→ Pourquoi il ne me tuait pas alors qu'il en crevait d'envie? Pourquoi alors qu'il n'y avait personne juste nous deux. Il pouvait très bien m'étrangler, me tabasser, ou me poignarder rien qu'avec un regard de tueur. Je souffrais de le voir en colère, aussi énervé comme si j'étais devenue la pire chose à ses yeux. Je m'en voulais tellement. Tout ça, c'était que de ma faute et je ne savais pas comment faire pour réparer les choses. Jack avait été aussi important pour moi avant, mais aujourd'hui, je devais me faire à l'idée que nous étions devenus les pires ennemis du monde. Aucune émotion de gentillesse et de compassion lui traversait le visage. C'était froid, brutal et douloureux. Je pleurais, ne pouvant plus retenir mes larmes. « Mais je tenais à toi. Je... J'étais perdue, mal, horriblement mal. Jack, tu ne peux pas t'imaginer à quel point je crevais d'amour pour toi. Ne crois-tu pas qu'il faudrait avancer et oublier le passé non? Pourtant on doit te l'avoir dit plusieurs fois. » dis-je le plus sérieusement possible. J'avais envie de crier encore plus fort, de m'arracher les cheveux, de disparaître pour quitter son monde de fous. Jack, quand à lui, il riait, n'écoutant pas mes paroles qui venaient du coeur. C'était pire qu'une lame tranchante. Je me sentais trahie de ma propre trahison. J'avais beau raconté mes soucis avec sa bande de copain, mon métier actuel et mon manque d'argent il s'en foutait. Comment pouvait-il être aussi méchant? Je retenais les larmes qui réussirent malgré mes efforts à couler. Je baissais les bras, totalement. « Je me demande bien où est passé ton coeur tendre. Tu ressembles à un automate, sans émotions, sans rien. Tu me critiques, mais tu ferais mieux de te regarder aussi. T'étais à peine adolescent que tu foutais déjà quedal de ta vie. Que de la merde. Et tu m'as entraînée dans ta merde. On pourrait très bien être tous les deux fautifs. » dis-je calmement, le regard rêveur, sans mâcher mes mots. J'avais envie de rire maintenant. Je baissais les yeux vers le sol en songeant à ma mort. Je n'y avais pas vraiment songé. Mourir, aussi vite, mourir vieux, ne jamais mourir. Toutes ces questions me trottaient dans la tête. Au moins je savais que mourir c'était avant tout la surprise de l'improvisation. « Et puis quoi? Tu vas chercher les flics pour me les envoyer à ton tour? Sincèrement, je préfère mourir seule avec la paix dans mon esprit qu'avec un enfoiré qui me donne des ondes négatives! » Je m'étais débrouillée seule sans lui pendant toutes ces années, je pouvais encore tenir le coup. Je me laissai finalement glisser le long du mur pour ensuite fumer une cigarette tranquille. Il y avait trop de choses qui se passaient, je devais me calmer. Il m'embrouillait avec ses réflexions de morale. J'avais l'impression d'être une gamine de douze ans qui avait trompé son copain. C'était vraiment ridicule. C'était maintenant à mon tour de ne plus écouter ce qu'il disait. Sa dernière phrase avait l'art de me faire trembler. J'avais du mal à digérer. Il s'assit également près du mur et sortit à son tour sa clope. Pareils, nous étions malheureusement pareils. Je pinçai mes lèvres puis bondit d'un coup. « Tu sais quoi? Je t'emmerde. Et d'ailleurs je dois y aller. Je dois faire mes shows de pute comme tu le dis si bien. Moi au moins je bouge mon cul pour avoir des tunes. J'ai une vie assez bien, avec des amis en or. Je n'ai plus besoin de toi. J'étais triste mais... là, tu m'as dégoûtée. Bon vent Hooper. » Je lui fis une petite révérence de princesse histoire de lui dire au revoir. Je jetai ma clope à terre et partit d'un pas lent. S'il voulait me rattraper, je m'en foutais totalement. Je suivais mon chemin, le mien et pas celui de Jack ou de quiconque. J'étais Blaise Garfield et pas celle du passé. Je devais grandir et ne pas rajeunir comme il le faisait. Je tournai une dernière fois la tête vers lui avant de partir, mais il avait déjà disparu. Quelle journée... Je reportai mon regard vers la route, grimaçai puis m'effondrai en pleurant.

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