«Il étais un fois, et vécurent heureux jusqu'à la fin de leurs jours... Les histoires qu'on racontent sont la substance des rêves. Les contes de fées ne deviennent pas réalité. La réalité est plus houleuse, plus sombre, plus effrayante... La réalité c'est tellement plus intéressant que de vivre heureux jusqu'à la fin de ses jours»

La première fois que j’avais mis les pieds sur les terres américaines, j’étais certaine que je n’allais pas m’habituer à cette nouvelle vie, à ce mode de vie complètement différent du mode de vie que j’avais en Namibie. Je m’étais même demandée, un jour, si j’avais bien fait de prendre ce bateau clandestinement et de venir vivre ici. Dans cette nouvelle ville, tout était différent et je dû mit habituer. Au début, je me sentais plus que seule, je n’avais aucun ami, je devais me débrouiller sans l’aide de personne. J’aurais pu décider de renoncer, de repartir en Namibie pour continuer cette misérable vie, mais je ne pouvais pas arrêter les études que je venais de commencer. J’avais tourné la page, ma vie que je vivais en Namibie était maintenant loin de moi, c’était du passé. Je n’étais plus Awa, je m’étais créée une vie tissée de mensonge, une vie où je m’appelais Madison, une vie où j’étais quelqu’un qui était connu pour être une personne peste. Une personne qui était tout le contraire de la personne que j’étais avant de venir vivre à New York.

L’eau chaude commença à picoter ma peau, m’obligeant à sortir de mes pensées. Je passai une main dans mes cheveux mouillées avant de sortir de la douche et d’enrouler une serviette autour de moi. Je me regardai dans le miroir, me regardant comme si c’était la première fois que je me voyais. Pourquoi pensais-je à ça ? En venant ici, j’avais souhaité commencer une nouvelle vie pour oublier celle que j’avais en Namibie. Je ne voulais plus m’attarder sur le fait que j’avais été une clandestine sur les terres américaines, que sans Hugo, je n’aurais jamais eu mes papiers et ma nouvelle identité, je voulais oublier que j’étais veuve et que j’avais vécu mon enfance dans une famille pauvre qui avait de la difficulté à me nourrir. Mais comment pouvais-je souhaiter oublier mon enfance ? Comment pouvais-je oublier mon ancienne vie en Namibie quand celle-ci m’avait marquée? Je pensais à mon ancienne vie chaque jour, je n’étais pas capable d’oublier ce que j’avais vécu dans ma ville natale. Tous ces souvenirs que je souhaitais oublier étaient la dernière chose qu’il me restait pour me rappeler que j’avais eu, moi aussi, une famille, que je n’étais pas réellement Madison Bennett. Je me servis un café et après avoir versé le liquide dans une tasse je pris une petite gorgée. La musique de mon cellulaire retentit dans mon petit appartement. Je courus pour le prendre avant que la sonnerie s’arrête

« Salut Madi...» Je m’assis sur le canapé, avec un petit sourire sur le coin des lèvres. C’était Nolan. Je n’eus même pas le temps de lui dire bonjour qu’il continua «Tu fais quelque chose ce soir ?» Ça me prit un moment avant de comprendre sa question. Enfin, je lui répondis «Euh..n...non je ne crois pas, pourquoi ?» «Tu es déjà allée à la fête foraine ? Parce que je me disais que ce serait plaisant d’y aller ensemble...Il paraît même qu’il y aura des feux d’artifice» Je n’étais jamais allée à la fête foraine et j’avais toujours souhaité y aller un jour pour faire les jeux, pour aller dans la grande roue et même pour faire un de ces manèges qui donnent envie de vomir. Avant même de lui répondre, j’étais déjà dans ma chambre en train de chercher un haut et une paire de jeans. «J’adorerais venir Nolan ! Alors, on se rejoint là-bas OK? Je dois allez me préparer maintenant, à tantôt. Bisous.» Et je raccrochai. J’enfilai vite une paire de jeans et un petit haut. Je brossai mes cheveux pour ensuite mettre deux fins traits de khôl. Je pris mon sac à main et je partis à la hâte de mon appartement pour marcher jusqu’au parc forain. Je mis mes écouteurs dans mes oreilles pour ensuite partir la musique. Je fredonnais intérieurement, ne souhaitant pas attirer l’attention sur moi en chantant. Je vis rapidement la plage au loin. Ayant hâte de voir Nolan, j’accélérai le pas.

Arriver à la fête foraine, ça me prit un moment avant de trouver Nolan. Il y avait tellement de monde que j’avais de la difficulté à avancer sans être bousculé. J’avais même de la difficulté à regarder devant moi. Peut-être que tout ce monde voulait eux aussi voir le spectacle avec les feux d’artifice. Quand je vis enfin Nolan, un sourire s’afficha sur mon visage et j’essayai du mieux que je pus de me diriger rapidement vers lui pour ensuite lui faire une étreinte.

«Je suis vraiment contente de te revoir»

Je l’embrassai proche des lèvres. Il passa un bras sur mes frêles épaules et moi autour de sa taille. Je regardai autour de moi, cherchant un manège à faire. Je vis un stand qui vendait du pop corn, de la barbe à papa et autres et tout d’un coup, mon ventre gronda. Je n’avais pas dîner et il faut dire que je commençai à avoir faim. J’entraînai Nolan dans la foule et je me positionnai avec lui, derrière une personne qui commandait du pop corn. Quand ce fut à mon tour, je commandai une barbe à papa. Le monsieur me tendit une barbe à papa rose et bleu sur un cornet et je lui donnai l’argent. J’enroulai mon doigt dans la barbe rose pour ensuite mettre un petit morceau dans ma bouche et je le laissai fondre. Nolan en prit un morceau et nous nous dirigeâmes côte à côte vers un jeu où il fallait exploser le plus possible des ballons avec des fléchettes. Je pris cinq fléchettes et je me tournai vers Nolan:

«Alors ? Penses-tu qu’une fille pourrait te battre ?»

Je lui fis un petit sourire séducteur et je lançai une fléchette, mais malheureusement elle n’atteint pas la cible que je visais. Nolan lui réussit à lancer une de ses fléchettes sur un ballon. Je lançai une autre fléchette et cette fois-ci, elle atterri sur une peluche que nous pouvions gagner. Je lâchai un petit rire, mais je me tus quand la madame qui surveillait ce stand me lança un regard réprobateur. J’étais nulle. Le soleil ce couchait, le monde se dirigeait vers la plage pour voir le spectacle avec les feux d’artifice qui n’allaient pas tarder à commencer. La soirée avec Nolan ne faisait que commencer.

Statue of Liberty