→ Aucun mouvement ne suivit le départ de Lubja. Il ne voulait plus s’excuser et faire semblant. Encaisser les réflexions -même les plus puériles- avec le sourire, il en avait marre. Comment pouvait-il faire comprendre à sa meilleure amie que la seule chose qu’il voulait, il y a à peine quelques secondes, c’était de la tendresse ? Un câlin, une caresse, même un regard aurait suffit. Mais au contraire, elle avait préféré partir, le laissant bouder dans son coin. Il ne pouvait pas lui en vouloir mais une petite voix dans sa tête ne cessait de lui répéter que tout ca était de sa faute à elle. Si elle ne s’était pas frotté à lui dans les vestiaires, il n’aurait certainement pas eut ce comportement avec elle. Peut-être comprenait-il enfin ce que ressentait les femmes soumises, assimilé à de vulgaire objet. En moins de quelques heures, il était devenu un objet. Pas n’importe lequel, l’objet de Lubja, qu’elle jetait lorsqu’elle n’en voulait plus. Quelle belle preuve d’amitié. L’espoir que la belle brune rebrousse chemin pour reprendre place à ses côtés effleura l’esprit du Français. Il se promit d’ailleurs que, si un jour il retrouvait la personne qui avait sortit cette phrase: « L’espoir fait vivre », il l’étriperait sur place. Ou lui arracherait les couilles à la pince à épiler, supposé que ce soit un homme. Eh oui, le jeune homme pouvait se révéler très sadique par moment mais on l’avait cherché. Les minutes finirent par le calmer et même par l’endormir. Ses rêves étaient beaux, clairs, joyeux, tout le contraire de l’humeur qui l’habitait quelques instants plus tôt. Ils restaient pourtant simples, à chaque fois qu’il s’endormait, il s’imaginait à l’âge de 5 ans, où il avait encore toute se mémoire. A l’époque où il n’avait pas besoin de s’inventer une excuse pour finalement avouer qu’il ne reconnaissait pas la personne qui lui faisait face. Mais tout le monde sait que tous les rêves tournent au cauchemar, entrainant les choses auxquelles on tient le plus par la même occasion. Brusquement, il se redressa sur le lit, les cinq sens en alerte, son regard parcourant la pièce. Comme toujours, à la fin de son rêve, il vit un de ses proches mourir. C’était le tour de Lubja. Le cœur battant à la chamade, Amadeus fixa la partie du lit qui était vide. Alors, elle n’était pas revenu ? Il eut un pincement au cœur quand il comprit que plus rien ne serait pareil à partir de ce moment. Jamais ils ne s’en étaient voulu à ce point auparavant et il savait pertinemment que ça annonçait une période qui serait des plus difficile à vivre; il avait un don pour ça. Après hésitation et s’être traité d’imbécile, le jeune homme se décida à faire un tour de la maison, juste pour s’assurer que Lubja était bien présente et surtout, en vie, contrairement à la fin de son rêve. La logique ne faisait pas partie de la vie de l’étudiant et on en avait la preuve à l’instant, il en voulait à sa meilleure amie mais ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle. Putain de sentiment de merde. On ne devrait pas s’attacher, comme ça il n’y aurait aucune souffrance. Tout le monde sait que s’attacher à quelqu’un, ça fait mal, et pourtant tout le monde le fait, comme si la souffrance était un plaisir irrésistible. C’est officiel, on est tous sado. Amadeus, malgré son égo surdimensionné préférait souffrir que voir les gens auxquels il tenait avoir mal. Certainement son côté bon samaritain qui ressortait. Seulement un escalier et quelques pas plus tard, il put apercevoir Lubja endormit sur le canapé. La télévision encore allumé et ses affaires de mathématiques sortit. Elle venait certainement de plonger dans les bras de Morphée, ou alors elle avait laissé volontairement la télévision allumé, ce dont il doutait fortement. Pendant un instant, il voulut éteindre l’écran et la couvrir de la couette qui reposait sur le canapé mais sa fierté l’en empêcha. Il préférait passer pour un connard que se rabaisser. Il n’avait rien à se reprocher, lui, et comptait bien recevoir les excuses de la belle d’ici peu de tant ou dire adieu à leur amitié. Triste pensée, puisqu’il savait lui-même qu’il en était incapable, seulement il aimait pensait qu’il pouvait. Un dernier regard vers le salon, puis il remonta dans la chambre, il n’était que quatre heure, ce qui lui faisait encore 6 bonnes heures de sommeil devant lui; ses cours ne commençant qu’à douze heures, eh oui, l’université ça a des horaires de merde.

Lubja en décida autrement puis qu’à neuf tapante, elle entra dans la chambre qu’occupait le jeune homme. La rancœur qu’il éprouvait ne s’était pas encore estompé, il se décida donc à faire semblant de dormir, pour éviter le plus possible la confrontation. Il était tôt mais Amadeus était réveillé depuis quelques temps déjà, une boule à l’estomac, signe qu’il s’en voulait à mourir mais qu’il comptait faire comme si de rien était. Chose qu’il eut du mal à respecter lorsque sa meilleure amie déposa un baiser sur son front pour le réveiller, précisant qu’il devait se lever. Mon Dieu, ce qu’il aurait aimé que cet instant dure plus longtemps ! Les douces lèvres rosées de la demoiselle avaient le don de déclencher une multitude de frissons chez le Français qui, il fallait l’avouer, trouvait ça très agréable. Elles lui rappelaient celles de Plum, son ancienne petite amie. Sa plus grande relation jusqu’à ce jour mais personne n’était au courant, du moins pas qu’il le sache. Il attendit qu’elle soit redescendu pour se mettre une claque mémorable, son cerveau n’en faisait qu’à sa tête depuis hier. Pourquoi pensait-il à Plum ? Peut-être pour éviter de penser à Lubja ? Oui, cette solution lui effleura l’esprit. Pensant pouvoir remettre son cerveau à l’endroit, Amadeus se martelait la tête de coups -scène plutôt comique d’ailleurs- mais qu’il stoppa rapidement en entendant les pas de sa meilleure amie dans l’escalier, retombant comme une crêpe sur le lit, l’air de rien. Le jeune étudiant ne broncha pas quand elle lui adressa la parole, comme s’il dormait encore. Pendant un moment, il crut qu’elle n’avait pas quitté la pièce mais après vérification, il remarqua que si, elle était bien partie. Son parfum flottait encore dans la pièce, à un tel point que cela en devenait troublant. Ce parfum qu’il reconnaitrait entre mille et qu’il adorait sentir sur sa veste quand il rentrait chez lui après une soirée en sa compagnie. Un parfum dont il ne pouvait se passer. C’est ainsi qu’il se décida enfin à se lever, passant par la salle de bain pour se faire un brin de toilette avant de rejoindre sa meilleure amie, bien décider à ne pas lui adresser la parole, malgré les bonnes intentions qu’elle avait eut envers lui ce matin. Il avait rapidement enfilé les affaires qu’elle lui avait apporté, un jeans et un t-shirt noir en col en v, son préféré. Comme ça peut être énervant lorsqu’une personne connaissait vos gouts par cœur. Même si elle n’avait certainement pas remarqué son addiction pour ce haut. L’odeur du petit déjeuner lui remplissait les narines plus il s’approchait de la cuisine, son plan était fait. Il ne voulait pas adresser la parole à la jeune demoiselle et pour cela il prétexterait un retard, alors qu’elle était surement au courant qu’il commençait à douze heures. « Je suis en retard, merci pour les vêtements et… Tout. » s’exclama-t-il sans lui adresser un regard, se contentant de prendre divers pâtisseries qu’elle avait acheté et de les mettre des un sachet qui trainait dans son sac à bandoulière. L’attachement ça vous fait souffrir et en plus, ça vous oblige à faire n’importe quoi. Y’a pas à dire, les sentiments, c’est nul. Et l'amitié, encore plus.

→ Validé par Jude.