→Je souris à sa remarque. A croire qu’il ignorait que certaines personnes ne se gênaient pas pour exposer leurs amours ou plutôt leurs vies sexuelles au grand jour. Ce n’était pas mon trip, certes. Les chambres étaient bien plus confortables. Mais je connaissais des gens, adeptes de cette pratique. Il faut de tout pour faire un monde après tout…

« Je ne t’apprends rien en te disant que certains aiment faire de telles prouesses en plein air… Peut-être pas à Berkeley. Mais ailleurs, je suis sûre que tu peux trouver des aficionados de cette pratique. Rien qu’en regardant sur Youtube… Par exemple. Enfin, je suppose. »

Non, je ne faisais pas partie de ces personnes qui passaient leurs temps à trouver la vidéo la plus trash sur des sites comme Youtube ou Dailymotion. J’avais autre chose à faire de mon temps. Je n’étais pas une perverse, ni une nymphomane, ni quelque chose dans le genre. Je faisais simplement des suppositions. Quand il ouvrit une seconde fois la bouche, je perdis légèrement de mon entrain. Que devais-je lui dire ? Que j’avais photographiée un garçon louche dont j’ignorais sa réelle venue à Berkeley ? Non, surtout pas. Inutile que je l’inquiète avec mes idées totalement farfelues. Et puis, on n’était pas proches au point de faire des confidences pareilles, si ? Je me repris.

« Non mais ça va bien. Je pense juste à ma famille. Enfin, mon frère aîné m’a parlé de ma petite sœur dans une de ses lettres, me disant qu’il commençait à s’inquiéter pour elle. Tout simplement. Enfin, moi, ça ne m’étonnes pas du tout. Cette fille est une peste. Si un jour, elle va à Berkeley, elle finira chez les Bêtas ou les Gammas… Je n’ai rien contre ces confréries hein. Je suis juste lucide. »

Non ce n’était pas un mensonge. C’était la vérité. Mon frère m’avait vraiment fait part de ses angoisses. Et puis, je doutais que Dmitri veuille en savoir plus sur ma famille. J’avais dit ça, histoire qu’il arrête de se poser des questions et de passer à autre chose. S’il savait l’autre truc qui me travaillait. Il y avait de grandes chances qu’il ne me lâche pas avant que je révèle l’identité du vrai-faux-étudiant. Bref. Il me relança sur un de mes sujets de prédilection et par extension, de ma curiosité insatiable.

« J’avoue. J’adore apprendre des secrets à l’insu des concernés. Même si il m’arrive de prendre des clichés que je regrette immédiatement. Je pourrais écrire un bouquin avec tout ce que j’ai pu voir sur le campus. Mais, je ne dirais rien. Je suis muette comme une tombe. Je ne suis pas du genre à dévoiler mes informations. A moins, bien sûr, que l’un des concernés soit un de mes proches. Là, oui, j’aurais dû mal à tenir ma langue… Prendre des photos peut s’avérer être une activité dangereuse, tu sais ? Mais comme tu l’as dit, c’est une sorte de drogue pour moi. Je ne peux pas m’en passer. Malgré les risques. Je dois avoir le goût du danger »

Il n’avait pas l’air ravi de se faire filmer mais il accepta quand même, tout en maugréant des paroles incompréhensibles. Il se livra mais, je fus surprise d’apprendre que le sport n’était qu’un simple passe-temps pour lui. J’aurais cru que ce serais plus important à ses yeux. C’était un Iota après tout. N’était-il pas censée être dans cette confrérie parce qu’il adorait le sport ? Ou était-ce encore une énième idée reçue sur une confrérie ? Après l’avoir écoutée, je ne pus m’empêcher de lancer une pique…

« Oh ! Tu as accepté le défi de la caméra ? Je suis surprise. Je pensais que te laisser filmer n’était pas vraiment ton genre. Et j’accepte avec grand plaisir de passer derrière la caméra ensuite. Mais, évites de casser mon caméscope… Il est neuf. »

Je lui tendis la caméra, me mis sous mon meilleur jour et fit un sourire façon « Colgate » avant de commencer à parler.

« Quand je suis avec mon appareil, j’ai l’impression d’être dans un autre monde, en fait. Dis comme ça, c’est ridicule, je sais. Peut-être même enfantin mais c’est comme ça que je vois les choses. J’avais sept ans que j’ai eu mon premier appareil photo. Un jetable évidemment. Et la plupart des photos n’était pas super. Mais j’ai quand même adorée cette première expérience. Et c’est à partir de là que la photographie est passée de simple passe-temps à passion numéro une. Et pourtant, je ne fais pas d’études de photographie. Je suis en troisième année de design. Parce que je veux garder la photographie comme passion, je ne veux pas que mon travail se base sur ça. C’est peut-être difficile à comprendre mais, c’est comme ça. C’est devenu mon exutoire personnel. N’empêche, passer du surf au football américain… ça change ! Ton statut de surfeur ne te plaisait plus ? ça doit être sympa l’Australie quand même…»

→ bon par Maisy .