Je suis née dans une famille modeste et ce n'est pas pour autant que je n'étais pas heureuse. Ma mère a toujours rêvée d'être à la tête d'une famille nombreuse. Résultat, je suis la quatrième enfant sur cinq du clan Kingsley. J'ai grandi entre un frère, de sept ans mon aîné, qui n'arrêtait pas de m'embêter et me surprotéger; une soeur avec qui, j'ai cinq ans d'écart, un peu trop obsédée par l'apparence que lui renvoyait son reflet dans le miroir... une autre soeur, de quatre ans plus âgée que moi, dont la plus grande passion était d'assouvir sa soif de connaissance avec un tas de livres... et un adorable petit frère de trois ans mon cadet, qui me prend pour modèle. Je vous laisse imaginer la vie de tous les jours...

Dans l'ensemble, j'ai eu une enfance heureuse. Certes, on a dû se serrer les coudes à cause de certains problèmes, notamment financiers. Malgré tout, on était heureux. Mon père travaillait dans une maison d'édition qui peinait à se faire un nom mais, il a toujours aimé son métier. Je l'admirais pour ça. Quant à ma mère, elle travaillait en association avec une amie dans une boutique de vêtements plutôt originaux. Elle a toujours aimée la mode. Ma mère nous emmenait de temps en temps jusqu'à la boutique. Il y avait une salle à l'arrière boutique où on avait créé une sorte de podium et c'était parti pour les longues journées de défilés... C'était super. J'adorais ça. J'adorais ces moments en famille. Je les adore toujours autant même si ils sont plus rares.

J'ai été dans une école publique, le privé étant inaccessible pour nous. Pour autant, je n'ai jamais été dérangée par ces histoires de classe sociale. Ce n'est pas parce qu'on suit notre scolarité dans des écoles publiques qu'on va obligatoirement finir sans-domicile-fixe toxicomane. A contrario, ce n'est pas parce qu'on est dans une école privée qu'on va finir à la tête d'un pays. Je n'ai jamais compris les pensées des familles bourgeoises trop coincées, ça me dépasse complètement. D'un autre côté, ces courants de pensées différents sont intéressant. Les gens me fascinent. On est si différents. Je m'éloigne du sujet. Revenons à ma scolarité, ma mère a toujours vantée mon intelligence. Personnellement, je ne suis pas plus intelligente ou plus bête qu'une autre personne à mes yeux. Je travaille, c'est tout. Enfin, c'était à l'époque.

Par contre, je suis désolée mais, je n'ai pas grand-chose de palpitant à vous raconter. Aucun membre de ma famille n'a jamais fait de frasques dignes de paraître dans les tabloïds anglais voir internationaux. Nous étions des inconnus aux yeux des paparazzis. Une chance pour nous. C'est pour mes dix ans que les choses ont changés. Mon père avait déniché des écrivains talentueux voulant se faire un nom dans le milieu. Résultat, la maison d'édition a connu une montée des ventes spectaculaires. Une grande maison d'éditions s'est approché de mon paternel pour proposer une sorte d'association ou d'alliance (appelez ça comme vous voulez), le genre de truc qui arrive très rarement. Il a accepté... Et on est passé du stade de famille modeste à famille aisée. Avec une partie de l'argent, ma mère a pu agrandir son magasin et elle a ouvert une autre enseigne dans une autre ville.

Moi, par contre, j'ai fait mon petit caprice. Je suis restée dans un collège public anglais assez réputé tout de même. Après tout, ce n'est pas parce que mes parents faisaient leurs premiers pas dans le monde de la haute que je devais tourner le dos aux personnes de mon âge d'un rang plus modeste. J'ai toujours été très tolérante. C'est ma grand-mère maternelle qui m'a toujours dit de ne pas s'arrêter aux apparences, que chaque personne mérite d'être connu.

Je n'ai jamais fait de distinction. J'ai même fait un documentaire sur les différentes personnalités qu'on pouvait trouver dans mon groupe d'amis. Ma première vidéo avec le caméscope que mes parents m'avaient offerts. Mon premier film amateur, ma première rencontre avec le cinéma.

Plus je grandissais, plus cette activité naissante s'est transformée en véritable passion. J'ai toujours été du genre imaginative, créative... à imaginer toute une scène à partir d'un lieu, à imaginer la vie d'une personne à partir d'un dialogue ou autre... J'adore ça. C'est libérateur. J'ai même tentée quelques concours pour films amateurs, j'ai rencontrée des personnes qui avaient plus d'expérience dans le milieu. J'ai écoutée leurs conseils avec pour seul objectif de progresser, toujours progresser. J'ai rencontrée mon meilleur ami dans ce milieu. Le fameux garçon qui m'a offert mon tatouage lors de mon départ pour New-York. New-York, j'ai rêvée de cette ville depuis que j'avais vu une brochure sur les études que proposait cette ville. J'avais flashée sur le mot cinéma. Je voulais devenir productrice, ou scénariste, ou réalisatrice de documentaire... Je n'en savais rien. Tout ce que je voulais, c'était faire des études dans le vaste domaine du cinéma. La suite, je verrai par moi-même.

J'en ai parlé longuement à mes parents. Au départ, ils ont été surpris de voir que je voulais aller aussi loin. Mais, ils ont accepté après avoir vu la brochure. Ils ont toujours voulu le meilleur pour moi, pour nous. De temps en temps, ils viennent me rendre visite dans mon appartement. Je sais que beaucoup de familles se déchirent chaque année ,mais ce n'est pas notre cas. Le clan Kingsley est uni à jamais. Enfin, j'espère. Me voilà donc parti pour New York, la ville qui ne dort jamais !

Aujourd'hui, je suis en quatrième année d'études cinématographique et j'adore ça ! J'ai rencontrée des tas de personnes à New-York. C'est une ville de folie ! Il y a tellement de trucs à faire. New-York change les gens, vous savez. On court partout, on n'a pas une minute à nous. Mais, j'adore. J'ai l'impression de pouvoir réaliser tous mes rêves... C'est sûrement ça, le rêve américain, non ? J'ai un peu d'appréhension sur ce qui m'attend quand j'aurais fini mes études mais, rien de bien méchant. Je ne veux rien regretter, je n'abandonnerai pas. Un jour, je sais, les plus grands films seront produit par moi ou par la compagnie que je dirigerai à voir... Quoi ? Un peu d'ambition n'a jamais fait de mal à personne.. Non ?

Sephora Moon Kingsley.