→ Pour K. :
La jolie blonde avait attendu sagement, presque religieusement la réponse de Conor. Qui dans sa grande générosité du moment, (ou plutôt sa passion débordante) avait établi un diagnostic. A savoir une absence totale d'intérêt pour le cinéma. Étonnant mais bon, en vivant aux Etats-Unis l'Irlandais en avait vu d'autres. Et il avait vu juste car elle avait répondu avec un naturel sincère de lassitude.
C'était touchant presque... Sans doute était-elle soulagée quelque part que quelqu'un vienne l'aider.
C'était rassurant aussi, on était dans un pays ou sourire à quelqu'un peut vous couter une plainte pour harcèlement et où dire bonjour à une femme peut provoquer un jet de lacrymo' sur vos rétines sans autre forme de procès. Alors la réaction pas du tout hostile de la blonde à l'aura d'actrice, cela rassurait, plaisait à Conor, et surtout c'était agréable de voir une réaction sans haine ni violence, çà le changeait des insultes et des courses poursuites voire des bagarres qu'il vivait dans son quotidien de policier. Il exposa le résultat de sa réflexion.

Aussi à sa piètre réponse la réaction très franche mais terriblement vraie de la jeune femme le décontenança un peu. Elle semblait contrariée, peut être cachait elle sa déception. Mais ce qui surpris le plus Conor, ce fut quand la belle en détresse reprit à son tour la parole. Quelle franchise, et surtout quel étonnement. Sous son air angélique. la jeune femme possédait un caractère au minimum très fort, et apparemment elle avait aussi une aversion pour l'expression d'un soupçon de sentiment... étonnant.

La surprise allait en crescendo puisqu'après çà, telle une enfant (ce qui lui allait parfaitement), elle énuméra les films qu'elle affectionnait, tout en paraissant pressée. A la limite de l'agacement. Enfin il se trompait peut être mais en tous cas çà aussi lui allait très bien. S'il avait été directeur de casting, ou réalisateur comme dans ses rêves, il aurait de suite proposé un rôle à l'inconnue du Meteor.

Passant outre le fait qu'elle avait qualifié Casablanca de 'connerie', et essayant de ne pas s'attarder sur les goûts plutôt spéciaux qu'elle confessait, Conor ne se dégonfla pas et même, reprit un peu d'élan quand de ses mots mêmes elle ajouta un film pour l' 'aider' et confiait même qu'elle n'était pas sans cœur en fin de compte. Ce faisant Conor trouva triste l'image qu'il eut, des ces deux yeux bleus en train de verser des larmes...Oui les Irlandais sont des sensibles au fond.

Un peu gêné il ne trouva pas grand chose de bien glorieux a jouter d'abord mis à part un banal « Ah, je...je vois. Pardon. ».

Mais ensuite, c'est elle qui vint à sa rescousse. Et en deux phrases elle fit disparaître l'image de la blonde froide et inamicale. En le tutoyant, avec une voix légère et suave elle se présenta, en prouvant qu'elle avait retenu son prénom à lui. Et voyant son visage relevé vers lui, un air bien plus chaleureux que les premiers instants. Conor sourit, et tendit sa main pour serrer celle de Juliett. « Enchanté Juliett... », il l'était vraiment, et ce prénom très romanesque lui collait si bien. Décidément, tout allait bien à cette Juliett. Usant à son tour du tutoiement, estimant qu'elle avait brisé la glace il avoua son désarroi, elle avait bousculé sa motivation avec ses commentaires acérés. Une prouesse à mettre au crédit de la rayonnante Juliett: avoir réussi a faire renoncer Conor à regarder pour la énième fois un film au Meteor. « Je dois avouer qu'après ta remarque, j'ai plus trop envie d'y aller mais plutôt de me regarder un DVDchez moi, j'ai déjà une idée. Mais pour toi j'ai bien peur que la programmation de ce soir ne te déçoive alors. » Les films du soir étaient bien trop longs ou bien trop 'niais' pour elle, il le pensait vraiment. Et à vrai dire, elle n'avait pas totalement tort. La longueur et le romanesque à outrance sont des caractéristiques des vieux films.

« Je suis désolé de pas t'aider plus. Mais si tu veux mon conseil, trouve toi quelqu'un et passez la soirée devant Blood Diamonds, je sais pas ce que tu fais dans la vie mais c'est un truc qui devrais plus te plaire. Voilà. »

Conor lui aurait bien proposé de lui prêter le DVD mais, ç'aurait été mal compris assurément alors il préféra se taire. Et se préparait à laisser la ravissante Juliett. En lui ayant épargné une séance de torture visuelle et sentimentale..

→ bon par maisy .