.

Elle l’écouta parler sur les objets, tout heureux, et Heaven sourit d’autant plus. Il était adorable, comme ça, assit à lui montrer ce qu’il avait cherché la veille, lui dire qu’il avait trouvé une boutique de vêtement pour bébé. Elle lui embrassa la joue, avant qu’il s’arrête avec un air pas rassuré, afin de lui demander ce qu’il avait. Elle eut un soupire joyeux, et croisa les jambes pour prendre quelques cathalogues, délaissant ses fiches de révisions.

« Ya rien. C’est juste que t’es adorable à parler de bébé, de biberons, de vêtements. C’est super gentil d’avoir fait des recherches, parce que moi, pour tout dire, je suis complètement pommée. » Autant être franche sur ce coup là, quand même. Elle ne savait absolument pas quelle boutique vendait des trucs pour gamin dans New York.

Ses seuls souvenirs étaient qu’il y en avait eu pas très loin de son pensionnat Londonien. Mais ce n’était pas très utile.

« Arrête d’insulter la bibliothèque, elle t’a rien fait. » dit Heaven, finalement, quand elle commença à tourner les pages du catalogue en haut de la pile. Elle commençait elle aussi les recherches, et regardait avec précision ce qui avait attiré l’œil de son petit ami. « Et puis t’as pas à t’excuser pour le retard, je suis habituée, de toute manière. Venant de toi, c’est vrai que je trouve ça normal. » dit-elle en lui tirant la langue.

« Tu veux aller quelque part ? Ouais, ça serait pas mal. Mais bon vu que tu commences déjà à me retarder dans mes révisions, ça serait un peu mal venu… Mais bon. A vrai dire je sais même pas si je vais vraiment réviser ces examens… Vu que je suis même pas sûre de continuer la Littérature l’année prochaine. Je commence à voir mon amour fou pour Shakespeare s’éteindre. C’est dramatique ! »

Elle s’arrêta, choquée par ses paroles, et regarda Drew. « Excuse moi, c’est mes fiches qui me montent à la tête, je commence à parler comme Juliette. Donc. Genre, tu veux aller où ? Bowling, bar, boutiques de vêtements pour bébé ? »

Elle prit ses fiches de révisions, et les fourra dans son sac, puis prit un catalogue pour le mettre sur ses jambes, pour mieux le regarder. Elle frissonna quand la couverture froide toucha ses jambes seulement vétues d’un short, et mit sa mèche de cheveux gênant sa vision derrière son oreille. Bizarre d’avoir maintenant un rideau marron, et plus noir comme l’ébène.

Jamais Drew n’aurait pensé qu’il finirait par être papa. Mais depuis qu’il savait que Heaven était enceinte, il avait changé. Enfin…sa dépendait sur quoi ! Dans tout les cas, il devenait complètement gaga face au ventre de la jeune femme qui commençait à se voir. Bon d’accord ce n’était rien comparé à des femmes enceinte jusqu’aux yeux, mais le tatoué trouvait ca mignon. Qui aurait pu penser que l’homme de glace finirait par être tout attendrit devant le ventre rond de sa petite-amie ? Certainement pas Heaven elle-même ! Bien entendu il accepta le fait que la demoiselle prenne sa main pour la poser sur son ventre rebondi. Le jeune homme sourit bêtement. Même si ce n’était qu’un fœtus qui ne comprenait pas grand-chose, le futur père aimait beaucoup ce contact aussi simple soit-il.

-C’est vrai que ca fait bizarre…

Drew toucha de son indexe le bas ventre tendu de la jeune femme.

-C’est tout…je sais pas comment expliquer. On dirait que si on appuie trop sa va exploser.

Le jeune homme laissa échapper un petit rire. Bien évidement que ce n’était pas possible, mais c’était comme ca qu’il ressentait la chose. Drew la trouvait vraiment très jolie comme ca Heaven. Bien évidemment qu’il la trouvait tout le temps jolie, mais il la trouvait encore plus belle en tant que femme enceinte. Ouais, il trouvait que ce lui allait bien. Drew ne pu s’empêcher de rire face à la remarque de la brunette, puis la laissa poser sa tête sur son épaule. Naturellement il caressa la chevelure pas brune, mais châtain de la demoiselle. C’est vrai que côté fringue ca devait être franchement chiant. En plus, les vêtements pour femmes enceintes n’étaient pas toujours des plus glamour…c’était tout basique, soit tout bleu, soit tout rose, bref que des trucs affreusement laid. Une chose était sûre, Drew ne voyait absolument pas Heaven mettre des fringues de ce genre là. Elle aurait l’air une femme de trente ans.

-Habille-toi en ballon de foot-ball. Tu seras dans l’ambiance du moment, et puis t’as ce qu’il faut.

Dit-il d’un ton taquin en passant une main sur le bas ventre de cette dernière. Bon Heaven risquait soit de le prendre mal, et de le frapper avec une chaise, ou bien elle le prendrait bien et rirait à ses conneries. Bref, tout était une question d’hormones. Les magazines pour bébés, Drew adorait ca. Tous les soirs il feuilletait les catalogues histoire de proposer tout un tas de trucs à Heaven. Drew se contenta de lever les yeux au ciel quand sa chère et tendre petite-amie lui demanda si il était capable de s’occuper d’un être plus petit que lui mentalement. Ahaha très drôle là Tennessee. Pour toute réponse, Drew continua à blablater sur ses trouvailles de la veille. Heaven le trouvait adorable ? Il n’avait pas halluciné là ?

-Adorable ? Moi ? C’est bien la première fois qu’on dis ca de moi. D’habitude j’ai le droit à gros con, salaud, connard, fils de p..m’enfin bref. De toute façon j’avais que ca à faire que de feuilleter les magazines. Mais je me rends compte que je deviens pire que les nanas en fait. Ouais, je quitte plus mes bouquins, et dès que je vois une boutique pour bébé je fonce dedans. Putain j’deviens hermaphrodite ! J’vais me transformer une fille !

S’écria Drew d’un air paniqué et en posa ses main sur sa touffe de cheveux brune. Bon d’accord c’était du gros délire là. Mais c’était du Drew Braden Williams tout simplement. Ou alors c’était les restes de l’héroïne qui le faisait complètement disjoncter…ouais c’était une option possible.

-J’insulte la bibliothèque si j’en ai envie. Tu sais y’a plein d’autre gens qui ne m’ont rien fait et que j’insulte…exemple, le chauffeur quand on est allé à l’hopital. Ah la gueule qu’il avait tiré le chauffeur !

Rien que d’y repenser ca le faisait rire. Bon par contre, il se passa de tout commentaire vis-à-vis de ses retards quotidien. En même temps, être ponctuelle n’était pas du tout dans le caractère du brun. Il était prêt quand il était prêt voila tout. Bon ca le faisait chier par rapport à Heaven, mais c’est vrai qu’elle était habituée à ses retards permanents. Heureusement qu’il ne passait pas un entretient d’embauche.

-HALLELUJAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !! Shakespeare va nous foutre la paix !!!!

Hurla Drew les bras levés. Rien a faire, Shakespeare prenait une trop grande place dans le cœur de SA petite-amie et cela l’agaçait sérieusement. Alors que se poète crevé depuis un baille retourne dans les abysses ! Bon par contre que la littérature n’interesse plus Heaven, là ca l’inquiétait sérieusement.

-Me dis pas que tu voudrais te réorienter ! La littérature ca fait parti de toi. Fin tu me comprends quand je dis ca.

Le jeune homme embrassa sa petite-amie avant de reprendre sur un ton calme.

-Bah si tu veux, on finit tes révisions. Enfin, TU finis tes révisions, en attendant moi je fouille dans mes super catalogues pour bébés, et je te tape la discute si tu veux. Et après on va se manger un truc en ville. En plus j’ai envie d’une bonne grosse pizza.

Charmant. « C’est tout…Je sais pas comment expliquer. On dirait que si on appuie trop ça va exploser. ». Heaven leva les yeux au ciel, et ébouriffa les cheveux de Drew, en riant un peu. Il avait toujours eu ce don de trouver les mots les plus… Etranges pour définir certaines choses, et dire cette vérité tellement terre à terre que personne n’osait la dire, ou même l’avouer. Genre, qui aurait eu l’idée de dire que son vagin était à la limite de l’explosion, avec un naturel qui frôlait presque l’invraisemblable ? Personne. Les gens se seraient contentés de dire qu’elle avait bien ‘grossit’, que c’était parfaitement normal que sa peau soit tendu, que son ventre reflétait parfaitement son état et que tout allait pour le mieux. Mais… C’était Drew quoi. Elle sourit, le laissa toucher autant qu’il voulait son ventre, frissonnant à chacun des contacts, à la fois à cause de la froide température de ses doigts, mais aussi par le geste. Elle aimait qu’il la touche, c’était une évidence, même quand il ne le faisait pas pour elle. Mais pour le Kinder Surprise qui se développait à son rythme.

Elle était quand même un peu jalouse.

« Ballon de Foot ? Non merci, tu sais très bien que j’ai horreur de ça. » répliqua-t-elle en riant, et en tapotant son ventre. « Non, va falloir que j’accepte cette idée de porter des vêtements… Larges. De vieilles. Tu crois qu’il existe un magasin de fringues d’emos enceintes ou bien c’est trop demandé ? » lâcha-t-elle avec un immense sourire, tout en prenant entre ses mains les doigts de Drew. C’était tellement horrible cette idée de grosseur, de fringues moches. Surtout qu’elle allait devoir les porter pendant plusieurs semaines, plusieurs mois, beaucoup, beaucoup de jours. Heaven fit un rapide calcule dans sa tête, et ouvrit d’immense d’yeux sous la surprise. Tellement plus de 200 jours !

Quand Drew exposa sa théorie sur le fait qu’il devenait une fille, elle s’éloigna théâtralement de lui, pour aller se poster à l’autre bout de la table. « Je confirme. Je crois qu’on est en train d’inverser nos rôles là. » Elle sourit, puis consciente d’être complètement idiote, elle revint à sa place. « Faut qu’on fasse gaffe. Bientôt c’est toi qui va avoir un gros ventre. Là, on pourra se poser des questions quand à nos sexes respectifs. » puis elle s’arrêta. C’était vrai, iln’y avait que lui qui s’occupait de toutes ses affaires là, toutes ses petites choses que normalement, c’était à Heaven de penser, d’acheter, de chercher. Elle n’avait rien fait pour l’aider, elle n’avait même pas ouvert un magazine pour bébé avant aujourd’hui. Elle était pathétiquement incapable de devenir mère. Elle en avait bien peur.

Mais ses craintes étaient très loin, il fallait dire. Drew saurait très bien prendre la place de maman poule. Heaven n’avait aucun doute là-dessus – son petit ami l’était déjà.

Quoi que. Drew était encore loin d’être une fille. Son langage était bien propre au sexe masculin, avec toutes ses insultes venant de nulle part et sans aucune raison valable, ses pensées complètement stupides dignes de la testostérone, toutes ses petites choses bien propre à l’homme ( avec un petit h ). Ainsi donc, il avait insulté la bibliothèque sans raison, et avait affirmé qu’il faisait tout le temps ça – normal en soi – et il lui donna fièrement un exemple où il avait complètement disjoncté avec les insultes.

« Pauvre chauffeur de taxi quand même. J’suis sûre qu’il te déteste maintenant. Il doit se souvenir de toi comme étant le mec le plus agressif et le plus vulgaire de tout New York, bientôt père et complètement atteint. Quand même. » dit-elle. Elle savait pertinement qu’elle commençait à divaguer, mais c’était ses hormones.

Ou pas. Fallait dire que la demoiselle Tennessee avait pris la mauvaise habitude de rejeter tout le temps la faute sur ses hormones et sa grossesse.

Elle sourit face à la réaction de Drew quand elle lui confia qu’elle ne poursuivrait peut être plus dans la Littérature l’année prochaine. Certes, c’était un peu exagéré, et elle trouvait qu’il était peut être un peu trop heureux. Lui aussi était jaloux apparemment, de plusieurs mecs mort ou aussi vieux que la Terre, complètement déprimés, qui écrivaient des romans tous aussi dramatique les uns que les autres, dans le seul but de soulager leurs peines. Monsieur Williams était un peu étrange parfoi sur les bords.

Mais qui se ressemble s’assemble : Heaven, elle, était jalouse de son bébé. Cherchez l’erreur.

Puis Drew commença à se poser des questions, et trouvait vraiment étrange ce retournement de situation. Heaven soupira, puis le laissa l’embrasser, avant de reprendre avec un ton posé « J’ai pas dit que j’allais plus lire, plus étudier la Littérature. Même si je ne suis pas des cours ici je vais continuer à dévorer Shakespeare – façon de parler – tous les soirs. JE veux juste changer de branche, pourquoi pas l’Arts, je sais pas moi, ou bien même Journalisme comme toi, parce que tu vois, les Lettres anciennes, ça mène nulle part. Je sais même pas sur quoi je vais m’orienter. Devenir prof ? Moi ? Ca risque de pas le faire. Bibliothécaire ? Encore moins. Vaut mieux que je me réoriente maintenant plutôt que dans 5 ans, quand il sera trop tard. En plus ça tomberait bien maintenant, avec la grossesse et tout ça. Tu vois… ? »

Elle adressa un pâle sourire à Drew, et l’embrassa sur les lèvres, avant qu’il l’insiste à finir ses révisions, pour pouvoir aller manger une pizza après. L’ex brune sourit, et se cala contre lui, en prenant ses fiches pour les mettre sous son nez.

« Pizza, ok. Révisions, je suis moins d’accord. »

Et puis quoi encore, elle n’avait pas la tête de se plonger dans quoi que ce soit aujourd’hui. Elle posa ses révisions sur la table, et pris de nouveau un magazine tout abimé, pour le mettre sur ses genoux.

« Je préfère réviser les objet pour bébé. Tu m’aides ? » dit-elle en souriant à Drew. Puis elle mit à leur hauteur le magazine, c’était parti. « Donc, il nous faut quoi… Une peluche en priorité ? Je pense qu’il faut qu’on laisse tomber les meubles pour le moment, si je trouve des planches de bois je pense que je pourrais réussir à faire un truc, comme dans ma chambre t’sais. Donc, je disais… doudous, hochet, tétine ? Ou bien on le laissera sucer son pouce. C’est toi qui vois. Ensuite, poussette et landau. Primordiaux. tout en parlant, Heaven faisait une liste dans un coin de la première page Bien spur tous les habits, puis aussi une veilleuse. Et les trucs qu’on accroche au dessus des bébés. »

Elle débita des paroles, encore des paroles, et la liste devenait de plus en plus longue. Elle était partie la demoiselle Tennessee…

« huuuumm… Drew ? Tu me suis ? ou bien je suis toute seule dans mon délire ? » dit-elle, tout en se disant dans sa tête que la prochaine étape serait de regarder ce que Drew avait coché dans le magazine, et de vois si c’était bien ou non, et d’entrer dans un grand débat.

Entre têtes de mules.

Il était bien vrai que Drew avait un don pour sortir tout un tas de conneries le plus naturellement du monde. Mais en même temps c’était sa façon d’être. Il n’était pas du genre à faire dans la dentelle, il disait toujours tout ce qu’il ressentait à l’instant même. C’était juste spontané. De toute façon il se foutait pas mal de savoir si ce qu’il disait était ridicule ou non. Il n’y avait que Drew Braden Williams pour oser dire tout haut ce que les autres pensaient tout bas. Et pour le coup il ne s’était pas gêné pour faire une drôle de remarque sur le ventre de sa bien-aimée. Dans tous les cas, même si le jeune homme trouvait que le ventre de la brunette était « bizarre » il adorait le toucher.

-Si tu veux j’peux t’emmener dans un magasin de travesti pour trouver des fringues. Parce que les magasins pour emos enceinte j’crois pas que ca existe…

Le jeune homme enlaça à son tour les doigts de la jeune femme, puis d’un coup, Drew eut comme une « illumination ».

-Hey ! t’as qu’à faire un CAP couture ! Comme ca tu pourras faire tes fringues toi-même et en plus t’auras ta réorientation.

Drew avait atteint le summum de la connerie en moins de cinq secondes. Heaven allait certainement se jeter sur lui pour l’étrangler. Mais au final, il n’avait pas spécialement tors. Bah autant trouver un côté pratique non ? Et le jeune homme avait tapé dans le mille avec son CAP couture. Le jeune homme voyait mal sa petite-amie porter des fringues basiques c’était évident. Et puis Drew n’aimerait certainement pas qu’elle s’habille en fille banale. Non d’ailleurs le style un peu barré de la brunette, enfin ex-brunette, était une des raisons pour laquelle Drew avait flashé sur Heaven. C’était comme demander au tatoué d’arrêter la drogue. Chose parfaitement impossible. Donc Heaven sans ses fringues bariolées ce n’était pas Heaven. Et puis comme ca il n’entendrait plus parler de Shakespeare et autres rigolos de l’époque.

Heaven s’était éloignée de lui en un éclair lorsque Drew supposa un court instant qu’il se transformait en fille à force de bouquiner ses magasines pour bébés. En voyant la réaction de sa petite-amie, le jeune homme leva un sourcil perplexe, et se contenta de faire la gueule. Drew n’avait peut-être pas les hormones d’une femme enceinte, mais quand sa petite-amie se barrait à l’autre bout de la table, ca l’énervait. Oui c’était parfaitement ridicule. Mais c’était parfaitement Drew n’est-ce pas ? Le jeune homme se contenta de lever les yeux au ciel face aux répliques de la jeune femme. Evidement au bout de quelques minutes, le jeune Williams ne faisait plus sa tête de mule, et recommençait à toucher le ventre de sa petite-amie. Ce n’était pas de sa faute, c’était comme si sa main était aimantée sur le bas ventre de la demoiselle.

-Il est pas à plaindre le chauffeur. T’as vu comment il était ? Nan mais quel connard quoi ! On lui donne du fric et y’a même pas un petit « merci ». De toute façon j’en ai rien a foutre qu’il me considère comme le mec le plus agressif et le plus vulgaire de tout New York, voir même du mon entier. Parce qu’au final j’suis comme ca. Bon d’accord, il m’arrive parfois d’être aimable, même si c’est assez rare. De toute façon il fallait bien quelqu’un pour le remettre à sa place ce crétin. Alors pourquoi se gêner ? Et puis j’emmerde tous ceux qui me trouve atteint, parce que j’vais être papaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !!!!

S’exclama t-il en levant les bras en l’air. Même si au début la grossesse d’Heaven était quelque chose qu’il avait eut du mal à accepter, car il se demandait comment ils arriveraient à gérer tout ca, maintenant il ne se voyait plus sans le fait d’être un futur papa. D’accord ils étaient jeunes, ils étaient en pleines études, ils étaient insouciants et alors ? Drew n’avait jamais été aussi heureux depuis qu’il savait qu’il allait bientôt être père. Et à vrai dire il se fichait pas mal du jugement des autres qui trouvait cela ridicule d’être parents à cet âge là. Par contre, si il voulait être bon père, il serait peut-être temps qu’il arrête toutes ses conneries, comme par exemple la drogue…chose plus facile à dire qu’à faire. Mais de toute façon il à sa Lisounette pour l’aider le jour où il voudra vraiment arrêter avec cette addiction. Mais tout d’abord, Drew ferait bien de prendre ses médicaments si il tient à rester en vie jusqu’à la naissance de son enfant. Car au rythme où il va, il est plutôt partit pour creuser sa tombe.

C’était une évidence, Drew était heureux à l’idée de ne plus entendre parler de Shakespeare. Ce mec qui était pourtant six pieds sous terre le rendait dingue. Il n’y avait pas une seule journée sans que sa petite-amie ne fasse référence à une de ses œuvres. D’ailleurs, pour fêter la disparition ultime de Shakespeare, le tatoué avait pour idée de brûler tous ces putain de livres qui neutralisaient les neurones de la pauvre Tennessee. Mais bon, en y réfléchissant bien, ce n’était pas sûr qu’Heaven approuve le fait qu’il brûle ses bouquins…Non elle risquerait de le jeter lui dans les flammes. Ouais, mauvaise idée en fin de compte. Même si il n’entendrait plus parler de Roméo et Juliette, Drew imaginait mal Heaven faire autre chose que de la littérature c’était une évidence. Cette fille était faite pour ces choses là. Le tatoué entrelaça alors les doigts de sa petite amie et l’écouta attentivement.

-Pas faux. C’est vrai que la grossesse peut toujours te permettre de réfléchir à ce que tu veux faire. De toute façon, t’aurais jamais pu finir l’année, il aurait fallu que t’arrête les cours tôt ou tard. Après on peut toujours en profiter pour voir avec la conseillère d’orientation. Et puis entourée de tes pots de Nutella et de ta glace t’auras le temps d’y réfléchir tranquillement. Dans tous les cas tu vas bien finir par trouver un truc qui t’intéresse.

Drew répondit au baisé de la demoiselle et passa un bras de tour ses épaules quand celle-ci se cala contre lui afin qu’ils regardent de plus près les affaires pour bébé. Ce n’était certainement pas Drew qui allait être contre le fait de feuilleter les magasines pour bébés ! Le truc c’est qu’Heaven devenait aussi accro que lui, et qu’elle était tellement à fond dedans que la demoiselle parlait sans s’arrêter jusqu’au moment où Drew perdu complètement le fil de la conversation. Le jeune homme regardait d’un air amusé sa petite-amie qui devenait aussi passionnée que lui à l’idée de faire les achats du bébé. Le jeune homme qui avait toujours son bras autour des épaules de la jeune femme se contenta de sourire en lui affirmant d’un hochement de tête que oui il la suivait dans son délire. En même temps, vu la liste qu’elle venait de faire, il pouvait facilement s’y retrouver même si il ne captait plus tout ce qu’elle lui disait. Le tatoué caressa une mèche de cheveux d’Heaven et la regarda en souriant.

-Je vois que tu commences à t’investir autant que moi. Moi j’pense qu’il lui faudrait un doudou et plein de peluches. Mais le coup des planches c’était une blague ? Tu vas pas te prendre pour Bobinette la bricoleuse ? Et puis j’ai pas envie que mon bébé dorme dans un truc ressemblant à une niche pour cabot. En plus tu sais pas te servir d’un marteau, tu risquerais d’te blesser plus qu’autre chose. Nan moi j’ai vu un petit lit super mignon, je sais plus quelle page. T’façon j’en ai remarqué plusieurs qui sont sympa. Et puis t’sais, si y’a que ca je les achète moi les meubles. J’ai envie que notre Kinder ait une chambre qui ressemble à une chambre et pas à une brocante.

C’était la terrible vérité. Les magasins pour filles un peu bizarres et complètement à part niveau fringues comme Heaven, et bien, ça n’existait pas. Ou alors, cette miraculeuse boutique était cachée quelque part dans New York, et la retrouver serait digne d’un parcours du combattant. La châtain se demanda si Drew serait partant pour une chasse au trésor, consistant à trouver l’introuvable. Peut être. Son petit ami était aussi fou qu’elle, et à eux deux ils faisaient la paire. Il se pourrait très bien qu’ils finissent par la trouver, bien que leur taux de réussite dans cette histoire ne frise même pas les un pour cent. En tout cas, pour Heaven, il était hors de question d’aller dans un magasin de travestis, comme lui avait suggérer Drew avec un petit sourire. Et puis quoi encore ? Rendre les armes et débarquer dans une boutique de racailles, avec des fringues tellement grandes qu’elle flotterait littéralement dedans, bien que son ventre soit aussi gros qu’une planète ?

« Euuuh. CAP couture, non merci. Franchement, tu me vois avec toutes se filles rêvant d’intégrer la mode, avec leur minable petit diplôme, toutes plus empotée les une que les autres ? C’est pas que c’est une mauvaise idée, mais voilà quoi. Sérieusement Drew… » dit-elle alors, en soupirant et en levant les yeux au ciel. « A ce moment là je préfère encore tenter de faire mes fringues moi-même sans leçons ridicules avec une machine à coudre. J’suis sûre que manipuler une aiguille c’est facile, tant que je m’embroche pas avec. »

Certes, elle aurait bien eu envie de lui donne un coup – n’importe où aurait fait l’affaire - pour avoir dit de pareilles conneries, mais elle n’était pas d’humeur de se battre avec un mec pareil. Oui, finalement, ce qu’elle ferait serait certainement de dénicher des fringues potables dans les boutiques pour femmes enceintes, et tenter de les Heaven-tiser. Autrement, ce qu’elle pouvait faire aussi, comme Juno, était de ne pas changer de vêtements – si ses souvenirs étaient bons, la brunette du film avait juste ajouté des élastiques à ses jeans. Acceptable en soit. Et puis, Heaven pourrait toujours piquer des sweat à Drew si le besoin se faisait sentir. Il était tellement plus grand qu’elle que flotter dedans serait parfaitement normal.

Heaven observa Drew péter un léger câble dans le bon sens quand il répondit à ce qu’elle lui dit – que le chauffeur de taxi qui les avait emmenés à l’hôpital devait le prendre pour un mec intraitable. Elle haussa un sourcil devant les paroles je-m’en-foutiste de Drew, puis finit par sourire en entendant la fin de ce qu’il dit. Il était tellement excité à l’idée d’être père… C’était à la fois étrange, adorable et… Triste. Triste pour elle, la mère poule, qui n’avait encore pas du tout avalé l’idée, qui n’avait pas encore compris ce qu’il se passait. Si, elle savait très bien que dans quelques mois elle aurait un gosse dans les bras, après des heures (peut être nombreuses) de travail, qu’elle devrait mettre ses études de côté le temps de pouvoir trouver une crèche qui pourrait garder l’enfant, ou bien s’arranger avec Drew pour qu’ils le gardent à mi-temps chacun, qu’elle vivrait dans les couches et les biberons. Mais dans sa tête, ce n’est pas son enfant, ce ne serait pas elle la mère. Comment pourrait-elle faire une bonne maman, elle qui ne sait même pas s’occuper d’elle correctement, elle qui n’est pas forte mentalement pour ?

Heaven était prise d’une crise d’angoisse. Elle se savait déjà mauvaise mère. S’était comme ça, et ça allait fatalement arriver.

« Oui, tu vas être père, et tu t’en fous – d’ailleurs j’avoue que je vois pas très bien le rapport entre ça et un chauffeur de taxi de mauvaise humeur. » déclara-t-elle avec de la tristesse dans la voix. « Il serait peut être temps que je m’en rende compte, moi aussi. »

Elle soupira, releva la tête en essayant de faire partir cette déprime passagère. Elle ne devait pas montrer à Drew qu’elle se posait plein de question. Certes, il devait être au courant qu’elle était en pleine phase de remise en question, mais elle ne voulait pas l’alarmer pour autant. Parce que quand Drew commençait, elle en aurait pour un sacré bout de temps de le convaincre du contraire…

Donc, sourire et bonne humeur obligent. Surtout quand Drew est d’une humeur pas croyable en parlant de la fin de l’époque Shakespearienne, et d’un renouveau – ce qui veut dire, clairement, dans l’esprit du brun, est qu’il est désormais le seul dans le cœur d’Heaven. Quand même, être jaloux d’un mort… C’était du Drew tout cracher. Mais la demoiselle Tennessee n’allait pas lui reprocher ça, puisque c’est cette part là de lui aussi qu’elle aimait.

« DONC, » commença Heaven avec un semblant de sourire. « Je révise pas. Je vais quand même me présenter aux examens, je pourrais peut être en tirer quelque chose… Un diplôme de plus sur mon CV, truc du genre. Au moins l’année n’aura pas été perdue, bien qu’autrement, elle a été très… riches en nouvelles. » continua-t-elle, la voix chargée de sous entendu. Si on récapitulait cette année « qui aura servi à rien », on aurait pu plus placer d’événements personnels que scolaires. Elle a passé sa vie dans les boites de nuit, couché un peu partout, sorti avec Drew une première fois, eu la plus grande déception amoureuse de sa vie, passé ses soirées à rire avec sa meilleure amie Candice, mis le bordel dans les couloirs avec Mékané, recroisé le chemin de ce mec, vu sa vie s’effondré en apprenant qu’elle n’avait pas le même père que ses frères, et est tombée enceinte… Que de choses. Une année à marqué dans le livre de sa vie. « J’vais quand même essayé de rester dans l’UFR1. Quand même, le département un temps soit peu artistique. J’suis obligée de rester là bas. » Elle sourit. « Et pis de toute manière, c’est bientôt les grandes vacances, l’été tout ça… Tu sais, je pense qu’en septembre, je ferais la rentrée comme tout le monde, même si je suis énorme. Loupé les premiers cours de ma réorientation c’est pas terrible ! Bon, je serais quand même à… 5 mois et demi, mais bon. Ca peut le faire. »

C’est surtout qu’elle ne voulait pas passer ses journées seule dans son appartement, qu’elle partageait avec d’autres personnes. Non, elle voulait rester active, quand même… C’était pas son genre de se morfondre dans son canapé toute la sainte journée. Enfin, elle, son truc, c’était juste le soir. Sinon elle ne tenait pas en place.

D’ailleurs, son discours enflammé sur les trucs pour bébé était preuve qu’elle avait de l’énergie à revendre, même enceinte. Heaven fut un peu vexé quand à ses commentaires sur ces idées de bricolage, puis fronça le sourcil. Bon, bah… C’était mort. Ils auraient qu’à acheter, mais dans cette idée là, Heaven n’aimait pas le côté commun qu’aurait leur enfant. Quand même, il aurait pas des parents comme les autres, il se devait d’avoir des meubles différents, complètement sorti d’un autre monde !

Du monde à Drew et Heaven, par exemple.

« Qui te dit que je sais pas me servir d’un marteau, hein ? » dit-elle, vexée. « ca se trouve je suis plus forte que tu l’imagines. »

Dans sa tête, elle pensa très fort un « ou pas ».

« T’sais dans Juno, ils parlent aussi de peinture. » Elle ouvrit de grands yeux. Il fallait absolument qu’elle revoit ce film là. « Genre. Bon, priorité, tu dis, peluches. Je pense que ça serait pas mal déjà de regarder quel style de chambre on veut. En plus on sait même pas si c’est un mec ou une fille…Rose ou bleu ? Vert ? J’aime bien le vert. Pâle. Pas foncé, ça fait moche sur des murs. Et ne me sort pas noir, sinon je te mords, compris ? »

Elle eut un grand sourire. Elle savait très bien que Drew aurait été du genre à lui sortir une couleur comme noir, pas du tout adapté à un bébé. Parce que c’était Drew quoi.

« Oooooohhhhh ! Faut absolument que je retrouve ma première peluche. Celle que je trimballais partout. Qui est toute déchiquetée. Symbole, vois tu. »

Heaven. Désespérante à souhait.

Evidemment Heaven n’était pas vraiment d’accord pour l’histoire de CAP couture. Dommage. Pour une fois que Drew s’était creusé les méninges pour trouver quelque chose d’utile. Bah quoi ? En plus elle aurait pu lui coudre de super vêtements. Le budget fringues du brun aurait été pas mal réduit et ca aurait du bien à son porte monnaie. Mais bon, il n’allait pas contredire la femme enceinte qui était devant lui. Parce qu’une femme enceinte, c’est dangereux. Mais quelque part il la comprenait car être entouré de toutes ces connes sans cervelle et qui ne parlent que maquillage et tout le bordel c’était franchement lourd.

-Mouais…t’as raison. En plus c’est vrai que j’te vois mal entourée de toutes ces blondasses. Tu crois que si on fou un coup d’aiguille dans ton ventre sa se dégonfle comme les ballons ?

Dit-il en riant. Drew ou ses répliques de merde, seconde partie. Pourquoi avait-il toujours des idées à la con ? Et puis d’abord où allait-il chercher toutes ces sottises ? Mais bon, depuis le temps, Heaven avait eut le temps de s’accoutumer au phénomène Williams. Trèves de plaisanteries. Il fallait sérieusement qu’ils s’activent pour trouver des fringues potables à la demoiselle Tennessee avant qu’elle n’arrive plus à rentrer dans ses vêtements d’Emo. Dans cette grande ville qu’était New York, il devait forcément y avoir des boutiques pour femmes enceintes « pas normales ». C’était vrai, Heaven était loin d’être une fille normale. Mais bon, Drew aimait les filles qui sortaient du lot, alors avec Heaven il avait de quoi faire.

-Sinon tu continues à t’habiller comme tu fais, mais tu prends un peu plus large, point barre. Ou alors j’te passe un de mes T-shirt. Bah, tu t’en sers bien comme pyjama alors ils peuvent avoir une autre fonction.

Pourquoi se compliquer la vie quand on peu faire simple ? Plus d’une fois il est arrivé à Drew de chercher des hauts sans pouvoir mettre la main dessus. Evidemment c’était mademoiselle Tennessee qui les avaient. Pourquoi les filles piquent toujours les vêtements de leurs petits-copains ? En plus ce n’est pas juste car les mecs eux, ne peuvent pas mettre des vêtements de leurs copines. Enfin …les mecs normalement constitué, car le tatoué à déjà piqué des trucs à la brunette. Non pas qu’il ait des pulsions à se prendre pour un travesti, c’est juste qu’il aime bien avoir son odeur sur lui. Et puis il ne pique pas non plus un de ses débardeur, non il lui pique de temps à autre une écharpe ou une connerie dans le genre…du moment qu’elle n’est pas rose fluo. Chose assez difficile à trouver puisque l’armoire de la demoiselle ressemblait plutôt au Pays de Candy.

Comment ca il allait être père et il s’en foutait ? Drew eut un peu de mal à encaisser ce que venait de lui dire sa petite-amie. Pourquoi elle lui balançait ça ? Le jeune homme n’était pas dupe. Il s’était parfaitement rendu compte du petit coup de cafard qu’avait Heaven. Elle avait beau lui faire un petit sourire histoire de brouiller les pistes, Drew avait parfaitement remarqué que ca n’allait pas. Le tatoué la fixa d’un air sérieux.

-Qu’est-ce qui ne va pas ? Moi je ne m’en fous pas d’être père, justement j’suis super content. Mais toi à voir la tête que tu tires t’as pas l’air du même avis que moi… T’sais fallait avorter dans ces cas là.

Blasé, Drew se décala de la brunette et se contenta de feuilleter les pages de magasines pour bébé. Ca lui faisait franchement mal qu’Heaven soit comme ca. D’accord il comprenait bien que ce n’était pas facile pour elle de se retrouver en cloque à dix-huit piges, mais bon ce n’était pas comme si elle était seule puisque Drew était là. Il se pliait même en quatre pour la rendre heureuse. Tout du moins, il faisait de son mieux malgré qu’il soit malade à en crever. Le jeune homme avait franchement mal pris le fait qu’elle dise qu’il s’en foutait d’être père. Genre il l’avait foutu enceinte et voila quoi. C’était la grosse connerie et puis fin de l’histoire. Heaven pouvait très bien l’engueuler et dire qu’il faisait la gueule pour un rien, le tatoué s’en fichait royalement. Il se sentait affreusement blessé par les paroles ( surement involontaires ) de la brunette. C’est pourquoi il ne répondit absolument pas à tout ce qu’elle lui disait. Bien entendu il écoutait, mais aucune parole de sortait de sa bouche. Drew frôlait même l’ignorance vis-à-vis de sa petite-amie.

Ca l’énervait qu’elle balance tout un tas de sous entendus. Genre Drew était trop con pour ne pas comprendre où elle voulait en venir ? Le jeune homme se contenta de prendre un stylo et de gribouiller sur une page du magasine en repassant au moins cinquante fois sur le même trait. Peut-être bien qu’il se vexait trop vite, mais rien à foutre. Pourtant, Drew détestait faire la gueule à Heaven, puisqu’il y avait de fortes chances pour qu’elle fasse une crise de larmes et qu’elle bad encore plus. Mais bon, fallait pas le prendre pour un con non plus le Williams. Drew n’avait peut-être pas les hormones d’une femme enceinte, mais il était aussi caractériel qu’elles, et tout aussi con et chiant quand il faisait sa tête de mule.

-J’te signale que t’es une fille. Alors c’est évident que tu ne sais pas te servir d’un marteau. T’as déjà du mal à ouvrir un pot de moutarde alors…

Cingla t-il sur un ton largement moqueur. Quand quelque chose avait contrarié Drew, bizarrement on le remarquait bien à ses répliques pas toujours des plus aimables, et là particulièrement misogyne. Mais il s’en foutait. Bah ouais, tout comme il s’en foutait d’être père. Oui il était rancunier, mais il avait ses raisons. Alors il continua à griffonner tout et n’importe quoi sur son magasine tout en faisant mine de ne pas écouter sa petite-amie. Même si il savait parfaitement que son comportement allait avoir des conséquences dramatiques sur la suite des évènements, Drew s’en foutait complètement. Puis il plaqua violement son stylo contre la table et lança un regard pas super aimable à la demoiselle Tennessee.

-Vert, rouge, orange, marron j’en ai rien à foutre. Tu mets ce que tu veux ! C’est pas mon problème. Vu que dans tous les cas je m’en fiche d’être père comme tu l’as si bien dit.

Hop. Nouvelle petite pique. Le jeune homme savait très bien qu’il agissait comme le parfait connard à l’égare d’Heaven, mais c’était plus fort que lui. Il avait beau l’aimer comme un dingue, c’était dans son caractère de balancer tout un tas de trucs pas super sympathiques lorsqu’on l’a blessé.

-T’sais quoi ? J’crois que je ferais mieux de me casser. Sinon je risquerais d’être encore plus désagréable. Et puis comme ca j'te laisserais en tête à tête avec ton Shakespeare.

Heaven remarqua la déception passagère sur le visage de Drew – elle venait de repousser son idée, une idée qu’il avait cherché, elle comprenait qu’il se sente légèrement vexé, ou bien carrément ‘triste’ (enfin, triste, façon de parler ; comme si Drew pouvait voir son humeur changer ainsi pour une petite chose, surtout lui). Elle lui adressa un petit sourire, dans le genre « je suis désolée mais t’en fais pas ton idée était pas si nulle que ça », se pencha pour déposer un petit baiser sur ses lèvres, et l’écouta parler de prendre des tailles plus grandes, ou bien prendre ses vêtements à lui. Certes, c’était l’ idée, la meilleure en soit, mais elle voyait d’un mauvais œil le fait d’acheter des habits plus grands. Elle ne savait pas pourquoi… Genre, son ventre ne ferait pas trop bizarre, à tirer le tissu alors que le reste sera dix fois trop grand pour sa taille poupée ? Elle préférait garder clairement les mêmes vêtements, et laisser son ventre prendre toute la place qu’il veut, même si ses t-shirt seraient à deux doigts d’exploser ; ou encore lui prendre ses t-shirt à lui. Quoi que, il risquerait de faire très souvent la gueule, donc l’idée était à repousser qu’à l’extrême.

« Prendre tes t-shirts. Merveilleuse idée. Je pense que je vais faire ça – et si j’étais toi je commencerais dès maintenant à pointer mes affaires. » répondit-elle avec un immense sourire – elle voulait qu’il comprenne qu’elle rigolait, et que non, il n’allait pas voir toute sa garde robe disparaître au fur et à mesure que les mois passaient, et qu’elle tenterait de trouver une autre solution. « Affaire habit close. Mais si tu insistes tant pour la réorientation, je vais peut être me renseigner sur le milieu de la mode, tu vois, tout ce truc là. Dans le côté artisanal de la chose – et non mon ventre se dégonfle pas, enfin je pense pas, à la vue d’une aiguille -, mais pourquoi pas le design aussi. Genre, j’habille les modèles que tu vas photographier. La classe. Heaven Tennessee et Drew Williams. », puis elle se mit à rire. Voilà, c’était elle qui commençait à complètement divaguer et à sortir des conneries anormalement grosses comme son ventre. « En parlant de photographie. Je pourrais être un jour ton modèle ? »

Elle avait déjà pensé à cette chose là, mais ne c’était jamais résolu à demander clairement à Drew. Non, elle ne voulait pas être sa muse – sans façon, merci pour elle, en plus elle ne savait même pas dans quel domaine de photographie Drew voulait s’orienter – mais elle adorerait servir, un jour, pour une série de photos. Genre, dans la rue, des photos en noir et blanc, à la Doisneau, ce photographe Français qu’elle aimait bien, et qu’elle avait découvert grâce à son demi père Tennessee.

Heaven était plongée dans ses rêveries, ses délires de photographie et de haute couture – elle avait toujours attendu un créateur de vêtements pour les bourges digne de ses fringues à elle, sans succès, alors pourquoi ne pourrait-elle pas l’être ? – tout en répondant à Drew avec le chauffeur de taxi, quand Drew commença à péter un câble tout seul. Qu’avait-elle bien pu dire ? Elle ne se souvenait pas avoir dit une connerie, ni même avoir laissé échapper quelque chose qui aurait pu l’agacer. Elle ne comprenait vraiment pas pourquoi il commençait à s’énerver, là, au beau milieu de la bibliothèque, alors qu’au contraire elle était de plutôt bonne humeur, et que personne ne l’avait réellement agressé verbalement. Bon. Heaven attendit qu’il finisse de parler, de la blesser serait plus juste, puis soupira un bon coup.

[color=lightslategray] « J’ ai jamais dit que tu t’en foutais d’être père, au contrai… » Commença-elle, en prenant le visage de Drew entre ses mains. Elle ne finit pas sa phrase, voyant clairement que Drew ne l’écoutait pas, et qu’il était parti sur la planète je-fais-la-gueule-puisque-tu-l’as-cherché, et décida de passer à autre chose, comme le fait qu’elle savait très certainement se servir d’un marteau pour confectionner des meubles et de ne pas s’attarder. Elle devait quand même trouver d’où venait ce quiproquo, trouver la phrase qu’elle avait bien pu dire pour qu’il prête cela de cette manière. Elle avait parlé juste répéter ce qu’il lui avait dit. « Je m’en fou je vais être papa. », elle se rappelait très clairement de ces paroles là, et tenta de se souvenir de ce qu’elle avait ensuite dit. « Oui, c’est vrai, tu vas être père, et tu t’en fous. »

Oups.

« Ecoute, Drew, je crois qu’en fait je me suis mal exprimée, en fait je v… » tenta-t-elle une nouvelle fois de dire, mais Drew l’interrompit pour lui balancer à la gueule qu’elle ne savait même pas ouvrir un pot à moutarde, donc qu’elle était trop nulle pour pouvoir manipuler des outils. Bien. Elle avait donc définitivement affaire à une tête de mule ambulante et complètement bornée en prime. Dire qu’elle était aussi son petit-ami. Elle ne se vexa pas quand à la remarque, ne chercha même plus à se défendre, et le laissa une nouvelle fois divaguer tout seul alors qu’elle continuait sur les peintures. Elle allait bien finir par lui faire comprendre qu’elle n’avait pas voulu le blesser, et qu’il avait juste mal interprétée ses paroles sans aucun sens.

Une nouvelle tentative de sa part, une nouvelle pique. Heaven perdit patience en un quart de seconde – certainement les hormones, mais là, elle en avait plus que marre de lui et son caractère de chien. Ils ne pouvaient même pas passer une seule semaine sans s’engueuler à cause de broutilles. Il ne la connaissait donc pas assez bien pour savoir qu’elle ne lui balancerait pas de choses pareilles à la gueule ? Il ne savait pas qu’elle ne déballait pas des conneries à la chaine sans réfléchir ? Certes elle n’avait pas été très explicite, mais il ne cherchait même pas à comprendre… Putain qu’elle en avait marre.

« Putain Drew, arrête bordel ! Tu sais même pas si c’est ce que j’ai voulu dire ou non, tu cherches même pas à comprendre pourquoi j’ai dit ça, dans quel contexte. Tu sais même pas ce dont je parle quand je dis que tu t’en fous bordel ! Tu ne m’écoutes pas, tu cherches pas à comprendre, tu t’entêtes comme ça – on dirait même que t’aimes ça- et tu me soules ! Je disais que tu te foutais du chauffeur de taxi. Je sais quand même que t’es heureux d’être père, plus heureux que moi, Drew… S’il te plait, arrête. J’en peux plus. Tu le vois peut ^petre pas, mais je suis à la limite. T’es la goutte d’eau, celle qui… Qui… »

Elle fronça les sourcils, ne chercha pas à finir sa phrase. Elle soupira bruyamment, se leva et jeta un regard dédaigneux dans la direction du tatoué. Elle l’adorait, mais là, elle n’en pouvait plus. Saturation. Ce n’était pas que lui, mais comme elle venait de dire, une accumulation de choses, certaines petites, d’autres moins.

« Et là tu vas me dire ‘ mais qu’est ce qu’il ne va pas ?’ Dans le genre où ma vie a toujours été rose, que comparée à toi, je vis dans un conte de fée, que j’ai eu une chance incroyable. D’accord, je veux bien le reconnaitre, jusque là, ma vie n’a pas été catastrophique. Tu veux peut être des exemples de l’effondrement de ma vie ? Très bien. J’ai ma meilleure amie qui va hyper mal, une demi-sœur depuis genre 1 mois. Un père qui ne me reconnait même pas, un beau père complètement barge. J’ai un petit ami malade qui ne se soigne pas, qui pète un câble dès qu’il y a un truc qui va de travers. Tente juste de comprendre. T’en es capable, t’as juste la flemme de le faire ! En plus de ça, je suis enceinte de lui. Certes, ce n’est pas un gros problème, mais quand on regarde que dans la vie de l’enfant que je porte je lui aurais juste servi de mère couveuse, que je n’aurais plus aucune action dans son existence à part le mettre au monde, c’est tout de suite moins bien. Oui, Drew, je lui servirais pas plus, tout simplement parce que je serais pas capable de m’en occuper, même si je le veux. Je suis même pas capable de m’occuper de moi ! Que j’ai réussit à survivre pendant un an toute seule dans New York relève du grand défi, sincèrement, tu m’imagines mère ? Toi je sais, au contraire, ça sera toi qui lui apprendra à faire du vélo, à faire les exposés pour les cours, j’suis même sûre que tu serais capable de lui apprendre à rouler son premier joint, très bien, je suis super contente pour toi – père parfait, bla, bla. Sérieusement, c’est super. Mais… Mais moi dans tout ça ? Je ferai rien. Je resterai là dans l’ombre, alors que tu l’aideras à faire de la balançoire, alors que j’oserai pas m’approcher de peur de lui faire mal, de le faire tomber. Je pourrai pas être une mère comme il faut, parce que j’aurais même pas réussit à comprendre pendant ma grossesse que j’avais un gosse. Ca ne sera pas le mien, Drew. Mais juste le tien. Et ça me ronge. Je regrette pas de ne pas avoir avorté, et c’est absolument pas contre toi tout ça, mais voilà, j’en peux plus. Et personne ne l’a remarqué. Personne. Là, je suis seule, même si t’es un semblant là. Alors s’il te plait, arrête. »

Des larmes qui coulent toutes seules, voilà ce qu’elle avait sur ses joues. Explosion ? Oui, mais c’était involontaire, même si elle en avait plus que marre de tout cela. Elle voulait faire comprendre à Drew qu’elle aussi avait tous ses droits de péter un câble, qu’il l’énervait à toujours croire qu’elle l’agresse.


« C’est ça barre toi ! Je passerais dans l’après midi chercher ma trousse de toilette. Je dors dans mon appartement le temps que tu sois de nouveau dans un état normal. J’veux être seule. J’ai pas besoin de toi. »

Mais malgré tout cela… Elle l’adorait, elle s’extériorisait juste, le temps qu’elle puisse de nouveau tout garder pour elle.

Huuum, assez nul je dois le reconnaitre. J’ai
une excuse je l’ai écrit dans l’avion pour Sydney !
( et désolée de faire péter un câble comme ça
à Heaven, mais j’avais tellement envie
& désolée pour la longueur du discours aussi )

Bon d’accord là ca partait en couille totale. Pourquoi ne pouvaient-ils pas passer une seule journée comme un couple normal à ne pas s’engueuler ? Non ce serait bien trop demander au sulfureux couple que forme Heaven et Drew. Evidemment, une fois de plus le tatoué était l’élément déclencheur de toutes ces hostilités. Con, borné têtu, chiant, caractériel, susceptible, tout un tas d’adjectifs pour qualifier le comportement du jeune Williams envers sa petite-amie. Quand la brunette lui demanda si un jour elle pourrait être son model il ne répondit pas. Bien sur qu’il serait ravie de la prendre en photo, mais il était bien trop énervé pour accorder des faveurs à mademoiselle Tennessee. Non en fait ca aurait plutôt été un coup à ce qu’il lui balance son appareil photo en pleine tête. C’est pourquoi pour éviter toutes violences physiques, Drew s’était rabattu sur une autre option, la violence verbale. Ca, il était un professionnel en la matière. C’est pourquoi il ne laissait pas sa petite-amie en placer une dans la conversation et ne se gênait pas pour lui balancer tout un tas de charmantes petites piques à la figure histoire de la remettre bien comme il faut à sa place. Bon, à voir la tête d’Heaven, elle n’avait pas vraiment l’air de comprendre pourquoi il pétait littéralement les plombs sur elle.

Et puis Heaven finit par péter les plombs à son tour elle aussi. Parfait, une troisième guerre mondiale allait pouvoir éclater en plein milieux de la bibliothèque. Effectivement il ne cherchait pas à comprendre, et il s’en foutait royalement à vrai dire. Bien trop fixé sur ce que lui avait dit sa cher et tendre petite-amie peu de temps auparavant. Au fond elle n’avait pas tors, Drew aimait bien « foutre la merde » mais là c’était pas vraiment volontaire. Bah non, c’était juste un putain de quiproquo, mais Drew ne voyait pas de la même façon que la brunette alors évidemment il était parti au quart de tour et avait péter son cable. D’un coup, le jeune homme vit sa petite-amie se lever d’un bon de sa chaise alors il la toisa d’un air perplexe, se demandant ce qu’elle foutait. Eh bien il ne fut pas dessus du voyage puisque la demoiselle Tennessee parti dans un long et ennuyeux monologue sur ses états d’ames. Drew se contenta de « l’écouter » et de la regarda avec son éternel air blasé histoire de lui faire comprendre qu’il fallait qu’elle se calme car les hormones lui montaient carrément à la tête.

- Je ne me rappel pas t’avoir reproché quoi que ce soit sur ta vie comparé à la mienne. Moi j’en ai strictement rien à foutre de ma vie d’avant alors qu’elle soit rose ou pas j’men tape vois-tu.

Drew avait beau rester le plus longtemps possible de marbre face au mal-être de sa petite-amie, il ne put résister plus longtemps aussi insensible quand elle énuméra toutes les merdes qui lui étaient tombées dessus en si peu de temps. Bon d’accord là il se sentait franchement con, stupide, idiot, imbécile, bon à rien. Il ne put se retenir de rire quand la jeune femme lui dit qu’il était parfaitement capable de lui apprendre à rouler un joint. Ne supportant plus de voir son seul et unique amour dans un tel état, Drew se leva à son tour de sa chaise et se dirigea vers Heaven. C’est qu’il n’aimait pas la voir comme ca surtout à cause de lui. Mais bon, à 99 % c’était toujours à cause de Drew si elle finissait en larmes et que lui venait toujours s’excuser en la prenant dans ses bras. Alors pourquoi changer les bonnes vieilles habitudes ? Le tatoué ouvrit dans grands la bras pour enlacer sa petite-amie. Oui mais voilà, la brunette le dégagea royalement en repoussant en arrière. Le jeune homme se rattrapa au rebord de la table et la regarda avec incompréhension. Et puis voila qu’Heaven se barrait en courant de la bibliothèque en pleurant. Merde, quel con ! C’est qu’il y était vraiment fort sur ce coup là pour qu’elle le jette de cette façon. Drew ne perdit pas une seconde de plus et se mis à la poursuite de la demoiselle Tennessee en lui courant après.

- HEAVEEEEN !!

HurlA-t-il comme un malade, dans les couloirs de l’établissement, pendant que les étudiants regardaient avec grand intérêt la scène qui se déroulait sous leurs yeux. Genre les feux de l’amour en live. En plus ca le faisait complètement flippé car à courir de cette façon, Drew avait peur pour le Kinder en route. Ouais genre qu’elle fasse une fausse couche à cause de l’effort ou un truc du style. Le tatoué la poursuivit meme à l’extérieur du campus. Il était encore bien trop loin d’elle lorsqu’il la vit traverser la route sans faire attention à elle. Oui mais voilà, le drame arriva rapidement puisque Heaven se fit violemment percuter par une voiture sous les yeux de son petit-ami. Drew hurla et se précipita vers la brunette qui était inconsciente à cet instant. Drew ne savait pas quoi faire, il était bien trop paniqué. Agenouillé sur la route et les larmes aux yeux il appela rapidement une ambulance. Il voulait tout simplement qu’on sauve sa petite amie. Car sans elle il n’était absolument rien.

Heaven savait parfaitement qu’il n’en avait strictement rien à faire de ce qu’elle venait de lui dire, et pour tout dire, cela ne l’étonnait en aucun cas. Il fit quelques commentaires – mais Heaven était trop à bout de nerfs pour entendre, écouter, comprendre quoi que ce soit. En plus, elle savait parfaitement dans quel domaine ils se situaient : reproches, ton je-m’en-foutiste, dédain, même. Voilà qu’ils échangeaient leurs rôles ! Il était temps qu’il comprenne ce qu’elle endurait, comment elle était obligée de prendre sur elle pour lui, alors qu’il était une parfaite tête de mule, pour être toujours à ses côtés. Qu’il comprenne que, même s’il avait un comportement beaucoup, beaucoup mieux – carrément, s’en était certain, comparé à leur première tentative-, il y avait encore des choses dures… Genre ses crises d’énervements fréquentes, sa manière de penser qu’elle le sous-estime toujours, qu’elle le prend pour le dernier des abrutis, qu’il croit qu’elle passe son temps à faire des sous entendus. Maintenant, c’était passé au dessus de sa patience d’or. Non, elle en avait franchement marre.

Non, elle n’avait même pas envie de pleurer. Enfin, elle n’avait pas encore atteint cette limite – celle où elle ne pouvait plus rien faire d’autre que laisser les larmes s’échappées toutes seules, qu’elle laissait cette faiblesse montée à ses yeux, devenir vulnérable, faire sortir cette colère et ce désarroi, là, aux yeux de tous. Il fallait dire, elle n’était franchement pas d’humeur à vouloir cela, au contraire, elle voulait se montrer plus forte qu’elle en avait l’air, plus forte que ce qu’elle était. Elle savait que Drew n’était pas dupe, mais il fallait que ça change. Vous savez, ce point de non retour, et bien, il était là, pour Heaven. Elle l’avait atteint à cause d’un simple quiproquo. « Goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Dicton stupide qui prenait tout son sens maintenant.

Quand, finalement, après avoir déballé tout ce qu’elle avait sur le cœur, elle sentit Drew s’avancer vers elle pour la serrer dans ses bras – comme toujours – elle se sentit briser, littéralement briser. Il ne la comprenait vraiment pas, vraiment plus. Ce n’était pas ça, ce dont elle avait besoin. Elle ne voulait plus de cette étreinte « C’est pas grave chérie », qui au final, ne lui avait rien apporté, à par de s’intérioriser encore un peu plus. Non, maintenant, ce qu’elle voulait, c’est qu’il prenne le temps de l’écouter, de comprendre tout ce qu’elle avait à lui dire. Elle ne voulait pas de la reconnaissance, juste quelqu’un sur qui s’appuyer, et qui ne part pas au quart de tour dès qu’elle s’exprime de travers. Mais c’était dur apparemment. Elle était tombée amoureuse de la mauvaise personne.

« Tu ne comprends pas. Tu ne comprends plus. » chuchota-t-elle, avant de le repousser assez fort pour pouvoir se dégager de ses bras, et juste avoir le temps de piquer un sprint, en laissant toutes ses fiches de révisions dans les catalogues de Drew, prenant de justesse son sac de cours, et partant de la bibliothèque, les larmes coulant sur ses joues rosées. C’était le seul échappatoire qu’elle avait trouvé. Elle savait qu’il la suivrait, voir même qu’il la rattraperait, mais elle comptait sur les poumons abimés, la mauvaise santé et même la drogue qu’il avait du prendre pour le ralentir, le temps qu’elle trouve un métro et qu’elle s’enferme dans sa chambre, pour ne pas en sortir. Peut être même qu’elle passerait avant par chez lui pour prendre ses affaires, et pleurer dans un des t-shirts qu’elle lui aurait pris en chemin.

Bon plan.

Elle traversa le campus, une main sur son ventre – à ce moment là, elle ne pensait pas au Kinder, en aucun cas, c’était plus fort qu’elle, elle avait d’autres préoccupations plus égoïstes -, et l’autre main agrippant son sac à moitié ouvert, noir et sans forme, plein de rubans divers et variés. Elle essuya rageusement une larme avec sa main libre, entendit les appels de Drew à travers le parking des professeurs, et accéléra son rythme. Elle avait mal à son bas ventre, mais ça n’allait pas le tuer. Quand même…

Un nouvel « Heaven », et elle traversa la route précipitamment. Peut être que les voitures le découragerait. Pour elle, la voie était libre. Elle était au milieu de la route, tout allait bien, elle allait pouvoir rejoindre l’autre trottoir et se dépêcher de descendre les escaliers, passer un ticket et prendre la première ligne venue.

Jusqu’à ce qu’une couleur jaune entra dans son champ de vision – brusquement, elle ne comprit même pas ce qu’il se passait. Elle se sentit partir en l’air, percuter le sol, tout ça en moins d’une seconde. Puis une étrange douleur, elle poussa un cri – de douleur, de peur. Tous ses sentiments s’étaient envolés. Elle ne désirait qu’une chose : que ça s’arrête. Puis elle ne vit plus rien. Elle entendit juste son mot, hurlé quelque part à sa droite, d’une voix étrangement familière. Connaissait-elle cette voix ? Ce mot lui disait quelque chose également. C’était si étrange. Un mot…

Heaven ; Paradis.