→ Un coq venait de chanter lorsque je finis par me lever. Je pus remarquer, en regardant par la fenêtre, que ça allait être une belle journée. Il y avait cours aujourd'hui. Ce qui ne me réjouissait pas trop car je n'aimais pas tellement y aller. Je préférais de loin aller m'isoler auprès du troupeau de vaches non loin de chez moi. Parce que, quand je suis à l'école, il m'arrive toujours des trucs étranges : je perds mes feuilles de cours et ils réapparaissent mystérieusement dans les toilettes par exemple. Alors qu'avec le troupeau, je suis tranquille et je peux discuter calmement avec ma mère. Elle est morte mais elle est encore auprès de moi. Je la vois, lui parle et elle me répond. De cette manière, je ne suis pas si seule que ça.

Je me hisse hors du lit et enfile une des robes que ma mère mettait quand elle avait mon âge. De toute façon, ma garde robe entière est constituée de ses anciens vêtements. Ma famille est pauvre et peut à peine se nourrir, il faut donc faire des économies là où on peut en faire. Enfin, il y a bien une robe qui est bien à moi. Elle est simple, de couleur bleu marine et descend jusqu'aux genoux. Mon père me l'a offerte pour ma première Moisson l'année dernière. Il avait dit que je me devais d'être à mon avantage si jamais je devais me rendre au Capitole. Je n'ai aucune idée du prix de ce cadeau mais, malgré cet achat, rien n'a changé dans nos habitudes les mois suivants. Et puis c'était le tout premier présent qu'il m'offrait depuis plusieurs années donc c'était un trésor pour moi.

Je brosse rapidement mes cheveux et me dirige vers la cuisine. Mon père est déjà parti travailler depuis longtemps. Je le vois rarement en semaine, nous nous retrouvons seulement le dimanche et encore nous mangeons seulement ensemble. On a plutôt l'impression que mon père ne se soucie pas de moi mais il travaille dur pour nous faire vivre. Je mange ce qu'il reste de pain et boit mon eau encore chaude qu'il a fait chauffer aux aurores. Puis j'enfile mes chaussures et saisis mon sac de cours avant de prendre la direction de l'école en traînant les pieds. Ce n'est pas que je n'aime pas étudier. Je passe au contraire des heures à étudier les plantes via les carnets de ma mère. Je n'apprécie juste pas être à l'école. Mais je me devais d'y aller, j'y étais obligée.

Il y a quelques jours seulement que la Moisson pour les quinzièmes Hunger Games avait eu lieu. Cette fois-ci j'avais à nouveau été épargnée. Ce n'était que ma deuxième mais mon nom était déjà inscrit huit fois. Soucieuse d'aider ma famille, j'avais décidé de prendre chaque année trois tesserae. Pour mon père, ma mère et moi. Maman n'était pas trop d'accord avec ça et Papa ne lui en avait jamais parlé, il avait juste hoché la tête l'année dernière quand je lui avais annoncé mon choix. Moi, j'étais fière de pouvoir aider ma famille même si cela signifiait que j'avais plus de chances de me rendre dans l'arène. Cela peut paraître irréaliste voire même idiot mais j'ai tendance en ma bonne étoile. Et puis même si je devenais tribut, je serai plus utile morte. Mais je n'y pense pas trop pour le moment. Je ne connaissais pas les tributs de cette année, ils étaient beaucoup plus âgés que moi. Je me souvenais pourtant les avoir croisés et les avoir vu rire à mon passage. Cela faisait longtemps que le District 10 n'avait pas eu de gagnants et il faut être très malin avec les « monstres » des districts un et deux qui sont entraînés depuis leur plus jeune âge pour les Jeux même si c'est interdit. C'est pour cette raison que j'avais d'un côté hâte de voir comment se débrouilleraient les tributs de notre district même si leur mort était quasi certaine.

Sur le chemin de l'école, j'entends les vaches meugler je souris. J'aime beaucoup entendre les animaux, ça me détend et puis ça me rappelle ma mère. Vivement la fin des cours que je puisse courir me réfugier auprès d'elles. C'était ma petite habitude depuis plusieurs années déjà. En général, on ne me dit rien car c'est un peu comme si je surveillais le troupeau au final. Et, de toute façon, peu de gens étaient disposés à me parler car, bien que beaucoup aient apprécié ma mère, les personnes ayant un tant soit peu d'affection pour moi se comptaient sur les doigts d'une main. Je pense qu'on ne me disait rien en grande partie grâce à ma mère puisque je n'étais pas censée être là.

À l'heure qu'il était maintenant, la plupart des gens du district travaillaient déjà. Chaque district a sa spécialité et celle du Dix est le bétail. Il faut se lever tôt pour traire les vaches ou encore sortir la volaille. Mais l'école commençait un peu plus tard et j'étais largement en avance lorsque j'atteins les abords de celle-ci. En entendant que je puisse entrer dans l'établissement, je décide de m'asseoir à un des nombreux bancs en bois pourris qu'il est possible de trouver autour de l'école et de revoir un peu mes cours. Je choisis évidemment le plus isolé afin de ne pas être trop dérangée. Je vérifie mon emploi-du-temps et constate que je commence la journée avec un cours d'Histoire où on allait encore tenter de nous faire gober la magnifique, sublime Histoire de Panem. La journée allait s'achever en apothéose avec un cours de mathématiques, une des matières les plus détestables qui puisse exister. Enfin bon, je me devais de rester au top donc je finis par me résigner à réviser le cours de mathématiques de l'autre jour. Mais j'ai à peine le temps de tirer la feuille de mon sac que j'entends :

« Bonjour Alina. »

Le nombre de personnes m'adressant la parole aussi gentiment étant plus que limité et vu la voix féminine, je pouvais difficilement me tromper sur l'identité de la personne. Je lève donc les yeux, souris et salue la jeune fille en retour.

→ Let's Go Knicks