→ La fin de semaine était arrivée à une vitesse hallucinante. J’avais l’impression que hier était lundi. Alors que non, hier était jeudi. Il paraît que les minutes, les heures, les jours passent beaucoup plus rapidement lorsque l’on fait quelque chose qui nous plait. J’en avais la confirmation. J’avais passé la semaine à travailler mes tableaux, mes maquettes, à modeler tout et n’importe quoi. On ne peut pas dire que j’avais vraiment profité de mes heures libres. J’aimais beaucoup ce que je faisais, ça ne me dérangeait donc pas d’y passer des heures et des heures. Néanmoins, j’étais contente qu’on soit vendredi. J’avais bien l’attention de laisser mes pinceaux et ma peinture dans leur boite. J’étais jeune, il fallait profiter. Puis, cela ne me ferait pas du mal de me détendre. J’avais appelé Enora pour savoir ce qu’elle avait prévu pour ce soir. Elle m’avait dit qu’elle comptait passer la soirée avec un gars, un mec qu’il a rencontré dans la semaine et qui l’avait invité dans un endroit "trop classe" apparemment. Pourquoi pas. J’avais appelé quelques copines qui, elles aussi, ont déjà des plans pour ce soir. Ça m’apprendra à faire l’ermite toute la semaine. J’étais donc condamnée à passer la soirée seule, devant un film. Enfin, c’est ce que je croyais. J’étais tombée sur Hunter cet après-midi, avec tout un tas de projet en tête. Je savais qu’avec Hunter, je passerai forcément une bonne soirée. Ce n’est pas qu’on ne s’ennuie jamais mais…on ne s’ennuie jamais. Il y a toujours quelque chose à faire. Quand on ne se taquine pas, on est capable d’avoir quelques conversations sérieuses. Je vous assure. J’appréciais sa compagnie. Il me faisait craquer. Il pouvait être attentionné parfois. Quoiqu’il en soit, Hunter me proposa de passer la soirée avec lui. Il était évident que je n’allais pas dire non. Il m’a dit qu’il m’emmènerait au cinéma, ce qui est assez étonnant. On avait plutôt l’habitude de se poser chez lui, ou chez moi, de se mettre devant un film ou bien de sortir en soirée tous les deux. C’était rare qu’on mette un pied en ville, dans un lieu public. Surtout que monsieur est très jaloux, alors il aimait bien me garder pour lui. Et rien que pour lui. C’est ce qui fait l’étrangeté de notre relation. Nous ne sommes pas ensemble, je ne lui appartiens pas, il ne m’appartient pas. Mais parfois, il agit comme si nous étions un couple. Et parfois, j’agis comme si il était à moi. C’était à la fois perturbant, et intéressant. J’attendais de voir où cela nous mènerait. Il m’avait dit que le cinéma organisait un événement unique en ce moment. Un événement qui nous projetterait comme dans les films des années 80. Je ne voyais absolument pas de quoi il me parlait. J’imagine que ce serait une sorte de surprise. Je m’étais habillée assez simplement. J’avais enfilé une jupe assez moulante, avec une blouse simple. Quelque chose de sobre, qui ne faisait ni trop soirée, ni trop journée. Une tenue qui faisait "entre les deux". Hunter était passé me prendre. Il m’avait demandé de ne pas me renseigner pour le cinéma. Il m’avait demandé d’attendre patiemment qu’on arrive sur les lieux. Pour une fois, j’avais décidé de faire ce qu’il me demandait. Et la surprise fut totale quand nous arrivâmes sur les lieux. Ce n’était pas un cinéma classique. Non. C’était un cinéma en plein air. Je fus assez surprise. Il est vrai que, à part dans les films, je n’avais pas jamais eu l’occasion de voir un cinéma en plein air. Un comme avant je veux dire. Aucune rangée de siège n’avait mise en place. Mais à la place, une quinzaine de voitures des années 80, décapotables. C’était classe. C’était inhabituel. C’était même limite romantique, puis les voitures étaient réservées uniquement à deux personnes. « Je vais finir par croire que c’est un rendez-vous romantique! » Lâchais-je d’une voix taquine, en me tournant vers Hunter. Je savais qu’il se braquerait. Mais ça faisait partie du jeu, de nos habitudes. J’esquissais par la suite un sourire, en observant le décor autour de moi. J’aurais aimé vivre pendant les années 80, ou même pendant les années 60. C’était des époques formidables, de grands changements. Ça devait être fun.

→ Validé par Maya.