Kajsa se réveilla de bonne heure. Elle ne parvenait plus à dormir tant la température de la pièce était basse. Tous les moyens étaient bons pour gagner un peu d'argent, ainsi, elle évitait de mettre le chauffage en route lorsque ce n'était pas absolument nécessaire. De plus, elle avait laissé sa couverture à sa fille Kiersi qui en avait plus besoin qu'elle. Ce froid glacial commençait toutefois à la ronger. N'y tenant plus, elle se leva et s'habilla assez chaudement. Certes, il ne faisait pas extrêmement froid dehors mais son corps était faible et donc très sensible au moindre écart de température. Son gilet en laine assez long était légèrement détendu. Elle enroula le bout de ses manches autour de ses mains et s'apprêta à commencer la journée. Elle savait qu'aujourd'hui serait une grande épreuve pour elle. En effet, nous étions lundi, le jour des courses. Kajsa détestait ce moment étant donné qu'elle devait minutieusement compter et calculer chaque achat. Elle aurait aimé pouvoir s'acheter des gourmandises comme des chips ou des bonbons mais elle savait que ça lui était interdit. Kajsa fouilla dans son sac et renversa son portefeuille sur la table. Quelques misérables pièces en sortirent faisant un énorme bruit en tombant sur la table. Décidément ce mois serait assez compliqué pour elle. Elle compta en vitesse le peu de pièces qu'elle avait. Bien décidée à acheter ses aliments au meilleur prix, Kajsa sortit en vitesse avant que sa fille ne se réveille et partit en direction du magasin le moins cher qu'elle connaissait. Elle empoigna deux vieux sacs plastiques troués dans lesquels elle pourrait stocker ses courses. Evidemment, le trajet se faisait à pied étant donné qu'elle n'avait pas assez d'argent pour se payer le bus. C'est donc quelques dizaines de minutes plus tard qu'elle arriva au supermarché.

Les courses lui prirent un certain temps étant donné qu'elle s'évertuait à comparer tous les prix en quête de la meilleure offre possible. Son budget était déjà dépassé et elle n'avait acheté que de la viande, des oeufs et quelques légumes. Tant pis, il lui fallait de toute manière autre chose pour se nourrir. Elle acheta donc des pâtes, du lard, de la soupe et du riz tout en sachant qu'elle dépassait allègrement la somme contenue dans son portefeuille. Elle y penserait plus tard. Arrivée à la caisse, elle choisit celle où il n'y avait personne. Après tout, si elle comptait sortir avec tous ses achats, elle devrait en voler une partie. Kajsa n'aimait pas vraiment voler mais parfois on avait pas le choix. Elle adressa un grand sourire à la caissière qui lui lança un regard suspicieux. Une fois le ticket sortit, Kajsa fit mine de trifouiller son sac à la recherche de l'argent qui lui manquait. « Attendez une petite minute, je sais que ça doit être quelque part mais il faut que je retrouve mon autre portefeuille » Kajsa essayait de gagner du temps afin de trouver le courage de partir sans payer. Cependant, elle vit avec horreur qu'entre temps une autre femme était arrivée. Elle n'aimait pas se faire passer pour une voleuse mais quel autre choix avait-elle ? Le regard de la caissière lui brûlait la peau à tel point qu'elle n'osait plus lever les yeux. Le rouge commençait à lui monter aux joues et son apparence en apprenait long sur sa condition de vie actuelle. Soudain, la personne derrière elle lui adressa la parole. Elle avait un ton assez chaleureux ce qui rassura Kajsa. « Excusez-moi, je peux vous aider ? Il vous manque combien ? » La jeune suédoise aurait aimé accepter la proposition mais elle était beaucoup trop orgueilleuse. Elle jeta un regard de mépris sur le chariot de cette femme qui était presque rempli à ras bord. A la vue de tous ces bons aliments, son ventre se mit à gargouiller. Qu'est-ce qu'elle aurait donné pour recroquer dans un hamburger. « Merci mais ça va aller, mon portefeuille ne doit pas être bien loin. A moins que je l'ai laissé sur la table ce matin avant de partir ... » Kajsa s'enfonçait sans son mensonge étant donné qu'elle ne voulait pas paraître pour une petite pauvre et inspirer la pitié aux gens. Résignée et se rendant compte que ce manège ne pourrait pas durer éternellement, elle finit par accepter. « Excusez-moi mais apparemment je suis vraiment tête en l'air, je veux bien que vous m'avanciez l'argent mais je vous rembourserais » Etant donné qu'elle était très fière, elle n'avait pas menti, elle allait vraiment la rembourser jusqu'au dernier cent.

OK by Mackie