Le pas qu’elle fit vers lui était bien plus encore qu’un simple petit pas dans sa direction. Il signifiait tant de choses en même tant, que Léandre ne put s’exprimer intérieurement sur ce fait. Ce pas signifiait qu’elle acceptait de s’approcher de lui. Ce pas signifiait qu’elle acceptait le fait qu’il soit le premier homme qu’elle accepterait d’approcher à nouveau. Ce pas signifiait qu’elle l’acceptait et qu’elle ne souhaitait pas lui hurler de dégager immédiatement de sa vue et de sa vie. Ce pas était tout simplement… très significatif. Et c’est pour cela qu’il se plongea dans ses pensées le temps d’un instant. Son visage songeur exprimait mal ce qu’il ressentait à l’instant. Face à Sithmaith, se tenant droit et la dépassant de presque une tête, il devait sembler perturbé. Alors qu’au contraire, le jeune homme était fasciné. Fasciné que son plus grand souhait commence lentement à se réaliser. Fasciné qu’elle accepte que s’approcher de lui, alors qu’elle ne semblait pas l’apprécier autant que lui l’appréciait. Mais évidemment, ses craintes du départ restaient intactes, profondes et très existentielles dans sa tête. Ce qu’elle pensait de lui était important. Important puisqu’il serait vraiment en mesure de l’approcher de la bonne manière, s’il savait comment elle le considérait. Si elle le voyait comme un sale coureur de jupons, il l’approcherait lentement et tenterait de cesser ses conquêtes, il tenterait à tout prix de lui montrer son côté fidèle, lorsqu’il était en amour. Si elle le voyait comme un homme qu’elle connaît point qui la suivait partout, il essayerait de s’éloigner un peu d’elle, tout en restant présent dans les alentours, pour lui prouver qu’il n’était point psychopathe, et qu’il souhaitait seulement la connaître, pour commencer. Peu importe comment elle le voyait, Léandre n’avait aucunement l’intention d’abandonner. Il l’approcherait, il l’a connaîtrait, il lui apprendrait à l’apprivoiser et à l’accepter dans sa vie de femme blessée par son passé. Mais pour l’instant, indécis et confus par ses questions sans réponses, il se contentait de se tenir droit, face à elle, l’observant faire un pas vers lui. Tellement concentré dans ses pensées, tellement perdu dans son esprit et ses questions sans réponses, le jeune homme ne remarqua point l’attention que lui portait soudainement la jeune femme. Il se décida enfin à réagir, sortant brusquement de ses pensées, ne prenant même pas le temps de remarquer le regard délicieux de Sithmaith qui se promenait sur son visage.

Et lorsque le Politicien lui posa sa question qui lui brûlait les lèvres, il eut droit, sans étonnement, à une réaction de la part de la jeune femme. Son mouvement de recul le surprit un peu, mais lui fit surtout mal. Certes, sa question avait été directe, et il se sentait bien stupide à présent de l’avoir posé. Il l’avait brusquée, il venait peut-être de tout gâcher. Mais la douleur qu’il ressentit face à son mouvement de recul ne fut rien comparé à la douleur qui le traversa à sa réponse. Un voile de douleur passa dans ses yeux, mais le jeune homme tenta rapidement de se reprendre, affichant un air neutre, presque dur et froid, pour masquer ses émotions. Il s’y attendait, à une réponse de ce genre. Après tout, c’était ce qu’il était, un coureur de jupons. Mais il avait, vainement, espéré qu’elle ne répondrait pas un truc du genre. Mais même si la vérité n’était pas toujours bonne à dire, elle avait au moins le mérite de faire redescendre les deux pieds sur terre les rêveurs. Et il en était un, un rêveur. Tout sa vie, le jeune Andcover avait été un rêveur, et c’est ce qui le rendait si mystérieux, parfois. Secouant la tête, il reposa son attention sur Sith, qui semblait soudainement en colère, et confuse. Elle se jeta presque sur lui, alors qu’elle tentait de comprendre pourquoi il lui avait posé une telle question. Léandre baissa les yeux vers ses pieds, la laissant poser toutes ses questions et se calmer un peu. Lorsque le silence des falaises les envahit à nouveau, le jeune politicien releva enfin sa tête, croisant de ses yeux bleus océans le regard de la jeune femme. Il s’accrocha à son regard, cherchant un certain courage pour lui répondre aussi franchement qu’elle venait le faire. Il l’a brusquerait, il le savait déjà. Mais elle méritait de savoir la vérité, et c’est pour ça qu’il commença lentement à chercher ses mots, pour bien lui expliquer le fond de sa pensée. Après ça, peut-être qu’elle le verrait autrement qu’un sale coureur de jupons qui ne cherchait qu’à la sauter.

« Tu veux vraiment la vérité ? Qu'il en soit ainsi... »

Prenant une grande inspiration, Léandre décida de se taire un instant, la laissant s’habituer au fait qu’elle risquait de se faire fouetter violemment par la vérité qu’il s’apprêtait à lui dire. Il s’accrochait à elle pour la connaître. Il cherchait à la connaître parce qu’elle l’intriguait. Elle l’intriguait parce qu’elle était si différente des autres femmes. Elle était différente des autres femmes parce que avec elle, il avait envie d’être fidèle, de s’ouvrir, de se dévoiler et de se mettre à nu devant elle. Il avait envie de s’ouvrir à elle parce que pour la première fois depuis longtemps, une femme lui apportait confiance en ses sentiments et lui apportait détermination pour avancer après cette souffrance qu’il avait eut auprès de son ex-femme et de son fils, qu’il avait tous deux, abandonnés lâchement. Elle lui apportait cette confiance… pour une raison inconnue. Il tentait désespérément d’ignorer les sentiments inappropriés qui l’envahissait en sa présence, mais c’était vain. Ces sentiments étaient inappropriés, puisque le jeune homme savait parfaitement que Sith semblait dégoûtée par le fait d’avoir à nouveau confiance en un homme et même d’aimer un homme à nouveau. Ils étaient inappropriés parce que ces sentiments allaient évidemment faire fuir Sith, si elle comprenait ce qui grandissait en lui lentement, ces sentiments qui le nourrissait pour elle. Ce n’était peut-être pas de l’amour, mais s’en était peut-être pas si loin. Une chose était sûre, c’était fort. Jamais il n’avait ressentit un truc pareil. Mais après tout, il ne faut pas oublier qu’il n’était jamais vraiment tomber amoureux. Son ex-femme, ça n’avait été que tout d’abord été une amourette, mais qui lui avait apporté réconfort et aide pour sa bonne réputation de politicien sage, intelligent et bien posé. Sortant de ses pensées, Léandre s’accrocha de ses iris océans au regard de la jeune femme, cherchant à voir si elle était prête pour le choc qui lui ferait sûrement subir. Mais personne n’était prêt à ça, même pas une personne sans traumatisme, souffrance et handicapée du fait qu’elle refusait d’approcher un homme. Secouant la tête, il se lança doucement.

« Tout d’abord, je t’ai posé cette question parce que je devais savoir. Je devais savoir si j’avais une chance de t’approcher réellement un jour. Si j’avais une chance de te faire changer d’avis sur moi. Et je te jure, que je te ferais changer d’avis sur moi. Je suis pas celui que tu crois. Ça semble stupide, oui, et même cliché… mais si je suis un si grand coureur de jupons, c’est parce que j’ai peur de souffrir. J’ai peur de l’amour, parce que j’ai déjà souffert en me lançant dans l’amour, avec une femme qui ne méritait pas un homme bousillé comme moi. Parce que oui, même si je ne le montre pas et que je le cache derrière cette carrière de politicien enjoué et intelligent, je suis un homme bousillé. Bousillé par le passé de ma famille qui ne m’aimais pas, bousillé par la culpabilité d’avoir abandonné mon ex-femme et mon fils. Oh et puis, m**** ! Je ne sais même pas pourquoi je te raconte ça ! Ça ne t’intéresse pas de toute façon… »

Il avait carrément explosé. Pas vraiment par colère, et pourtant, sa dernière remarque avait été lancée froidement. Mais ses yeux l’avaient exprimés clairement : il avait explosé parce qu’il avait peur. Sans pouvoir s’en empêcher, il s’était carrément ouvert, mis à nu. Il lui avait dit que sa famille ne l’avait jamais aimée, ce qui était vrai. Il lui avait raconté pour l’abandon de fils et de son ex-femme. Il lui avait tout dit, comme ça, sans hésitation. Fermant les yeux de honte ou de peur, le jeune homme se retourna brusquement, s’éloignant, presque à contre-cœur, de la jeune femme. Oui, il reculait, par peur. Il s’avança alors vers le bord des falaises, sans pour autant être si loin de la jeune femme. Les yeux fixés sur l’horizon, il reprit lentement son monologue, sans la regarder. Cette fois-ci, il tenterait de rester dans le sujet, en répondant seulement à ses questions. Il tenta de ne pas avoir une voix trop froide ou trop tremblante par le choc qui lui avait envoyé la peur qu’il avait soudainement. Sa voix porta jusqu’à la jeune femme, même s’il était dos à elle, et maintenant à plusieurs mètres d’elle.

« Et je t’ai posé cette question à toi parce que c’est toi que j’ai choisi. Ou que mon cœur à choisi, je ne sais pas trop. Je ne dis pas que je suis amoureux de toi, non ! Au grand jamais. Je ne souhaitais pas t’effrayer ou te brusquer avec cette question. Je voulais juste savoir. Et si tu veux tout savoir, oui ton avis est important. Il est important à mes yeux. Je ne sais pas trop pourquoi, mais Dieu qu’il est important… »

Secouant la tête, il baissa son regard vers ses pieds, vers l’océan et les falaises en contre bas. Sa tête se baissant lentement vers le sol, Léandre ferma douloureusement les yeux, cherchant un peu de réconfort dans le bruit des vagues se mouvant dans l’océan et s’écrasant contre le rochers, en bas. Mais le réconfort qu’il cherchait ne pouvait avoir qu’une seule source. Et cette source était derrière lui. Ou peut-être plus maintenant. Ce serait peu surprenant que Sithmaith ait déjà fuie, après son explosion, après sa démonstration de peur, après ses aveux douloureux et peut-être inutiles. Il s’était ouvert à elle. Si elle était encore là, derrière lui, à le fixer, peut-être que ses aveux lui avaient ouvert les yeux sur la personne qu’il était vraiment, sur ce jeune homme qu’il cachait secrètement et douloureusement sous sa face de politicien apprécié de tous et impassible aux défauts. Ne se demandant même plus si elle était encore là, derrière lui, à l’écouter, il répondit à sa dernière question. Qu’elle soit là ou pas, se libérer de ce poids, face à l’océan, lui serait sûrement bénéfique.

« Je ne te vois pas comme une solitaire qui a besoin de son arme comme compagnon de vie. Au grand jamais, c’est peut-être même tout le contraire. Je te vois comme une femme mystérieuse, intrigante, blessée par la vie certes, mais tellement intéressante. Tu es unique. Tu es la femme la plus attirante que je n’ai jamais vue, et je suis convaincu que je ne verrais jamais une femme aussi belle que toi… »

Léandre avait presque murmuré cette dernière phrase. Mais son murmure avait sûrement porté jusqu’à elle… si elle était toujours là.

ok by Dylan