→ "Tu ne me perdras jamais Lunà, jamais." La tête baissée, le jeune Sullivan cherchait une façon de s'en sortir. Lunàbhee souffrait, mais pas autant que lui. Car lui, il avait les cartes en main. Il pouvait changer les choses, même s'il n'en avait pas le droit. Il allait le faire d'ailleurs, car cela ne pouvait pas être autrement. C'était le choix à faire dans cette situation, et le jeune homme le savait bien. Mais voilà qu'il avait avoué son amour pour Lunà. Et même s'il lui expliquait toute l'histoire, il redoutait quelle serait sa réaction face à ça. Il se disait que ce n'était pas réciproque, et que peut-être elle le fuirait volontairement après ça. Et que donc au final, la situation n'aurait pas changer, presque pas du moins. Mais tant pis, il préférait souffrir lui pour une décision que Lunàbhee aurait prise, plutôt que ce soit le contraire.

L'absence. L'absence, c'est comme un trou dans la poitrine. Comme un manque d'oxygène. Une douleur incomparable. Douleur qu'on ne pourra jamais combler. L'absence c'est le manque, le vide, le rien. Mais c'est contradictoire. Car le vide, on peut le combler avec n'importe quoi. Alijah souffrait de l'absence de Lunàbhee. Et il n'y avait qu'elle qui pouvait détruire cette souffrance qu'il ressentait à cause de ça. Elle et son sourire, elle et son parfum, elle et ses cheveux parfaits, elle et ses défauts qui le faisaient craquer, elle et la douceur de sa peau qu'il faisait exprès d'effleurer aussi souvent qu'il le pouvait. Les sentiments qu'elle lui faisait ressentir étaient plus fort que n'importe quelle souffrance. Ils compensaient tout. L'amour. L'amour c'est le sens de toute vie. Un lionceau à sa naissance n'attend que la tendresse et l'amour que sa mère pourra lui donner. Une mouche, aussi stupide soit-elle, attend la rencontre avec un de ses pairs, elle attend un tendre contact avec l'autre. L'homme, quoi qu'il dise, attend et ne recherche que l'amour. On est tous comme ça. Tous les êtres de cette planète sont ainsi, et on ne pourra jamais rien y changer. On a besoin de douceur, d'amour, de caresses. On a besoin de partager notre vie, avec une personne qui nous comprenne et qui nous fasse aller mieux quand ça ne va pas. Il n'y avec qu'une seule et unique personne qui avait cet effet-là sur Alijah : Lunàbhee. Mais cela faisait bien trop longtemps qu'entre eux tout s'était arrêté. Seulement, cela ne pouvait pas continuer de cette manière. Ali' était bien décidé à faire changer les choses. La main de Lunà' qui tenait la sienne. Certes, ce n'était en rien romantique, ce n'était en rien un signe de tendresse. Mais c'était déjà ça. Le jeune homme lâcha un soupir, avant d'entrecroiser ses doigts avec celle de "sa meilleure amie". Leurs mains se complétaient comme deux pièces de puzzle. Les yeux fermés, le jeune homme trouvait une manière de tout lui expliquer. Il savait qu'il n'en avait pas le droit. Mais qui étaient ses parents pour le priver de bonheur ? Ils n'en avaient pas le droit eux non plus. Personne n'avait le droit de priver quiconque de son bonheur. Alijah relâcha finalement la main de Lunàbhee, et ouvrit les yeux à nouveau. Il posa son regard sur son alliance. Cette fichue alliance qui faisait de lui le fiancé d'Eledhwen. Il la retira finalement, la gardant un instant entre son index et son pouce, avant de la jeter le plus loin possible. Il suivit l'objet des yeux avant qu'il ne disparaisse, posant ensuite son regard sur celle qu'il aimait. "Je ne joue à rien. Je ne suis pas fiancé. Ou du moins c'était loin d'être un choix de ma part." Ne comprendrait-elle pas enfin ce qui se passait ? Cela paraissait pourtant clair. Lunà' connaissait bien les parents Sullivan en plus, elle savait comment ils étaient. Elle savait à quel point ils étaient prêts à tout pour arriver à leur fin. Ils étaient des monstres.

Les yeux plongés dans ceux de mademoiselle Ferguson, le jeune homme ne savait plus quoi dire. Le silence s'était installé. Il avait pris place, entre eux deux, tel un arbre plantant ses racines au plus profond possible. Chaque silence, comme chacune des paroles de Lunà, ne faisait que d'augmenter le stress et le mal-être d'Ali. Son coeur battait de plus en plus vite, sa respiration s'accélérait. Il questionnait celle qui lui faisait cet effet-là du regard, essayant de lui faire comprendre l'évidence, au cas où elle n'aurait pas encore compris. Le silence se prolongeait, et il fallait le briser. Car la tension de cessait d'augmenter. Alors Alijah allait expliquer tout haut, ce qu'on lui avait interdit. Il se rapprocha de Lunà, histoire de pouvoir tout lui raconter sans que tout le monde n'entende. "Mes parents m'ont fiancé de force, murmura-t'il. Ils m'ont interdit de le dire à quiconque. Pire encore, ils m'ont interdit de te revoir. Il laissa échapper un soupire. Tu sais bien comme je suis… Ne pas les écouter m'est impossible. M'était impossible. Car il est évident qu'en ce moment même je commets une infraction. il secoua la tête. Mais je m'en fiche. J'aurais dû le faire bien avant, je suis désolé…" Il baissa la tête, réalisant la proximité qu'il y avait entre elle et lui. Il pouvait presque sentir son souffle venir s'étouffer sur sa peau. En relevant la tête doucement, et en apercevant les lèvres de Lunàbhee, le jeune homme eut envie de les capturer, de les embrasser. Mais il ne le pouvait pas, c'était évident. Lui avouer tout ça était déjà de la pure folie, mais alors l'embrasser, ça serait pire que tout dans la catégorie des folies. Il se contenta alors de regarder ses lèvres quelques secondes, avant de replonger son regard dans le sien. Il laissa échapper un rire nerveux face au silence durable. "Pardonne moi de te dire tout ça comme ça, comme si c'était insignifiant. J'espère cependant que tu sais que j'ai été sincère quand je t'ai dit que… Enfin tu vois… Mais je pense qu'il vaudrait mieux que… Que je parte, pour de bon. Pour Londres peut-être. De toutes façons mes parents finiront par tout apprendre, et moi je finirai à la rue. Et puis je… Je viens de tout foutre en l'air entre nous…" Il ferma les yeux.

Derrière ses paupières, dans le noir à l'intérieur de lui, Alijah voyait l'enfer. Il se voyait à Londres, serveur dans un bar, habitant un appart' piteux. Mais même si les rats cohabitaient avec lui, ce ne sont pas eux qui feront de son monde un enfer, mais l'absence de Lunà. C'était ridicule. Il savait très bien qu'il ne pourrait pas survivre sans elle. Il rouvrit finalement les yeux, retrouvant le visage somptueux de son étoile rose. Alors, de l'enfer il passa au paradis. S'imaginant vivre dans une magnifique demeure avec madame Lunàbhee Sullivan. Ils auraient des enfants. 3 peut-être. Au moins 2. Ils n'arrêteraient pas de bouger, Ali' leur courant après. Puis ils chatouilleraient leur mère, avant d'aller au lit, et que leurs parents ne leur racontent une histoire. Alijah secoua la tête. C'était stupide de rêver à l'impossible. Un regard désolé vers "son amie", il murmura enfin. "Pardonne-moi."

→ Ok by Bambi