Je quittai la taverne tenant fermement dans la main la photo de la jeune fille, mouillée par les larmes de sa pauvre mère. Encore toute émue de cette histoire, je traversai la rue sombre et noire de pirates ivres et de prostituées, ainsi que de braves serviteurs de notre cause qui venaient d'accoster. La pluie battait à torrent et je faillis glisser plusieurs fois sur les pierres plates et lisses des escaliers qui traversaient les petites ruelles désertes et inquiétantes. Bien que je ne sois pas très rassurée (C'était l'endroit rêvé pour risquer sa vie), ce chemin me mènerai droit à la rue principale, celle qui longe le port. Ensuite, si je ne l'a trouve pas ici, je n'aurais qu'à parcourir les rues perpendiculaires à celle-ci. D'après-moi, elle était simplement allée prendre un verre dans une taverne près des navires, prête à embarquer à tout moment. Peut-être qu'après tout, elle était pour nous. Elle voulait juste se séparer de ses parents. Esmeralda - si c'était bien son nom - était arrivée de force jusqu'ici. Déjà depuis son plus jeune âge, m'avait raconté sa mère, Esmeralda n'avait montré aucun intérêt aux pirates, aux navires et à la chasse au trésor. Il paraîtrait même qu'elle avait honte de l'activité de ses parents, et qu'elle préférait rester seule pour que personne ne la découvre. C'est même une vraie fille, il paraît, qui aime se faire belle, s'acheter pleins de vêtements... Bref, une vraie moi quand j'avais une dizaine d'années. Bref, pour en revenir à nos moutons : arrivés ici, elle est partie sans que ses parents ne sache vraiment où. Ils étaient aussi tristes que si elle était morte et c'était compréhensible. J'aurais aimé que mon père m'aime comme le sien l'aimait. Ou que ma mère donne de son amour pour moi trop important à mon paternel. Peu importe. Ce qui n'importait vraiment, c'était de retrouver cette gamine et de lui faire entendre raison pour qu'elle nous soutiennent. Elle a du sang pirate dans les veines, elle devrait en profiter ; tout le monde n'a pas cette chance. Après plus d'une demi-heure de recherche, je commençais à perdre espoir quand, au bout d'une rue à l'odeur pestilentielle - nous étions derrière les tavernes -, je reconnus un visage. Au début, je crus que ce n'était qu'une de ces innombrables filles des maisons closes, que l'on croisait souvent. On les reconnaissait car elle était les seules qui se maquillaient à Tortuga. Mais, cette jeune fille n'était pas habillée comme elles. Ou plutôt, elle, elle était habillée. Je regarda furtivement ma photo. Les mêmes cheveux. Je ne pouvais vérifier que ça : la fille au bout de la rue me tournait le dos. La même coiffure aussi. Une jolie queue de cheval sans un cheveu ne dépassant. Je décidai donc de tenter ma chance. « Hé ho ! Euh... Emilia ! Non, un nom espagnol... Esmeralda ! » Comme je m'y attendais - en tout cas, je l'espérais très fort -, la jeune fille se retourna. Elle me regarda à peine une minute et se retourna, pour continuer son chemin. Cool. « Attends-moi ! », lui criais-je assez fort pour qu'elle stoppe ses pas. « Il faut absolument que je te parles ! » Je ne vis pas sa réaction car je me mis à courir pour la rattraper. j'avais peur de l'effrayer. Heureusement que je n'étais pas un homme parce que, la pauvre, elle aurait cru que c'était ses derniers instants. Quand je fus assez près d'elle, je la regarda. C'était bien elle, j'en étais absolument sûre. « Excuse-moi , je ne me suis pas présentée - en même temps j'ai pas trop eu le temps. Je m'appelle Everleigh Warner. Je suis la fille de l'ancien gouverneur de St. Bartelda et de la nièce du roi d'Espagne. » Maintenant que j'avais parler de mes origines, je pensais qu'elle allait être plus en confiance. Bien que ses lèvres crispées se détendirent un peu, je vis dans son regard le doute. « Cela va bientôt faire une heure que je te cherches et encore, j'ai eu de la chance, tu aurais pu être partie. Est-ce que l'on pourrait aller s'asseoir pour parler un peu ? Ne t'inquiétes pas, je ne te veux aucun mal, bien au contraire, crois-moi. »

ok by Dylan