« Tu t’occupes de la ronde ce soir Birdie ? » demanda un collègue à la gardienne. Cette dernière, n’osant jamais refuser, répondit alors favorablement à la requête. Faire la ronde n'était pas vraiment l'activité favorite de le jeune blonde, mais son travail le lui obligeait. Il était tard, et bientôt le couvre-feu allait être clamé, Birdie se devait de vérifier que tous les élèves étaient bel et bien dans leurs dortoirs et non en train de se balader dans l'enceinte de l'école. Elle avait déjà parcouru la moitié de l'établissement, fort heureusement. Bientôt, une fois sa ronde terminée, elle pourra tranquillement se reposer dans sa chambre ou alors rendre visite à son homme, pouvoir enfin lui parler, lui conter sa journée catastrophique, et trouver un peu de réconfort en lui. Elle avait hâte, vraiment hâte de pouvoir finir cette ronde.
Une fois la salle de jeux contrôlée, Birdie se dirigea à la chapelle. Cela devrait aller d’une vitesse incomparable, peu d’étudiants, voire rares étudiants, venaient à cet endroit. Certains avaient plus à faire que de se confier aux Dieux des Wiccas ou à admirer les nombreuses représentations picturales de ces derniers. Enfin, c’est ce qu’aurait cru la jeune femme. A la chapelle, elle aperçut une silhouette. Fronçant des sourcils, elle fonça droit sur le jeune sorcier, avec la ferme intention de lui remonter les bretelles. Même si ils étaient dans un lieu de culte, personne ne devait se trouver dans l’enceinte de l’école lors du couvre-feu proche ! Elle s’approcha de plus en plus de la silhouette, toujours les sourcils froncés. Une fois à sa hauteur, elle posa ses mains sur ses hanches et, comme promis, le gronda légèrement : « Qu’est-ce que tu fais encore ici à cette heure-ci ?! Tu devrais être dans ton dortoir cher jeune homme, allez hop ! » Aucune réaction de l’élève, toujours tête baissé, plongé dans ses pensées, et en proie d’une tristesse et colère incomparable. Alors la gentillesse de Birdie remporta sur tout le reste, et elle se ravisa de le sermonner. Pendant un bon moment, elle le fixa, attendant qu’il daigne répondre, mais apparemment, il n’allait pas le faire. La gardienne soupira bruyamment, mais lui adressa encore une fois la parole sur un ton doux : « Tu m’écoutes ? » Toujours aucune réaction. Pourtant elle savait qu’il l’écoutait, elle n’était qu’à quelques mètres de lui. Et n’allait pas tarder à l’être de quelques centimètres ; elle s’assit à ses côtés, ne sachant pas réellement pourquoi. Peut-être devrait-elle continuer sa ronde, le laisser en paix, faire comme si elle ne l’avait jamais vu et enfreindre les règles de l’école ? Non non, primo, elle se devait d’accomplir son travail et persuader ce jeune homme de rentrer à son dortoir. Et deuxio, elle sentait que ce dernier avait besoin de réconfort. Birdie était une jeune femme très douce et à l’écoute, et même si elle ignorait la totale identité de l’individu à ses côtés, elle sera capable de jouer la psy pendant quelques minutes s’il le fallait, s’il en avait besoin. « Tu peux en parler avec moi, tu sais, si tu as quelques soucis. Je ne dirais rien à personne. Promis, juré, craché ! » Elle leva ensuite la main droite, posa sa main gauche sur le cœur, pour approuver ses paroles. En faisant le pitre, elle espérait peut-être une réaction du garçon – en vain. Celui-ci n’avait pas bougé un seul doigt depuis l’arrivée de la gardienne, et avait toujours cette mine renfrognée. Birdie le regarda pendant un long moment, puis ensuite fixa un point fixe devant elle avant de monologuer : « Ma mère est morte à mes six ans, j’ai perdu ma sœur aînée quelques semaines plus tard … Enfin, elle n’est pas morte, elle a disparue … Je l’espère en tout cas. Je la cherche désespérément depuis. Ma grand-mère m’a élevée, seule, et m’a enseigné tout ce qu’il fallait savoir sur la magie, elle m’a toujours épatée. J’ai un amant, un homme dont je suis follement amoureuse, mais dont je n’ose pas le lui avouer. Il l’a remarqué je crois, et commence petit à petit à s’éloigner. Je veux des enfants, pas lui. Des disputes sont souvent fréquentes entre nous. Je crois que je vais pas tarder à le perdre, je profite alors de chaque moment passé avec lui, comme si c’était le dernier. » Elle fit une petite pause afin de juger la réaction de l’élève. Il ne broncha pas, elle continua son monologue puis s’arrêta après en avoir fini avec son don de l'eau.

ok by Dylan