« Si tu savais comme tu me rappelles tellement ta mère. Ce sourire, ce regard, ces mimiques que tu as. Je pense bien que tu as hérité tout ça d'elle. Il ne suffit que je te regarde, et j'ai l'impression de la revoir... » Mon père me répétait souvent la même chose. Et je ne sais pas pourquoi, mais quand il me disait tout ça, il avait ses petites étoiles qui scintillaient dans son regard, cette voix enchantée qu'il utilisait, ce sourire qui prenait toute la surface de son visage. On voyait bien qu'il l'aimait ma mère. D'ailleurs, j'aurais tellement voulu la connaître ... Je ne sais pas grand chose sur ma mère, autre que les informations que ma père m'a donné durant tout mon enfance, jusqu'à maintenant. Mais en tout cas, elle avait l'air d'être géniale, d'être rayonnante, d'être exceptionnelle. Je suis sur qu'elle et moi, on aurait pu entretenir une bonne relation entre mère et fille. Le genre de meilleures amies, qui s'engueulent, oui, mais qui après en rient à en pleurer. « Elle était mon petit rayon de soleil, qui venait illuminer ma vie quotidiennement. » Sans cesse, mon père l'a complimentait. Je n'ai jamais entendu quelque chose de contradictoire sur elle venant de sa bouche. Même si elle n'est plus avec nous de ce monde, mon père semblait toujours avoir autant d'amour pour elle. Surement l'une des raisons qui font qu'il n'a jamais refait sa vie avec une autre femme depuis.

Je m'appelle Aphrodite Lunabhee Avery-Sirton et je suis née le vingt-cinq décembre mille-neuf-cent quatre-vingt-huit, dans la capitale de l'Australie, Sydney en plein soir du jour que tous le monde appelle "Noël". Et oui, ce fameux jour où Jésus a fait son retour parmi les autres. C'est ma mère qui a choisi de m'appeler ainsi. De ce que mon père m'a dit, j'ai des origines Espagnole, du côté de ma mère. « Elle vient d'Alcalá de Henares. C'est d'ailleurs là-bas que nous nous sommes rencontrés et où elle a vécut avant de venir m'épouser en Australie. » Je suis fière d'avoir des origines espagnoles. C'est un héritage qui a beaucoup de valeur pour moi, étant donné qu'il vient de ma mère. Je n'ai aucuns souvenirs d'elle, et souvent, ça me fait mal au coeur. Je voudrais tellement me rappeler d'une chose, de son visage, d'un geste qu'elle me faisait souvent, mais j'avais beau le creuser la tête, ma mémoire ne faisait pas surface. Elle est partie trop vite, elle est partie trop tôt. « Tu n'avais que trois ans seulement, quand ta mère nous as quitté. Elle est partie injustement de ce monde, mais Dieu en a décidé ainsi, et nous ne pouvons rien faire face à ce pouvoir. Le destin est souvent injuste, mais nous ne pouvons rien y changer. La seule chose à faire, c'est d'être fort et solidaire. Je suis certain qu'à deux on s'en sortir. Toi plus moi égale elle ma chérie. Alors faisons le pour elle. » Mon père m'avait expliqué à mes dix ans, la manière dont elle est partie. Il n'avait pas voulu me le dire avant, car d'après lui, je n'aurais pas été capable de comprendre comme il se devait. Et je pense qu'il a bien fait. Il m'a expliqué qu'elle s’apprêtait à venir me chercher à l'école. Étant donné que notre maison n'était qu'à 500m de la maison, elle avait décidé d'y aller à pieds. De plus le soleil était au rendez-vous. « Alors qu'elle s’apprêtait à traverser la route, sur le passage piéton, une voiture arrive de nul part à toute vitesse et ce fut la fin ... Elle a été morte sur le coup, sous l'effet du choc qui avait été grand, mais surtout rapide... » Le conducteur en question avait été jugé comme il se devait, car il conduisait en état d'ivresse et qu'il avait fait un homicide involontaire. Il en prit la peine de sept ans de prison avec une caution de dix milles euros d'amande. La justice avait régné. Même si ce procédé n'allait pas ramener la femme de la vie de mon père, son décès avait été payé. Le procès n'avait pas duré longtemps, car le conducteur s'était proclamé coupable directement. Cela avait d'avantage simplifié les choses et nous avez fait éviter le pire. « Il s'était plusieurs fois manifester pour s'excuser. Il regrettait son geste, il n'avait jamais voulu souhaiter la mort de personne. Alors je lui en ai pas voulu, j'ai préféré mettre la haine de côté. Elle n'a jamais me voir en colère de toute manière. » Il avait beaucoup de courage. Ne pas en vouloir à l'homme qui venait de tuer celle qui gouvernait son coeur était un très grand geste surement difficile à faire. Mais il l'a fait lui.

J'admire beaucoup mon père. Je ne comprends pas comment il a fait pour en arrivé là aujourd'hui, a avoir réussi à garder le sourire, à vivre sa vie, même s'il elle n'était plus partagée avec sa femme. J'ai toujours été époustouflée par sa force intérieure, par son courage, par sa détermination, son ambition, sa grandeur. « Tu sais, si je souris aujourd'hui, c'est pour elle que je le fais, mais aussi pour toi. C'est sur qu'elle me manque horriblement, mais ça fait maintenant bientôt une vingtaine d'années qu'elle est décédée, alors je me suis en quelques sortes habituées à son absence. Et puis, j'ai toi ma petite chérie. Et en une seule personne, j'ai l'impression qu'il y en a deux: toi et ta mère. Et ça peut paraître paranoïaque, mais ça me suffit amplement. Et puis à présent, mon sourire ne se résume que par ta présence. Je pense que sans toi, je ne serais pas ainsi maintenant, ou même peut être plus là. » J'en avais envie de pleurer juste par ces paroles. Ça me touchait énormément, ça me faisait vraiment plaisir sortant de sa bouche. Mon père et moi, on a toujours été proche. Il a toujours su me combler, me faire sourire, m'affectionner, m'aimer, me rendre heureuse. Mon papa et moi, on est deux meilleurs amis inséparables. Quand on se dispute, quelques minutes après, on est obligé de revenir l'un vers l'autre et de se câliner, par besoin. Je pense qu'il a toujours été fière de moi. J'en suis même certaine. Aussi, j'ai toujours tout fait pour. Je lui ramenais sans cesse de bons résultats à l'école ce qu'il le satisfaisait. Je faisais la petite fille modèle, et en retour, il faisait le père parfait. Voilà surement pourquoi, entre nous deux, ça à toujours été merveilleux. Cette absence, ce manque d'une mère, d'une femme, a fait que ça nous liait plus particulièrement. Qu'à deux on ne formait qu'un. Toute mon enfance on n'a vécut qu'à deux. Jamais une femme n'est venue s'interposer entre nous. Certes, il a essayer de refaire sa vie, d'avoir de petits rendez-vous par-ci, par-là, mais rien n'a jamais été de concret. Ce qui me faisait plaisir, c'est qu'il voulait toujours savoir mon avis sur tel ou tel femme. Comment je la trouvais. Mais malheureusement, il n'en a jamais retrouvé une. Même si elles étaient belles, ça ne semblait pas l'intéressait. Il n'avait yeux que pour ma mère. Il a toujours été fou amoureux d'elle, malgré sa mort, ça restait inchangé. « Ta mère était tellement unique qu'aucune n'arrivait à sa cheville. Voilà pourquoi je n'ai jamais concrétisé avec l'une des femmes des rendez-vous que j'ai eu. » Il disait ça en rigolant à chaque fois, et moi aussi. J'en ai vu défiler des femmes dans ma maison, mais c'était des différentes. J'ai tout vu; des déprimées, des cinglées, des coincées, des cruelles, des moches, des jolies. Mais qu'est ce que je rigolais bien à chaque fois qu'il me racontait leur rendez-vous. Il n'a jamais été malheureux de ne pas avoir refait sa vie avec une autre femme. C'était son choix. Il préférait consacrer son temps libre en dehors du travail pour moi, sa petite fille tant aimée. D'ailleurs, on a beaucoup voyagé. Étant homme d'affaire, à chaque voyage, il m'embarquait avec lui. C'est quelqu'un s'avisait de l'empêcher de venir avec sa petite perle précieuse, il était capable de refuser le voyage. « Je ne partirais jamais sans elle, pour quoi que ce soit, ni même si ce n'est que pour quelques jours. J'ai besoin d'elle au près de moi ! » Vous savez quoi, c'est vrai, je n'ai pas grandit accompagnée d'une présence maternelle, mais j'ai le meilleur papa du monde.


Aujourd'hui, j'ai quitté le domicile de mon père. Cela été un passage très difficile, aussi bien pour lui, que pour moi. Quand il m'a déposé à l'aéroport et que j'ai du embarquer, nous avons tous deux pleurer dans les bras de l'autre comme des madeleines, comme de gros bébés. Il me manque énormément, et chaque jour, j'ai une pensée pour lui. On se contacte le plus souvent possible, on s'écrit, on se téléphone, on n'oublie pas de prendre contact. J'ai beau avoir 23 ans, mon père est toujours aussi indispensable à ma vie. On a jamais été séparé avant ça. Maintenant, ça fait quand même un an que j'ai emménagé à New-York. Je suis venue ici dans le but de poursuivre des études dans le journalisme. Petite, j'écrivais souvent, pour évacuer mes peines et mes douleurs. J'avais pas un journal intime, non, mais plutôt un journal des peines que je l'intitulait. Du coup, ça peut paraitre bête, mais je me suis trouvée une passion pour l'écriture. J'aimerais devenir rédactrice d'un magasine de mode. J'espère que mon arrivée ici m'aidera à atteindre cet objectif qui me tient très à coeur. J'espère que de là-haut, dans le ciel, ma maman me regarde, et est fière de ce que sa petite fille est devenue. J'espère qu'en me regardant, elle est fière de dire aux autres anges du ciel, que moi, avery-sirton, réprésente fièrement sa famille, et que je suis le fruit de l'amour qu'il y a toujours eu entre elle et mon père.