« Ce que je compte faire… Tout d’abord, je ne resterai pas travailler au bar comme tu l’entends. J’ai donné ma démission au grand patron hier matin, il ne me reste qu’une matinée et après je fais mes valises. » Bon et bien, au moins il avait essayé. Une légère expression de déception s’afficha sur son visage, tandis qu’il continua d’écouter aussi attentivement qu’il le pouvait. Pas que le sujet de leur conversation ne lui était d’aucun intérêt, mais plutôt que les pouvoirs de l’alcool se faisaient de plus en plus forts. « Tu n’es pas totalement responsable JiHyuk, j’ai aussi ma part de responsabilités dans l’histoire. » Bien évidemment que le coréen n’était pas le seul coupable dans leur tragique représentation de ce soir, mais il était impossible pour lui de lui reprocher quoi que ce soit ouvertement, et porter le fardeau semblait plus facile pour lui. A vrai dire, il avait de toute façon toujours été le genre a avoir un bon nombre de secrets, à devoir assumer seul ses responsabilités. « JiHyuk…Arrêtes de tout prendre sur toi, je sais que je n’ai pas été tendre avec toi depuis le début de la soirée mais tu n’es pas non-plus le grand méchant loup… » Il n’y avait plus une once de colère en lui, rien que de l’entendre lui parler si gentiment avec cette voix si douce, son esprit était en mesure de se remettre d’aplomb. Il avait déjà oublié à quel point ses paroles avaient pu le mettre dans une rage folle. Elle était toute pardonnée, et il souhaitait du plus profond de son cœur qu’elle ne lui en veuille pas non plus pour sa montée de violence. Ses inquiétudes furent coupées lorsqu’il sentit la main froide de la jeune femme se poser sur son épaule, et à nouveau il sentit son cœur bondir. « Et puis je ne te dérangerais pas bien longtemps… je partirais le plus vite possible de chez-toi. » C’était sûrement ce qu’il y avait de mieux à faire, oui. Il soupira discrètement et, pris de fatigue, proposa de rentrer.

C’était plutôt étrange comme sensation que de proposer à Seol de rentrer ensemble, chez lui. Jamais personne n’était venu dans son appartement jusqu’à maintenant, excepté Ji Hoon peut être qui était le seul à véritablement connaitre sa situation. C’était un grand pas pour le coréen, mais il ne regrettait en aucun cas d’avoir fait cette proposition à sa collègue, du moins son ancienne collègue. Alors que Ji Hyuk était à la limite de se sentir relativement bien après l’orage qui venait de se passer, la réponse de son amie vint gâcher cette faible esquisse de sentiment. « Tu as de l’alcool chez toi? » Était-elle réellement sérieuse ou ne faisait-elle que le taquiner ? Le regard du barman se planta directement dans celui de la jeune femme, et il comprit. Elle ne plaisantait absolument pas. Comment pouvait-elle encore penser à boire après tout ce qu’elle venait d’avaler dans la soirée ? C’était vraiment impressionnant, mais il n’empêche qu’il n’aimait pas ça. Bien que son envie de la sermonner soit très forte, il se contint, conscient qu’elle ne voudrait pas le suivre si il prétendait ne rien avoir. Il se frotta les yeux et lui répliqua d’une façon assez détachée. « Toujours, oui. » A contre cœur, il ré ouvrit les paupières et la regarda terminer la cigarette et se préparer à partir. « On y va dans ce cas, suis-moi. » Avec difficulté, il esquissa un faible sourire et avança vers l’intérieur du bar, marchant légèrement devant elle. Quand ils passèrent devant le comptoir, Hyukie s’apprêta à appeler le fameux Lil dans le but de payer leur grand nombre de consommations, mais il se souvint que Seol lui avait demandé de mettre le tout sur son compte. Et là où n’importe quelle personne aurait tout de même essayé de voir le barman pour lui dire au revoir, le coréen se contenta de poursuivre son chemin et de sortir du bar. Il n’était pas impoli, mais il n’allait pas non plus se forcer à entrer en contact avec les gens.

Contrairement à la petite cour intérieure où ils se trouvaient quelques minutes plus tôt, la température dans la rue semblait plus basse, sûrement dû au vent qu’il y avait cette nuit. Comme s’il était possible de perdre Seol en si peu de temps, il se retourna vivement pour vérifier qu’elle soit toujours derrière lui et reprit sa marche. Sans dire quoi que ce soit, il continua d’avancer jusqu’à la bouche de métro la plus proche, il ne ressentait pas le besoin de parler. Le faire lui couterait beaucoup trop d’énergie, et il lui en restait peu, même pour le petit trajet qu’ils avaient à faire. C’est donc silencieusement qu’ils s’installèrent dans le wagon. Le temps des quelques stations qui séparaient le quartier de seocho-gu au siens, le coréen se laissa bercer par les mouvements du métro. La voix de la femme annonçant sa station l’éveilla et par peur de ne pas sortir à temps, il attrapa la main de Seol et l’emporta avec lui jusque sur le quai. Quand il se rendit compte de ce qu’il venait de faire, il sentit la chaleur monter à ses joues et se remit aussitôt à marcher. « C’est plus très loin. » lâcha-t-il pour que sa gêne précédente se dissipe et soit oubliée de façon naturelle. Et il avait bien raison, à peine quelques minutes plus tard, ils furent entrés dans un grand immeuble très sobre. Après avoir monté les escaliers – puisqu’il n’y avait bien évidemment pas d’ascenseur -, et qu’il eut trouvé ses clés dans son sac, il pénétra dans le petit appartement et alluma la lumière. Bien qu’il ne soit pas grand, le manque évident de meubles rendait les pièces plus volumineuses qu’elles ne l’étaient. Il n’y avait que le strict nécessaire dans la pièce principale où ils étaient, comme dans la chambre d'ailleurs. Quand Seol fut entrée, il ferma la porte derrière elle, retira ses chaussures et avança vers ce qu’on pouvait appelé le coin salon. « C’est pas génial, mais j’espère que tu t’y sentira bien quand même. » Cette fois-ci, il parvint à lui lancer un vrai sourire et s’éclipsa quelques secondes dans une autre pièce. Il revint rapidement avec un sweat et un pantalon de sport qu’il tendit généreusement à son amie. « Tu ferais mieux de te changer, sinon tu risques d’attraper froid. » dit-il en lui montrant la chambre du doigt.