Je m’appelle Nolan Gabriel Sévigny-Rousseau et je suis né à Montréal le 15 décembre 1992. Ma mère, Chloé, était architecte et mon père, Thomas, comptable. Mes parents m’ont raconté qu’ils étaient extrêmement heureux de ma venue, puisque ça faisait des années qu’ils essayaient, mais, en vain, d’avoir un autre enfant. En effet, mon grand frère, Olivier, était déjà âgé de cinq ans lorsque je vis le jour. Il était donc grand temps que je me pointe le bout du nez. De ce qu’ils m’ont raconté sur ma naissance, ils ont tout de suite décrit mes yeux comme étant bleus, clairs et magnifiques. C’était cette caractéristique physique qui faisait mon charme, en plus, de mes petites rondeurs de bébé et de mon sourire. Et même en ce moment, je souris en repensant à la joie de mes parents lorsqu’ils m’ont vu pour la première fois. Cette image, même imaginaire, me trottera dans la tête pour toujours.

Mon père, étant travailleur à la maison, fut celui qui m’éleva en plus de mon grand frère déjà protecteur. J’étais comme son petit miracle, alors il prit soin de moi comme de la prunelle de ses yeux. Le début de mon enfance se fit donc sans anicroche et rempli de l’amour de mes parents et d’Olivier. Mais à mesure que le temps passait, mes parents remarquèrent que quelque chose changeait dans mon regard. Alors qu’on pouvait voir toutes mes émotions passer à travers eux, mes yeux commencèrent à ne plus rien refléter et à s’assombrir. Mais dans mes agissements, mon mal ne paraissait pas, puisque les gens, surtout en bas âge, s’habitue à toutes les sortes d’handicaps, même les plus sévères. Ça s’appelle l’évolution…

Mes parents décidèrent de m’emmener voir un spécialiste des yeux. J’avais alors quatre ans et ma vue ne tenait qu’à un fil. Bien vite, le médecin diagnostiqua ma maladie. Le rétinoblastome, qu’il dit à mes parents. Bien sur, ils se demandèrent ce que c’était et l’homme leur révéla qu’il s’agissait d’un cancer de la rétine. Bientôt, je n’allais plus voir, puisque cette maladie enlevait la vue aux enfants avant l’âge de cinq ans. Pendant des semaines, mes parents pleurèrent et mon frère, ne comprenant pas leur douleur, ne fit comme si de rien n’était. Après tout, c’était un enfant et pour lui, j’étais tout à fait normal.

Mais, bientôt, ce qui devait arriver arriva, l’ombre qui m’avait poursuivi durant si peu d’années disparue et fit place aux ténèbres et à l’obscurité. Étrangement, je ne perdis pas mon sourire. J’étais un enfant joyeux qui ne se laissait pas abattre. Mais de toute façon, mes sens s’étaient développés, surtout celui du touché. Grâce à celui-ci et à mes souvenirs, je pouvais me faire une image des gens et des choses auxquels je touchais. Mon monde n’était pas détruit et mes parents reprirent donc espoir. Ils voyaient bien que ce n’était pas la fin pour moi, mais bien, un nouveau commencement.

Je commençai cependant l’école sur le tard. Mais loin de me mettre des barrières, j’eus droit à des outils et à des personnes aidantes et compréhensives pour me permettre d’avoir une éducation normale. Lorsque j’intégrai finalement l’école, on remarqua bien vite que j’avais une facilité d’apprendre bien plus rapide que la moyenne des enfants de mon âge. J’avais ce talent inné en moi qui me permettait d’avancer aussi vite qu’une personne normale malgré mon handicap flagrant. À l’école, les autres élèves n’étaient pas tous compréhensibles face à la différence. De plus, comme je ne voyais pas, pour moi, ces barrières n’existaient pas. Je me liais d’amitié plus souvent avec les personnes rejetées qu’avec celles les plus populaires. Mais comme mon frère était respecté, personne ne me touchait ni ne m’embêtait.

Au fil des années, je devins quelqu’un de gentil, d’attachant, d’altruisme que plusieurs voulaient comme ami. Et d’ailleurs, j’en avais beaucoup. À présent, j’avais parfaitement maîtrisé le braille. Je n’avais plus tellement besoin de la protection de mon frère, puisque les gens m’avaient accepté tel que j’étais, plutôt que l’image que je reflétais. Je finis par terminer mon secondaire en même temps que les jeunes de mon âge.

Cependant, j’avais 17 ans et je ne savais pas trop où m’en aller dans la vie. J’avais aussi surtout besoin de changer d’air. Et ça tombait bien, mon frère aussi. Olivier avait besoin de voir autre chose et avait décidé de passer quelques années à New York. Nous primes nos visas et partîmes donc quelques temps plus tard. Évidemment, pour mes parents, ce fut un grand choc. Ils avaient peur pour moi, qui allais dans un nouvel environnement que je ne connaissais pas. Mais je les rassurai. Ils n’avaient rien à craindre, j’allais être avec mon grand frère.

Le changement de décors ne se fit cependant pas sans anicroche. Je ne connaissais pas mon nouvel environnement, quoi que la langue différente ne me pose pas problèmes. Mais comme je m’adaptais à tout, cela ne prit pas de temps avant que je fasse le tour de mon nouveau monde. Lorsque j’eus 18 ans, je m’inscris à la Fordam University en psychologie. Mes parents sont loin, mais je sais pertinemment qu’ils sont fiers de moi et d’Olivier. D’ailleurs, je vis avec lui dans un jolie appartement et les nouvelles aventures ne font que commencer pour moi.