« Mis à part un frangin fraichement sortit de désintox, un neuneu ayant foutu le feu chez lui et créchant désormais sur mon canapé et le fait que je n'ai plus aucune photo à mettre avec mes jonquilles le matin ? Rien. » Quentin prit rapidement une gorgée de café, essayant de paraitre détendu et de cacher son trouble. Le neuneu, c’était le mec qu’il avait brièvement croisé ? Il dormait vraiment sur son canapé ? Ou bien c’était un mensonge foireux de la part d’Elliott pour que Quentin ne psychote pas trop ? Anyway, cela calma quand même un peu les nerfs du français et c’est l’essentiel. « Et toi ? » Et lui ? Pas grand-chose… Qu’est ce qu’il voulait qu’il lui raconte ? Il aurait bien aimé lui dire qu’il avait réussit à réduire ses doses de coke mais en même temps, il doutait que ce soit le moment approprié pour parler de ça. Alors quoi de nouveau ?... il y réfléchissait encore lorsqu’Elliott releva les yeux vers lui, lui offrant ainsi la magnifique vision de ses deux iris bleus qui lui donnèrent la folle envie de l’embrasser. Mais il ne le fit pas. Et étrangement, c’était presque facile de se retenir. Il se sentait un peu las, alangui, il était épuisé de faire tant d’effort pour cacher à Elliott à quel point il avait besoin de lui. Mais il refusait de céder si facilement… Il savait que le belge aimait la couleur de ses yeux marrons. Pour Quentin ça avait toujours été une couleur bien banale, il préférait de loin les yeux verts ou… bleus. Oui, bleus, c’était parfait. On se demande à peine pourquoi. « Et bien disons que deux méchants poings dans la figure une semaine avant représentation, ça ne plait pas au metteur en scène. Il m'a remplacé en catastrophe, mais ça s'est bien passé... et puis je l'avais bien mérité. » A ses mots Quentin eut un petit sourire à la fois gêné et amusé. Ah oui, les coups de poings… Oui, il les avait mérité, ce n’était pas lui qui dirait le contraire. A chaque fois qu’il repensait aux mots du comédien il sentait un frisson de douleur parcourir sa colonne vertébrale. S’il y avait bien une chose qu’il avait du mal à pardonner, c’était bien ça. Pire que les quinze mois d’abandons, c’était ces mots cruels et on ne peut plus vrais qui résonnaient encore dans sa tête qui l’empêchaient de tourner complètement la page. Il s’en voulait quand même un peu de l’avoir frappé. Même si, personnellement, ça lui avait fait un bien fou sur le moment. Mais ce n’était pas en le blessant que tout allait s’arranger, évidement, il en avait conscience. Et puis au final, sur le long terme il n’avait rien retiré de cet acte violent. Il avait simplement empêché le comédien de monter sur scène. Ça lui faisait une belle jambe, tient. Son cœur se serra alors qu’il accueillait le sourire coupable d’Elliott avec un petit air désolé. Lui-même n’y était pas allé de main morte avec le joli brun. Il lui avait dit des choses atroces qui n’auraient jamais dut franchir la barrière de ses lèvres. Mais c’était trop tard de toute manière, ce qui avait été dit ce jour là… A coup sur, les deux loulous s’en souviendraient longtemps. « Si tu veux, quand tu auras finis ton café, on pourra faire un tour de l'appart pour retrouver tes affaires... » Et si je veux pas ? Tu me roules une pelle et on va sous la couette ? « Ok. » Répondit le français en buvant tranquillement son café. Il n’avait pas le choix. Mieux valait qu’il récupère ses affaires maintenant, sinon il allait être obligé de revenir. Il espérait juste qu’Elliott ne garderait pas cacher certains trucs pour excuser une autre visite. Il l’en pensait tout à fait capable. Lui-même l’aurait fait, à sa place. Mais si jamais ils se remettaient ensemble… Ce qui était peu probable vu la situation actuelle, il valait peut-être mieux tout reprendre à zéro, non ? Repartir sur de nouvelles bases toutes fraiches et sans bavure. Ouais, on pouvait toujours rêver, ce n’était pour le moment pas au programme. Il baissa le regard vers sa tasse, faisant un peu tanguer le liquide. Ils n’avaient plus aucun sujet de conversation. C’était carrément affolant. Seul persistait ce silence étrange… Difficile à briser. « J’ai vu que tu t’étais fait de nouveaux piercings… » Et un tatouage plutôt bizarre. Mais il ne voulait pas parler du tatouage. Pourquoi ? Parce qu’il avait bien remarqué la gêne du comédien lorsqu’il avait remarqué le motif, sur sa hanche, et lui-même n’était pas certain de vouloir savoir ce qu’il signifiait. Quoique la mini tour Eiffel était assez explicite… Il se demandait déjà comment réagirait Elliott s’il voyait ses propres tatouages. Pas très bien non plus, sans doute. Ce n’était même pas des motifs que Quentin avait choisi. Des ailes d’anges, pis quoi encore… On pouvait pas faire plus banal comme tatouage, et puis surtout quand il aurait 60 ans ben… ça rendrait moins bien, forcément. Si il atteignait les 60 ans. « Ça te va bien. » Continua t’il distraitement, à mi voix avant de terminer son café et de reposer lentement la tasse sur la table. Puis, restant totalement stoïque, il se leva. « Aller. Faisons le ce tour d’appart… » Il retourna dans le salon, jetant immédiatement et bien malgré lui un bref coup d’œil sur le canapé. Une couette était posée en boule dessus. Elliott disait donc vrai… Il dormait sur le canap. Donc…c’était juste un ami. Quentin sentit un poids sur son cœur s’envoler. S’approchant d’une étagère il récupéra une petite figurine qui lui appartenait. Il la regarda un instant avant de la faire glisser dans la poche de sa veste, se rendant compte qu’il n’avait toujours pas quitté cette dernière. Il la retira donc pour la poser sur la table basse avant de se tourner vers le comédien. Bon, par quoi on commence trésor ?