Un verre, deux verres, trois verres. Le scénario habituel et répétitif. Parfois, on arrive à s'arrêter, d'autre fois non. Est-ce grave de ne pas savoir quand est le bon moment pour arrêter, ayant atteint la limite et qu'un verre de plus nous ferait basculer dans un monde bien différent du réel ? Tout dépend de quand et avec qui pour la jeune femme. Tant que ça n'arrive pas à chaque sortie et en compagnie de goujats qui lui voudraient tout sauf du bien et simplement de la sympathie. Ce soir, elle se laissait plus aller que les autres fois. C'était le week-end et comme beaucoup de monde, elle voulait en profiter. Son entrée au club avait été faite en début de nuit, « juste pour un verre » pensait-elle. Mais en arrivant au bar et en croisant le magnifique sourire, les yeux hypnotisant et le corps à croquer de Seven, ce délicieux barman qu'elle avait remarqué à son premier passage ici, et avec qui elle a pu se lier plus ou moins d'amitié. Pourquoi « plus ou moins » ? Parce qu'elle ne comptait pas entretenir une longue et simple amitié avec ce charmant garçon. Il fallait être honnête, il avait les traits d'un dieu et sa voix sensuelle … Une douce torture quand ils se parlaient, juste discuter, sans rien d'autre. Pourquoi ne lui avait-elle pas sauter dessus dès le premier soir ? Question stupide. Son statut lui empêchait de faire ce que d'autres filles pourraient faire, enfin, c'est une bonne excuse. Elle pouvait faire ce qu'elle voulait, mais elle préférait apprendre à connaître une personne aussi mystérieuse que Seven avant de se jeter dans l'inconnu. Même si « l'inconnu » est un mensonge.

Milieu de nuit. Un verre de trop, mais peu importe, la jeune blonde dansait sur la piste, ayant laissé son beau barman au travail. Bien entendu, elle pouvait se déhancher près d'autres hommes, elle ne pouvait pas décrocher son regard de ce bel homme qui l'attire tant. Était-il comme un fantasme ? Un fois qu'elle pourrait avoir ce qu'elle désirait au plus profond d'elle de lui, elle serait déçue et s'éloignerait de lui, comme si de rien n'était ? L'inverse était probable, mais elle y pensait moins : l'attachement, ou le besoin de réitéré encore et encore l'expérience. « On verra bien » se murmura-t-elle à elle-même en laissant en plan un homme pour revenir au bar. Encore un verre. Chaque gorgé de liquide devenait de plus en plus simple à absorber, devenant comme de l'eau. Peu importe aussi. Sa vision se brouillait, le monde devenait flou, mais ça n'était que le reflet de la réalité, moins cuisante à vivre ainsi de toute façon, autant en profiter et s'amuser. Revenant sur la piste, son esprit s'embrumant, elle se laissait aller entièrement, dansant de manière plus provocante, arrogante. Sa robe pouvait remonter ses cuisses à cause de sa danse, ou grâce à l'homme qui se collait à l'instant à elle, ça n'avait pas d'importance. Qu'est-ce qui en avait encore, de l'importance ?

Seven. Non, pas lui. Ils étaient amis, n'est-ce pas ? Peut-être bien. Ils se voyaient ici, et c'est tout. Peut-on considérer cela comme de l'amitié ? Normalement oui. Mais l'amour pourrait alors être ces personnes qui se voient juste de temps en temps, la nuit, profitant d'un plaisir charnel, et rien de plus ? Ça n'avait pas de sens. Alors leur amitié n'en était donc pas une. Une connaissance ? Finalement, ça devait être ça. Son cerveau se contredisait tout seul et ses yeux se fermèrent. Ce qu'elle ressentait comme une courte période fut dans la réalité trois heures. Trois heures de sommeil ou de trou noir ? Apparemment, juste un grand vide. Pourquoi pouvait-elle en être sûre alors qu'elle était toujours autant alcoolisé ? Parce qu'elle se trouvait dans un taxi. En compagnie d'un homme, autre que le conducteur qui sifflotait tranquillement. « Putain fermez-là » grogna-t-elle. À sa grande joie, sa demande avait été prise en compte, bien que ce sifflotement soit remplacé par un rire de l'homme à ses côtés. Avant qu'elle ne dise une seconde fois de se taire, elle détailla cet homme si proche d'elle. Malgré son regard voilé, elle remarquait quelques traits familiers, mais sans mettre de nom sur cette mystérieuse personne.

Ce n'était qu'une fois la voiture immobilisée qu'elle se permit de regarder à l'extérieur. Une surprise de voir le nom « Four Seasons Hotel » éclairant toute l'avenue ? Pas du tout. Sa conscience pourrait encore lui crier qu'elle n'aurait pas du autant boire et qu'elle méritait ce qui allait se passer, mais elle avait du se noyer dans l'alcool qu'elle a ingéré toute la nuit. L'heure n'avait pas d'importance et ses yeux avaient de toute façon du mal à rester ouverts aussi longtemps face à un éclairage si aveuglant. La portière s'ouvrir en douceur. Se levant en vacillant, des bras forts la retinrent. Un sourire naquit sur ses lèvres. Peut-être que son compagnon de soirée était un gentleman finalement. C'est beau de rêver, autant y croire encore un peu. Absence. Quand elle reprit le fil de ses pensés et un minimum le contrôle d'elle, la suédoise était allongée dans un lit. En face d'elle, au pied du lit, se trouvant une silhouette, l'homme d'avant, mais de dos. Se redressant, sa tête lui faisait atrocement mal, mais elle passait outre ce petit mal de crâne. Pourquoi était-elle habillée ? Non pas qu'elle aurait voulu être violée, mais elle pensait qu'il l'avait amené ici pour quelques heures et serait reparti. Surtout qu'elle voyait que le temps passait à une allure folle.

« Excusez moi ? » chuchota-t-elle en attrapant par l'épaule l'homme qui lui fait dos, pour le tourner un peu vers elle. Sa surprise fut grand en voyant que ce visage qu'elle n'avait pas reconnu avant dans le taxi ne lui était pas du tout inconnu. « Seven ? » Un rire s'échappait de ses lèvres. Quelle situation comique. Se retrouver dans une chambre d'hôtel avec l'homme pour qui elle éprouvait tant de désir, comme ça, par hasard. Elle se disait qu'elle avait de la chance, beaucoup, même si son esprit divaguait encore et toujours. Enfin, la partie « rationnelle » de son cerveau, car la partie remplie de désir tournait à plein régime. « Tu aurais pu me ramener chez moi, Seven » murmura-t-elle au creux de son oreille, comme si pour elle, l'évidence que le jeune homme sache où elle habité était trop flagrante pour ne pas comprendre pourquoi il ne l'a pas fait. Son regard scrutait chaque trait de son visage, comme si elle n'en avait et n'en aurait jamais assez, malgré le peau de clarté dont elle pouvait disposer dans la pièce. Son engouement pour cet homme avait apparu petit à petit. Sa présence, son charisme, sa beauté, qui ne pourrait pas succomber à cela ? Il fallait être insensible pour ne pas tomber sous le charme, ou être une parfaite idiote. Elle ne l'était cependant pas, vraiment pas, et sa main caressait innocemment l'épaule dénudé de cet homme qui l'envoute tant. Son souhait, à cet instant … que cette nuit dure le plus longtemps possible en si bonne compagnie.

→ code bon par Maisy