Les confidences aident à libérer le coeur et l'esprit et apaisent leur auteur. Mais Julian se sentait tout sauf en paix avec lui-même. Au contraire, il avait une furieuse envie de se rouler en boule sur le lit et de sangloter comme un enfant. Il désirait se couper du monde, vivre dans une bulle de protection et qu'on le laisse à son Destin. L'image qu'il renvoyait était pitoyable et les paroles qui avaient quitté sa bouche lui avait littéralement coupé le sifflet. Pour la seule et unique fois de son existence il avait avoué ce qu'il ressentait au plus profond de lui-même. Il avait très certainement effrayé son meilleur ami mais il fallait qu'Ethan voit la vérité en face: sa mère allait mourir et Julian avait de fortes chances de se faire emporter par la Faucheuse. Ce qui se passerait ensuite, Dieu seul le savait. Une chose était certaine: l'effroi le clouait sur place. Que deviendrait Ethan s'il venait à mourir? Comment allait-il s'en sortir? Deviendrait-il un homme froid, distant, hargneux et en colère contre tout le monde? Non, Julian ne pouvait se permettre de pervertir cet homme si spécial et innocent avec de telles pensées. Il n'avait pas le droit de penser qu'il tournerait mal sans lui. Après tout, comment pouvait-il se permettre d'affirmer qu'Ethan ne serait rien sans lui? Il n'était pas Dieu.

Le jeune australien ignorait ce qu'il attendait comme paroles de la part de son ami mais en tout cas pas celles qui suivirent. Il ne réussit pas tout de suite à lever les yeux mais quand il le fit, ses pupilles étaient entièrement dilatées par l'étonnement, le désespoir et la peur. Bon sang, mais pourquoi la vie ne peut-être pas être plus simple? Pourquoi leur envoyait-on des épreuves aussi rudes et méchantes? Pourquoi Ethan n'était-il pas doté d'un super-caractère de battant? Pourquoi n'était-il tout simplement pas comme Julian? Mais si ç'avait été le cas, auraient-ils été seulement amis? Les deux hommes étaient carrément l'opposés de l'autre et c'est ce qui rendait leur amitié si spéciale et unique. L'un sans l'autre, ils n'étaient rien, perdus, l'ombre d'eux-mêmes. Comment peut-on permettre à des liens aussi forts de se tisser entre deux personnes sachant pertinemment qu'il causera la perte des deux amis si l'un venait à disparaître?

Ethan: Julian, si tu meurs… Je me suicide.

Le regard de Julian se durcit et il agrippa les épaules de son meilleur ami avec brusquerie. Après lui avoir interdit de mourir il le menaçait maintenant de se suicider?! Comment osait-il?! Comment pourrait-il dormir sur ses deux oreilles en sachant maintenant quelle tendance son meilleur ami avait révélée? Son coeur battait la chamade si bien que le sang cognait furieusement contre ses tempes. Son visage était rouge et ses mains tremblaient comme jamais.

"JE T'INTERDIS DE DIRE CA! TU N'AS PAS LE DROIT DE PARLER DE SUICIDE!" Hurla-t-il brusquement contre son ami.

En réalité, il était plus effrayé qu'autre chose: imaginer Ethan le suivre dans le trépas était insupportable. Il ne pouvait tout simplement pas le permettre. Et pour cela, il n'y avait qu'une chose à faire: ne pas mourir. Du chantage, voilà ce qu'Ethan lui faisait. Et pourtant, Ju' n'avait pas le choix de guérir s'il voulait empêcher son ami de faire une grosse bêtise.

"Tu ne peux pas me faire ça… Tu n'as pas le droit d'abandonner si je meurs… Tu es plus fort que ça, Ethan! Tu n'as pas le droit de me faire ça…"

Les épaules du jeune anglais étaient toujours sous les mains de l'Australien et il l'avait faiblement secoué. Toute cette histoire commençait à partir en vrille mais au moins les choses étaient mises au point. A présent, Julian savait qu'il était considéré comme un pilier centra de la vie d'Ethan. Il avait perçu le sérieux des propos d'Ethan: il se suiciderait vraiment si la leucémie terrassait Julian. Le pire c'est que Julian ne pouvait absolument rien faire pour être certain de guérir. Il devrait se contenter de suivre son traitement et d'attendre.

"Je ne peux pas décider de mon sort… Je ne peux pas… Je n'ai plus le contrôle sur ma vie! Je ne suis plus rien… J'veux juste que cette saloperie disparaisse mais elle reviendra toujours…"

Les larmes coulaient toujours sur ses joues et Ju' avait à nouveau baissé son regard.

"Est-ce que je suis si indispensable que ça? Tu as vraiment besoin de moi pour vivre, Ethan?"

N'importe qui entendrait ces propos croirait que les deux hommes ont retourné leur veste. Ce n'était absolument pas le cas: il s'agissait simplement d'une amitié transcendante et qui surpassait de très loin l'amour entre un homme et une femme. L'amitié dans son état le plus pur.

ok by Dylan