→ « Tu fais vraiment jamais rien comme les autres, toi. » grogna t-il en soupirant, le regard perdu au travers la fenêtre. Son regard est sûrement aussi perdu que son esprit, ou même le mien a cet instant alors il est peut-être préférable de détendre un peu l'atmosphère même si l'humour ne sera qu'éphémère dans ce genre de situation. Calmement, je me redresse et jete mon regard sur mon meilleur ami pour lui répondre d'un ton amusé « Tu te ferais bien chier si je faisais comme tous les autres, avoue. » Car il est vrai qu'avec moi, il en voit des vertes et des pas mûres, mais c'est là le charme de notre relation non ? Une relation simple, sans actions ne serait que la pâle copie de toutes les autres au fond ? Alors en y réfléchissant bien, le fait de ne rien faire comme les autres et bah ça me plait. Ça me plaît bien même. Maladroite comme pas deux, j'ai l'art et la manière de toujours me vautrer et particulièrement en public mais c'est tout un talent de se relever d'une chute et de la prendre à la rigolade, c'est évident. Il y a aussi tous ces verres qui me glissent malencontreusement des mains lorsque je suis en plein milieu du réfectoire universitaire et que ce dernier est rempli. Ou l'ascenseur, ce fichu ascenseur où je suis restée bloquée toute une après-midi alors qu'il ne tombe JAMAIS en panne. Bawi, je devrais prendre un abonnement avec la malchance car cela ne s'arrêtera sûrement pas de si-tôt. Soit, c'est quand même cette fameuse malchance qui m'a permise de chuter lors des gradins à mon arrivée à Harvard et comble de malchance, je suis tombée sur celui qui est désormais mon meilleur-ami. Bon, il est un peu un frère, un confident. Celui à qui je confie tous mes petits secrets ou toutes mes peines de coeur car à ce point je crois qu'il détient tout un dossier. Il est également celui vers qui je me tourne lorsque je veux sortir à l'improviste ou lorsque je dois recueillir un avis important pour tel ou tel choix. Vous l'avez compris, Maxwell est une personne importante à mes yeux alors le fait de lui faire affronter ce genre de révélations médicales, j'aurais préféré éviter. D'ailleurs d'ici quelque minutes, je mettrais ma main à couper qu'il va me parler de mon traitement, des recommandations à suivre et des éventuels risques si jamais je me contrefiche de tout ce toutim. Une dispute est peut-être même sur le point d'éclater s'il insiste trop mais à sa place j'agirais de la même manière, si ce n'est pire alors je peux comprendre « Tu sais que tu risques de mourir si tu respectes pas tous ces trucs ? » souffla t-il, débutant ainsi la conversation d'une manière plus ou moins calme. D'un haussement d'épaule, je fais mine de réfléchir pendant de longues secondes avant de reprendre d'un ton calme « Mais arrête j'vais pas mourir, il dit ça pour nous faire peur et m'faire gober mes cachets. Voilà tout .. » le taquinais-je pour le rassurer, mais le sera t-il réellement ? Lui qui me connait mieux que personne et qui doit facilement se douter que me faire respecter mon traitement ne sera pas chose facile. Un soupire s'échappe d'entre mes lèvres alors que sa phrase se mets à résonner au fond de ma boîte crânienne, je grimace et me gratte la nuque pour chasser cette petite voix, en vain. Comme si la voix de Maxwell viendrais à me hanter pour me mettre en garde du risque encouru. Poussant sur mes jambes, je me redresse et sort finalement de mon lit avant d'aller chercher un jean au fond de mon placard que j'enfile simplement sous la chemise blanche, tenue traditionnelle d'un patient dans un hôpital. Me voilà plus à l'aise si je puis-je, alors je fais quelques pas et le rejoins près des fenêtres où je prends plaisir à perdre mon regard sur l'horizon, sur la ville qui s'offre à nous avec ses illuminations aussi minuscules soient-elles vu de cet étage. Cette chambre, elle est bien mais elle ressemble trop à toutes ces autres chambres d'hôpital, ces chambres où tous les murs sont blancs, ces chambres où le silence règne et où l'odeur d'hôpital vous prends au nez une fois le seuil de la porte franchi. Alors, une soudaine envie d'évasion me prends et je tire mon meilleur ami par le bras sans même le prévenir. J'attrape ma veste sur la chaise et l'enfile par dessus ma chemise « Suis moi, on va faire un p'tit tour » soufflais-je avant que mes pas ne nous précipitent hors de la petite pièce pour nous faire traverser les longs couloirs. Où allons nous terminer notre petite balade ? Je n'en sais fichtre rien. Dans le petit parc au rez de chaussée peut-être, ou au foyer devant la machine à café ? On verra bien. Pour le coup, j'improvise. Pleine de surprises, il ne sait jamais à quoi s'attendre en ma présence et puis cette soudaine envie de me promener nous changera de l'ambiance presque morbide qui régnais il y a une vingtaine de minutes en présence du docteur. Un sourire dessine mon visage alors que mes yeux pétillent de malice, tels les regards enfantins que l'on croisent lorsque ces bambins innocents sortent du calvaire des chambres d'hôpital.

→ Yankees Rock.