Apparence & Style: Elle est plutôt mince. Un mètre soixante. Ses cheveux bruns, lisses, lui arrivent aux omoplates et elle a les yeux chocolat. Pour le reste, elle est assez banale : pas de surpoids, pas de mèche rebelle qui lui cache la moitié de la figure, pas de ribambelles de piercings sur le nez et les oreilles, pas même de gros point de beauté au milieu de la figure.

Elle a généralement tendance à choisir ses vêtements au hasard dans la penderie, et à ne pas suivre le rythme des saisons (débardeurs en hiver, moufles en été). Avec un petit faible pour les pulls trop larges.
Quelques efforts ont cependant été récemment produits, en faveur de manies vestimentaires moins éclectiques, et sa combinaison préférée est le classique jeans/tee-shirt.

Elle a une série de tics très visibles en correspondance directe avec son état d'esprit du moment, ce qui permet presque de la décoder en instantané quand on l'a fréquentée assez longtemps : elle se frotte le bout du nez, passe l'index sur un sourcil, se mord l'intérieur de la joue, tout ça signifie quelque chose.
Démarche dynamique mais parfois maladroite, se cogne aux meubles et a tendance à courir sans raison particulière. Fatiguée, elle se love généralement dans un coin de fauteuil a la façon d'un chat.

Son timbre de voix est clair, avec ce petit accent de Liverpool.

Caractère: D'une insouciance juvénile à première vue, le discours léger et la réplique cinglante, Leola cacherait aisément derrière ces agréables abords un fond de personnalité plus conséquent : mais comment pourriez-vous en juger, quand vous ne savez pas même si la jeune fille qui babille gaiement devant vous n'est qu'un "esprit fantaisiste" ou une gamine un peu idiote ?

La plupart du temps, elle paraît figée dans ses onze ans, jouant les équilibristes sur les bords de trottoirs ou quémandant une glace au citron jusqu'à ce qu'elle l'obtienne. Puisque, futilité ou non, quoi qu'il lui échappe, elle n'en démordra jamais et c'est ainsi qu'elle a ce qu'elle souhaite. Immanquablement.
Mais il est vrai que, parfois, ce personnage malicieux, incroyablement bavard et innocent qui ne saurait s'attirer la méfiance, semble - étrangement - être toujours parvenu à ses fins : non qu'il ait l'air d'y être pour quelque chose, et c'est là que le doute s'installe.

Leola jouit d'une mémoire de poisson rouge, ainsi que de sa capacité à la concentration. Pardon, laissez-moi rectifier : Leola est incapable de se souvenir de ce qui ne l'intéresse pas et, bien que ses mimiques enjouées laissent supposer qu'elle se prendrait de fascination pour le premier galet venu, elle vous opposerait qu'il y a bien moins intéressant qu'un galet. Elle ne retient aucun visage qu'elle n'a vu plus de trois fois, à moins qu'il l'ait profondément marquée, mais mémorise assez bien les noms et les suites de chiffres.

Elle a eu ce petit côté studieux pendant des années, presque acharné. Quelques semaines auparavant, elle a obtenu son diplôme d'interprète avec de bonnes mentions, l'a plastifié et a incinéré cinq ans de cahiers et de synthèses dans le fond du jardin. Leola réfléchit vite, se trompe rarement, et raisonne bien. Mais s'est finalement aperçue que penser n'était pas très amusant, et dès lors ne s'en préoccupe pas.

La jeune fille aime les gens, mais peine à les aimer tous. Quelle est l'expression ? "Avoir ses têtes" ? Elle est quant à elle particulièrement allergiques à certaines façons de s'exprimer et aux grimaces suffisantes.
Son empathie et sa logique la poussent à souvent deviner les motifs d'autrui, alors qu'elle a bien du mal à dissimuler les siens.

Elle est donc complètement inoffensive.

Née à Newton dans une famille prospère, bien-pensante et bienfaisante. Au total : Barbra (la mère), Evan (le père) et une joyeuse fratrie blonde aux yeux bleus : Simon et Lily. Peut-être même un peu trop blonde et aux yeux un peu trop bleus, puisque Leola est la seule brunette de la tribu jusqu'alors, avec ses yeux résolument couleur chocolat. Normal, elle est adoptée. Mais elle ne le sait pas à ce stade de mon récit.

Le chien familial, Vivaldi, n'est remarquable que par sa face écrasée qui lui donne l'air de s'être pris une porte et sa propension à galoper après tout ce qui court plus vite que lui. L'oncle Geoffrey vient manger tout les samedis, prétend qu'il va repartir après la sieste et reste systématiquement dîner sur place.
C'est sa mobylette que Leola va faucher un soir après ses premiers cours de génétique (yeux bleus + yeux bleus = yeux bleus), et c'est ce même engin plus rouillé que de raison qui la laissera tomber alors qu'elle atteint la frontière écossaise. Parvenue à Edimburgh, elle se rase le crâne, change de vêtements, fait disparaître tout son argent et ses papiers dans une canalisation et va se présenter à un poste de police comme une orpheline victime de viol devant être prise en charge par la société. Et ses études secondaires se terminent sans encombres.

À seize ans, ayant réuni suffisamment d'argent pour prendre l'avion sans en avertir qui que ce soit, elle part pour la Grosse Pomme. Elle a jeté son dévolu sur la métropole américaine parce que personne n'ira l'y chercher : elle déteste les buildings, les touristes et Washington DC en général. Après tout, elle ne veut pas avoir bassiné ses camarades avec les charmes de Bruxelles en vain, et elle préfère savoir les services sociaux en train de la chercher en Belgique pendant qu'elle crame sous les gratte-ciel.

Leola se lance dans l'étude des langues : le français et le russe. Elle sera interprète, parce que rien d'autre ne l'amuse.
Sur le campus, les fêtes sont nombreuses, elle fait quelques connaissances sans importance. La jeune fille passe ses soirées dans l'appartement de l'un ou de l'autre, à déboucher des bouteilles de vodka, et n'imagine pas que d'autres, dehors, conduisent leurs propres réjouissances dans les rues de New York. Elle finit par s'en apercevoir la nuit où un pavé traverse la vitre du studio élu salle des fêtes d'un soir. La bande descend au bas de l'immeuble, demande des explications. Les trois Italiens ivres sont tout disposés à s'expliquer, mais peut-être pas de la façon où l'entendent les convives : l'un hurle, puis murmure, menaçant, rit trop fort, probablement fou en plus d'être saoul. Et pourtant Leola s'attendrit, se fascine. Elle attend que les querelleurs passent leur chemin, non sans avoir cassé le nez de son petit ami de l'époque, proclame qu'elle va chercher du secours et les suit. Le fou finit par la voir et l'attend au coin d'une rue, les mains sur les hanches, le rictus inquiétant. Tibère Acciario est en master de chimie, et pète les vitres quand il s'ennuie.

Ils deviennent bons amis. Bons mais étranges, quelque part c'est ça qui lui plait. Deux ans après leur rencontre, elle n'a pu se détacher de Thibaud comme elle l'a toujours fait avec le reste du monde.