→ Lysianthe Heaven faisait partit de ses personnes qui obtiennent toujours d'une manière ou d'une autre ce qu'elles désirent. Ce genre d'individus épuisants qui ne reculent devant rien pour satisfaire une petite lubie d'un instant ou bien quelque chose d'importance.

Lysianthe marchait aux côtés de J.F et, pour une fois, il se taisait, se contentant de sourire légèrement en coin, de ce petit air suffisant et satisfait qui porterait sur les nerfs du plus patient. Bon au moins, il était silencieux. Oui, cela arrivait.
Suivant cet étrange homme qui l'avait assez intrigué pour rentrer dans le jeu du "je te fuis, je te rattrape" même lorsque cela n'était plus un jeu, Lysianthe regardait autours de lui avec une pointe de curiosité surprise. Ils se dirigeaient vers Gardena en un trajet familier. Et pour cause, car Lysianthe vivait aussi dans ce quartier de Los Angeles. Juste à deux stations de métro avant celle où ils descendirent.

Marchant aux côtés de celle qu'il pensait être un homme, l'androgyne travesti ne fit pourtant pas de commentaires sur leur proximité de résidence.
Se garder de se genre de propos préservait ainsi sa vie marginale et solitaire. Et s'il détestait fondamentalement être seul, le jeune homme avait encore plus horreur de penser que quelqu'un puisse s'immiscer dans sa vie, assez pour le connaître. Assez pour se rendre compte que...

Lysianthe secoua doucement la tête et chassa machinalement une mèche de ses longs cheveux, toujours tranquille, beau comme une poupée docile. Ce qui était reposant.
Les talons faisait un bruit mat et régulier alors qu'il avançait, un peu à la manière de ses oiseaux échassiers évoluant sur de trop longues pattes.
Au bout de son bras, son attache-case se balançait légèrement suivant le mouvement ondulant du corps au rythme calme. Lysianthe ne semblait pas du tout fatigué, ni affecté par l'air poisseux de chaleur même encore à cette heure - bien que cela soit moins pire qu'en pleine journée. Pas la plus petite auréole de transpiration n'était visible sur le tissu immaculé de son chemisier ou sur sa veste noire.

De plus, Lysianthe évoluait souvent sans masque, répugnant à porter ce genre de choses peu ragoûtantes. Bien sûr, il allait en conséquence plus souvent chez son médecin - lui qui détestait cela était servi. Et sa respiration basse et régulière ne trahissait pas le plus petit essoufflement, à l'inverse de Sebastian qui fumait bien trop. Ou absorbait trop de Smog, au choix.

L'œil couleur de ces eaux glacées qui subsistaient encore malgré le réchauffement climatique passa sur la silhouette altière et paradoxalement lasse. Jaugeant d'une prunelle exercée l'aspect de sa proie, le trouvant plaisant. Sebastian avait des gestes sûrs et souples et il dégageait un magnétisme animal et masculin auquel il n'était pas indifférent.

L'hôtel particulier interloqua Lys' bien que nulle expression ne vint traduire sa surprise. C'était immense. Et l'androïde n'était pas au bout de ses surprises.

Féru de technologie, fou accroc à tout ce qui était robotique, follement amoureux du design des robots de tous poils et en particulier des Secondes Générations, Lyse avait pour la technologie une passion sourde qu'il n'exprimait pas - pour une fois qu'il n'exprimait pas quelque chose. Et c'était presque curieux que de voir cet homme-femme s'extasier des gestes les plus anodins d'un Deuxième ou d'un robot domestique. Et ce plaisir visuel silencieux était sans doute la seule chose capable de rendre Lys' vraiment muet.

Alors, lorsque la porte s'ouvrit sur un étrange robot, dans le dos de J.F alias Sebastian, Lys' ouvrit de grands yeux, ayant un instant l'air d'un gamin émerveillé. Expression qu'il maquilla rapidement, mais qui illumina joliment ce visage dont les pommettes hautes avaient rosies.

Suivant son hôte, Lysianthe restait muet, souffle coupé d'une adoration sans borne, suivant le robot et Sebastian, regardant autour de lui avec un calme élégant mais empli d'une fascination réservée.

L'une des qualité de Lys' était que, s'il était très indiscret et direct dans ses propos, il n'était pas du genre à fouiller ou fouiner chez les autres et respectait cette unique règle avec une grande conscience.

Soudain, alors qu'il pénétraient plus avant dans ce domaine, Lysianthe LA vit. Elle. Magnifique. Sublime créature de rêve et il en resta encore plus saisi, étourdit. Une deuxième. Une deuxième en costume de soubrette. Et... Elle le touchait ! Elle lui enlevait sa veste !

Fucking God... Souffla tout bas le travesti. Pas sûr que cela ait été audible.
Son regard, ignorant la vision pourtant intéressante de Sebastian bientôt torse-nu passait plutôt de robot en robot. Un coup au cœur le prit en voyant le grand félin mécanique - qu'il était trop inculte pour identifier comme un guépard, mais prenait pour un genre de panthère. Les lignes magnifiques d'acier brillaient doucement. Suivant les reliefs des rouages et plaques de métal.
Et cette Seconde. Et tous ces robots, triplette identique.

Un instant, le regard désarçonné de Lysianthe se leva vers son hôte - qu'il n'avait pas écouté - pour demander quelque chose avant de se raviser et de hocher la tête, doucement.


Billie. Cette merveilleuse Seconde s'appelait Billie...

Lysianthe rougit violemment lorsque Billie lui tendit un verre avec un sourire mécanique.


Et tandis que la Seconde le regardait d'un air creux et éternellement jovial, le jeune androïde ne put résister plus avant et chuchota :


Bien sûr, Monsieur ou Madame

Moi c'est Lysianthe, répondit doucement le travesti d'un ton qui était bien plus doux que celui qu'il utilisait avec ses semblables - enfin les Humains...

La main un peu tremblante de Lysianthe se tendit et il frôla le dos de la main de l'androïde, découvrant la texture veloutée de la peau artificielle. Un simple contact léger et déjà Lysianthe se tournait vers le robot endormit, l'observant avec une adoration infinie. Ils étaient tous si beaux. C'était des œuvres d'art ! Des objets merveilleux de beauté et de précision, comme des bijoux mécaniques.

Et, pour se donner une contenance, Lys' avala la moitié de son verre de cognac. De toute façon l'alcool ne lui faisait rien. Mais c'était bon. Et il se sentit un peu plus à l'aise après ce geste.

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→ jilly said yes.