→Depuis notre début, je savais qu'un jour ce serait la fin. La fin de tout. La fin de nous. Je pensais que j'allais mourir, bien avant toi. Bien avant que tu me quittes. Pourquoi m'as-tu quitté ? Je perds la mémoire, je ne sais plus. Je ne survie que pour mes élèves. Continue-tu tes études ? Je connais tes horaires, je sais que l'on va au même endroit tout les matins. Et je te fuis physiquement et mentalement. Un fix, deux fixes, trois fixes. Une journée à me faufiler parmi les élèves. Heureusement que je ne t'ai pas comme élève. Heureusement que je ne t'aurais jamais comme élève. Nous n'étions pas des personnes saintes. Le serrons-nous seulement ?

Je ne veux pas que tu viennes Sonja. Je ne veux pas sentir ton doux parfum, je ne veux pas voir tes pupilles en forme d'olives, je ne veux pas que tu reviennes. J'ai mal. Combien de litres de tequila dois-je encore boire avant de m'étaler au sol ? Je veux m'échapper et partir en courant. Je ne sens plus mes jambes, elles se dérobent sous moi. De plus je ne dois pas franchement marcher droit. Je commande, un shot, puis deux, puis trois. Je place quatre tranquilisants sur ma langue. J'avale. La rencontre est inévitable, n'est-ce pas ? Non, ne viens pas, laisse-moi du temps. Je rêvais ce moment depuis près d'un an. Je me demandais si tu étais encore en vie. Je te regardes du coin de l'oeil, je tente de me fondre dans la masse. Non, je ne suis pas Henry, je ne suis plus ton Henry, Bogoliubsky. Tu t'avances, t'arrêtes à mon niveau. Je ne fonderais pas. Je ne ferais pas de syncope. Je veux crier des je t'aime dans tes oreilles jusqu'à ce que chaque hommes de cette Terre le sache. Je ne bouge pas. Tu commandes à boire. Peut-être tu ne m'as pas vu. Peut-être. Je ne tourne pas ma tête vers toi, je rougie, j'ai chaud. Je regarde le milieu de mon verre, je me concentre. Tu n'es pas là. Personne n'est là.

Cette charmeuse pose ses fesses à mes côtés. Si je ne la connaissais pas, elle me ferait peur. Elle est subjuguante, belle. Mais elle a vieilli, elle a perdu de sa sublime. De son visage d'enfant. C'est une femme. Une sublime femme. Ma femme. Dieu, fais apparaître un cachet, un cachet fort. Quelque chose qui me tuerait en une seconde. Mon coeur est brisé, et tel du verre, ses morceaux viennent couper mes artères, fendiller mes os, me tuer à petit feu. Le sort s'acharne. Mon verre est vide. J'en recommande un. Pourquoi ne boit-elle pas ? Elle semble pensive, plongée elle aussi au fin fond de son verre. Je ne lui parlerais pas. Nous nous comportons comme des enfants, des enfants meurtris et sous acides. Je ne lui parlerais pas. Nous sommes des étrangers. Comme avant. Comme la première fois que je l'ai vue.

Pourquoi te frottes-tu à moi ainsi ? Je te plais ? Vraiment ? Tu es belle. Tu es splendide. Tu bois ? Tu te drogues ? Tu te fais du mal, tu sais ? Je m'en fais aussi. On s'en fait ensembles ? Tu me traînes encore un coup, tu te déhanches devant moi, tu m'excites, tu me titilles les sens. Rien que ton odeur me fait voyager. Voyageons ensembles. Comment tu t'appelles ? Sonja ? C'est beau, Sonja. Tu es belle Sonja. Moi ? Moi c'est Henry. Personne ne m'appelle comme ça. Bien sûr que tu peux m’appeler ainsi, je ne peux rien refuser à une beauté telle. Danser ? Encore ? Je n'ai plus de jambes. Je suis en manque. Je vais m’asseoir un peu. Allez se coucher ? Chez toi ? Tu es toujours aussi directe ? Embrasse-moi Henry.

ROCKY 〓 Tu n'as pas l'air très en forme.
L'épée d'Amoclès c'était abattue. Tu m'avais donc vu, tu m'avais approché en ton âme et conscience. Et maintenant, tu me parlais. Tu m'avais même regarder. Ne pouvais-tu pas me dire quelque chose de plus romantique ? Mon aspect peu charnu était salement moche, merci. Un valium se baladait dans ma poche. Il atterrit directement dans mon gosier, sans liquide pour le faire passer. J'étais en manque, merde. Tu n'as pas choisi ton moment, j'aurais pu t'embrasser sous une tonne d'applaudissements, si j'en avais eu la force. Le barman nous regardait, le sourire aux lèvres. On ressemblait à des enfants, j'imagine. Tout deux le regard ainsi plongé dans le fin fond de nos breuvages. Je t'aime. Je pense à tout et à rien, j'essaye d'oublier que tu es à mes côtés.

ROCKY 〓 Sur certaines personnes, la drogue ne fait pas un bon effet.
Je ne suis pas gentil avec toi, Esfir. Pourquoi je le serais ? On ne s'aime plus, n'est-ce pas ? On ne sera même plus amis, on ne l'est plus depuis un an. Depuis même plus encore. Je ne t'en veux pas. Mais je ne t'aime plus, je ne t'aime plus du tout. Calme-toi Rocky, ça n'est qu'elle, ça n'est personne d'autre. Je ne t'aime plus, mon amour.

ROCKY 〓 Je suis en manque.
Pourquoi je te fais un tel aveu ? Tu me connais. Je n'ai pas besoin de te dire que je le suis pour que tu saches. Je suis exténué. Je n'ose même pas un regard en ta direction. Je sais que tu es belle, que tu es celle que j'ai aimé, que j'aime, que j'aimerais. Je fixe le barman. Il ne se soucie plus de nous. Il parle à une blonde écervelée. J'ai ma blonde à mes côtés et je ne lui parle pas, je ne l'embrasse pas, je ne la regarde même pas.

ROCKY 〓 Tu es belle Esfir.
J'avais une voix terne et suave à la fois. Lorsque je prononçais ton prénom, je ne pouvais m'empêcher de le prononcer tendrement et amoureusement. Je suis comme ça, pourquoi je ne dirais pas la vérité ? Je te trouve belle, beauté. C'est ce que tu es, tu le seras toujours. Magnifique. Aime-moi comme je t'aime.

→ ok by Dylan