→ « Un simple café, s'il te plaît. »

Sa voix, sa voix qu'elle avait tant entendue, sa voix qu'elle avait tant écouté, LA voix qu'elle rêvait d'entendre depuis six longues années. La voix qui lui avait manqué. Rien que d'entendre le son de sa voix, lui faisait remonter bien des souvenirs. Trop de souvenirs. Des bons, comme des mauvais, même si la plupart de ceux-ci étaient de merveilleux souvenirs ! Elle du arrêter d'y penser, LJ sentait les larmes qui montaient à ses yeux. Qu'est-ce que ça aurait été stupide de pleurer, alors que ça y est elle le revoyait, après six ans. C'était inimaginable, de recroiser son premier amour, comme ça. Enfin, pas tant que ça. Ce n'était pas comme si elle ne savait pas qu'il vivait pour les Etats-Unis, il l'avait quitté pour ce pays après tout.
Lucy fit un pas un arrière, saisit un de ces fameux gobelets de chez Starbucks Coffee, le plaçait sous la machine et appuyait sur le bouton, puis se remit face à Adam. Elle le voyait, le sentait : lui aussi était nerveux, voir confus. Si une personne quelconque assistait à la scène, elle n'aurait pas pu le remarquer. Tout simplement car LJ connaissait par coeur Adam, comme si elle l'avait fait ! Jill connaissait le Adam tendre, émotionnel. Elle se souvenait de tous ces moments simples, à être dans ses bras, à lui glisser des « Je t'aime » dans le creux de l'oreille. Elle savait qu'il était doux, qu'il était attentionné, qu'il pouvait parfois se montrer timide, gêné. Elle savait aussi comment il exprimait tout cela. Lucy du respirer un bon coup pour être sûre que des larmes ne couleraient pas le long de son visage. Devant lui, non. Ce soir peut-être, en regardant des photos, en relisant des lettres et en repensant à aujourd'hui. La dernière fois qu'il l'avait vu, elle était en train de pleurer toutes les larmes de son corps. Pas aujourd'hui, pas le jour de leurs retrouvailles, pas devant lui.

LJ n'exprima qu'un rire lorsqu'elle entendu Adam lui dire la durée de leur séparation. Mais pas ce rire gêné, pas le petit rire confus, elle trouvait ça mignon. Mignon qu'il puisse encore se souvenir de la date de leur séparation, mignon parce qu'après tout, ça voulait dire qu'il pensait encore à Lucy. Mais pensait-il à elle fréquemment ? Pensait-il à elle tous les jours, comme elle le faisait ? Et puis, finalement, ce n'était peut-être pas le cas. Il disait juste ça comme ça, ou bien parce qu'il s'était souvenu de la date et avait bêtement calculé. Après tout, LJ avait toujours dit qu'il était parfait, qu'il le serait toujours pour elle, mais que malheureusement, une autre fille le trouverait parfait, aussi. Peut-être avait-il déjà rencontrer un bon paquet de filles dans ce genre. Peut-être qu'il était marié, père. Allez savoir. Ou bien il pouvait vivre avec quelqu'un, en être follement amoureux. Jill regarda alors discrètement l'annulaire gauche d'Adam : rien. Pas de traces d'un mariage, d'un engagement. Elle fut quelque peu soulagée.

« Six ans... Waw. » Elle lui sourit. « On est vraiment bête, c'est vraiment trop long. On aurait du s'appeler quoi ! »

Lucy-Jill retint le « ou alors nous n'aurions jamais du nous quitter » qu'elle avait entre les dents. C'était stupide. Une histoire d'amour, à seize et dix-sept ans, c'était évident qu'elle aurait une fin. Enfin, ça, c'était les trucs totalement banales que la mère de Lucy lui disait pour la conforter. LJ y avait cru, elle avait toujours cru en son histoire avec Adam. Dès le début. Elle avait des projets avec lui, elle s'imaginait la bague au doigt, elle le voyait comme le futur père de ses futurs enfants. Elle voyait ses enfants avec les yeux d'Adam. Lucy croyait qu'elle vivrait avec lui dans une maison de banlieue, près de Londres, après qu'ils aient fait leur étude à Cambridge par exemple. Mais non, le destin en avait décidé autrement, le destin les avait séparé.
Elle releva la tête, puis fit comme si elle n'avait pas repensé à tout cela. Lucy regarda Adam de bas en haut, de haut en bas, puis sourit. Non, elle ne rêvait pas : il était là. Elle prit le billet qu'il lui tendait. Les battements du coeur de Lucy eurent des ratés à peine elle sentit sa peau contre la sienne. Elle en oubliait presque de le remercier. Elle prit le gobelet, y mit un couvercle et lui tendit sa monnaie.
Samuel sourit lorsqu'elle l'entendit lui demander comment elle allait. Ok, c'était un démarrage type pour une conversation, mais au moins, ce n'était pas des retrouvailles coup de vent, un truc qui ressemblait à « Salut. Oh c'est toi ! bon allez au revoir. »

« Je vais bien » C'était ça ou quelque chose comme « Je vais mieux depuis que je t'ai en face de moi » mais c'était tellement niais, tellement... Film à l'eau de rose. « Et toi ? Qu'est-ce que tu fais à New-York, au fait ?! » MENSONGE. Ou du moins ça y ressemblait. Elle savait exactement pourquoi il était là et ce qu'il avait fait -du moins en gros- ces six dernières années. Comment aurait-elle pu vivre sans savoir ça ?

→ Yankees Rocks