Apparence & Style: Je ne suis pas le genre de fille que l'on va remarquer au premier coup d'œil. A vrai dire, je dirai que je me fonds dans la masse, si on met de côté mes yeux un peu trop clairs, ma peau un peu trop blanche et mes cheveux un peu trop blonds. Je n'ai pas grand chose d'une américaine, c'est un fait, mais je sais m'adapter à cette drôle de vie. De taille moyenne, il ne m'arrive pratiquement jamais de sortir sans une paire de chaussures à talons hauts. Ce n'est pas pour frimer (parce que ça fait fichtrement mal aux pieds), c'est surtout pour ne pas être toisée par les gens. Ils font tout de suite moins les malins quand je peux leur rendre leurs sourires figés et leurs battements de cils hypocrites. La plupart du temps, je sors en jean. Les robes, très peu pour moi, j'ai de jolies jambes mais elles sont plus blanches que la cuvette des toilettes de ma grand-mère. Et bien entendu, en bonne anglaise qui se respecte, je suis dans l'incapacité totale de bronzer. Je rougis, je crame, je pèle, mais je ne suis jamais hâlée... Le jean est le meilleur ami de la femme, croyez-en mon expérience dans ce domaine. Ce qu'il y a de plus embêtant chez moi, c'est sûrement ma masse atroce de cheveux. S'ils pouvaient se contenter d'être raides, ce serait parfait ; mais non, ils bouclent. Pas le genre de frisottis d'un mouton, hein, mais de vraies grosses boucles, lourdes et ingérables. Donc je me lisse les cheveux, quand j'ai le temps. C'est à dire pratiquement jamais. De toute façon, qu'est-ce que ça peut bien faire ? Personne ne prête attention à une pauvre fille blafarde aux cheveux qui tirent sur le roux, quand des tas de nanas canons se promènent à côté en bikini rouge ultra moulant et de trois tailles trop petit. Que vous dire de plus sur mon incroyable physique ? J'aurai pu faire Alice au Pays des Merveilles. Ma mère me l'a toujours dit. Mais j'avais vraiment peur de faire de l'ombre à la véritable Alice, voyez-vus, alors j'ai toujours aimablement décliné l'invitation. Franchement, je ne me trouve pas exceptionnellement belle. Je suis passable, voilà tout. On m'a déjà complimentée, comme tout le monde je suppose, mais je ne m'en suis jamais tenue à tout ces avis pour la plupart hypocrites. Après tout, qui pourrait prétendre qu'une fille habillée d'un jean déchiré, de talons hors de prix et de débardeurs aux teintes douteuses soit un tantinet sexy ? Le pire, c'est que je soigne mes tenues. Mais avec mon style ultra-perso qui frise le n'importe quoi, c'est difficile de faire croire aux gens que mes jeans pourris sont du sur-mesure. Pourtant, moi, j'ai gardé la facture ; je peux vous garantir que je l'ai sentie passer !

Caractère: Je n'aime pas trop parler de moi. Suis-je vraiment obligée de répondre à toutes vos questions étranges ? C'est pour faire une biographie, c'est ça ? « L'anglaise à l'américaine » ? Quoique, ça sonne plutôt bien. Bref. Je suis quelqu'un de normal, je ne suis pas vraiment intéressante en soi. Je suis gentille quand on ne me fait pas de crasse, je sais faire ma garce pour me venger et comme tout être humain basique, il m'arrive de rire, de pleurer, d'être blasée ou pire, de ne pas savoir quoi faire. Les gens disent de moi que je suis une bonne amie. Peut-être parce que je suis fidèle, toujours dévouée et même bien trop bonne. Donc trop conne, mais je ne vous apprends probablement rien. Je ne pense pas être désagréable, mais mon plus gros problème est mon manque de tact. Je dis toujours ce que je pense, la franchise, il n'y a pas mieux. Sauf qu'il m'arrive de le dire avec un peu trop de véhémence, un peu de trop de vigueur, un peu trop d'absence de savoir-vivre. Je n'y suis pour rien, j'ai été élevée comme ça. Mais il faut croire que ça ne plait pas à tout le monde. Je suis une fille normale, donc je suis jalouse. Oh, un peu, pas trop non plus. De toute façon, je n'ai guère eu l'occasion de laisser ce côté-ci de ma personnalité, parce que je n'ai jamais eu de vraie relation de couple, enfin, rien de stable et de sincère. Mais je m'égare. Pour en revenir à moi (je me sens quelque peu égocentrique, hein), je pense devoir vous faire part de ma passion pour tout ce qui touche à la musique. J'ai une sorte de don, d'après mon père. Celui d'avoir l'oreille absolue. N'importe quel air entendu peut être retranscrit si on me donne un instrument, quel qu'il soit. Je n'ai jamais eu de difficulté pour apprendre la musique, je joue de tout, mais ma préférence sentimentale va au violon. Parce que c'est avec lui que j'ai commencé, à l'âge de trois ans. Ouais, ça fait jeune. Mais c'est moi qui ai voulu apprendre, personne ne m'a jamais forcée. Cool, hein ? Sinon, eh bien... Je ne suis pas compliquée. La seule chose qui ne passera jamais avec moi, c'est le mensonge ; de toute façon, je repère les menteurs à des kilomètres, un peu comme si j'avais un radar. J'ai beau être gentille, sociable, drôle et généreuse, il ne faut pas me prendre pour une truffe et s'amuser avec moi. A ce petit jeu, je peux m'avérer grandement douée... Bien que je répugne à manipuler les gens contre leur gré, il m'arrive de devoir le faire. Mais c'est toujours dans leur intérêt, promis juré.

J'espère qu'après ça, j'en aurai fini, avec moi, moi, ma petite personne et moi-même. Je suis née il y a déjà vingt-quatre ans de ça, en Angleterre. A Shutford, si vous aimez les détails. La chance a toujours été avec moi et cela va sans dire : fille unique d'un couple aristocrate, je n'ai jamais manqué de rien. Et pourtant, mes parents ne m'ont jamais traitée comme une princesse ou je ne sais quoi. Des râclées, j'en ai connues ! Mon père est irlandais, il pense que les enfants doivent se dresser, un peu comme des jeunes chiots. Ma mère n'a jamais vraiment approuvé ses méthodes mais elle n'avait pas vraiment son mot à dire. Quoi qu'il en soit, je peux vous dire que j'ai reçu une excellente éducation. Je sais me tenir en société, je sais fermer ma gueule pour ne pas blesser mon patron et je sais faire de faux sourires pour ne pas déclencher les bagarres. Cependant, je suis toujours restée moi-même dans mon proche entourage, parce que je n'aime pas me cacher. Dès mon plus jeune âge, j'ai été plongée dans le doux monde de la musique : ma mère, pianiste de renom, ne cachait pas sa fierté lorsqu'elle me voyait avec mon violon presque aussi grand que moi. Toutefois, j'ai du aller à l'école pour avoir de bonnes bases. Et l'école, j'adorais ça. Je crois d'ailleurs que j'étais la meilleure de ma classe. Apprendre, rêver, tout était lié, dans le fond. C'est ainsi que je me suis découvert une passion pour la découverte, la recherche, l'archéologie. En plus de la musique, bien sûr. Je passais mes soirées enfermée dans la bibliothèque de notre petit manoir, tantôt vautrée sur le divan avec un livre, tantôt assise près de la fenêtre, mon violon sur l'épaule. Et ma vie s'écoula ainsi, doucement, sans trop de bruit. J'avais des amis, des ennemis, un poney et un chien. En somme, j'ai toujours été heureuse et je le suis toujours.

Avec l'âge, le besoin d'évasion se fit plus pressant. C'est ainsi que je quittai mon chez-mi pour m'envoler vers un autre continent. A moi l'Amérique, les plages de sable fin, les surfeurs et les crèmes glacées hors de prix ! Ma mère était quelque peu réticente à me laisser filer mais elle n'osa pas s'opposer à mon père. Selon lui, aller voir le monde me ferait grandir. Je ne pouvais qu'être d\'accord avec lui. Je suis arrivée ici il y a presque cinq ans, à présent. J'ai eu la chance d'intégrer cette prestigieuse université -il faut dire que mes excellents résultats et mon formidable compte en banque y sont pour beaucoup- et je ne regrette pas une seconde mon choix. Il y aurait encore tant d\'autres choses à vous dire ! Tant de souvenirs à partager avec vous ! Mais je crois que vous connaissez l'essentiel de ma vie. Ne dit-on pas que toute femme se dit de conserver son petit jardin secret ? Je suis ce genre de femme. J'aime à me dévoiler au compte-goutte, ça permet de voir qui s'intéresse vraiment à moi. Quoi qu'il en soit, je peux vous dire que les gens se souviendront de moi, petit anglaise à l'accent timide et aux boucles blondes. Ils se souviendront de moi parce que je ne compte pas rester invisible plus longtemps ! Je rêve de gloire, de paillettes, de réussite sociale. Me produire en concert devant tous ces gens serait une aubaine... L'espoir fait vivre, à ce qu'on dit. Je vivrai un bon paquet d'années, moi !