→ Le trajet avait été splendide. J'avais toujours adoré l'avion, l'idée d'être au dessus des nuages, de les voir s'étendre sous soi comme une mer immobile tout en avançant à des centaines de kilomètres/heures sans en avoir l'air. J'étais parti le matin de l'aéroport Lille Lesquin, après mon bol de Golden Grams et une petite douille afin de m'endormir pendant les heures de vol, ce qui n'avait d'ailleurs pas manqué. Adieu le Nord, adieu la France, adieu l'odeur de bière et de moule dans les rues de Lille. 24 ans passé à arpenter cette ville dont je connais maintenant les moindres recoins : et c'est bien pour ça que j'en suis parti. J'ai jamais vu l'intérêt de passer une petite vie tranquille et bien rangé, avec le salaire, le labrador et le pavillon. Moi je suis à la recherche de renouveau, d'expériences grisantes, de rencontres intéressantes, et c'est exactement ce que je vais trouver ici. Vivre est la seule chose qui m'intéresse. Je sortis du hall bondé de J.F.K. et m'alluma une cigarette que je venais de rouler. Je semblais être seul à fumer de cette façon et je m'attirais quelques regards étonnés : ici c'était une pratique de cowboy. Après m'être empli les poumons de la si précieuse nicotine, tout en prenant le temps de scruter les jeunes américaines sortant et entrant dans l'aéroport, je me mis en quête d'un taxi. A la vue des longues voitures si connues de par le monde mon sourire grandit : j'y étais vraiment, à New York. Je n'avais presque pas un sou en poche, et pourtant j'étais aussi enthousiaste qu'on pouvait l'être. Mais c'est alors que, plongé dans mes pensées tandis que je m'approchais de la porte d'un caddy jaune inoccupé, je percuta un homme d'une quarantaine d'année qui s'était précipité sur le même taxi. A l'expression que prit son visage lorsqu'il se releva je compris tout de suite que j'allais avoir droit à une bonne vieille leçon sur les règles de politesse et de courtoisie, saupoudré de quelques "vous auriez pu faire attention". A l'avance exténué de ce programme, je ne pris même pas le temps de le laisser parler et lui décocha mon majeur devant la figure avant de m'éloigner vers une autre voiture.

→ Yankees Let's go Knicks .