D’où me vient cette manie à fixer le plafond quand ça va pas ? Je me le demande encore ! Mais je n’ai pas le temps de penser du pourquoi du comment je fixe ce plafond, j’ai autre chose à penser. Il n’y a pas à dire, j’ai de quoi me torturer les méninges pendant des heures et des heures. Est-ce que je regrette d’être ici ? Pas vraiment à vrai dire. C’était mon choix, je l’ai fait et puis c’est tout. J’avais besoin de me rattacher à quelque chose. Je vois toutes ces personnes autour de moi qui avancent et qui se trouvent maintenant à des années lumières de moi. Simplement parce que je suis resté sur place à ne rien faire. J’ai attendu, encore en encore, sans jamais que ce que j’attendais ne pointe le bout de son nez. Je sais, je suis bien parti pour me torturer l’esprit jusqu’à la fin de mes jours et à l’allure où c’est parti, le temps va me sembler long. Mais non, je ne suis pas là pour ça, que du contraire. Je suis bel et bien venu pour me reprendre en main. Première étape : retrouver ma sœur. Nous avons toujours été complémentaires et présents quand ça n’allait pas pour l’autre. Là j’ai besoin d’elle plus que quiconque d’autre. Et puis elle me manquait, c’était certain. Une fois cette première étape franchie et que Rose ait finit par s’installer avec moi dans un vaste appartement, je devais m’y mettre pour la seconde étape : aller voir Jules. Je l’avais fait, ça aussi. Je l’avais effectivement vue. N’étais-ce pas ça le sujet mentionné ? « voir » ? Je vous l’accorde, ça n’a duré que trente secondes, le temps qu’elle me claque la porte au nez en se rendant compte de qui se trouvait devant elle. Mais je l’avais bel et bien vue. Toujours aussi belle, peut-être même encore plus. M’enfin, cela est peut-être dû au manque et au souvenir qu’elle m’avait laissé d’elle. Il faut dire, quatre ans, ce n’est pas négligeable. Mais en quatre ans de temps, je n’avais pas perdu une seule parcelle de ce qu’elle m’avait laissé come souvenir. Je me rappelle de chaque instant à ses côtés, même les plus minimes. Après tout, nous avons eu si peu de temps. La faute à qui ? D’un mariage trop précipité et inconscient ? Non, je ne crois pas, le mariage n’y est pour rien. Ce n’est qu’un statut, une signature sur un bout de papier, rien d’autre. Quand l’amour s’en va, mariage ou non, l’amour s’en va et puis c’est tout. C’était ce qui avait fini par se produire, sans pour autant que l’on ne cesse de s’aimer. Pour moi du moins. Ce qui m’amène à ma troisième étape : mettre les choses au clair. C’est vaste, très vaste même. Mais ça veut bien dire ce que ça veut dire. Il faut que l’on ait une discussion, ce que nous n’avons jamais vraiment eu en fait. Ceci dit, j’appréhende grandement, parce que tout ce qu’on ne s’est pas dit en quatre ans de temps est pourtant resté bel et bien encré dans nos mémoires et risquerait même de ressortir avec encore plus de violence. Et oui, c’est possible ! Mais de nous deux, à qui la faute ? Qui avait fuit sans mot dire ? Moi en plein milieu de notre dispute ? Ou bien elle quand je suis revenu ? Parce que oui, moi j’ai au moins essayé de revenir, pour m’expliquer, pour qu’on s’explique. Elle, elle a claqué la porte. Mais je peux quand même me sentir coupable d’une énorme faute. Je savais qu’elle partait, et je savais aussi où, grâce à ma sœur. Mais je n’ai rien fait. A aucun moment je n’ai cherché à la retenir. Quand aux raisons, je les cherche encore. J’avais peut-être trop peur. Je savais qu’elle me glisserait entre les doigts un de ces jours, elle qui n’a jamais eu t’attaches en amour. Le mot même de mariage lui faisait crier d’horreur. Alors oui, je l’ai peut-être laissé filer pour ça, pensant qu’elle ne serait pas heureuse dans un environnement qui ne lui convenait pas. Comment pourrais-je prétendre être celui qu’il lui faut ? C’est à elle de le trouver et je me suis toujours dit que si elle pensait que c’était moi, elle reviendrait. Ce qu’elle n’a jamais fait, malgré les quatre années qui nous séparent. Alors cette fois-ci c’est mon tour. Je sais ce qu’elle représente pour moi, je sais qu’en quatre ans je n’ai pas pu l’oublier, la surveillant de loin, de par ses faits et gestes que me rapportait Rose.

Me redressant enfin de mon lit, je pose les pieds à terre de manière ferme, bel et bien décidé d’affronter la dure réalité. D’affronter Jules. Mais avant ça, il fallait que j’aille faire un tour, que je réfléchisse à tout ça, que je me pose quelque part en pleine nature et que j’agence les choses dans ma tête. Comment est-ce que j’irais la voir ? Où ? Et qu’est-ce que je lui dirais ? Pour ne pas me sentir complètement seul et me divertir, j’emmenai Tyler avec moi, mon berger allemand. Nous arrivâmes rapidement au parc de bel air, qui se trouvait non loin de mon appartement. J’avais complètement la tête ailleurs et ne faisais même pas attention à ce qui se trouvait autour de moi. Le seul qui avait droit à un minimum de mon attention, c’était Ty’ à qui je lançais sans cesse un bâton. Le lui lançant une nouvelle fois, je continuai de marcher à reculons, attendant qu’il me le ramène. Ce que je n’avais pas prévu, c’était effectivement de rencontrer une personne qui elle aussi ne faisait pas attention où elle allait. « Désolée, je ne… » « Oh mince désolé, c’est complètement ma faute, j’aurais du regarder devant moi ! » nous nous perdions dans des excuses, avant de porter un réel intérêt sur cette autre personne. Et quand je réalisai, tout ce à quoi je pensais auparavant s’était évaporé Vous savez, comme dans les dessins animés, où un personnage pense à quelque chose, que ça apparaît dans une petite bulle et que d’un coup, pouf, elle disparaît ! Et bien c’est exactement ça. « Jayden ? » m’interrogea la personne, bien que cela ne sonne pas comme une interrogation mais plutôt comme une affirmation. Ce qui ne nécessitait donc aucune réponse de ma part. J’avais Jules en face de moi, la réalité avait finie par me rattraper et je devais maintenant l’affronter. « Dis-moi tu fais quoi encore ici ? Je veux dire à Tarbes, les filles de Los-Angeles ne te suffisait plus et il fallait que tu viennes tester le charme français, en ayant entendu des françaises ? Non parce que si c’est ça tu aurais pu aller ailleurs, genre je ne sais pas moi à Paris tiens, la capitale….. Et puis tu sais quoi, je m’en moque complètement, c’est pas mon problème ! » Certes, une gifle en pleine joue aurait fait moins mal, mais voilà qu’elle s’en allait déjà. Je n’étais pas venu pour ça, pas pour que l’on continue à se nier comme nous l’avions fait pendant quatre ans. L’un de nous devait dire stop, il était plus que temps. *Mais c’est pas vrai, mince Jay, ressaisis-toi !* Je fis un pas de plus et lui attrapai le bras. Elle se stoppa net, mais ne se retourna pas. Ty’ était revenu auprès de moi mais je ne lui portais évidemment plus aucune attention désormais. « Tu as raison, c’est pas ton problème ! Mais je ne suis pas venu ici pour ça … » Je pris une grande inspiration avant devenir me placer devant elle pour lui faire face. *Vas-y, lance-toi, il est temps, avec un minimum de délicatesse si possible*. Mes pensées ne cessaient de défiler dans ma tête, il fallait que je me ressaisisse. « Je suis ici parce que … » oui, je cherchais encore mes mots, tandis que mon regard ne pouvait toujours pas se poser dans ses yeux. J’avouai alors honteux ce que j’étais venu chercher. « Je croyais que tu allais revenir, ce que tu n’as jamais fait. Alors c’est moi qui viens à ta rencontre. Mais qu’est-ce que tu comptes faire Jules ? Tu vas me fuir toute ta vie ? Parce que si c’est le cas, je suis bel et bien venu pour rien ! » et si elle, elle avait vraiment passé le cap et qu’elle avait refait sa vie ? Que deviendrais-je ?

ok by Dylan