Masochiste ? Elle ne l’était pas tellement, tout du moins, elle ne le désirait pas. Elle était las, fatiguée de devoir toujours apparaître comme la forte, comme le monstre en puissance, la marionnette désarticulée qui trouve le courage dans chacune de ses fibres de bois pour se mouvoir sans l’aide de son créateur. Elle n’en pouvait plus d’assumer chaque chose qu’elle devait assumer, alors elle laisser couler. A l’image de la feuille qui en automne tombait dans un ruisseau et glissait le long de lit jusqu’à finir sa route dans le point culminant de la chute, et ce sans une seule seconde éprouver le besoin de se stopper, bien trop las pour animer ses membres. Olympe était une feuille, elle se laissait faire et elle aimait ça… Elle aimait sortir en compagnie de ces idiotes et oublier à quel point sa vie fut misérable il y a quelques temps, elle aimait oublier ces horreurs pour s’adonner à des choses de son âge, même si ça devait la faire passer pour une « soumise ». Maxwell ne comprenait rien à cette optique, il était tellement absorbé par son envie de se voir fort en toutes circonstances qu’il ne pouvait accepter ce genre de façon de penser. Olympe quant à elle, savait que si elle continuait à se comporter comme le faisait celui-ci, elle deviendrait folle à lier et serait bonne à enfermer.
Elle était faible, un maillon rouillé de la chaîne alors que lui était ce fer toujours lisse et impeccable dont le risque de se briser restait au zéro pointé. Une partie d’elle l’enviait pour briller avec autant de hauteur et de force alors qu’elle, elle observait le reste du monde sans réellement le voir défiler tellement il allait vite pour elle. Olympe tourna son regard vers son interlocuteur, passant une main dans ses cheveux courts pour les remettre négligemment en place derrière son oreille, haussant enfin les épaules à ces paroles qui avaient l’air d’être sorties de la bouche d’un homme désemparé par ce qu’il venait d’entendre. Il ne semblait pas la comprendre, ou pas vouloir tout du moins, chose qu’elle pouvait aisément accepter. Elle se prit à sourire, comme amusée par son manque de compréhension face à une situation simple comme bonjour, lui qui était si fin d’esprit, comment ne pouvait-il pas comprendre que Olympe était seulement quelqu’un de banal et non un esprit libertin comme lui. Il aurait aimé que le monde entier soit à son image, chose qu’elle ne pouvait pas accepter ni prôner alors elle, elle restait comme elle était et si cela devait lui déplaire, alors elle n’en avait que faire, assumant parfaitement son point de vue sans trouver la nécessité de l'argumenter plus que cela, sachant pertinemment qu’il trouverait toujours quelque chose à y redire comme à l’accoutumée. Il semblait vexé à vrai dire, comme touché quelque part qu’elle ne pouvait pas trouver, sûrement pas son cœur, trop dur avec sa carapace en acier trempé pour se voir perforé de quoi que ce soit.

Ah… C’était donc ça qui l’énervait maintenant ! Après avoir tenu son silence, la jeune femme écouta parler Maxwell sur sa vision de la femme et de ses relations avec elles. Olympe n’était pas dupe et savait parfaitement que son ego était touché comme s’il avait besoin de lui prouver quelque chose, comme s’il avait besoin de lui montrer que finalement, s’enfuir après l’acte n’était pas quelque chose de mal en soit mais une façon tout à fait délicieuse de montrer son affection la plus sincère ! La jolie blonde écouta ses derniers avec un sourire doucereux, tenant son regard comme s’il fallait qu’elle lui prouve quelque chose alors qu’elle s’en fichait. La jeune femme finit par se mordre la lèvre et de répondre avec quelques paroles, elle le savait, totalement surfaite : « Tu ne m’a pas séduit parce que ce n’est pas ce qui t’attire chez moi… Tu préfères les idiotes… ». Elle soupira au fait qu’il lui dise qu’elle s’était fait une fausse image de lui, bien sur… « Et bah on est deux ! Notre vie fut merdique et douloureuse ! Notre vie fut digne d’un film d’Hollywood ! Tu croyais quoi ? Que j’étais naïve au point de croire que cette petite mascarade que tu fais au monde entier n’est pas qu’une carapace ?! On a chacun nos façons d’affronter notre passé… ». Celle Maxwell restait atypique mais plutôt acceptable, celle d’Olympe était la plus répandu, celle de l’effacement derrière les leaders car on sait toujours que ceux qui se font taper sont ceux qui avaient le plus d’importance dans un groupe donné… Enfin c’était ce que pensait la jolie blonde et c’était la raison pour laquelle elle choisissait le silence pour s’évader. Les mots fusaient sans qu’ils n’y réfléchissent vraiment, tout du moins, elle espérait que chaque parole que prononçait le jeune homme ne soit pas pesée au mot prés car sinon il représentait cette partie de l’humanité sadique au possible qui ne désirait que voir souffrir son alter ego, quitte à ce qu’il s’effondre devant lui, à genoux, attendant sagement le coup de grâce pour que le supplice prenne fin.

Elle écoutait chaque mot comme une flèche transperçant sa poitrine à l’endroit exacte de son cœur. Il faisait une sérieuse connerie en jouant avec l’instrument le plus fragile de son propre corps, il ne savait pas ce qu’il faisait, elle, elle en avait conscience et c’est pour cette raison qu’elle tenait ses émotions au plus platonique possible, évitant une crise mémorable. La jeune femme ne trouvait rien à dire, elle observa Maxwell comme s’il était devenu fou, comme s’il avait perdu la tête que de croire que la race humaine n’était que mauvaise et sale… « Qui te dit que moi je ne serais pas là si tu en avais vraiment besoin ? Qui te dit que je ne serais pas là si un jour, un jour peut-être, tu ressentais ce vide que l’on ressent lorsqu’on sait que nos jours ne sont plus que des minutes qui passent lourdement… Tu nous mets tous dans le même sac parce que tu ne sais pas voir en chacun quelque chose de spécial… C’est pour que tu n’éprouves plus aucune sympathie pour le monde qui t’entoure comme pour moi… T’as même pas su voir le bien dans la seule personne qui aurait peut-être aimé t’aider. ». Elle soupira longuement avant de s’écarter pendant quelques secondes de lui, se mordant la lèvre en sentant sa poitrine devenir légèrement douloureuse, un pique d’émotion. Elle n’éprouvait ni pitié ni amour pour lui, elle savait néanmoins qu’elle n’était pas bien à cet instant précis… Ses paroles continuaient de fusées pour sa part… Elle était devenue la cible d’un homme dont les coups étaient devenus des mots. Des flashs de son beau-père lui revinrent en mémoire et son souffle s’accéléra légèrement alors qu’elle regardait le sol dans l’espoir d’y trouver un certain apaisement pendant que la tempête faisait rage dans son esprit. Elle voulait qu’il arrête, elle voulait qu’il la laisse tranquille mais elle n’avait pas la force d’ouvrir la bouche comme elle n’avait pas eu la force de hurler lorsque sa mère était dans la chambre d’à côté. Les traits de la jeune femme se durcirent lentement avant qu’elle n’ait un léger sursaut de respiration. Il était bien trop loin pour entendre quoi que ce soit alors qu’elle cachait tout ceci dans son menton, ses yeux toujours rivés vers le sol en signe de soumission.

Elle releva légèrement les yeux vers lui, n’écoutant même plus le flot de mots qu’il débitait comme s’il n’était plus que haine envers elle. Elle avait peur, elle était terrifiée, elle ne comprenait plus rien, elle ne voyait plus rien, elle voulait que tout ceci s’arrête et pourtant il ne semblait pas vouloir. Olympe n’était pas quelqu’un de méchant, loin de là, mais dés qu’elle voyait autant de douleur entrer en elle, elle ne savait plus se contrôler. C’est pour cette raison que son cri déchira le silence qui s’était installé entre eux, l’espace de quelques secondes, alors que Maxwell venait d’arrêter de plus. « LA FERME ! ». Elle releva les yeux et l’observa quelques secondes, respirant à grande haleine pour stopper les battements de son cœur qui se faisaient violents dans sa poitrine. Elle s’approcha de lui et lui décolla une gifle avec violence, le coup partant sans qu’elle n’en ai totalement conscience. « Ne me traite plus jamais comme de la merde, c’est bien compris ? Tu ne sais pas qui je suis, ni ce que je ressens… T’as même pas vu que je t’apprécie pour ce que tu es et non pour ce que tu dégages comme semblant de charisme… T’es que dalle sans ton air de petit con qui pète plus haut que son cul ! T’es que du vent… Je t’apprécie parce que tu me vois comme je suis… Pour la première fois quelqu’un n’a pas eu peur de me dire honnêtement ce qu’il pense de moi sans avoir peur de me heurter et sans avoir peur de lire en moi cette… Faiblesse, que personne ne peut voir… Mais là s’en est trop… Tu es l’une des personnes qui comptes le plus pour moi et tu ne l’as même pas vu… C’est peut-être ça ton plus grand défaut… Tu vois que ce que tu veux voir… ». La jeune femme se détourna, passant ses mains sur ses bras pour se réchauffer quelque peu, sentant un frisson parcourir son dos alors que la fraîcheur ambiante reprenait le dessus, elle commença à marcher vers elle ne savait où, une larme perlant au coin de son œil roulant sur sa joue pour finir par tomber sur le sol…

→ Ok by Bambi