un peu de nostalgie?

dylan & david

Dyl', tu me retrouves dans la tente quand t'as finis ? T'observer manger de la bouse de coléoptère me donne des hauts le coeur. Tu ne sais pas ce que tu loupes mon vieux ! Dis-je alors qu'il s'éloignait de moi. Une fois certaine qu'il n'était plus dans les parages, je repoussais ce qui me servait d'assiette si cela ne semblait pas être un festin, ça en avait encore moins le goût. J'avais déjà regardé les émissions où les personnes devaient lutter pour se nourrir mais je n'avais pas pensé devenir l'une de ces personnes. Mais je n'avais pas le droit de me plaindre, après tout j'avais déjà de la chance d'être vivante après tout ce qui nous est arrivé. C'est vrai que depuis deux ans, on en voyait des vertes et des pas mûres à croire que la poisse était devenue notre deuxième famille mais on ne pouvait rien faire pour changer ça. Malheureusement car sinon les choses ne seraient jamais devenues aussi tendues qu'elles ne le sont aujourd'hui, cela devenait de plus en plus dur chaque jour. En effet, dernier acte en date, l'incendie de ce qui avait été notre campement depuis que nous avions subi notre première attaque en arrivant ici. Cet incendie avait déclenché en moi ce que je ne comprenais pas en effet depuis, je vivais continuellement dans la peur qu'une autre catastrophe nous tombe dessus. Je n'arrivais pas à faire face à tout ce qui se passait et la seule chose qu'il me restait encore, c'était l'anxiété constante qui ne me quittait jamais. C'était d'ailleurs pour cela que nous avions décidé, avec David de nous rendre à notre ancien campement afin de pouvoir en quelques sortes, tourner la page, il avait appelé ça notre « mission nostalgie ». Au fond de moi j'espérais vraiment que cela allait m'aider à ne plus avoir autant peur, j'avais fait en sorte qu'on ne le remarque pas, mais on allait finir par le découvrir car je ne me portais presque plus volontaire pour des missions de routine comme ramener du bois, à boire ou à manger. C'est d'un pas décidé que je me dirigeais dans ce qui nous servait dorénavant d'abris pour aller chercher David pour enfin commencer notre petite aventure. En entrant sous la tente je le vis avachis sur sa paillasse, c'est à coups de pieds dans le tibia que je comptais le réveiller, j'y allais doucement car après tout, mon intention n'était pas de lui faire mal mais plutôt de le tirer de ses rêves. Dis-moi pas que t'as donné toute ta force, là ? Comment tu comptes affronter un écureuil après ? Bien sûr que non, je m'en serais voulus d'abimer un homme comme toi. Lorsque j'étais avec lui je me sentais vraiment plus légère, dans le sens où la peur que je ressentais presque à chaque instant, disparaissait. Bon, alors on fait ce qu'on a dit ? Une petite séance nostalgie ? Ouaip. Allons-y. Enfin si tu es prêt bien sûr, je m'en voudrais de te bousculer. Il me tendit la main afin que je l'aide à se lever et c'est ce que je fis, alors qu'il allait m'embrasser sur la joue, il se recula vivement avant de lâcher un Je t'embrasserais quand ta peau sera propre ma chérie ! T'es un crétin tu le sais ça ? Il va vraiment falloir que je t'apprenne comment parler aux dames parce que sinon je ne sais pas ce que je ferais de toi. T'es un cas désespéré mon vieux ! dis-je en rigolant tout en le poussant pour pouvoir sortir de notre abri, enfin ce qui nous servait d'abris jusqu'à ce qu'on retrouve un campement digne de ce nom. Aller Madame. Le carrosse vous attendant, cela serait fort dommage d'ennuyer le cocher par votre attente. Franchement arrête de parler comme ça, t'es flippant. Une fois dehors, il me tendit la main que je regardais comme si quelque chose de grave allait se passer si je la prenais, ce que je ne ferais pas. Tant pis, elle se fera une joie de se poser sur tes fesses. Il ne manquait pas de culot et c'est peut-être pour ça que je m'entendais aussi bien avec lui. J'allais lui répondre quelque chose mais il me prit de court en reprenant la parole Mais nan je rigole, te bile pas Je ne pris même pas la peine de lui répondre, un regard lui suffirait pour lui faire comprendre ma pensée, il était exaspérant mais ça faisait du bien, ça me changeait vraiment les idées. La marche jusqu'à notre campement fût longue mais on ne le sentit pas pour la simple et bonnes raisons que nous avions eu de cesse de parler. Peut-être nous étions nous concentrés sur notre conversation pour nous détendre, pour ne pas à avoir à penser à ce que nous allions voir. Car si c'était dur pour moi, je n'avais aucun doute sur le fait que ça devait être dur pour David également, après tout, lui aussi avait passé deux ans de sa vie ici. Deux ans à tenter de faire en sorte de continuer à vivre une vie un peu près normale à oublier notre condition de vie plus que restreinte, deux ans où nous avions tous vécus des choses sur ce campement qui était devenu notre maison, là où nous nous sentions en sécurité ... il n'avait pas fallu longtemps pour que tout ça soit réduit à néant, que ce ne soit plus que poussière et encore une fois on avait eu à souffrir, à pleurer la perte d'être cher qui n'avait eu, pas eu la chance de pouvoir s'échapper. En humant l'air, on pouvait se douter qu'on arrivait presque à destination, en effet celui-ci était plus chargé et des odeurs de brulées se faisaient sentir encore. Puis le paysage nous révéla ce à quoi nous nous attendions, une horreur, les arbres, le sol, des objets qu'on ne pouvait plus identifier.. Voilà ce que nous avions trouvé. Cette vision me perturbait, réellement, je pouvais sentir une boule dans ma gorge tout comme je pouvais ressentir les battements de mon coeur s'accélérer pour ensuite faire monter des larmes à mes yeux, larmes que je ne voulais pas faire couler. C'est encore pire que ce que je croyais. Il ne reste rien, absolument plus rien de ce que nous avions. T'imagines que tu ... qu'on aurait pu y rester ... Heureusement quelques minutes plus tôt, David m'avait pris la main, sinon j'aurais pu déchanter devant une telle scène, je m'attendais à ce que ce soit affreux mais se l'imaginer et le voir réellement étaient deux choses totalement différentes.