L'univers aristocratique, ainsi que la haute bourgeoisie allaient accueillir un nouveau membre dans son cercle fermé. Et oui, personnes dans New-York ignoraient que madame Valentine était enceinte, elle qui ne s'en cachait pas du tout, loin de là même. Beaucoup d'hommes avaient tenté d'obtenir cette belle colombe qui était directrice artistique d'une marque de haute couture mondialement connu. Son prénom était une énigme pour chacun, puisqu'il était rare de l'appeler par ce dernier, pourtant il en était pas moins magnifique. Bianca De Gascogne pour faire simple, née d'une mère australienne et d'un père français, elle rencontra son époux à New-York, un australien de pur souche, monsieur William Valentine. Un homme puissant dans le monde entier grâce à son métier, directeur sportif d'un club de football légendaire en Angleterre. Mais aujourd'hui, la fête n'était pas pour eux, mais pour le petit nouveau de la famille : moi, Elijah Daemon Auguste Valentine, premier du nom. Ma mère et mon père venaient de se lier pour le meilleur et pour le pire et en gros moi j'étais le cadeau.Le premier d'une famille réputée, l'exemple et assurément celui qui allait devoir assurer la descendance de ce nom : Valentine. Avant même d'être né j'avais déjà un fardeau à porter, me lier à une bonne femme. Mon père me racontait qu'il était souvent en train de me parler, collé au ventre arrondi de ma mère, j'avais la soudaine envie de lui dire à ce moment-là qu'il faisait vraiment pitié. Seulement je n'ai jamais réellement eu l'occasion de lui dire. Le jour de ma naissance, j'ai été l'objet de beaucoup d'intérêt. La haute bourgeoisie, la haute société, peu importe, mais on ne parlait que de moi avant même de savoir me servir de ce que j'avais entre les jambes. L'absence de mes parents ne m'a jamais gêné, j'ai été éduqué à l'ancienne, avec des valeurs telles que le respect, la ponctualité, la courtoisie, la galanterie et la politesse, des choses à impérativement respecter sous peine de sanctions sévères. Autre chose qui a rythmé mon éducation, la religion. Ma famille était très croyante ainsi que fière et fidèle à ses origines et ses traditions. De mon côté, lorsque j'étais enfant, je me suis laissé berner par cette utopie, avant de réagir à mon entrée au pensionnat. Mais avant cet épisode, il y a eu d'autres faits bien plus importants comme la naissance de ma petite soeur, la seule femme de ma vie et celle pour qui je donnerais n'importe quoi. Au départ, comme tout enfant j'étais jaloux d'elle, mais je me suis vite retrouvé face à mes responsabilités et même si moi je n'ai pas souffert de l'absence fréquente des parents, je sais que Giulia en a beaucoup souffert. Son prénom est tiré de l'imagination débordante de mon père, pour le reste c'est maman. Giulia Ortenzia Phillipine Valentine. Un magnifique prénom, pour un petit bout de femme parfaite.



Le véritable tournant de ma vie est sans aucun doute le pensionnat où je me suis entre guillemet émancipé et libéré d'un poids énorme. Je suis arrivé ici avec mes bonnes manières et j'ai vite compris que tout ce qu'on m'avait enseigné c'était des belles conneries, surtout la croyance en dieu ou je ne sais quoi d'autres. Mais ça je ne l'ai pas compris dés le début, comme tout enfant endoctriné, il fallait que je comprenne par moi-même et que je réalise à quel point mon esprit était souillé. Sans m'être décoincé, je n'aurais jamais profité de ma jeunesse et d'ailleurs j'en profite encore, mais mon comportement est devenu celui que j'ai aujourd'hui en partie à cause du pensionnat, mais aussi à cause de la puissance que mon nom m'apportait. Au départ, je me souviens j'étais timide, je me laissais faire. J'étais trop gentil. Combien de fois les gens abusaient de moi. Mais un jour pas comme les autres j'ai dit stop. J'ai commencé à changer lorsque je suis tombé dans une affaire de viol où la victime était ma propre soeur. Une personne de l'entourage familial m'avait soit disant vu en contact charnel avec ma soeur, cette dernière criait et moi je m'en moquais. Lorsque j'ai appris cela, je me suis énervé et j'ai basculé dans une rage infernale, avant de clamer mon innocence haut et fort grâce au soutiens de ma soeur qui à l'époque n'avait que douze ans, alors que moi j'en avais quinze. Depuis ce jour-là je ne suis plus le même. J'arbore un masque inoffensif, observant, calculant avant de bondir comme un guépard sur sa proie. Je suis fourbe, hautain, égocentrique. J'ai très peu de liens amical, mais beaucoup de relations charnelles. Puis j'ai rencontré cette fille, Alessia. Ce n'est pas qu'elle a chamboulée mon train train quotidien, mais presque, simplement j'ai bien trop de fierté pour lui avouer et jamais je ne comptais lui dire un jour. Disons que c'était sans doute la seule femme avec qui j'aurais pu être heureux et écrire une page intéressante de mon existence. Simplement je ne voulais pas rentrer dans le rang et assurer une descendance à ma famille dans l'immédiat, même si déjà à mon plus jeune âge, j'avais une pression énorme sur mes épaules. Avec elle, j'ai fait n'importe quoi. Les quatre cents coups comme on dit. Sa première cigarette, ça vient de moi, toutes ses mauvaises choses venaient de moi. Mais je ne regrette rien, l'adolescence c'était une période compliquée de ma vie, mais j'ai finalement réussi à trouver du bonheur dans une vie trop calme.



Le résumé de ma vie, c'est un peu comme la bande originale des aventures d'Ulysse, en pire. Non plus sérieusement, la vie d'adulte ce n'estpas top, surtout lorsque ta famille cherche à te caser avec une vieille cousine pour être assuré d'avoir une descendance. Mais j'ai refusé proprement, désolé de ne pas être un adepte de la consanguinité, non mais sérieusement. Quelle blague. J'avais une telle pression sur les épaules que pour me débarrasser un peu du fardeau familial, j'étais prêt à n'importe quelles solutions idiotes. La relation entre la belle Schelsinger et ma petite personne c'était toujours un secret pour tout le monde, même pour nous. De mon côté il était hors de question que je me pose avec elle et que je lui déclare ma femme comme dans ses vulgaires séries. Moi je ne voulais pas de ça, j'avais le temps pour penser à fonder une famille, avoir une femme, me marier, faire des gosses, mais cela personne semblait comprendre mon mal-être vis-à-vis de cette question oppressante. Malheureusement, il me fallait impérativement une pigeonne pour rafler l'héritage du grand-père qui était sur le point de passer l'arme à gauche. Même si je ne suis pas du genre à partager, je n'avais pas d'autre choix pour obtenir l'aide de quelqu'un et c'est en parlant du problème avec Alessia qu'elle est venue, entre guillemet, à mon secours. C'est donc avec la demoiselle dans la poche, même si faire 50/50 ne me plaisait pas, que j'allais montrer avec une grande fierté à mes parents que je n'avais pas une seule seconde des pensées homosexuelles. Malgré le fait que le paternel de la demoiselle avait des antécédents plus ou moins honteux, le courant passa correctement. Les choses sont allées très vite, la bague au doigt, l'argent puis le manège a pris fin quelques temps après le décès du grand-père, simplement le notaire trouva une faille dans le système, ce qui m'obligeait à contacter de nouveau la mordue du shopping qu'était Alessia, afin de la convaincre une nouvelle fois d'être ma partenaire, pour le meilleur et pour le pire.