Attendre. Pour combien de temps ? Et dans quel but ? Rencontrer ce fameux inconnu qui n’avait pas eu le cran de lui dire en face ce qu’il avait à lui dire. Rencontrer cette personne qui n’avait osé lui demander en face qu’elle le rejoigne à cet endroit là. Et quel drôle d’endroit. Si elle avait décidé d’un lieu de rencontre, Plum aurait certainement choisit un endroit plus banal à savoir un café ou mieux un endroit dans l’université. Il fallait bien avouer qu’elle était légèrement trouillarde sur les bords et le fait de rencontrer un inconnu seule dans un endroit qu’elle ne connaissait pas tellement ne la rassurait pas. Et quand elle disait « inconnu » elle n’en savait absolument rien, peut-être était-ce une personne de son entourage après tout, c’était donc simplement une personne non identifiée. Elle n’avait aucune indication précise sur le lieu, l’heure, où comment devait se dérouler la rencontre. Elle se sentait d’ailleurs légèrement subite de s’être pointé au rendez-vous, cela ne lui ressemblait tellement pas d’agir sur un coup de tête. En même temps, elle était curieuse. Elle ne pouvait décemment pas rester dans sa chambre ce soir après avoir lu cette lettre. L’excitation de l’aventure l’appelait. Sauf que l’excitation montait aussi vite qu’elle redescendait et après avoir attendu cinq bonnes minutes devant la grande roue, Plum commença à s’impatienter. C’était quoi ce plan ? Elle commençait à imaginer la chose comme une bonne blague pas drôle et que personne n’allait venir ce soir. Coup bas au moral encore une fois, la soirée n’allait pas améliorer la journée qu’elle avait passée. « Cause it was a bad day » eut-elle envi de chanter pour elle-même, sauf que ce n’était pas une journée de mauvaise, c’était toutes les journées qui l’étaient. Abandonnant la partie, elle se préparait à rentrer au campus. Inutile d’attendre des heures comme une idiote, la personne se serait déjà pointée si elle voulait vraiment la voir. C’est à ce moment là qu’elle sentit quelque chose se poser sur ses yeux et elle sursauta. Elle comprit juste qu’on lui bandait les yeux, elle ne savait rien de plus. Génial maintenant, on pouvait bien l’emmener n’importe où, l’agresser et la tuer elle ne pourrait rien faire. Bon en même temps, pas besoin d’être si parano. Alors qu’elle allait protester, elle entendit une voix masculine. Chut... ne dis rien et avance, tu ne seras pas déçue. Comment pouvait-il le savoir ? Est-ce qu’il la connaissait ? Bien sûre que oui, elle connaissait cette voix. Elle en était sûre elle l’avait déjà entendue plusieurs fois, mais impossible de m’être un nom dessus. Elle réfléchit rapidement à ses connaissances masculines qui auraient pu lui préparer quelque chose comme cela. Elle ne pensait qu’à Damian, sauf qu’elle l’avait déjà entendu murmurer des centaines de voix et il n’avait définitivement pas ce genre de voix. Elle se laissa donc guider par son inconnu vers l’endroit inconnu.

Elle n’eut pas à marcher très longtemps, à peine quelques mètres et elle dut s’assoir. Se trouvant devant la grande roue quelques secondes plus tôt, elle avait bien vite compris qu’il la faisait grimper dessus. Pourquoi pas après tout ? La grande roue permettait d’avoir une vue plus qu’admirable de San Francisco, tout ce qu’elle désirait c’était connaitre l’identité de cette fameuse personne et savoir le pourquoi du comment elle se trouvait ici. Aussi longtemps qu’elle s’en souvienne, jamais personne n’avait préparé quelque chose comme çà pour elle et elle en était touchée. Peu importe qui était la personne et les raisons pour avoir fait cela, elle trouvait çà, adorable. Le fait de ne rien pouvoir voir ne la rassurait pas tellement d’autant qu’elle ne voyait pas trop l’intérêt de monter dans la grande roue si elle ne pouvait pas admirer la vue qu’elle offrait. Pourtant elle n’ouvrit pas la bouche pour protester, elle resta silencieuse, attendant que son « kidnappeur » reprenne la parole. Finalement elle sentie une légère secousse et elle se crispa. Depuis la panne dans l’ascenseur elle craignait légèrement les pannes d’engin en général. C’est à ce moment là que la personne assise à coté d’elle, choisit pour lui ôter le bandeau, lui donnant à nouveau le droit de voir. Et qu’elle ne fut pas la surprise de Plum lorsqu’elle rouvrit les yeux sur le visage d’Ethan. Incrédule, elle regarda en bas, en haut, Ethan. Cherchant n’importe où une explication logique à la situation. C’était bien lui qui lui avait cette lettre ? Qui lui avait bandé les yeux ? Et qui venait de faire arrêter la grande roue ? Mais à quoi il jouait encore ? Avec ses nerfs dans tous les cas… Ecoute avant que tu dises quoi que ce soit laisse moi t'expliquer... je suis sur que tu vas rire quand tu sauras, enfin non en fait c'est pas drôle mais... roh laisse tomber je... Il prit la parole mais ses premiers mots furent assez incompréhensibles. Un sourcil arqué Plum le regarda sans rien ajouter. Elle s’était simplement reculée de lui, ne souhaitant désormais même plus effleurer l’organisateur de cette mascarade. Rire, certainement pas non mais elle attendait tout de même une explication de sa part et rapidement si possible. Elle n’était pas patiente et le fait que ce soit Ethan à coté d’elle n’allait pas arranger les choses. Si elle n’était pas coincée dans les airs, elle se serait certainement enfuie. Elle aurait continué de le fuir comme elle l’avait fait pendant des semaines. Et c’était certainement pour çà qu’il l’avait fait venir ici, monter sur la grande roue et bloquée en haut. Cette situation ne l’amusait absolument plus, elle était en position de faiblesse et elle détestait çà. Elle n’avait pas envi de parler à Ethan, pas maintenant, pas ce soir, jamais. Son visage à proximité du sien, ses yeux qui la regardaient, déjà elle se sentait replonger plus durement. Elle voulait descendre…maintenant ! Viens-en au fait. Dis-moi ce que tu me veux qu’on en finisse Ethan. Pesta-t-elle. Elle savait se montrer si froide quand elle le décidait. Quand elle était blessée surtout. Elle n’allait pas sauter au cou d’Ethan l’embrasser et lui pardonner si facilement. Elle était tombée dans ses bras une fois, et il fallait voir où cela l’avait mené. A rompre avec Damian dans un premier temps, à être malheureuse dans un second. Elle se demandait d’ailleurs s’il était au courant de sa séparation avec Damian, parvenue quelques semaines déjà. Certainement… Là encore il n’avait pas essayé de l’appeler pour savoir comment elle allait. Il n’en avait strictement rien à foutre d’elle. Et sa mise en scène de ce soir n’allait pas tout arranger comme par magie. Elle ne comprenait pas ses intentions de ce soir. Pourquoi voulait-il lui parler ? Pour se faire pardonner ? Pourquoi avait-il mis tant de temps pour cela ? Elle lui en voulait pour tellement de choses à présent, de l’avoir laissé tomber le 25 décembre, de ne jamais l’avoir rappelé ensuite, d’avoir couché avec Caroll aussi…

Elle ne savait pas combien de temps ils allaient être coincés ici. Apparemment il avait payé le forain ou quelque chose comme cela. Celui-ci redémarrerait probablement l’engin quand Ethan lui en donnerait l’ordre. Elle n’avait pas envi de lui parler mais il allait bien falloir pour faire bouger les choses. Deux possibilités s’offraient à elle. La première, elle pouvait toujours le supplier qu’ils les fassent descendre, avec un peu de chance il le ferait. La deuxième, être aussi méchante qu’elle le pouvait afin qu’il se lasse de l’écouter et que la grande roue redémarre. La première possibilité était bien entendue, totalement inconcevable. S’il lui restait un minimum de fierté, elle comptait bien la garder le plus longtemps possible. Ethan l’avait déjà humilié une fois, c’était simplement impossible que cela se reproduise une nouvelle fois. Il ne lui restait plus qu’à jouer la méchante, avec toute la rancœur qu’elle avait contre lui, cela n’allait pas être bien compliqué. Il avait voulu bloquer la grande roue avec elle dedans…ainsi soit-il. Enfaite je suis très étonnée que çà soit toi qui est organisé tout çà. Des semaines que j’ai plus de nouvelle de toi, j’ai bien cru que tu étais porté disparu ou quelque chose comme çà. Commença-t-elle, première remarque visant à lui reprocher le fait qu’il n’ait pas pris la peine de prendre des nouvelles d’elle. D’accord ils avaient manqué coucher ensemble, mais il était surtout l’un de ses meilleurs amis, il se devait bien de faire çà. Quel genre d’ami était-il ? Un très mauvais…. Et sache que si j’avais su que c’était toi qui avais écrit la lettre, je ne serais pas venue. Finit-elle par conclure, ne lui adressant pas le moindre regard. Depuis le début de la conversation, elle s’évertuait à regarder le ciel. Elle savait que si elle avait le malheur de croiser son regard, elle était capable de tout lui pardonner immédiatement.

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