Apparence & Style: Disons que son style s’accorde bien à sa nouvelle conduite exemplaire. Chemises hors de prix, coupe de cheveux impeccable, ongles coupés, chaussures cirées, tatouages dissimulés la plupart du temps. Archi prend soin de son apparence, ce qui ne lui demande pas beaucoup d’efforts étant donné qu’il est de nature ordonnée et efficace. Il suffit que chaque chose soit à sa place, de s’activer comme un automate pendant quinze minutes, et le tour est joué. Si le rôle du caïd en blouson de cuir lui collait comme un gant, celui du fils à papa lui sied tout aussi bien. Corps d’athlète, visage anguleux, lèvres charnus, deux iris d’un vert profond, chevelure châtain. Il retient davantage l’attention glissé dans ces fringues. D'une taille assez grande, sa carrure rassure. Il se dégage de sa démarche calme et de ses larges épaules une impression de sécurité. En bref, la figure même de l'héritier d'une grande fortune destiné à une brillante carrière sur lequel il faut bondir pour s'assurer un avenir paisible.

Caractère: Ceux qui fréquentent Archibald depuis plus de huit mois s’étonnent encore de son changement radical de comportement. Le junkie d’autrefois, prêt à toutes les folies pour décevoir son père, s’est métamorphosé en un fils modèle ne créant pas la moindre vague, si bien que certains s'imaginent qu'on l'a troqué contre un robot d'apparence très réaliste. Pourtant il a constamment un air renfrogné plaqué sur le visage, comme s’il était prêt à vous bondir dessus au moindre mot de travers –ce qui n’est pas tout à fait faux-, et une pointe de mélancolie dans le regard. Pas le genre de type vers lequel on irait naturellement, sauf si on cherche à sauver les causes perdues. Néanmoins, si l’on passe la première frayeur, on se rend compte qu’il est tout à fait « normal », et se rapproche même du gendre idéal. Conversation agréable, quelques sourires évasifs qui s’évanouissent rapidement, avenant, franc, il proposera sans doute de payer l’addition et de vous raccompagner. Un vrai gentleman, en somme. Super, voilà un mec à garder dans son répertoire et qui accourra toujours en cas de pépin. D'un naturel intuitif, il faut savoir qu'il se fie à ses premières impressions et observe le moindre de vos faits et gestes. On peut rarement lui cacher un trouble, c'est le genre de choses qu'il décèle sans difficulté à cause d'un sourcil froncé, d'une main hésitante ou d'une lèvre mordue. On regrette parfois qu’il ne s’amuse pas davantage, qu’il ne se déride pas de temps en temps. Il donne l’impression d’être à deux endroits en même temps, sur une planète étrangère, et que les considérations d’un étudiant lambda ne sont pas les siennes. Son unique vice reste la cigarette, trace de son appartenance au genre humain. Le truc c’est qu’au fil du temps le mystère s’épaissit, et la personnalité d’Archi reste toujours aussi difficile à cerner. Finalement personne n’en connaît long sur lui, ce dont la plupart de ses connaissances s’accommode puisqu’en dehors de ça, il paraît honnête. C’est un fait démontré, les gens ont assez de problèmes pour se demander si un type qui semble sans défaut ne cache pas un ou deux squelettes dans le placard. Il pourrait se transformer en Jack l’Eventreur ou Batman une fois la nuit tombée, personne n’en saurait rien et continuerait de le considérer comme un garçon bien. La question peut cependant brûler les lèvres, un jour, d’un témoin de l’une des bagarres à laquelle il participe –et cela n’est pas chose rare-, parce que ce n’est pas le genre de comportement qui colle à Archi, si aimable et si calme. Quelle mouche l’a piqué pour qu’il s’emporte ainsi ? Peu de chance de connaître la véritable raison de sa bouche. On n'est jamais vraiment proche d'Archi, jamais, ce qui explique sans doute la tournure désastreuse que prennent ses relations amoureuses.

Un bruit m’éveilla d’un sommeil agité. Un coup frappé de façon brève, comme le balai du voisin pour faire cesser des nuisances sonores. Mais la fête était déjà terminée depuis des heures … Je refermai mes paupières en repoussant le drap sur le côté, espérant que le silence perdurerait. Malheureusement ma quiétude fut de courte durée puisque le bruit se fit entendre à nouveau, saccadé. Cette fois je l’identifiai sans difficulté, quelqu’un frappait à ma porte. Je songeai un instant à laisser l’intrus sans réponse, néanmoins je me redressai avec lenteur et posai mes pieds nus sur la pierre. Froide, sans doute, une sensation que je ne pouvais ressentir. Lorsque je jetai un œil par le judas j’eus la désagréable surprise d’apercevoir mon père, à qui j’ouvris la porte après quelques secondes d’hésitation et un nouveau coup frappé. On s’était toujours bien entendu, lui et moi, quand j’étais gamin. Il avait été un bon père pour nous, ce qui n’avait pas toujours été évident avec l’absence d’une femme. Il n’avait pas failli à son devoir, ne s’était pas dérobé derrière une responsabilité professionnelle. Je ne me souvenais plus à partir de quel moment ça avait dérapé. Pourquoi, un jour dans mon existence, j’avais pris la résolution de tout faire pour le décevoir. Peut-être que c’était l’évolution logique d’un gosse gâté, habitué à tout posséder. J’avais très tôt compris que je pouvais tout avoir et je ne m’en privais guère, abusant de la générosité de mon géniteur et de son incapacité à me couper les vivres. Il m’avait inculqué les valeurs élémentaires de la vie pourtant, cependant elles m’avaient effleurées sans s’ancrer dans ma personnalité et me forger à devenir quelqu’un de bien. J’appliquais des règles aux antipodes du bon sens. Mais malgré tous mes efforts mon père n’avait jamais renoncé à l’espoir que cette situation prenne fin, que je me jette à son cou en pleurant et en m’excusant d’avoir été un fils si difficile. Personnellement ça me paraissait délicat, je ne voyais pas par quel miracle cela pourrait se produire. Je ne le détestais pas et lui non plus, nous étions simplement deux êtres qui se demandaient pourquoi des liens indéfectibles de parenté nous liaient. Je lisais dans ses yeux, comme à cet instant présent, la douleur d’un père qui s’avoue vaincu en constatant les désordres provoqués par son échec. Son regard se détacha de ma silhouette fatiguée, de mes cheveux ébouriffés et de mon visage blafard, les traits tirés par le manque de sommeil ainsi que l’usage abusif d’héroïne et d’alcool. Il ne pouvait plus supporter la vue de son fils, et je ne pouvais pas lui en tenir rigueur. D’un coup d’épaule il me fit reculer d’un pas afin de pénétrer dans l’appartement, ses iris naviguant entre la table basse sur laquelle trônaient joints, pilules, poudre blanche et emballages de préservatif usagés, et le corps partiellement dénudé d’un jeune homme étendu sur le canapé. Me glissant une main sur la nuque je soupirai, persuadé que ce spectacle ne manquerait pas d’attiser sa colère. Un junkie alcoolique homosexuel, qui avait-il de pire au monde pour un parent qu’une telle association ? « Je suis venu te dire que j’ai convaincu ton frère de te prendre à l’essai. » Ses pupilles étaient revenues se poser sur moi, mais son trouble était visible. Sa voix mal assurée, hésitante, et les doigts de sa main droite triturant un bouton de sa chemise le trahissaient. C’était certainement pire que ce qu’il n’aurait jamais imaginé. « Dans sa casse pourrie tu veux dire ? J’en suis honoré. Mais tu pourras lui dire non merci. » Mon aîné gérait un business tout à fait honnête, cependant à ce moment de ma vie je ne voyais pas l’utilité de bosser. Je poursuivais des études en journalisme et j’avais tout l’argent nécessaire pour vivre, alors pourquoi me compliquer l'existence ? Mon père pensait que ça me ferait du bien, et il avait sans doute raison. Mon géniteur haussa les épaules et rejoignit le couloir de l'étage. Il sembla marquer une pause, comme s'il allait se retourner, mais il ne le fit pas. « Il t'attend demain à 9h. » Il savait que je ne viendrais pas.

Ma main restait suspendue au dessus du corps sans vie que je contemplais, à quelques centimètres de la peau diaphane comme si je m’apprêtais à la toucher. Le contact serait moins douloureux que pour les autres, au moins ne me paraîtrait-elle pas glaciale. Pourtant, pour la première fois depuis plus de six ans, un frisson me parcourut jusqu’à l’extrémité de mes doigts tremblants. Son visage était si paisible qu’on l’aurait cru endormie, et j’aurais pu m’en convaincre si son corps n’était pas glissé dans une housse mortuaire. Je ramenai mon bras, renonçant à l’effleurer une dernière fois. J’aurais pu l’observer pendant des heures, attendant qu’un souffle de vie fasse frémir ses narines, battre ses cils, bouger ses lèvres pâles, si le médecin ne m’avait pas posé la main sur l’épaule. « Vous confirmez son identité ? » J’ignorais si c’était la première fois qu’elle formulait sa question, je n’aurais pas même remarqué la fin du monde si elle était survenue. « Oui. » Un seul mot murmuré, avec difficulté. Delta - charlie - delta. Voilà ce qu’elle était. Ma pauvre sœur, ma pauvre June, était étendue morte devant mes yeux, et même dans les pires scénarios je n’avais jamais imaginé que ce fût possible. La cause n’en avait été que plus douloureuse. Overdose. Lorsque j’avais entendu ce mot mon regard était devenu vitreux, et mon corps s’était lentement vidé de tout sentiment. Je n’éprouvai rien, juste un immense vide comme si mon âme avait décidé de se faire la malle en me laissant là comme un con, dans une coquille ébahie. Puis ils étaient revenus un par un. La colère, l’incompréhension, la frustration, la haine, le chagrin. Un mélange explosif qui finirait par aboutir à quelque chose que je ne parvenais pas encore à identifier. Je lui avais pourtant dit de ne pas toucher à cette merde, j’avais interdit à tous ces merdeux de dealers de lui vendre quoi que ce soit. Elle avait voulu faire comme son grand frère, quoi de plus naturel ? Quel bel exemple j’avais été, je l’avais conduite tout droit dans les bras du Seigneur, devant les portes de paradis. J’aurais voulu croire en Dieu en cet instant précis, m’imaginer qu’elle serait plus qu'un petit tas de cendres pour l’éternité. Malheureusement, je n’en étais pas capable. Je me demandais pourquoi elle et pourquoi pas moi. J'avais pourtant davantage de raisons de crever, je m'étais drogué, j'avais bu, abusé des vices cent fois plus. Je l'avais mérité tous les jours, ma vie était suspendue à un fil qui n'attendait que de se briser. Mais June était encore une adolescente, avec une part d'innocence et de pureté intacte. La mort n'avait aucun sens. Je sursautai soudain. Un cri perça le silence, celui de mon père qui découvrait le cadavre de sa fille, soutenu par mon frère. Plus rien ne serait comme avant désormais, pour aucun d’entre nous. Je voulus leur murmurer que j’étais désolé, que je ferais tout pour me racheter, mais ces mots me paraissaient tellement futiles que je les ravalai. A la place, je me contentai d’assister au chaos qui s’insinuait insidieusement dans la vie des Daligand.

« Tu prends toujours des cours de tir ? » John braquait sur moi un regard atrocement sérieux, ce qui n’était guère dans ses habitudes. Je détestais ça, qu’on me lance ce genre de remarque sur ton grave. Ca ne voulait dire qu’une seule chose : ta sœur est morte et t’as l’air un petit peu dépressif ces derniers temps. L’inquiétude d’autrui, au lieu de me toucher, ne faisait que m’agacer. Du moins lorsque j’avais l’impression de lire la pitié dans les yeux des autres, ce qui était précisément le cas dans cette situation. Pourquoi le fait de m’entraîner à viser avec une arme le préoccupait-il autant ? Il pensait que j’allais me faire sauter le caisson ? Pas besoin de se faire chier à prendre des cours pour ça, c’était à la portée de n’importe quel crétin. Il imaginait que j’allais poursuivre le dealer qui avait vendu la came à ma cadette avec un flingue pour lui trouer la peau ? J’étais peut-être déglingué ces temps-ci, mais pas parfaitement con. Je savais depuis longtemps que la vengeance n’était pas le meilleur moyen d’apaiser sa souffrance. Buter ce type m’avait bien sûr effleuré à plusieurs reprises, j’avais été à deux doigts de débouler dans la rue avec l’idée de le tabasser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais après, quoi ? La taule ? Bonne punition, certes, mais ce n’était pas en passant cinq ans derrière les barreaux que j’allais changer quoi que ce soit. « Hm. » Ca voulait dire oui. « Je veux juste pouvoir me défendre, qu'est-ce qu'il y a de mal à ça ? » Et pour cause, c’était l’entière vérité. Mon vis-à-vis me jeta un regard en biais peu convaincu, mais il en resta là. Qu’il me croie m’importait peu. J’aurais pu lui expliquer que quelqu’un s’était introduit dans la casse de mon frère la semaine dernière et m’avait braqué avec un fusil de chasse, mais ça, ce n’était pas le genre de détails que j’adorais partager. J'avais finalement accepté de bosser avec mon frangin, et j'avais d'ailleurs été étonné qu'il renouvelle sa proposition. Il n'avait pas l'air de voir en moi l'assassin indirect de notre soeur, contrairement à mon père. Nos rapports s'étaient inversés. C'était moi désormais, qui tentait de m'occuper de lui pendant qu'il passait son temps à détourner les yeux. « J’en sais rien mec, tu me fais un peu flipper ces derniers temps. J’ai du mal à m’adapter aux changements, à commencer par tes fringues … » Il m’arracha un sourire tandis que sa main s’accrochait au col de ma chemise. J’avais changé, certes. Mais n’était-ce pas une chose positive ? J’avais l’impression de rectifier un peu ce que j’avais bousillé. Pas tout, je ne le pourrais jamais, mais d’améliorer les choses, redresser la barre. Faire tout mon possible pour que June soit fière de ce que j’étais devenu. Cela donnait en quelque sorte un sens à sa mort, ou c’était en tout cas ce que je me disais parfois même si la plupart du temps j'avais grand mal à me convaincre. « Je suis conscient de ressembler à un évangéliste venu recruter de nouveaux couillons pour sa secte, mais j’aime ça John. J’avais besoin de ça. » On t’a robotisé mec, m’avait-il dit la première fois que j’avais refusé la pilule qu’il me tendait. Peut-être bien. « Et puis en plus, ça plaît aux filles. » Je le gratifiai d’un clin d’œil en me dirigeant vers une jeune étudiante qui attirait mon regard depuis quelques minutes. Je m’approchai et entamai une discussion qui m’emmerdait déjà, espérant que mon ami nous observait et oublierait ses considérations à mon égard pour la soirée. Quoi de mieux que d’aller draguer une gonzesse pour prouver aux autres que l’on va bien … Je n'avais rien trouvé d'autre, cependant j'étais persuadé que ça allait parfaitement fonctionner.

Je n’aimais pas le regard perçant que cette créature aux longues jambes me lançait à travers ses petites lunettes rondes. C’était comme si elle me transperçait, qu’elle lisait en moi, qu’elle savait déjà tout mais attendait que je parle pour confirmer ce qu’elle avait vu. Je me tortillai sur ma chaise, regrettant aussitôt mon geste. Pour ce qui était de dissimuler mon angoisse, c’était raté. Tout en moi transpirait le malaise, de mes ongles rongés jusqu’à mon nez que je fronçais sans arrêt. J’avais toujours détesté le milieu médical, et les psychologues en faisaient partie. J'avais réussi à garder le silence pendant qu'elle me regardait. Il ne restait plus que cinq minutes d'entretien, et elle avait attendu que je me confie sans succès. Si toutes les séances se déroulaient de la sorte, ça risquait de devenir vraiment chiant. « N’attendez pas d’émouvantes confessions de ma part, si je fais ça c’est uniquement pour éviter d’être viré. » Elle avait certainement déjà une petite inscription sur mon dossier lui indiquant la raison de ma venue dans son bureau. Accès soudains et incontrôlés de violence. Ts. J’avais une ou deux fois eu recours aux mains comme n’importe garçon de mon âge, il n’y avait pas de quoi en faire un plat. Seulement la fac avait perçu ces bagarres comme un témoin d’un mal être profond, un signal d’alarme. Je m'étais inscrit dans une université différente exprès, pour ne pas avoir à subir le lourd regard d'autrui sur mon passage, mais le doyen et les profs étaient au courant, eux. Bon sang, que je détestais tous ces gens qui s’inquiétaient … J'avais conscience d'avoir des problèmes, mais pourquoi le monde entier se sentait-il obligé de s'en mêler ? J'étais assez grand pour les gérer moi-même. « Vous êtes un élève brillant Archibald. » Tiens, on en était déjà aux prénoms. « Ce serait dommage de gâcher vos chances, vous ne trouvez pas ? » Je la fixai de façon insistante, espérant que cela la déstabilise un tant soit peu. Qu’elle renonce. Qu’elle laisse tomber ses questions pourries. « Ma sœur est morte, qu’est-ce que vous voulez de plus ? » C’était pas vraiment étonnant qu’il y ait un fusible qui pète de temps en temps, si ? Pourtant elle le savait, j’aurais parié que c’était dans mon dossier ça aussi. Comme mon passé de junkie et ma nouvelle transformation. Alors quoi, où voulait-elle en venir. « Votre père, que pense-t-il de ça ? » Aïe. C’était sûr qu’elle allait enfoncer son long doigt manucuré dans la plaie. « Vous n’avez qu’à lui demander. » La créature maléfique écrivit quelques mots sur son petit carnet, et j’aurais donné cher pour pouvoir les lire même si je me doutais qu’ils n’étaient pas en ma faveur. « Et vous, que pensez vous de cela ? » Je commençais à comprendre dans quelle direction elle se dirigeait. Je ne savais pas si dans le guide du bon psychologue il y avait écrit qu’à la première séance il fallait foncer dans le tas avec un bulldozer, mais ce n’était pas franchement la meilleure solution pour attirer la sympathie de son client. Je m’attendais à ce qu’elle me pose des questions stupides, des trucs sur mon enfance, des interrogations bien loin du sujet principal. « Vous voulez savoir si je me sens responsable ? Bien sûr que non, j’tenais pas la seringue. » Elle sembla un instant désarçonnée par ma réponse, bingo. Elle ne s’attendait tout de même pas à ce que je me mette à pleurer en lui disant que j’étais déchiré par une monstrueuse culpabilité, si ? « Ce n'est pas ce que je voulais dire Arch … » « Si vous voulez dire quelque chose, dites-le clairement. » intervins-je soudain pour l’interrompre. Je n’aimais pas quand elle prononçait mon prénom. Mon regard menaçant provoqua un mouvement de recul presque imperceptible qui ne m’échappa pas. Je me levai sans prévenir et m’approchai du bureau derrière lequel elle prenait des notes. Sa main se dirigea vers le téléphone lorsque j’agrippai le petit réveil qui trônait sur sa pile de dossier. « C’est l’heure doc’, vous ne voudriez pas être en retard. » Satisfait de mon petit effet je tournai les talons. Inutile de jouer les enfants parfaits devant cette nana, après tout elle était là pour apprendre la vérité et toute la vérité à mon sujet, non ? Me cerner complètement, découvrir qui j'étais réellement et pourquoi j'agissais comme je le faisais. Très bien, bonne chance doc'.