Ce cours avais été long. Tout avais été si normal. Tellement normal que ça en avais été ennuyeux. Ma mère m'a toujours dit, du plus loin que je m'en souvienne, que chaque moment ennuyeux était un moment et que quoi qu'il se passe, il fallait toujours trouver un moyen de profiter. Mais j'avais tellement mal dormi la veille que j'étais d'une humeur massacrante et que profiter dans ces conditions m'avais semblé impossible. Et bien entendu, je ne pense pas que le professeur de potions aurait apprécié que je m'amuse durant son cours. Alors j'ai fait la bonne élève. J'étais plus calme que tout les autres. Bien que ce ne fut choquant pour personne, étant donné que j'avais toujours été bonne en classe, mais là, c'était différent.

Je sortais de la pièce lorsque le professeur nous en donna l'autorisation. Ou l'ordre, plutôt. Ce n'est pas comme si les professeurs aimaient être devant des élèves parfois inattentifs, pour la plus part ne comprenant rien. Non nous n'étions pas mauvais. Nous étions juste un peu tous énervés par la lassitude des cours. Chaque jours il fallait faire la même chose et obéir. Moi même je sais que c'est important de travailler et je m'y force, pour réussir mes examens et avoir une minime chance que mon avenir soit correct. Mais ce n'est pas comme si c'était une partie de plaisir. Et puis de toute manière, le plaisir, c'était sans doute un mot qui m'était inconnu. Ou pas. Je ne savais pas si j'avais, un jour dans ma vie, ressenti un intense bonheur. Je ne sais pas si il y a eu un seul moment parfait ; et pour cause il y a toujours une question présente dans mon esprit. Une question qui revenait sans cesse : Qui suis-je ? J'avais beau essayer de me convaincre que ma vie était à présent celle que je menais, je ne pouvais pas m'empêcher de me demander qui j'étais avant de débarquer en France, telle une clandestine ne pouvant rien pour elle même.

Au milieu de la foule, j'aperçus une silhouette qui me fut malheureusement familière. Setton. La bitch. La blonde, dans toute sa splendeur. Tout le monde l'évitait du mieux qu'il pouvait. Ou du moins, ceux qui n'avaient pas peur. Moi je n'avais plus peur. Mais je ne voulais pas perdre du temps avec ses stupidités bien à elle. Elle s'imposait sans cesse des règles idiotes. Insulter, régner, se faire détester. Au fond elle ne cherchait que de la méprise. Et c'est ce que je ressentais pour elle. Son nom ne m'inspirait que de la haine, de la rage. Je n'étais pas du genre à me faire remarquer, et donc surtout pas à m'énerver avec quelqu'un au beau milieu des autres élèves. Mais il y avait bien longtemps que je n'avais plus essayer de contrôler ma colère envers cette peste. Elle me fonça dedans. Je n'ai rien dit, espérant que ce ne fut que par mégarde. Mais rapidement elle se retourna vers moi. « Tu étais dans le chemin connasse. Tu devrais faire attention la prochaine fois. » J'étais face à elle. Je me retournais pour continuer mon chemin, mais murmurais d'un air énervé « Сука » (Salope ; Sale chienne). Non. C'était sorti ; ça recommençais. J'avais la mauvaise manie de jurer en russe lorsqu'on m'énervais. Je ne savais pas d'où cela pouvais bien sortir, mais c'était naturel et incontrôlable. Mon impulsivité refit bien vite surface. Je me replaçais face à elle, le regard plein de haine ; et d'un air moqueur, lui lançais : « Si tu prenais moins de place, les gens ne te fonceraient pas dedans, Setton. »

Si cela avait été quelqu'un d'autre j'aurais simplement continuer mon chemin. Mais son agaçante froideur et son air de petite reine, je ne les supportais plus. Alors que la guerre continue, miss Setton.

→ HELL YEAH BY J.