« Oui, Monsieur Perkins. On vous va vous trouver une chambre. »
« Oui, Mia, qu’y a-t-il encore ? Dites leurs de patienter ! Merde à la fin ! On peut pas tout gérer »
« Docteur Cobin, s’il vous plait, vous ne comprenez pas, non mais.. »
« Madame Gialletto, quelle bonne surprise. On n’a encore oublié ses médicaments ? »
« S’il vous plait Martha, dites à Cal que j’en ai pour une bonne heure encore. »

Lauren ne voyait pas le temps passé. Elle ne voyait tout simplement pas car elle n’avait pas une seconde pour regarder sa montre. On pouvait être le matin ou en plein après-midi, c’était la même chose. Elle ne voyait pas les urgences se vider. Elle avait plus l’impression qu’elles s’emplissaient à chaque fois qu’elle passait devant. Quelle journée ! Elle n’avait pas arrêté depuis… depuis combien de temps d’ailleurs était-elle ici, dans les parages ? Depuis bien longtemps, certainement. Elle ne se rappelait même pas la dernière fois qu’elle avait trouvé son lit. Aucune idée. Hier ? Avant-hier peut-être ? Quelle importance après tout. Quand on est médecin, on ne compte pas ses heures. On peut être appelé à n’importe quelle heure pour un remplacement, une garde imprévue, un évènement particulier, trop de patients à traiter… Lauren aimait ça. L’adrénaline, ne pas savoir à quels cas elle aurait affaire aujourd’hui, ou pendant le week-end. Elle ne s’attendait à rien à chaque fois.
Aujourd’hui, elle était aux urgences exceptionnellement. Il manquait du personnel et on avait demandé à Lauren de bien vouloir leur donner un coup de main jusqu’à ce qu’ils se sentiraient à l’aise… L’heure de la délivrance n’avait pas sonné, et n’était pas prête de retentir, c’était le moins qu’on puisse dire. Il fallait prendre un patient, leur demander ce qu’il n’allait pas, les diriger dans un service approprié ou les renvoyer chez eux car ce n’était pas de l’ordre des urgences. Il y avait beaucoup de personnes un peu perdues qui se rendaient à l’hôpital juste pour parler, se confier. Ou bien, certains venaient pour une petite plaie superficielle ou une fièvre bien trop imaginée… C’était le quotidien des urgences, et ça ne désemplissait pas.

« Lauren, vous pouvez aller prendre votre pause, on va y arriver avec Martha ».

Lauren finit de signer quelques feuilles puis passa par son vestiaire. Elle prit son repas et eut enfin le temps de regarder sa montre : « Quoi ? 15h déjà !? ». La jeune femme prit son téléphone avec elle : deux appels manqués…Liam. Bon, elle rappellerait plus tard. Ca ne devait pas être pressé, sinon il aurait laissé un message.

Lauren monta à la terrasse réservée au personnel soignant. Elle s’accouda à la rambarde et regarda la ville qui grouillait de monde, entendit quelques klaxons abrutis et les passants qui léchaient les vitrines de magasins. Elle s’installa sur une table inoccupée et pouvait respirer un peu. Elle vérifia les dernières informations via son Blackberry et sentit une main passée sur son épaule. Elle sursauta et se retourna.

« Liam, tu m’as fait peur ! J’ai failli avaler de travers ! »

Elle avala sa bouchée et s’essuya avant de le regarder qui s’installait.

« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu vois pas que je bosse ? »