Sur le lit, le jeune homme dort paisiblement. Ses bras sont écartés et ne laissent que très peu d’espace. Stefan bouge parfois en changeant de côté, droite, gauche, mais atterrit toujours sur le dos. La position est tellement plus agréable ! Sa bouche est fermée, ses yeux sont clos et en aucun cas il ne pense à se réveiller. C’est le seul jour de la semaine où il commence à 10 heures, et à chaque fois, Stef ne pense qu’à une seule chose : faire une grasse matinée. Depuis qu’il présente son émission, il s’accorde encore moins de temps qu’avant et travaille comme un acharné. Sa grasse matinée est donc bien méritée et rien ni personne ne pourra la gâcher. Ni même son portable qui vibre à l’instant. D’un geste de la main, dans l’inconscience, Stefan le repousse de la main et le fait tomber au sol. La touche verte pour décrocher est appuyée sous le choc et une voix résonne très faiblement. Une voix féminine qui l’appelle, qui lui demande si il est bien présente et finalement, un sourire se fait entendre lorsque la jeune femme prononce sa dernière phrase. « Espèce de flemmard ! ». Est ajouté un « Dors bien. », puis plus rien. Elle a raccroché et ça n’a pas réveillé le brun qui vient de loger un sourire au coin de ses lèvres, à croire qu’il fait à l’instant un rêve magnifique. Un rêve dont il ne se souviendrait pas à son réveil, comme à chaque fois, mais qui le rendrait d’excellente humeur, sans aucun doute.

Finalement, c’est de courte durée. Un oreiller atterrit sur son visage, avec brutalité. Stefan fronce les sourcils et ouvre les yeux rapidement, apercevant son abruti de meilleur ami en face de lui. Une grimace, un râlement, montrant son mécontentement, puis il referme les yeux tout en écoutant d’une oreille distraite Matt qui est en train de lui demander de se lever. Au bout de deux longues minutes, il abandonne et se retire de la pièce. Stefan profite de ce silence pour essayer de se rendormir, en vain. En tournant la tête sur le côté, le journaliste cligne des yeux, agréablement gêné par les rayons du soleil qui transpercent la persienne blanche. Doucement, il porte son bras jusqu’à son visage, pose sa main sur celui-ci et le frotte sans grande délicatesse. Ses yeux s’ouvrent, un à un, puis se referment, gênés par la lumière, avant de se rouvrir une nouvelle fois et de se poser sur le plafond, l’observant. Un long soupir s’extirpe d’entre ses lèvres, son sourire est toujours présent et témoigne ainsi de sa bonne humeur. Stefan se redresse, les mains appuyées sur le matelas recouvert d’un drap blanc froissé par ses mouvements de la nuit. Prenant son courage à deux mains, il se tourne à gauche, de manière à pouvoir poser son premier pied sur le sol, puis le deuxième, et de se lever par la suite, les bras levés, écartés, s’étirant. Une fois fait, il fait quelques pas, marche sur son portable qu’il récupère aussitôt s’être aperçu de ça, puis se rend compte de l’appel reçu. Amusé, sentant qu’une conversation a été entretenue, ou plutôt, un monologue, Stefan ne retient pas un léger rire, tout en posant le portable sur la table de chevet de couleur chocolat. Il se saisit ensuite de le coussin et discrètement, sort de la chambre pour aller surprendre son meilleur pote dans le salon, où il lui balance l’oreiller en pleine figure.

Enfoiré ! S’exclame-t-il, en fronçant les sourcils, ce qui décroche un énorme sourire à Stefan qui hausse les épaules et qui lui répond d’un simple regard taquin, qui en dit long. L’homme s’éclipse ensuite dans la salle de bain, une pièce bleue, plutôt froide, mais qui paraît tout de même très agréable, grâce aux trois petits miroirs accrochés au mur. Niveau décoration, ce n’est pas trop ça. Il faut dire que Matt et Stefan ne sont pas doués pour décorer une pièce ! Stefan fait tomber son boxer noir sur le sol, puis prend place dans la baignoire, debout, avant de tourner le robinet d’eau chaude de plusieurs tours, un seul pour l’eau froide, et de se laisser aller sous l’eau qui tombe sur son corps nu. Pour se laver, le shampooing « Axe » pour homme, est utilisé. Un shampooing qui fait plutôt « viril », tout comme le gel douche.

Une fois la douche prise, il se retire de la salle de bain avec une serviette enroulée autour de sa taille, disparaît dans sa chambre et enfile un nouveau boxer, un jean simple, bleu et un tee-shirt noir. A l’extérieur, il fait plutôt bon, inutile de prendre autre chose. Dans le petit salon, son colocataire l’interroge sur sa soirée et comme souvent, il lui répond ne pas être disponible. Taquin, Matt n’hésite pas à le taquiner sur la visite qu’il va passer à Jal. Tout de suite, ça le fait sourire, mais en repensant au lourd secret qui rôde au-dessus de sa tête, l’homme reprend un minimum de sérieux et, tout en attrapant une brioche, salue son ami et s’éclipse enfin, hors de l’appartement.

Quelques minutes plus tard, le voilà à son lieu de travail, en train de bosser sur ses articles, puis part à l’extérieur pour faire la rencontre de certaines personnes qu’il interview pour le magazine. Les heures passent, la diffusion de son émission à la radio passe et avec l’aide de ses collègues sur certains problèmes, il répond correctement aux attentes des internautes. Ca peut être n’importe quoi, des problèmes d’alcool, de cœur… De cœur. Lui qui n’est pas doué ! Ca ne l’empêche pas de faire bien son taf.

La journée terminée, Stefan fait un signe à ses collègues, puis sort de son lieu de travail. Une collègue sort en même temps que lui et fait la route en sa compagnie, comme chaque soir. C’est d’ailleurs elle qui l’a appelé dans la matinée. Ils sont assez proches, mais ça reste une relation purement professionnel, du moins, à ses yeux. Le trajet commun achevé, tous deux se quittent, s’adressent un sourire et partent chacun d’un côté. Et comme souvent, Stef ne prend pas la direction de son chez lui, mais plutôt de l’appartement d’étudiant que tient sa meilleure amie, Jal. Son cœur commence à battre la chamade, un petit nœud fait son apparition au creux de son estomac et ses mains deviennent moites. Il a réellement l’impression d’être un gamin ! Il se sent tout crétin, aussi. Le pire, c’est qu’il faut faire en sorte que ça ne se remarque pas, alors pendant tout le long du chemin, il se répète son rôle : le rôle d’un homosexuel qui assume parfaitement ce qu’il est. Dur…

Arrivé, Stefan prend son courage à deux mains, entre dans l’immeuble, profitant du fait que quelqu’un sorte, monte au troisième et se plante en face de l’entrée. Il souffle, respire bien fort et frappe à la porte, le cœur battant la chamade.

Quelque part, même si c’est difficile, il a hâte de la retrouver…

OK PAR TOFFEE.