Un de mes petits RPs postés pas plus tard qu'hier ^^
J’avais pressé le pas, changeant de rayon à la première occasion. Je m’appuyais de mes mains contre une étagère de biscuits. Comment était-ce possible ? J’avais tout essayé pour l’éviter, lui. Lui que j’avais réussi à fuir pendant quelques années, lui qui était devenu un cauchemar dont je n’arrivais plus à me débarrasser. Pourquoi avait-il fallu que je sorte ce matin ? Pourquoi n’étais-je pas restée bien tassée dans mes couvertures à l’abri des regards, à l’abri du soleil et de l’extérieur ? Pourquoi n’étais-je pas restée logée dans ma bulle afin de l’éviter, lui… Cela faisait bien trop de pourquoi auxquels je n’arrivais pas à trouver de réponses concrètes. Tout se bousculait dans ma tête à présent sans que j’en aie le réel contrôle. Tous mes sentiments allaient et venaient aussi confus les uns que les autres. C’était encore ce putain de hasard qui nous jouait des tours, il trouvait toujours les meilleurs plans pour nous faire couler, oh oui ! Après tout, n’était-ce pas son rôle à ce dernier ? Chacun avait sa place dans la communauté, ma place était de rapporter des faits, de travailler mon rôle de journaliste, et si Sloan a poursuivi ce qu’il me disait lorsque nous étions de simples adolescents, lui son rôle était de défendre et de chercher des arguments, un avocat. Mais là n’était pas la question. Le fait était que je me retrouvais devant l’homme que j’avais essayé d’oublier pendant toutes ces années en France. Cet homme qui m’avait brisé le cœur alors qu’il ne voulait pas avouer ses sentiments envers moi. J’en étais certaine en plus qu’il ressentait au moins un minimum d’amour pour moi, je le savais depuis notre fameux baiser. Mais monsieur n’avait pas voulu avouer ses sentiments et voilà où nous en étions.

Alors que j’essayais de reprendre mon souffle, de souffler un bon coup pour me redonner du courage afin de continuer d’avancer dans le magasin, zigzaguant à travers les rayons afin d’éviter cet homme. Seulement, tout en décida autrement et visiblement Sloan m’avait déjà aperçue tout à l’heure alors que j’avais changé de route. Il se retrouvait là, devant moi. C’était bien pire que tout ce que j’avais imaginé d’une rencontre possible. A chaque rencontre que je m’étais imaginée, j’avais un discours, une réplique à tout ce qu’il pourrait me dire, contrant chacune de ses paroles ou chacun de ses gestes. Mais là rien. Je n’avais rien prévu, et je ne savais pas comment cette rencontre allait se dérouler. J’avais un peu peur, et un nœud se formait lentement dans mon estomac. Mes mains commencèrent à trembler légèrement. Dans quel état me trouvais-je à cet instant ! Mais je ne voulais rien laisser paraître et moi aussi j’avais une certaine fierté. Je ne laisserai rien paraître et je ne lui montrerai surtout pas qu’il m’avait blessée, et que tous mes sentiments se bousculaient en mon fort intérieur en ce moment même. Il avait ouvert la bouche, j’aurais très bien pu lui sortir une de mes phrases favorites telle que « Fais attention tu vas gober des mouches. » Mais là, j’étais à peu près comme lui, la bouche à demi-ouverte, cherchant quelque chose à faire. J’avais envie de reculer de quelques pas, de me retourner et de m’enfuir en courant hors de ce magasin. Seulement connaissant Sloan, ce dernier n’hésiterait certainement pas à me courir après. Quelle ironie du sort tout de même !

Finalement Sloan prit la parole. « Oh bordel de merde, j’y crois pas… » Eh bien, je m’attendais à ce qu’il dise quelque chose mais au moins quelque chose de plus…comment dire constructif. « Quel langage Sloan ! » ai-je rétorqué avec un sourire ironique. Mais à vrai dire, ce que je ressentais se traduisait aussi par « Oh bordel de merde, j’y crois pas… ». Moi aussi j’aurais pu lui dire ça, car nous n’étions pas si différent après tout. Sloan avait toujours cette façon particulière de s’exprimer, et encore mieux, d’exprimer sa surprise et sa perplexité. C’en avait toujours été amusant, mais là, je n’avais pas le cœur à rigoler et plutôt à trouver un moyen de m’enfuir de cette situation. Seulement il m’était impossible de prétexter n’importe quoi, ni de partir en continuant de faire mes courses car je passerai pour une vraie poule mouillée et Sloan serait très bien capable de me le reprocher. Je le regardai, complètement abasourdie, il avait changé oui, il avait grandi et était devenu un vrai homme. Il était toujours séduisant et forte était la tentation de tomber dans ses bras et de me laisser bercer par celui-ci. Mais non, je ne me laisserai pas faire. Je ne lui tomberai pas dans les bras telle une petite fille fragile qui n’attend que ça depuis quelques années déjà. Non !
J’essayai de détourner mes yeux de son visage pour les rejoindre sur ma liste de course. C’est à cet instant que je vis que la petite feuille que je tenais dans mes mains, tremblait légèrement. Je me retournai naturellement pour aller vers les conserves qui étaient disposées çà et là. Je voulais à tout prix éviter de me retrouver face à lui et qu’il voit à quel point il me troublait. Finalement c’est lui qui reprit la parole une nouvelle fois, bien que froidement. « T’es venue faire quoi à Paradise ? Me hanter ? » m’interrogea-t-il. J’aurais bien été tentée de lui répondre, « Oui, te hanter comme tu hantais tous mes rêves et cauchemar. Te hanter à tel point que tu ne puisses plus dormir comme furent les premières années que j’aie passées en France, Sloan. » Mais aucun son ne sortit de ma bouche. Ma bouche s’était ouverte et refermée aussitôt. Je cherchai quelque chose de bien construit à répondre, mais rien ne me vient véritablement. Alors je décidai de faire confiance à mes mots et à ma bouche qui les laisserait s’échapper. « Très sympathique ton accueil. Crois-moi que je n’étais pas venue ici pour toi ! » appuyai-je sur le dernier mot. Mais était-ce vrai ? « Et puis, te hanter ? Pourquoi faire ? Tu te hantes déjà toi-même ! Si tu ne veux pas de moi ici, alors laisse-moi faire mes courses tranquillement et vivre ma vie, veux-tu ? » J’avais l’air d’une véritable gamine, j’avais l’impression que nous avions encore une dizaine d’années et que nous venions de nous quereller pour mieux nous retrouver par la suite. Mais était-ce la suite de notre histoire ? Tomber dans les bras l’un de l’autre ?

Yankees Rock.