Le coup allait partir si elle continuait comme ça. Pourquoi elle s'acharnait ? Je rentrais chez moi, j'expliquais tout à Mathys, et pouf : terminé. Pour elle, ça s'entendait. S'il donnait tout dans une relation, il donnerait tout pour moi, comme je donnerais tout pour lui, sauf Ashlynne et Neveah. Parce qu'Ashlynne et Neveah, c'était tout pour moi. Je m'éclatais souvent à les regarder toutes les deux à l'entrainement des cheerleaders, parfois avec Mathys. C'était top. Les voir en jupe, les voir encourager toute l'équipe et ainsi de suite. En même temps, je ne voulais en aucun cas me séparer de Mathys, mais si je devais abandonner mes amies, ça finirait mal. Je me souvenais toute ma vie d'un conseil que m'avait donné ma grand-mère -quand je lui parlais encore-, c'était certes, très mal formulé, mais elle avait déjà un âge avancé. «Les amies, c'est comme les plantes vertes, ça dure longtemps. Tandis que les garçons, c'est comme les roses : c'est beau, mais ça se fane vite.» Pourtant, plus je grandissais, plus je préférais les "roses" aux "plantes vertes". Enfin, c'était mes coups foireux d'adolescente en manque d'attention. Maintenant, je me rendais compte que les amies, c'était essentiel.

Brianna me sortit une phrase tout à fait vraie : ma figure de style était bidon. Mais c'était bien le seul truc qui me sortait de la bouche pour me défendre. Le pire c'était que ça avait réellement été une figure de style, mais médiocre, mes notes en cours d'anglais le confirmait. Et puis, comparé à sa phrase précédente, je n'avais rien à cacher : mes ami(e)s connaissaient mon passé, savait que ça n'avait pas été rose, je n'avais rien à cacher : sauf la bouteille de vodka sous mon lit. Oui, j'étais la petite fille à Papa, oui, j'avais tout ce que je voulais de lui ; mais si on parlait de ma mère, elle -ou plutôt moi- partait sur une pente savonneuse.

Brianna avait une tête de "Fais gaffe ou je te défonce". Si elle avait été un chien, elle aurait eu les crocs dehors et de la bave sur les gencives. Comment se faisait-il que se soit elle qui m'en veule ? Je l'avais poussé sur des cintres, c'était tout. C'était moi qui en avait après elle. Cette peste commença à raconter que j'aurais à faire à elle si je faisais du mal à Mathys. Comme si, moi, fille totale "in love" allait lui faire du mal. Je lui aurais volontié raconter que je n'avais pas vraiment aimer quelqu'un depuis longtemps, et que Mathys, je l'aimais. Elle disait qu'il donnait tout dans une relation ; je le savais plus que bien. Puis elle continua à se vanter, sans le dire avec précision : je ne méritais pas Mathys. En même temps tout ce qui c'était passé, et la discussion que l'on avait eu à la fête foraine me l'avait prouvée, j'étais égoïste, méchante, salope sur les bords : mais pourtant, il m'aimait.
Brianna continuait de se vanter, comme quoi elle s'était rendu compte qu'elle n'était pour lui. Pourtant, 5 minutes avant, elle se vantait d'être mieux que moi.
Elle prononça la phrase de trop, LA goutte d'eau qui faisait déborder le vase : j'étais une peste. Je le savais, mais je ne supportais pas que ce mot sorte de ma bouche. Et puis après je devais dégager ? Et j'étais une peste ? Mais elle s'était vu celle là ?

Elle n'eut pas le temps de calculer quoi que se soit, en plus j'avais senti ma force. Mais c'était partit tout seul, la baffe était partit toute seule. Mon bras droit ne m'obéissait plus ? Ce n'était en aucun cas grave, ça me faisait plaisir de lui en donné une. Comme ça elle savait à qui elle aurait à faire si elle continuait ses menaces. Les vendeuses collées à la vitrine nous observaient toujours, avec un air encore plus ahurie. Brianna se tenait la joue, c'était pas étonnant, et elle devait bien avoir une belle marque rouge. Elle me lançait un regard méchant, moi, j'avais un beau sourire sur les lèvres. Peut être qu'elle trouverait ça gamin, mais bon, elle l'avait cherché.

▬Ce n'est que le début, chérie.

Je ne prenais pas la peine de rester encore un instant de plus. Je ne voulais pas me jeter sur elle et lui arracher les cheveux jusqu'à ce qu'elle devienne chauve. Mes talons claquaient sur les pavés, et je partais, en espérant que cette peste de Brianna ne vienne pas à nouveau m'empêcher de rentrer chez moi.

Fordham Rocks.