→ RP reprit sur Remember that Day ;


« Et bien je n’attends que ça Nevaeh, montre moi tes merveilles que je m’éblouisse ! ». J’affichais un petit sourire, attendrie. Je comptais lui montrer mon monde, ce qui faisait ce que j’étais à l’heure d’aujourd’hui. Oh oui, j’avais bien changé depuis que j’avais quitté l’Irlande, parce que ma vie avait déjà bien évolué par ce déménagement forcé. Quitter les douces campagnes irlandaises pour tomber dans la ville londonienne, ça chamboulait. J’étais complètement perdue au départ, me retrouvant dans un lycée pour filles, habitant dans un appartement de luxe dans les quartiers riches de la ville, me confrontant à la réalité de la jeunesse dorée, se rythmant par fête, sexe et drogues. Très vite, je me suis rangée dans leur monde, pour me fondre dans la masse et qu’on arrête de me prendre pour une paysanne. J’ai commencé une relation libérale, j’étais connue pour fréquenter les meilleures fêtes étudiantes, mais je savais garder les pieds sur terre malgré tout. La petite fille qui se roulait dans la boue avec sa meilleure amie était bien loin. Changement de ville, changement de vie. Tout comme mon départ pour Buenos Aire. J’ai quitté la faculté pour devenir une femme d’affaire, directrice d’une multinationale. Encore un changement de facette, sans réellement m’en rendre compte… La petite fille irlandaise était bien loin, et pourtant, en arrivant à Cork, j’avais l’impression de ne pas avoir tant changée, juste évoluée… Mais il n’y avait pas que des merveilles en Irlande. Il y avait aussi les disputes de mes parents, le mécontentement constant de ma mère, la mort de Fausthine, le divorce, la mort de mon père… Et pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser qu’aux bons moments. Je ne voulais pas m’envahir d’une mélancolie en venant ici :

« Je vais essayer de te montrer le plus merveilleux de cet endroit… Et le plus ridicule de ma vie aussi ! »

Dis-je avec un sourire amusé. Parce que je n’étais pas du tout une fille féminine, qui faisait attention à elle et qui avait cet air de femme d’affaire au regard dur. Suffisait de voir le cadre photo à l’entrée de la maison, moi avec un lapin tout blanc dans les bras, mais recouverte de boue et tirant la langue. J’avais huit ans, et j’avais pourchassé cette bestiole à travers la marre aux cochons. Loin de là les manières ou le regard neutre de femme d’affaire. J’ouvris les rideaux du salon tout en l’écoutant, un petit sourire aux lèvres. Pendant quelques instants, je nous imaginais déjà, lui et moi au coin du feu à profiter du crépitement, des notes de musique de Nate imprégner la demeure, petit à petit… Cette pensée me fit sourire, d’autant plus quand je sentis ses bras autour de moi. Je m’appuyais légèrement contre lui avant de me retourner pour répondre :

« Ca me va à merveille monsieur le poète… »

Dis-je dans un murmure avant de le pousser sur le fauteuil derrière lui. Il faisait peut être pas assez froid pour un feu de cheminée, quoi que je ne me souvenais plus des nuits irlandaises, ça remontaient à trop loin. Mais après tout, on pouvait très bien en allumer un dans la semaine, juste pour dire, juste pour le cadre. Le garder, toujours ? Voilà des paroles qui me fit sourire avec franchise, et attendrie en même temps. Parce que j’avais tellement peur qu’il reparte, je craignais qu’un jour, il disparaisse. Je ne savais pas de quoi demain était fait, je ne savais pas ce qu’on deviendrait, mais je voulais profiter au jour le jour. Je l’avais déjà rien que pour moi, une semaine. A profiter, à l’embrasser, à l’aimer, à sentir sa peau contre la mienne, à me perdre dans son regard où je trouvais réconfort et espoir. Espoir d’un avenir meilleur… Un baiser passionné, je sentis la chaleur de mon corps augmenter brutalement, mes mains se serrèrent autour de sa nuque tout en prolongeant son baiser avant qu’il ne l’arrête. J’esquissais un petit sourire, posant mes mains sur ses joues avant de lui voler un dernier baiser. Je ris légèrement quand à la suite, glissant mes doigts sur son torse, doucement, tout en répondant sur un ton enjôleur :

« Ca suffit jeune homme, on verra ça tout à l’heure… Au coin du feu, sur le tapis en peau de bête qui se trouve devant et qui a l’air bien confortable… », je me mordis légèrement la lèvre inférieure tout en regardant le fameux tapis un peu plus loin puis afficha un sourire amusé : « Arrête ! Comment je vais faire sans mes cannes, hein ?! Tu vas être obligé de me porter, touuut le temps. »

Dis-je avec un grand sourire tout en me laissant porter, avec un petit rire quand il me souleva. C’était complètement stupide, mais pourtant, c’est par ce genre de petit plaisir simple que ça allait mieux depuis quelques jours. Je passais mes bras autour de son cou pour me tenir, pointant la cuisine du pied :

« Par là ! Faudra faire quelques courses tout à l’heure si on ne veut pas mourir de faim… Mon père cuisinait de temps en temps dans cette cuisine. Ma mère beaucoup moins, elle ne supportait pas toucher la nourriture, passer son temps à attendre que ça cuise… », je regardais la pièce avec un petit sourire, pleine de nostalgie. Combien de fois avais-je attendu sur cette chaise haute, attendant que mon père daigne me faire goûter le plat qu’il préparait ? Ou alors, regardant le plat surgelé se congeler dans le micro-onde qui me semblait être une antiquité à l’heure d’aujourd’hui ? Je déposais un baiser dans le cou du jeune homme avant de dire : « Et toi, tes parents étaient plus plats surgelés, ou plats cuisinés ? »

Parce que dans le fond, je ne connaissais pas grand-chose de son passé, de son enfance. A part qu’avec sa mère, ce n’était pas el bonheur, loin de là, il ne parlait quasiment jamais de lui… C’était peut être l’occasion de parler, de déterrer un peu tout ça et d’en savoir un peu plus sur l’homme que j’aimais… Je déposais un baiser dans son cou avec tendresse, comme pour l’encourager à s’ouvrir un peu plus à moi. Je le faisais bien, je lui parlais bien de ma vie de temps en temps –même si c’était toujours le positif. Je parlais quasiment pas de ma mère par exemple, de ma relation avec elle… On avait tous des sujets à éviter. Et pourtant, j’avais envie d’effacer ses zones d’ombres avec lui.

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