- Ta gueule, casses toi.

Mon regard meurtrier n'y changeant rien, je sortais un flingue à la vitesse de l'éclair pour le pointer sur la tronche du merdeux qui en voulait à mon portefeuille. Son visage se décomposa et il leva les mains, lâchant son couteau à cran d'arrêt que j'envoyais du pied le plus loin possible sur ma droite. La sombre allée dans laquelle nous étions nous cachait fort heureusement de la circulation et d'une manière plus précise, des flics ou des potes à monsieur l'agresseur. D'un coup, je m'avançais et le frappais au front avec la crosse de mon flingue. Il s'écroula comme une masse sur un tas d'ordures. Sans plus attendre, je rangeais mon arme dans le holster sous ma veste et je continuais ma route. Je savais que mes yeux reflétaient une lueur meurtrière, une haine sans limite et une envie de baston à s'en casser les jointures. Malheureusement mon visage était pour les racketteurs et autres types louches un signal; "Le p'tit brun est faible comme une grosse merde, alors va-y te gênes pas vas le faire chier". Bien entendu j'avais toujours eu sur moi (et ce depuis mes dix huit ans si mes souvenirs sont exacts) une arme, le plus souvent un flingue, ce qui était je dois l'avouer bien pratique en cas d'agression. Bref. Si j'étais là, dans un coin perdu du Bronx et surtout blindé de voyous en tout genre, c'était pour aller commettre un meurtre. Malgré mon sombre passé rempli de cadavre et autres atrocités, j'étais depuis pas mal de temps assez "clean" si je puis dire au niveau des meurtres. Je n'utilisais mon arme qu'en dernier recours, et je veillais souvent à être bien informé avant d'aller à mes deals pour récupérer ou vendre des armes. Je faisais rarement des faux bonds. D'ailleurs, la dernière personne à avoir goûter aux balles de mon flingue était un type que je ne connaissais ni d'Eve ni d'Adam, en vérité un tueur à gages attiré par la prime plutôt énorme qu'avait mis un enculé sur ma tête. M'enfin, ça c'est une autre histoire.

Me voilà dans une plus grande rue, toujours aussi sombre et vide par contre. Je ne m'en plaignais pas pour ce soir, car la probabilité que je croise des flics s'en trouvait réduite et c'était tant mieux. Je distinguais dans l'obscurité une large porte qui débouchait je le savais sur un escalier pourri. Le bâtiment en lui même était à vendre depuis au moins cinq ans et il était devenu le repaire d'un bon nombre de squatteurs en tout genre, avant d'appartenir maintenant à une certaine femme qui se nommait, Alaina. A ce qu'il parait, cette dealeuse s'était installée en un rien de temps, la folie qui l'a rongeait l'aidant pour beaucoup dans sa quête. J'avais déjà entendu parler d'elle sans pour autant avoir de nom au bout de la description de ce qui semblait être une jeune femme à la beauté froide. C'était cette petite salope que j'étais venu voir. Elle et un de ses potes, surement un drogué qu'elle avait à ses basques, étaient entrés par effraction dans ma boutique d'armes. Ces connards avaient foutu une merde pas possible, en profitant pour piquer quelques armes (bah oui, pourquoi se priver hein ?). Lorsque j'étais arrivé le matin, le désastre m'avait rendu fou furieux. Heureusement, j'avais pu avoir une image assez nette des deux apprentis cambrioleurs grâce à une caméra placé dans un coin du magasin. Et voilà qu'en plus de cette image qui pouvait m'orienter sur une piste, Rob, mon associé depuis peu de temps, s'invita à la fête et me livra une information qui me rendit tout fier d'avoir acheter cette petite caméra. Alaina, c'était elle qui se déplaçait sur les images et Rob l'avait reconnu en trois secondes, avant que son visage ne se décompose et qu'il ne me faille le rassurer en lui disant que ce n'était qu'un coup du sort si elle était arrivée ici. Apparemment, ce n'était pas de ça qu'il s'agissait mais je n'en avais pas appris plus sur leur histoire commune. Il m'avait donc filé quelques infos sur elle et je m'étais lancé à la chasse. J'avais trouvé une semaine après ce que je cherchais, l'un des squat qui lui tenait lieu de planque (elle en avait apparemment pas mal). Et me voilà devant la porte de cette planque, un sourire de carnassier sur les lèvres. On m'avait aussi dit qu'elle était très dangereuse, mais ça... Peu m'importait, me faire chier m'avait rendu dix fois plus dangereuse qu'elle et ça c'était certain.

J'ouvrais donc la porte lentement, puis montais les marches tranquillement, le flingue pointé devant moi en attente d'apercevoir un visage inamical. En haut de l'escalier, je bifurquais sur ma droite pour arriver devant une imposante porte à demie éventrée, que je poussais du bout du pied tout en observant consciencieusement les alentours. A l'intérieur, des meubles plutôt sympa et pas trop dégueulasses malgré le fait que la poussière semblait recouvrir une bonne partie de la pièce. Ce devait être le don qu'avait toutes les femmes de savoir rendre un taudis en un semblant de lieu accueillant. Plusieurs lumières perçaient et je m'attendais d'un moment à l'autre à me retrouver nez à nez avec une folle furieuse qui agiterait une machette en hurlant des noms aztèques (moi et l'imagination vous savez...). J'hurlais alors avec toute l'animosité que je pouvais mettre dans ma voix :

- Salope ramènes ton cul par ici !

Statue Of Liberty