Apparence & Style: Dans mon pays natal, j'étais très populaire. Je correspondais à tous les critères de beauté Coréens. Ou en tout cas, la majorité. Puis je suis arrivé en Amérique. Tête de mule comme je suis, je n'ai pas vraiment décidé de changer en arrivant ici. J'ai gardé ce look fashion qui me va si bien et qui m'a toujours démarqué des autres, mais comme il est différent de celui des jeunes américains, ça m'a amené des problèmes au début. En fait je porte ce qui me plaît, et le regard des autres je m'en fiche. J'en profite pendant que je suis jeune, étudiant et que je suis loin de mes parents. J'apprécie les agencements originaux, avec plein d'accessoires, et je privilégie habituellement le jeans. Parce que c'est confortable, tout simplement. Cela dit, tout dépend de si mes parents sont dans les environs ou pas. Quand ils débarquent à New-York, vous me verrez en pantalons propre, en chemises et vestons. Véritable gosse de riche. Mais quand ils ne sont pas là, j'ai l'air d'un jeune coréen typique.

Physiquement, je ne suis pas très «masculin» dans le sens où... bah dans le sens où je suis pratiquement imberbe, que j'ai des traits doux et féminins et que je ne suis pas très costaud. Je mesure 1m77 pour 59 kilos, ce qui fait de moi quelqu'un d'assez mince pour un homme de vingt et un ans. Pourtant j'ai des muscles, j'ai des abdos, je ne suis juste pas très large d'épaules voilà tout! Mon visage est si fin que lorsque j'étais petit, on me prenait souvent pour une fille. Mais en grandissant, ma physionomie s'est modifiée quelque peu. Mais mettez-moi une perruque sur la tête et je pourrais rendre jalouse n'importe quelle fille, parce que je suis mignon à croquer et que si je porte une jupe je pourrais facile confondre des hommes. Mais ça ne m'intéresse pas, alors... je porte mes cheveux courts, mais rarement de la même couleur. Noirs, bruns, blonds, roux, mèches de toutes sortes, j'ai essayé à peu près n'importe quoi après être arrivé à New-York. Après, ce que j'aime le plus chez-moi... mon sourire, mes yeux félins, ma peau? Je suis parfait, difficile de choisir...

Caractère: Il y a deux Hae Jin bien distincts. Parfois ils se mélangent, parfois non. Je suis un peu différent avec mes parents que je le suis avec mes amis, disons-le franchement. Pas tellement dans ma façon d'être, mais plutôt dans ma façon de me comporter et de réagir. J'ai été élevé dans une famille sévère et très portée sur les traditions coréennes. On vivait avec toute la technologie imaginable, après tout je viens de Corée du Sud c'est inévitable ou presque pour les familles aisées. Mais la façon de pensée est tout ce qu'il y a de plus traditionnel, et même enfant je n'y échappai pas. Tiens-toi droit, manipule tes baguettes comme ça, sers le thé de cette façon-ci, donne quelque chose de cette façon-là. Je suis probablement l'enfant le plus obéissant qui soit. Ils ordonnent, j'exécute, c'est aussi simple que ça. Je suis respectueux des aînés, qu'ils soient un an plus âgés ou vingt ans, ça m'est égal. On est souvent surpris par ma grande politesse, mais j'ai été élevé comme ça, je n'y peux rien. C'est ancré en moi. Je suis le fils studieux et premier de classe, qui suivra les traces de son père. J'ai été programmé comme ça. Je suis le stéréotype asiatique et je m'en fiche. J'aime mes parents, et je veux qu'ils soient fiers de moi. Je suis l'enfant unique, pourri gâté depuis la naissance, véritable petit prince dont tous les désirs sont satisfaits. Pas étonnant que je me trouve beau quand on me le répète depuis que j'ai minutes d'existence.

Cela dit, enfant modèle avec ses parents ne signifie pas mec ennuyant et geek no life qui passe ses soirées à jouer à World of Warcraft. Enfin... je suis geek, oui. Parce que j'étudie en médecine et que donc, passer mes soirées sur l'ordinateur est devenu quelque chose de parfaitement normal pour moi. Mais je suis loin d'être ennuyant quand on creuse un peu. Je suis juste... difficile à cerner au début. J'ai une langue de vipère capable de faire taire n'importe qui en lançant une seule réplique cinglante. Je suis le type le plus orgueilleux sur terre, je ne suis heureux que lorsque j'ai raison alors autant dire que je fais la tête la majorité du temps. J'admets difficilement mes torts, je suis capricieux, mais tellement attachant que ça s'annule. Mes sarcasmes plaisent ou ne plaisent pas, ça dépend mais au fond je suis quelqu'un de gentil. Attentionné, fidèle, avec un rire rafraîchissant. Je prends soin des gens que j'aime, je suis très sociable, je parle plus vite que je réfléchis, et je suis brillant. Très brillant.

À l'époque où mes parents se rencontrèrent, mon père venait tout juste de graduer en médecine. Ma mère, quant à elle, avait étudié pour devenir enseignante et travaillait dans une petite école primaire dans un quartier tranquille de Séoul. L'un comme l'autre n'avait jamais vraiment vécu d'histoire d'amour sérieuse, et ma mère venant d'une famille très nombreuse, ses parents ne la poussaient pas à se marier trop vite. Ils avaient déjà un nombre incalculable de petits-enfants, et un gendre de plus ou de moins ne faisait pas une énorme différence pour eux. Ils ne souhaitaient que le bonheur de chacun, mais étaient très portés sur les traditions. En fait, on voyait rarement ma grand-mère vêtue de façon moderne. Elle paradait plutôt en hanbok, le vêtement traditionnel coréen, et n'en démordait pas. Selon elle, la mode d'aujourd'hui était vulgaire et ses enfants devaient suivre un code vestimentaire très stricte. Leur histoire a tout de celle d'un roman. Ma mère se cassa le bras après s'être fait heurter par une voiture alors qu'elle traversait la rue en bicyclette et fut envoyé à l'hôpital où travaillait mon père. Le coup de foudre fut instantané, ou en tout cas c'est ce qu'ils me racontèrent plus tard. Lorsque ma mère fut guérie, mon père l'invita à sortir pour la première fois. S'en suivi un deuxième rendez-vous, puis un troisième, et ainsi de suite jusqu'au mariage. J'arrivai exactement neuf mois plus tard, comme quoi les prières de ma grand-mère paternelle furent exaucés. Parce que dans la famille de mon père, les héritiers étaient considérés comme une priorité. Ils souhaitaient que leurs trois enfants se marient au plus vite et que leurs femmes restent au foyer pour s'occuper des dizaines d'enfants qu'ils feraient. En fait, ils voyaient plutôt l'épouse comme une machine à reproduire. Alors que Jin Su et Sae Ri, mes parents, voyaient la vie de famille d'une façon toute autre. Ils ne voulaient pas beaucoup d'enfants, et ma mère souhaitait continuer d'enseigner.

C'est ainsi qu'après ma naissance, la guerre éclata entre les deux familles. D'un côté il y avait la famille de Sae Ri qui voulaient que leur fille puisse garder son indépendance et jouir de sa carrière tout comme de son statut de maman. De l'autre, la famille de Jin Su qui n'acceptait pas que les deux parents travaillent et que leur précieux petit Hae Jin se retrouve avec une nounou ou pire encore, dans une crèche. Le harcèlement la pression que subit ma mère furent si éreintants qu'elle fini par abdiquer et quitter son travail. Elle resta donc avec moi à la maison, même après que j'eus été en âge de commencer l'école. Malgré les demandes constantes de mes grands-parents paternels, mes parents n'eurent jamais d'autres enfants. Ce fut peut-être leur façon à eux de se venger, tout ce que je sais c'est que suite cela, ma mère a changé. Elle était autrefois une femme déterminée, enjouée et incroyablement ambitieuse. Elle ne rabattit jamais sa frustration sur moi, et je sais que jamais elle ne me fit sentir coupable, parce que j'étais son petit trésor. Et j'étais aussi la seule personne avec mon père qui l'empêchait de devenir folle. La vie au foyer n'était pas faite pour elle, mais elle fit son possible. Des regrets, elle en avait plein. Je pus le lire dans ses yeux en grandissant. Elle devint plus exigeante, plus morose, et elle perdit ces étoiles qui brillaient dans ses yeux. Mais elle fut une mère très aimante, toujours présente pour moi. Mon père lui fut toujours un homme extrêmement discret et calme, il n'élevait jamais le ton sauf lorsqu'il était très en colère, et avait tendance à prendre les choses à la légère. Il laissait à ma mère le soin de s'énerver pour un rien et de maintenir l'ambiance familiale tandis qu'il préférait gérer les choses de façon plus tranquille.

Je grandis donc au pays du matin calme, qui porte très mal son nom d'ailleurs. À Séoul, c'était pire qu'ailleurs. La vie battait son plein même en plein milieu de la nuit, et dès quatre heures du matin il y avait déjà autant de voitures dans les rues qu'en fin de journée. Mais dire que je ne me plaisais pas dans cette ville aurait été un mensonge. J'étais un gamin enjoué qui avait un tas d'amis, et à l'école, j'étais toujours premier. Autant dire que mes années en Corée du Sud furent mes années de gloire. Étant enfant, unique, j'étais plutôt solitaire à la maison, mais j'avais tellement d'amis pour compenser que ça ne me rendit jamais jaloux envers ceux qui avaient des frères et des sœurs. En fait, être le seul hériter de mes parents et le premier hériter de mes grands-parents paternels firent m'éleva au statut de petit prince. Toute l'attention était sur moi, mais toute la pression également. Il fallait que je réussisse dans tout, et on m'inscrivait à tout ce qu'il était possible de faire en suivant un horaire chargé. Cours de natation, de piano, de violon, de guitare, de peinture, de musique traditionnelle, tuteurs privés pour l'école, football, et j'en passe. Tout était bon pour faire de moi le jeune homme parfait et le fier descendant Song qu'on espérait que je devienne plus tard. Je deviendrais médecin, bien entendu. Et cette perspective ne brima en rien mes droits ou mes volontés, puisque les sciences étaient définitivement mon principal intérêt depuis tout petit, et j'y excellais. Oh bien sûr, j'avais plein d'autres passe-temps, mais ils restaient justement des passe-temps, pour moi. Rien d'autre. Je suivrais les traces de mon père, et j'épouserais une jolie asiatique que ma famille jugerait acceptable. C'est moi qui tomberais amoureux, mais il était essentiel qu'ils l'apprécient.

J'avais dix-huit ans lorsque je décidai d'aller en Amérique pour poursuivre mes études. Ayant suivi des cours d'anglais depuis tout petit, je me débrouillais pas mal. J'étais loin d'être bilingue et mon accent était horrible, mais je savais que je pourrais suivre les cours. J'aurais également un tuteur privé à New-York qui m'aiderait le temps que je m'adapte à la langue et à la façon d'enseigner qui n'était pas tout à fait similaire au système d'éducation coréen. Mon arrivée à New-York ne fut pas des plus faciles. Nouveau pays, nouvelle langue, nouvelle culture. Mais étant jeune, je réussis à me fondre dans la masse après quelques mois. Ce qui accéléra le processus fut que mes parents trouvèrent une famille prête à m'accueillir pour toute la durée de mes études. Ils avaient déjà rencontré les Good lorsque ces derniers étaient de passage en Corée du Sud, et les deux hommes étaient devenus amis très rapidement, étant tous les deux médecins. C'est ainsi que je débarquai dans cette famille chaleureuse, qui bien vite m'acceptèrent comme leur propre fils. Ils avaient une fille de mon âge, mais elle étudiait en France lorsque j'habitai chez-eux la première année. Puis, elle revint pour la rentrée suivante. Désirée, qu'elle s'appelait. Je pense que ma présence était loin de lui plaire, mais j'étais si occupé par mes études et elle par les siennes qu'on se croisait très rarement. En fait, je ne savais sur elle que ce que sa mère me racontait. Je me comporterai en fils modèle pour cette famille, aidant pour la cuisine, le ménage, les mots-croisés d'ajussi. Je finis par me faire des amis, sortir plus, et je ne détestais pas du tout la vie à New-York.

Et me voilà maintenant en troisième année de médecine, me débrouillait beaucoup plus qu'avant en anglais, prisonnier d'une sœur d'accueil détestable qui après avoir abandonné l'école pour sa prétendue carrière de mannequin, a décidé que sa principale occupation serait de faire de ma vie un calvaire. Elle a de la chance d'être vraiment jolie...