Opium ; sorcière ; lesbienne.

Elle était bien gentille la petite bestiole poilue, mais Opium ne risquait pas d’aller bien loin si elle était incapable de lancer la conversation. Parce que certes il était bien simple de passer du temps en compagnie d’une personne mais lorsque que l’on ne connaissait rien de lui c’était plus compliqué. Il fallait qu’elle réfléchisse. Que savait-elle de lui ? Il était argentin, originaire de Yolihuani. Il était le capitaine de son équipe et un fan de quidditch. Et ? Rien d’autre ne parvenait jusqu’à son esprit. Grand dieu, ne lui avait-elle jamais parlé ? En y réfléchissant, non, absolument pas. Depuis le début de l’année, elle l’évitait. Trop collant, trop… trop. Il n’arrivait pas à comprendre qu’elle n’était pas intéressée, qu’elle ne serait jamais intéressée. Peut-être était-ce une pensée trop compliquée pour le peu de chose qui habitait son crâne. Oui bon, là, elle y allait un peu fort parce qu’en tant que leader, il était quand même vraiment bon. Mais tout de même, en dehors du gazon, il était vraiment lourd ! Malheureusement pour elle, Simba voulait qu’elle se rattrape. Il voulait qu’elle s’excuse et qu’elle passe du temps avec lui. Encore une fois, que faire ? Alors qu’elle allait abandonner, pensant réellement qu’il s’agissait d’une cause perdue, une idée lui traversa la tête. En une fraction de seconde, l’animal acquiesça et elle annonça : « Tu veux voir quelque chose de carrément cool ? »

Opium n’était pas certaine de ce dans quoi elle se lançait. Elle n’avait jamais réellement réalisé cette expérience avec quelqu’un d’autre que Jabari. Et c’était plus simple avec lui. Ils avaient vécu ensemble et elle le connaissait comme elle se connaissait elle-même. Avec un inconnu, il n’était pas assuré que cela fonctionne. Cependant, elle avait confiance en l’animal pour combler les trous. Un léger sourire aux lèvres, elle entraina Luis dans un coin du cimetière et le fit asseoir. Elle finit sa cigarette et se concentra. Un des principaux avantages de ce sortilège était qu’il se servait aussi de la puissance magique du camarade. Simba suffirait largement, mais c’était grâce à cela que le tout fonctionnait aussi bien. Comme la seconde personne avait fournit un peu de sa magie, les invocations la reconnaissent comme un… invocateur et acceptent d’obéir à ses ordres. C’était en réalité bien plus compliqué, mais la jeune femme était bien incapable de retenir le pourquoi du comment. Elle ferma donc les yeux après avoir ordonné à l’argentin de se tenir tranquille. Elle ferma les yeux et se concentra. Sur elle-même premièrement, puis sur son capitaine. Elle sentit sa magie se mêler à la sienne et elles furent rapidement rejointes par celle du Lion. Comme lorsqu’elle était à Nkiruka, elle ressentit les différents esprits autour d’elle et ce fut très fière qu’elle ouvrit les yeux.

« Wow c’est… carrément cool, t’as raison ! Mais c’est quoi ces trucs au juste ? » demanda Luis qui semblait être passionné par ce qu’il voyait. Avec un léger sourire, Opium lui expliqua qu’il s’agissait des Dieux du ciel, comme l’animal lui avait appris. C’était un sort qui était impressionnant. Pour ceux qui n’y connaissaient rien, comme c’était le cas ici, parce que de voir des machins qui volent c’est marrant ; mais aussi pour les professionnels car il s’agissait d’un sort très compliqué à réaliser. Merci qui ? Merci le gros chat, comme dirait si bien Jabari ! Ce que la jeune préférait par-dessus tout, c’était sa petite touche personnelle surement pas si personnelle que ça : « Imagines-les entrain de faire quelque chose. » Les pensées du jeune homme, ainsi connecté, parviendraient jusqu’à la source de magie – ici la Kényane – et se transformeraient en gestes réels. Prit au jeu, Luis n’hésita pas et la demi douzaine de boulles de lumière se mirent à tourner autour d’eux. Petit à petit, elles prirent de la vitesse et se mirent à former d’étranges choses. Amusés, les sorciers l’étaient. L’une fière de son coup, l’autre émerveillé. Et il semblerait que leur connexion était faite pour durer : « Ok, je vois le genre… Tu les fais faire ce qui me passe par l’esprit… » La demoiselle rit légèrement et répondit : « En fait c’est un peu plus compliqué que ça, mais oui, c’est le principe. » C’était bien plus compliqué mais elle n’était pas là pour lui donner des cours alors, à quoi bon ?

« On va voir si ça marche des deux côtés et si je peux te montrer mon truc carrément cool à moi. » annonça l’argentin. Avant qu’Opium ne puisse dire quoi que ce soit, il avait déjà fermé les yeux. Elle leva alors un sourcil interrogateur. Ferait-il lui aussi dut vaudou ? Ou était-il capable d’une autre de folie de la nature ? La curiosité de la jeune femme venait de se réveiller et elle attendit qu’une quelconque chose se passe. Au bout de quelques temps, elle le sentit resserrer l’emprise de ses mains et elle s’assit plus confortablement. Les petites étoiles qui avaient pris une vitesse faramineuse, probablement menée par l’excitation du jeune homme ralentissaient lentement sans pour autant se stopper. Soudain, le vent se mit à souffler, faisant voler les cheveux de la Kényane. D’un sortilège de gramarie, elle se les attacha à l’aide d’un bout de bois qui trainait dans les environs. Quelques sortilèges faisaient souffler cet élément. Pourtant, elle ne ressentait aucune sorte de magie qu’elle connaissait. Elle qui gigotait légèrement s’immobilisa lorsqu’elle sentit de l’air passer sous son corps. Que se passait-il ? Le Yolihuani était toujours aussi concentré et, doucement, les deux jeunes gens s’élevèrent. Ils flottaient gentiment à quelques centimètres du sol et les yeux de la demoiselle brillaient. Elle vit son capitaine ouvrir les yeux et lui lança un large sourire fasciné : « Qu’est-ce que c’est ? Un sortilège ? » Elle était très curieuse, surtout que cette chose était sublime. Elle était capable de planer légèrement afin de ralentir un atterrissage mais se soulever de cette manière ? C’était quelque chose de très compliqué et il lui fallait l’aide de Simba, surtout en utilisant l’élément en lui-même. Comme toute chose de la nature, il était très instable et une toute petite erreur pourrait être fatale !

Lorsque Luis lui expliqua, Opium but ses paroles. Elle fit rapidement ses quelques calculs afin de comprendre ce jeune homme qu’elle haïssait tant quelques instants auparavant. Il ne pouvait faire cela qu’avec le vent. Il ne contrôlait que le vent. C’était un élementaliste vent. Elle ne connaissait pas grand-chose dans ce rayon-là et à part November, elle n’en connaissait aucun. En effet, le don devait grandement jouer sur ses humeurs, tout comme le vaudou. Elle n’essayait jamais de lancer un quelque sort lorsqu’elle était en colère, ou même triste ! La dernière fois qu’elle avait laissé son don la contrôler, elle avait finit avec une balle dans la poitrine. Autant dire qu’elle n’essaierait pas de si tôt ! Le jeune homme semblait cependant réellement avoir un problème avec le contrôle de ses émotions. Oui, il suffisait de le voir pour comprendre qu’il avait du mal à se calmer. S’il voulait, elle connaissait pas mal de techniques de relaxation. Enfin, pour se calmer quoi.

Voulant rattraper une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux, Opium lâcha une des mains de Luis. Aussitôt, ils perdirent de l’équilibre et, par réflexe, elle créa de nouveau le contact avant qu’ils ne tombent complètement. « Qu’est-ce que tu ferais sans moi, » dit-elle avec un léger rire. Rire qui se fana bien vite lorsqu’elle se rendit compte qu’elle ne sentait pas de liaison concrète avec son capitaine. Aucune liaison en tout cas qui lui permettrait de maintenir un sortilège aussi puissant. L’élémentalisme était donc bel et bien une partie entière de la personne. C’était sublime. « Tu as un réel talent, Martin. Maintenant, il faut juste que tu apprennes à le contrôler. » Et ce n’était réellement pas une mince affaire. Opium avait passé toute sa scolarité à travailler sur ce calme et rester une après-midi assise au milieu de la savane avec l’interdiction de bouger, c’était très difficile. « Lorsque tu seras capable de te contrôler, tu n’auras besoin de personne pour utiliser ton don et tu pourras tout simplement… » elle laissa sa phrase en suspens et augmenta légèrement la brise en dessous d’eux, les faisant s’élever un peu plus dans les airs. Encore et encore jusqu’à ce qu’elle détende ses jambes et se remette debout. Elle ne dirait pas, bien entendu, qu’elle n’avait pas fait cela toute seule, il fallait qu’elle garde de l’effet. Une fois son capitaine sur ses deux jambes – c’est qu’il est vraiment très grand – elle lui sourit : « Si tu veux je peux t’aider à trouver cette… paix intérieure, » finit-elle avec un léger rire. Elle avait une petite idée d’entrainement à laquelle même Simba avait rit. Traduction : elle avait le droit. Et elle ne se priverait pas, bien au contraire.

« Il est très compliqué de faire abstraction de tout ce qui se passe autour de soit, » commença-t-elle en se rapprochant lentement du jeune homme. Arrivée à un mètre de lui, elle regarda autour d’elle à la recherche d’un quelconque objet. Elle trouva une pierre ronde et plate qui devrait se révéler assez simple à soulever pour l’élémentaliste. Se concentrant, elle la fit venir vers elle et la posa par terre à ses côtés. « Les règles sont simples » dit-elle avec un sourire : « Tu vas devoir déplacer cette pierre grâce à ton don. Rien de plus rien de moins. Il faut simplement que tu oublies le monde qui t’entoure et que tes émotions ne te rattrapent pas. » Elle rit intérieurement en pensant à ce qu’elle lui préparait. Lorsqu’elle vit qu’il commençait à se concentrer elle se rapprocha de lui jusqu’à sentir son souffle contre sa joue. Doucement, elle colla son corps au sien et sentit déjà son souffle devenir irrégulier. « Ne laisse pas l’environnement te perturber, » chuchota-t-elle à son oreille. « De la gêne, de la peur, de la joie… du désir. » Ses mains courraient le long du corps de l’argentin, ne laissant pas un seul endroit délaissé. « Oublies ce cimetière, oublies les hiboux qui volent au dessus de ta tête, oublies moi,» ordonna-t-elle alors qu’une de ses mains descendait lentement au niveau de l’entre-jambe. « Il n’y a que toi, ton don et cette pierre. Rien d’autre, personne d’autre. » Faisant glisser ses lèvres sur les joues de son capitaine, la Kényane prenait un malin plaisir à jouer ce jeu. Alors que sa main se rapprochait de plus en plus de l’endroit… sensible ? Elle laissa échapper avec une voix qui se voulait des plus sensuelles : « Ne te laisse pas submerger par tes envies, Luis. » Jamais, Ô grand jamais elle n’irait aussi loin. Non pas que ce n’était pas quelque chose que l’on faisait à son capitaine, mais simplement parce que c’était dégueulasse ! Non mais c’est vrai quoi ! Enfin, elle savait qu’elle n’irait jamais aussi loin. Lui en revanche…

ok by Dylan