Assise sur l'inconfortable chaise de la chambre, Bethany comptait - pour la millième fois - les tuiles recouvrant le plafond, ses doigts s'enroulant délicatement au travers sa tignasse brune. Une fois de plus, elle avait laissé tombé ses projets de la journée pour venir veiller sur Joan, sa cousine et une fois plus, c'était peine perdue. C'était constamment la même histoire qui ne faisait que se répéter jours après jours et semaines après semaines. Elle restait là des heures durant, à espérer qu'elle ne daigne bouger puis finalement, lorsque le soleil se couchait, elle finissait par filer rejoindre le bar ou encore sa toute dernière fréquentation, Blaze. « Allez Joan, réveille-toi. » Supplia-t-elle. Si les neufs années qui s'étaient écoulés depuis son coma avaient semblé filer à la vitesse de la lumière, Bethany en avait néanmoins plus que mare que de la voir dans un si piètre état. Elle était là, allongée dans la même position, avec le même air délicat au visage depuis neuf ans, soit trois mille deux cent quatre-vingt-cinq jours et c'était bien plus que suffisant. Elle avait payé son du, quel qu'il soit. Dans un grognement, Beth laissa lourdement tomber sa tête contre ses genoux, ramenés contre elle. Étrangement, elle n'avait pas de souvenir concret où elle et Joan étaient réunis, elle peinait à se souvenir de leurs derniers moments neuf années plus tôt, mais ce qu'elle savait, c'est que depuis son départ - en quelque sorte - un immense vide s'était installé tout autour d'elle. Un immense vide qu'elle avait comblé en flirtant ouvertement avec le copain d'époque de Joan. Soudainement nerveuse, Bethany ne réalisa même pas qu'elle s'était mise à saigner à force de se mordre la lèvre. En neuf ans, Joan avait manqué un tas de choses, peut-être trop même. À commencer par la relation qu'entretenait désormais Beth avec Blaze, l'ex-copain de sa cousine. Enfin, relation était un grand mot. Ils se voyaient en secret, pour un tas de raisons tous plus ridicules les unes que les autres et bien qu'ils passaient le plus clair de leur temps ensemble, ils ne formaient pas réellement un couple. Elle voulait plus, beaucoup plus même, mais ce n'était pas vu d'un même oeil par le jeune homme. Pour lui, la jolie n'était qu'un plaisir charnel, une certaine façon de retrouver Joan, rien de plus. Si cette dernière finissait par ouvrir les yeux, la jeune Scrimgeour se ruerait vers elle, verserait probablement quelques larmes et l'enlacerait, heureuse de la retrouver. Elle lui relaterait les nouvelles des neuf dernières années, rirait de bon coeur et ainsi de suite. Puis, volontairement, elle omettrait de lui dire qu'elle fréquente celui dont elle était éperdument amoureuse autrefois. D'un geste las, Bethany se leva et vint prendre place sur le lit de Joan, lui attrapant la main par le fait même. Elle aurait voulu lui hurler de se réveiller, la secouer jusqu'à ce que ses yeux s'ouvrent d'un seul, mais elle se contentant de la contempler, un triste sourire aux lèvres. Elle resta ainsi de longues minutes, puis, au bout d'une quinzaine, alors qu'elle pensait à quitter l’hôpital pour la plage, un serrement se fit sentir au niveau de sa main. Brusquement, elle se leva, certaine que sa cousine en était la cause. « Joan .. » À cet instant, tout sembla se dérouler beaucoup trop rapidement. Les faibles mouvements de son corps, quelques marmonnements et au final, deux grands yeux s'ouvrant sur une Bethany a la fois surprise mais ô combien heureuse.

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