→ Cameron n'avait jamais ressenti une peur pareille. Il redoutait la réaction de Madison, tout comme il la sentait évidente. Elle ne lui tomberait pas dans les bras en pleurant, pour lui demander de revenir. Elle ne reviendrait probablement pas, il y avait une chance sur un million pour que cette femme prenne encore le risque de souffrir auprès de ce garçon maladroit et inconscient. Il avait réfléchit beaucoup trop tard sur cette situation, et ça lui avait valu une perte qu'il regrettait amèrement aujourd'hui. Il ne se passait pas une nuit sans que l'ancien dealer y pense, rongé par ses regrets et animé par une rage profonde envers lui-même. Madison ne méritait pas une chose pareille, et pourtant, il avait osé tout lui faire subir sans qu'elle ne puisse s'exprimer. Cameron comprenait alors la froideur de cette femme, cette distance qui s'était creusée entre eux, mais surtout, ce sentiment de vide extrême qui le poussait à mettre fin à ses jours. Elle était celle avec qu'il voulait terminer sa vie, quoi qu'il en coûte, et n'avait plus envie de se réveiller seul tous les matins, imaginant simplement la vision de cette femme merveilleuse à ses côtés. Elle n'était plus là, elle ne le serait probablement plus jamais, et cette simple idée lui déchirait les entrailles. Cameron avait peur, et en tremblait, alors qu'il dévoilait confession sur confession. Il voulait qu'elle sache tout, qu'il ne manque aucun détail, ainsi, un poids s'ôterait de ses épaules, et il pourrait avoir la conscience tranquille sur ce point. Mais ce n'était pas fait pour durer, et lorsqu'elle quitterait cet appartement, le new yorkais sentirait encore cette abomination le posséder et le hanter : la solitude. Il n'osait plus regarder son ex dans les yeux, et préférait opter pour ses mains, qu'il tordait nerveusement entre elles, secouant l'une de ses jambes frénétiquement. Dans ces moments-là, le manque de drogue se faisait abominablement ressentir, et Cameron aurait tout donné pour pouvoir se défoncer, ne serait-ce qu'un peu. Seulement, depuis le dernier passage de Callypso dans son appartement, il n'y avait plus rien. La demoiselle avait tout jeté et juré qu'il aurait des problèmes s'il en trouvait à nouveau. L'envie était absolue, ne serait-ce que descendre en bas de son immeuble, croiser une connaissance et lui demander une dose, minime peut-être, mais suffisante pour lui faire oublier ses tracas pendant une heure ou deux.

La main de Madison se posa sur les siennes. Cameron s'arrêta aussitôt, le cœur battant à tout rompre tandis qu'elle soulevait le bracelet pour dévoiler les cicatrices. Des traces affreuses dont le junky avait honte. Il ne leva pas les yeux vers elle, et la laissa s'écarter en serrant les dents. Puis, elle l'obligea à relever le menton, et son regard se plongea dans le sien. « Pourquoi as-tu attendu que je me rapproche d'un autre pour ouvrir les yeux Cameron ? Pourquoi n'as-tu pas réagi avant, plutôt que d'aimer Alexie lorsque je vivais à tes côtés, ou plutôt que de me mettre de côté pour ensuite retourner près de Callypso ? » Toutes ses culpabilités lui retombaient violemment dessus. L'ancien dealer détourna le regard, honteux. Pourquoi ? Question existentielle à laquelle il n'avait pas de réponse. Il ne le savait pas, et ne comprenait pas ses propres réactions. Comment faire ? Après tout, il avait dit tout ce qu'il voulait qu'elle sache, il n'y avait rien d'autre à ajouter. Seulement, elle attendait des réponses, que Cameron ne trouvait pas. L'esprit tourmenté, il préféra la laisser continuer. « Je ne comprends pas, je ne comprends plus. La situation nous a réellement échappé. Tu n'es certes plus l'homme que j'ai connu il y a un an, mais tu es différent, d'une toute autre manière. Pourquoi. Pourquoi as-tu voulu mettre fin à tes jours ? » Elle se leva et s'écarta. Cameron en profita pour chasser cette larme naissante au coin de son œil tandis qu'il baissa le regard sur ses mains, la bouche ouverte, le visage crispé par le chagrin qui le submergeait. Il remit correctement ses bracelets en place, et porta une brève attention à ses cicatrices, parcouru par un frisson glacial. Il haussa les épaules, tel un enfant incapable de se justifier, et répondit. « Parce que je ne vois pas ma vie sans toi... » Sa gorge se noua à la fin de sa phrase, et il fit un effort monumental pour ne pas fondre en larmes. Il essuya à nouveau ses yeux, et se leva en fourrant ses mains dans les poches arrières de son jean. Il se tourna vers Madison, et tenta de lui adresser un radieux sourire. Forcé certes, et triste, mais le geste était quand même là. « Mais... tout va bien aller. Je vais remonter la pente et... ouais,ça va aller. » marmonna-t-il en reniflant. Jouer la comédie ne lui réussissait pas, mais il tenta de paraître confiant dans le ton de sa voix, ce qui était loin d'être parfait. Il baissa ensuite les yeux, le souffle tremblant, et se laissa tombé assit sur le canapé, ses jambes tremblaient. Il passa une main dans ses cheveux en bataille. « Ça va aller... » chuchota-t-il à nouveau en se frottant les yeux.

→ Let's go Knicks.