→ Il s'était déroulé quelques heures depuis leur séparation. Tyren voulait réserver sa journée pour la nymphe, et ainsi faire quelques trucs avec elle et savourer ces quelques heures... Mais finalement cela n'avait guère été possible. Suite à une légère... Que dis-je, énorme déception, Tyren s'en était allé en vitesse, roulant telle une furie dans les routes de Tokyo. Au petit matin, la circulation n'était pas dense, et en une demi-heure il était arrivé chez lui. Il avait rentré sa voiture dans le garage, et s'était ensuite rendu dans son bureau pour organiser quelques rendez-vous pour l'après-midi. Il était énervé, nerveux, angoissé, et tout ce que vous voulez. Il lui fallait quelque chose pour se changer les idées, et il n'y avait rien qu'une tonne de travail pour cela. Aussi, le premier rendez-vous était à treize heure. L'américain prit donc le temps de passer à la partie arrière de la maison pour aller manger rapidement un bout, bien que le nœud de son estomac l'empêchait d'avoir faim. Rapidement, il se rendit à l'étage et passa vite fait sous la douche. Ses vêtements sentant l'alcool et la fête à plein nez, il les mit à la manne et enfila une chemise blanche qu'il prit soin de boutonner soigneusement. Un pantalon en toile noire, et une cravate anthracite très simple. Il gomina très soigneusement ses cheveux, mit un peu de parfum et enfila ses lunettes. Des lunettes aux verres rectangles, de couleur noires. Il en avait besoin pour l'ordinateur, sinon, il risquait d'avoir très rapidement la migraine.

C'était très important pour lui que d'être parfaitement présentable pendant ses heures de travail. Lorsqu'il sortait en ville, il prenait la peine de mettre un jean, un simple gilet aux couleurs harmonieuses, un t-shirt et des chaussures beaucoup plus simples que celles vernies qu'il portait en ce moment même. Il n'avait droit à aucune faute et devait être irréprochable... À l'image de son travail bien entendu. Enfin, se prélassant une petite heure dans ses appartements, il descendit finalement pour accueillir son client. Ils se serrèrent la main, se saluèrent poliment et enfin, l'américain l'accueillit dans son bureau. C'était un homme d'une quarantaine d'années, étranger qui plus est. Il parlait très mal japonais, c'est pourquoi Tyren lui fit comprendre qu'ils pouvaient discuter en anglais, ce qui soulagea l'homme. Enfin, peu importe. Entre ces différents rendez-vous, Tyren s'attardait sur l'ordinateur posé à sa gauche sur le bureau, tirant le clavier coulissant. Il retapait quelques documents au propre, faisait quelques recherches, et parfois, jouait même à quelques jeux enfantins sur le net. Il faisait ce qu'il pouvait pour s'occuper et ne pas laisser ses pensées diverger vers SeoMee. Il ne savait qu'en penser, et ne voulait tout simplement pas y penser. Il ne savait que faire, il ne savait pas comment gérer ses sentiments naissants, alors qu'il se sentait étrangement mal.

Les heures défilèrent, les clients aussi. Hommes, femmes, parfois âgés, d'autres fois à peine adultes. Mais cela faisait du bien de voir des visages très différents à chaque fois. Par politesse, il questionnait ces personnes sur leur famille, remettait le bonjour à l'épouse ou à la sœur, avec un sourire aujourd'hui quelque peu forcé. D'ordinaire, il était quelqu'un de très enjoué avec ses clients, mais aujourd'hui, l'humeur n'y était pas. Pourtant, il s'obligeait à faire bonne image et à ne pas paraître ronchon. Ce serait très malpoli et surtout très mal vu de ces clients. Enfin, entre deux rendez-vous, Tyren se servit un café, son regard se perdant au dehors. Les lumières d'Odaiba commençait à naître, alors que le soir tombait doucement. Il lâcha un soupir, il sentait que la nuit a venir allait être bien rude. Certainement ne fermerait-il pas les yeux une seule seconde... Enfin. Le dernier rendez-vous était programmé à dix-neuf heures. C'était inhabituel, mais il voulait tarder le plus possible au travail pour ne pas se retrouver seul chez lui à remettre tout en question. L'homme arriva, ils discutèrent longuement.

19h47. L'homme quitta sa chaise pour s'en aller, ils se dirent au revoir et ce dernier remercia le notaire pour ses conseils. Il le ramena à la porte, le conseilla sur le meilleur itinéraire à emprunter pour le retour. 19h52. Tyren s'approcha de l'accueil où était installée sa secrétaire pour lui donner congé et la remercier d'être restée si tard. Celle-ci commença donc à ranger ses affaires, terminant quelques travaux qu'elle ne pourrait faire demain. Cela lui prendrait alors encore quelques minutes. Le brun retourna dans son bureau et ferma la porte, desserrant machinalement sa cravate, comme oppressé. Le calme était revenu, la solitude. Les pensées noires avec. Il s'assit à son siège en cuir et lâcha un soupir, posant ses bras sur les accoudoirs. Son regard azur s'attarda alors sur l'écran d'ordinateur, et attrapant la souris, et il s'attarda alors à surfer. 20h00. Il entendit quelques bruits étranges provenant du couloir. Un client trop insistant? Alors qu'il observait la porte, celle-ci s'ouvrit sur... SeoMee. Il dû cligner plusieurs fois des yeux pour bien comprendre que c'était elle là, devant lui. La jeune femme lâcha un "bonsoir Tyren" qui se voulait plutôt stricte, pourtant elle ne semblait pas être venue par vengeance ou je ne sais quoi encore. Il savait qu'elle était sincère avec lui, mise à part ce petit accrochage... Mais ce n'était pas une menteuse non. Toujours assit à son bureau, il regarda la grosse malette sombre sur poser sur son bureau noir.

Elle l'ouvrit, et machinalement ses yeux se dirigèrent vers l'intérieur comme pour en constater le contenu. Beaucoup de choses intimes, c'est ce qu'il crut voir. Était-elle venu ici pour lui dire tout ce qu'il ne savait pas sur elle? Il ne connaissait guère ses motivations, et ne devint d'ailleurs pas agressif. Il ne jetterait jamais quelqu'un qui demandait le pardon, et il l'écouta donc. Elle s'expliqua sur le pourquoi du comment elle ne lui avait pas avoué cela plus tôt. Il comprenait, mais avait tout de même du mal à le concevoir. Ce n'était peut-être pas le fait d'être resté innocent qui le dérangeait, mais bien le fait qu'une femme si fière se drogue. Certes, il ne connaissait pas ses raisons et ne pouvait donc réellement la juger. Tyren se leva, se stoppant vers le côté du bureau. Au fur et à mesure de ses énonciations, il attrapait l'objet. Le bracelet d'abord. Les photos ensuite, qu'il regarda longuement, se stoppant sur celle du dit Grand-frère décédé il y a quelque temps. C'était courant, les décès chez les yakuzas apparemment. C'était les risques du métier sûrement... Mais cela ne voulait pas dire qu'il ne ressentait pas de peine pour SeoMee. Elle semblait tant aimer ses frères, que cela devait avoir été une très grande perte. Ensuite, un colt 45. Il n'y toucha pas, ce n'était vraiment pas son truc. Les seules armes qu'il avait manié étaient celles de chasse, avec son père. Des chasses en famille.

Elle avoua s'être déçue elle-même, il pouvait comprendre. Peut-être attendait-elle elle aussi une suite à cette relation sans le savoir. Ensuite, elle avoua être là pour qu'il la connaisse mieux, mais aussi pour pouvoir obtenir une deuxième chance. Tyren finit par ôter ses lunettes, les posant vers le centre du bureau alors qu'il reposait les photographies dans la valise noire. Pendant ce temps, la coréenne avait déboutonné sa chemise. Intrigué, l'américain releva la tête, posant son regard sur elle, semblant un peu perdu. Elle n'avait pas de soutient-gorge, apparemment. Tandis qu'il ne comprenait rien, elle lui dit avoir été loubarde dans sa jeunesse. Il savait que les filles pouvaient être violentes, plus que les garçons même. Il n'était pas macho, et ne revendiquait pas la supériorité des hommes. Des femmes aussi quelconques soient-elles, avaient fait des choses qui avaient fait avancer le monde. En sciences, en économie, tout ce que l'on peut imaginer. Enfin, elle posa deux doigts près de son sein gauche, s'exclamant au sujet d'une vieille cicatrice. Il l'avait peut-être effleurée, mais dans les choses, il ne s'y était pas attardé. Les cicatrices racontaient une histoire, et n'était en rien un défaut, c'est pourquoi il ne l'avait certainement pas plus remarqué que ça. Enfin, elle se tourna dos à lui et fit glisser ses deux hauts, se retrouvant dénudée des épaules au bassin. Le regard cobalt du notaire s'attarda sur les dessins encrés dans la peau de la jeune femme, le temps s'en retrouvant presque suspendu tellement l'instant était intense.

C'était elle. Son tatouage était elle. Ce serpent, mangeant cette pomme. Oui, il concevait que ce dernier face partie d'elle, de son histoire, de sa famille. Il ne le dérangeait plus à présent, et il trouvait même cela exagérément classe. SeoMee semblait avoir été conçue pour le porter, pour transporter l'histoire et l'honneur de sa famille sur son dos. "Je ne suis pas ange". Ça tombe bien, il n'en était pas un non plus. De toute façon, il ne lui avait jamais demandé d'être parfaite ou d'être un ange, il l'avait appréciée pour ce qu'elle était, non pas pour ce qu'il voulait qu'elle soit. Elle parla du fait qu'elle possédait des clubs... Tout cela semblait si lyrique qu'il en semblait presque subjugué. Cette nuit, elle s'était offerte à lui, et à présent, elle se livrait totalement, laissant tomber les masques, la fierté, et tout ce qui aurait pu être une barrière entre eux deux. Il s'avouait plutôt touché de ce geste qui prouvait ô combien elle pouvait tenir à lui. SeoMee était bien plus sensible et entière que ce que l'on ne pouvait croire en se fiant aux apparences. C'était une femme, complète, qui revendiquait son statut de yakuza et qui en était fière, mais qui regrettait tout de même d'avoir ces quelques failles, telle que cette faiblesse pour la drogue. Enfin, elle lui refit face, Tyren s'était approché de quelques pas, il devait être à deux mètres d'elle. Le silence perdura, il était réellement perdu en réalité...

Des pas brisèrent une nouvelle fois le silence, alors qu'il revenait vers elle. Toute cette franchise s'avérait presque magique. Un léger soupir, Tyren se baissa et vint ramasser le chemisier de SeoMee, venant le passer sur ses épaules, qui à côté de celles de Tyren semblaient presque fébriles, au point de se briser. Il vint poser une main sur sa joue, caressant le tracé de sa pommette du pouce, son visage encore neutre et vide de toute expression. C'était si sérieux qu'il avait presque du mal à sourire. Enfin, l'américain se décida à parler, après avoir inspiré longuement.

- Je suis honoré que tu m'aies avoué cela. Mais il faut que tu comprennes que j'accepte aujourd'hui parfaitement ce que tu es. Cuisinière, avocate, yakuza... Cela ne fait plus aucune différence ce soir. Les sentiments que j'ai pour toi ont déjà surpassé cela. Hier soir, en venant à la panthère rose, je voulais te faire comprendre que j'étais d'accord avec tout cela. Tatouage, bagarres, armes... Tout cela n'est plus un obstacle aujourd'hui... Aussi, je suis désolé pour ton frère, même si cela ne fait certainement aucune différence aujourd'hui.


Il glissa main dans son cou, serrant alors doucement sa clavicule entre ses doigts. Il n'avait qu'une idée en tête, faire disparaître ces grammes de cocaïne, et l'aider à se soigner. Il n'y a que comme cela que se serait possible.

- Mais je ne peux pas te fréquenter en sachant que tu te détruits à petit feu SeoMee. Si je t'aime, c'est pour la vie, pas pour ces quelques années où tu seras accro à une drogue.

Laissant sa main glisser en bas de la jeune femme, il retourna vers son bureau où il ferma la valise et éteignit l'ordinateur, ainsi que la lampe de chevet. La pièce fut plongée dans le noir. Il passa une main autour de la taille de SeoMee après qu'elle se soit quelque peu rhabillée, et lui murmura rapidement qu'elle pouvait dire à ses hommes de retourner, puisque ce soir il la gardait. Quand tout reprit son cours normal, il laissa la secrétaire partir et ferma à double tour la grande porte, protégée par une alarme; un code et tout les systèmes de protection inimaginable. Enfin, dans un silence presque solennel, il s’avança vers une deuxième porte tout aussi barricadée, qui menait à un escalier privé et enfin son espace personnel. Le bureau était plutôt classique, noble, décoré de marbre, mais la partie personnelle était bien plus masculine et moderne, rien à voir en gros. Là, ils se trouvaient au deuxième étage, et les appartements d'Odaiba étaient célèbres pour être principalement fait de verre. Il y avait de grandes fenêtres, qui offraient une magnifique vue sur la ville enluminée qu'était Odaiba. Posant la valise sur la table de la cuisine, il se tourna vers SeoMee.

- On sera mieux ici... Écoute SeoMee, je vais te le dire clairement, je veux que ça cesse. Je ne veux plus que tu prennes de cette merde, même si pour cela il faut payer des sommes colossales pour une désintoxication. Je payerai, je t'aiderai. Ton père ne sera jamais au courant de cela, tu n'auras aucun problème. On mettra tout à mon nom, je ferai tout pour que tu te sentes à l'aise de faire cela. Si tu ne le fais pas pour moi, fais-le pour toi. Tu es une de ces personnes rares encore vraies et sincères. Et quand je dis sincère, crois-le. Ça n'a rien à voir avec des prises de drogue ou des armes... Tu es une personne entière, et c'est ce que j'apprécie tant chez toi. Tu ne fais jamais les choses à moitié.

Il la regarda une dernière fois, appuya sur un bouton sur une grosse télécommande qui semblait servir à plusieurs choses et un grand écran de télévision s'alluma. Les lumières se tamisèrent, et certains des volets se baissèrent pour ne laisser que la plus belle vue d'Odaiba visible. Enfin, Tyren s'attarda quelques instants près de la cuisine et servit dans une grande tasse un lait chocolaté bien chaud, qu'il tendit à SeoMee.

- Si tu es d'accord, nous commencerons dès demain...

Il attendait certainement qu'elle dise être sur la même longueur d'ondes que lui pour la prendre dans ses bras et l'y garder toute la nuit...

→ Validé par Maya.